Ce concert, particulièrement festif, entre dans une programmation généreuse de l’Orchestre National du Capitole qui – cette saison – fête Mozart avec opéra, récitals, concerts et conférences. La phalange toulousaine, avec régularité, invite des chefs « baroques » pour faire miel de leurs propositions, à l’instar du Requiem de Mozart dirigé par Ton Koopman en octobre 2023 avait été une belle réussite. Ce concert dirigé par Fabio Biondi l’est tout autant. Ce concert comporte des œuvres d’un Mozart âgé de 14 à 21 ans. Mais on ne peut pas parler d’œuvres de jeunesse tant leur forme est accomplie, tant la musique est belle et élégante, avec une vitalité et un bonheur de vivre rares.
L’Ouverture de Lucio Silla est en trois partie, comme une véritable mini symphonie pleine d’élan et de finesse. La direction de Fabio Biondi est fougueuse et généreuse, et l’on devine un orchestre aux anges. Puis Alexandre Tharaud entre en scène, souriant et bondissant, pour interpréter le Concerto N°9 dit « Jeunehomme » du même Mozart. Concerto festif, très aimé des musiciens comme du public. C’est déjà un très grand concerto, avec un mouvement lent dramatique qui annonce le Sturm und Drang. Mozart a déjà 21 ans lorsqu’il compose cette partition dans le laquelle le piano est fougueux et bavard. Alexandre Tharaud a un toucher d’une grande délicatesse, et il nuance subtilement comme il phrase élégamment. Il ne cache pas son bonheur. Les musiciens également. Fabio Biondi est précis, et semble également déguster la ductilité des instrumentistes qui, avec un naturel consommé, semblent avoir une vraie prédilection pour cette musique si belle et qu’ils jouent sans effort. Ce concerto est un grand succès pour le pianiste français. Mais son actualité est également cinématographique. En effet, le même soir sortait en salle le film Boléro d’Anne Fontaine dans lequel il joue le rôle d’un critique – et offre ses doigts à Ravel dans certaines prises de vue. Cet artiste inclassable est ce soir un parfait mozartien.
En deuxième partie de soirée, Fabio Biondi range sa baguette et dirige du violon. C’est vraiment très beau de voir cette simplicité et ce partage entre musiciens qui permet à la musique de couler, de danser – toujours avec cette énergie et cette joie du jeune Mozart. Les trois Symphonies qu’ils a retenues ici avancent avec une évidence et une facilité réconfortantes. La salle de la Halle-aux-Grains, pleine à craquer, exulte et fait un joli triomphe aux musiciens. En petit effectif et avec une direction pas trop appuyée, les musiciens de l’Orchestre Nationale du Capitole ont trouvé avec Fabio Bondi un partenariat fécond.
Un concert plein de bonheur partagé a enchanté chacune et chacun !
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CRITIQUE. Concert. TOULOUSE. Halle-aux-Grains, le 3 mars 2024. Wolfgang-Amadeus-Mozart (1756-1791) : Ouverture de de Lucio Silla K.135 ; Concerto pour piano n°9 « Jeunehomme » en mi bémol majeur K.271 ; Symphonies : n°11 en ré majeur K.84, N°30 en ré majeur K.202, N°13 en fa majeur K.112. Alexandre Tharaud, piano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Fabio, Biondi, direction. Photos : Hubert Stoecklin.
VIDEO : Alexandre Tharaud interprète le 9ème Concerto pour piano (dit « Jeunehomme ») de W. A. Mozart
