vendredi 17 janvier 2025

CRITIQUE, danse. MASSY, Opéra de Massy, le 23 mars 2024. PLAYTIME (création mondiale). Compagnie Snorkel Rabbit. 

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En résidence à l’Opéra de Massy, la compagnie Snorkel Rabbit présente son nouvel opus inspiré du film « Playtime » de Jacques Tati  [1967]. C’est l’ultime étape de leur travail à Massy qui aura duré 3 ans. La collection de gags déjantés s’inscrit dans un imaginaire qui cultive autant la transe convulsive que des images poétiques particulièrement allusives. Le langage corporel joue sur l’étonnante souplesse du bassin, des épaules et des bras. Et les figures qui se répètent, ajoutent à cette critique aiguë des incohérences de nos fonctions conditionnées de masses laborieuses, matérialistes, consuméristes. 

 

L’humour et l’inattendu paraissent aussi comme cette figure haute et longue dégingandée qui bouquet de fleurs en guise de caboche, promène un chien imaginaire dont n’est visible que la longue laisse et son collier suspendu dans l’espace (!) … Les corps passent et repassent de façon furtives, évoquent autant d’histoires, de retrouvailles et de départs dans le hall d’une gare [long préambule]… On gardera en mémoire le solo de la danseuse qui singe de façon mécaniquement et jusqu’à la transe mécanique et convulsive le numéro de la serveuse du restaurant : incroyable flexibilité d’un corps robotisé dont la répétition des gestes dit cette vacuité de la société consumériste qu’entend épingler les deux chorégraphes co directeurs de la Compagnie Snorkel Rabbit, Alba Castillo et Bryan Arias. 

En fin de chorégraphie, rompant avec la série de numéros et séquences syncopées, heurtées, où l’individu est réduit à des réflexes répétés, Alba Castillo développe, une longue séquence à notre avis trop répétitive pour le coup, où sur une musique planante les corps soudainement reliés et connectés entre eux, développent une danse serpentine qui ondule comme un seul corps collectif. On comprend le dessein : rétablir les relations organiques entre des êtres jusque là déconnectés.

Les capacités des 6 danseuses sont impressionnantes en souplesse, synchronicité, précisions. Ce qui relie chacun à l’autre est parfaitement exprimé : « PLAYTIME explore les connexions humaines et comment faire face à la solitude dans une société où nous avons perdu espoir. Les humains sont intrinsèquement des créatures sociales ; nous sommes biologiquement, cognitivement, physiquement et spirituellement prédisposés à appartenir. Comme notre relation avec nous-mêmes, notre relation avec les autres mène au bonheur et à l’épanouissement, et nous donne un sens et un but au quotidien. « , ainsi que le précise le texte de présentation du spectacle.

Assurément ce besoin de connectivité humaine et sociale justifiait ce final comme une apothéose collective soudainement fluide et heureuse. Où chaque bras et chaque main se reconnaît, produisant autant de métaphores du lien, de la relation qui s’enchaîne en une action ininterrompue, toujours changeante ; où chacun accompagne la direction de l’autre, jusqu’à son terme.  Après Alice, la compagnie Trisha Brown, l’Opéra de Massy nous régale par la diversité et l’excellence de ses propositions chorégraphiques – Photos : DR.

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Opéra de Massy, création de PLAYTIME. Compagnie Snorkel Rabbit. A l’affiche de l’Opéra de Massy / Samedi 23 et dimanche 24 mars 2024. Plus d’infos sur la compagnie Snorkel Rabbit : https://fr.snorkelrabbit.com/team

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