vendredi 25 avril 2025

CRITIQUE, concert. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 22 mars 2024. BACH : La Passion selon St Matthieu. P. Jaroussky, Z. Wilder, K. Kasper… Freiburger Barockorchester / Francesco Corti (direction).

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La période qui précède le dimanche de Pâques est l’occasion de faire exécuter des oeuvres en lien avec cette fête chrétienne. Le Théâtre des Champs-Elysées n’échappe pas à cette tradition qui nous permet de voir et d’entendre des chefs d’oeuvre de la musique sacrée, telle la Passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach. Pour cette représentation unique de la Passion, le Théâtre des Champs- Elysées n’a pas lésiné sur le choix des intervenants, et a invité des interprètes reconnus dans ce domaine, tels le Freiburger Barockorchester et le Zürcher Sing-Akademie, ainsi que des solistes réputés, notamment Philippe Jaroussky et Maximilian Schmitt.

 

 

Cette Passion qui relate l’arrestation, le jugement et la mise à mort du Christ est une oeuvre de grande ampleur, d’une durée de près de deux heures trente. Elle a été créée le 11 avril 1727, en l’Eglise Saint Thomas de Leipzig. « Opéra sacré », oeuvre à caractère liturgique, reposant sur un texte de Christian Picander, elle tient un peu des deux. Elle comporte deux parties et requiert deux choeurs et deux orchestres distincts, dont un continuo de quelques instruments rassemblés autour du clavecin accompagnant les récitatifs.

 

Le concert du 22 mars n’a pas tenu toutes ses promesses. Non que l’exécution de cette Passion ait été défectueuse, l’ensemble des solistes, choeur et orchestre, rompus à ce type de répertoire, ont été ô combien à la hauteur de leur réputation, mais… une Passion de Bach n’est pas qu’une oeuvre de concert. C’est en quelque sorte une célébration ; certes la célébration d’un drame, mais aussi un moment d’émotion intense qui, ici, a souvent fait défaut. Aucun reproche ne peut être adressé aux solistes : pas plus au ténor Maximilian Schmitt qui a assumé le rôle central de l’Evangéliste avec talent, ni le baryton Yannick Debus dans le rôle du Christ, ni la soprano Kateryna Kasper, très expressive, ni le baryton-basse Andreas Wolf, ni même le ténor Zachary Wilder dont le chant s’est cependant révélé plus instable. Philippe Jaroussky est un immense chanteur, et il le démontre encore cette fois-ci… mais on le préfère dans d’autres répertoires, français ou italien notamment, dans lequel il excelle.

 

De même, les ensembles instrumentaux et surtout vocal, le Zürcher Sing-Akademie, exceptionnels tous deux, n’encourent aucun reproche. (à noter les belles interventions des solistes du choeur qui incarnent la foule, Pierre, Judas etc.). Peut-être la direction, certes très précise, mais quelque peu rigide, de Francesco Corti (à partir du clavecin) y est-elle pour quelque chose dans la froideur qui se dégage de cette Passion... Une interprétation qui semble avoir oublié la tendre familiarité qui est au coeur de cette oeuvre, chantée dans les paroisses, et qui s’adresse au Christ en lui disant « Mon Jésus ».

 

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CRITIQUE, concert. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 22 mars 2024. BACH : La Passion selon St Matthieu. P. Jarousssky, Z. Wilder, K. Kasper… Freiburger Barockorchester / Francesco Corti (direction). Photo (c) OONM.
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