Avant les étapes juillettistes du Tour de France, le Tour d’orchestre(s) à bicyclette de Dylan Corlay fait étape ce 13 juin à Montpellier, sur son parcours de Saint-Quentin jusqu’à Nice. Le public est convié à un concert-spectacle rempli d’humour, labellisé « Olympiade culturelle » par les JO 2024.
Tour d’orchestre (s) à bicyclette : étape à Montpellier !
Il était une fois un chef d’orchestre touche-à-tout, Dylan Corlay, marrainé par la fée Jeannie Longo. Tous deux imaginèrent une performance artistico-sportive consistant pour Dylan à se déplacer sur sa petite reine pour rallier des champions (olympiques et paralympiques), des musiciens et cyclistes anonymes dans son sillage. Avec le vent dans les rayons, chaque halte fut l’occasion de rencontres participatives et magiques avec les habitants. Chaque maison d’opéra ou de concert (du royaume) les accueillit en effet pour un spectacle avec leur propre orchestre à l’Opéra-Comédie de Montpellier. Participation, humour et performance furent les trois sortilèges que Dylan partagea avec les jeunes et les familles en liesse.
Ce spectacle musical et gestuel (mise en scène de Jean-Daniel Senesi) a le dynamisme des grandes fêtes populaires et l’esprit poétique des premiers films muets. Dylan porte d’ailleurs la moustache sophistiquée « 1900 » et la queue de pie par-dessus son short cycliste, tandis que les galops fin-de-siècle (Strauss, Offenbach) puis le swing de Gospels rythment la soirée. Ce spectacle vivant est PARTICIPATIF : l’auditoire est convié à chanter la mélodie de tubes classiques, accompagnés par l’orchestre mezza voce. De la Petite musique de nuit (Mozart) à l’ouverture du Barbier de Séville (Rossini), de Bella ciao au fier refrain du toréador dans Carmen (Bizet), les sollicitations sont exigeantes. Mais clairement dirigées par le chef tourné vers le public. Le tour européen n’est pas oublié par Dylan endossant les maillots aux couleurs de divers drapeaux : il s’ouvre sur l’Angleterre royale de Pomp and Circumstance (Elgar). Démarche plus inclusive encore, quelques classes de Montpellier et de Nîmes ont préparé les chœurs de l’Hymne à la joie (4 jours après le scrutin des Européennes), de Carmen et l’iconique « chanson à bicyclette ». Réparties en demi-cercle au balcon, les jeunes voix englobent l’auditoire et jusqu’au plateau de l’orchestre.
L’HUMOUR irrigue le montage musical d’un concert, sans programme papier. Si quelques mouvements d’œuvre-clé sont entièrement interprétés, c’est soit un pur moment poétique, soit la B.O. d’un gag, telle la mort du chef sur la Marche funèbre (Chopin, Sonate op. 35), puis sa résurrection sur le lever du jour de Peer Gynt (Grieg). Gag plus attendu, le départ successif des instrumentistes sur l’Adagio final de la Symphonie des adieux n° 45 (Haydn) suggère-t-il la permanence des revendications sociales ? Actionnés par le chef enfourchant son mini vélo, les klaxons accompagnent les contretemps de la valse du Danube bleu (J. Strauss). Plus subversifs, les pas de côté se situent dans la filiation des concerts Hoffnung. Plusieurs méli-mélo ponctuent en effet le show. Enchaîner la chanson des Tri Yann avec la Pavane de Fauré, puis la Toccata en ré mineur (J.-S. Bach) dans une orchestration de Dylan Corlay : c’est un défi que relèvent les musiciens de l’Orchestre national de Montpellier (OONM). Pour d’autres numéros, le Tour devient l’enchaînement de standards du répertoire, assenés en pitch de 5 secondes – Les Quatre saisons, les trompettes d’Aïda, l’ouverture du Freischütz et les trois coups du destin de la Cinquième de Beethoven caracolent avant de se fondre dans un joyeux vacarme.
Enfin, ce show est SPORTIF lorsque le chef invite des athlètes montpelliérains sur son Tour. Sur l’Habenera de Carmen (Bizet), Alex Jumelin (quatre fois champion du monde dans la discipline BMX Flat) éblouit le public par ses périlleuses circonvolutions sur l’étroit devant de scène. La break dance, elle aussi nouvelle discipline des JO, fait ensuite irruption. Trois jeunes breakdansers font assaut de sauts et de rotations, superbement calés sur des roulements percussifs. La fièvre ne descend pas lors du final Tico-Tico (Zequinha de Abreu). La performance sportive, c’est aussi celle des musiciens aux taquets, aux taquets lors des enchaînements, et parfois en autonomie sous l’archet-baguette de la violon solo (Aude Périn-Dureau) de l’OONM.
Conjuguer la culture, le sport et les modes doux de transport : quel lien social ! Aussi, la captation de ce concert-spectacle par FR3 est attendue avec impatience…
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CRITIQUE, concert « sportif ». MONTPELLIER, Opéra-Comédie, le 13 juin 2024. Dylan Corlay : Tour d’orchestre (s) à bicyclette ! Photos (c) OONM.