samedi 25 janvier 2025

CRITIQUE, Concert. NÎMES, Jardins de la Fontaine, le 22 août 2023. MENDELSSOHN / BEETHOVEN. A. Kantorow / L. Petrova / A. Pascal / Orchestre National d’Auvergne / JJ. Kantorow.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Après l’éclatant succès de leur première édition, l’an passé, les Rencontres Musicales de Nîmes – dont la direction artistiques est confiée aux trois jeunes et talentueux musicien que sont Alexandre Kantorow (pianiste), Liya Petrova (violoniste) et Aurélien Pascal (violoncelliste) – célèbrent à nouveau les valeurs que sont la jeunesse, le partage, l’amitié et la découverte en proposant, du 22 au 26 août, une mouture qui s’affirme plus ambitieuse que la première.

 

Cela se traduit notamment dans un concert d’ouverture de “grand format” (et “sonorisé”) qui mettait à l’affiche l’Orchestre National d’Auvergne, dans un lieu aussi emblématique que les magnifiques Jardins de la Fontaine, havre de paix et de beauté en plein centre de la Cité antique, cependant écrasé, en ce mardi 22 août, par une chaleur ayant fait grimper le thermomètre à plus de 41 degrés ! C’est donc avec une demi-heure de retard sur l’horaire prévu que le concert débutera, les 600 spectateurs réunis devant l’estrade n’ayant plus qu’à attendre, comme les artistes, la nuit tombante et la fraîcheur (toute relative ce soir-là !) qui est censée l’accompagner : “On gagne un degré par demi-heure” plaisante Philippe Bernhard, le directeur général du festival, dans son propos d’avant-concert !

 

Les Rencontres Musicales de Nîmes
ou la musique entre amis…

 

Et c’est par la fameuse Ouverture Les Hébrides de Félix Mendelssohn que la soirée débute, une œuvre composée suite à un voyage dans l’archipel des Hébrides, au large de l’Ecosse, en 1829. Ce morceau bénéficie d’un climat envoûtant, recréé dès les premières mesures par l’ONA et le chef français Jean-Jacques Kantorow (le père du jeune pianiste). Mendelssohn toujours ensuite, avec une  exécution de la Symphonie N°4 (dite “Italienne”). Composée en 1833, inspirée d’un séjour en Italie, plusieurs fois révisée, cette symphonie fournit un des plus beaux exemples de la veine rayonnante et brillante des compositions de Mendelssohn. Une légèreté lumineuse, une dentelle orchestrale entachée d’une certaine superficialité insouciante que JJ. Kantorow tempère en alourdissant son interprétation qu’il entoure d’une sombre clarté, plus crépusculaire que rayonnante. Le mouvement initial Allegro favorise la dynamique, tout en soulignant les contrastes et les nuances avec des crescendi parfaitement proportionnés. L’Andante est mené avec une certaine austérité, et se déploie dans les teintes sombres des bassons et altos, qui rappellent la “Marche des pèlerins” dans Harold en Italie de Berlioz. Le Menuet suivant regagne un peu de lumière au son chantant des cordes et des bois, dans un style galant qui peu à peu s’assombrit pour s’achever dans un souffle annonçant le “Nocturne” du Songe d’une nuit d’été du même Mendelssohn. Le Presto conclut cette interprétation plus qu’honorablement (surtout au vu des conditions climatiques…) sur une rythmique franche et résolue de saltarello et de tarentelle, enchevêtrés dans un irrésistible tourbillon.

Après un interminable entracte, avec là-aussi pour objectif de permettre aux artistes de jouer avec le maximum de degrés en moins, on retrouve les trois compères Alexandre Kantorow, Liya Petrova et Aurélien Pascal pour une exécution du fameux Triple Concerto de Ludwig van Beethoven, après avoir donné le même concert quelques jours plus tôt aux prestigieux Festivals de la Roque d’Anthéron et de La Chaise-Dieu – avec les même chef et orchestre pour ce qui est du dernier. Kantorow père  porte ses trois solistes dans une interprétation alliant grâce et élan : le violon souverain de la violoniste bulgare répond au toucher velouté de Kantorow fils, tandis que le violoncelle d’Aurélien Pascal délivre un largo tout en retenue, avant d’introduire l’ultime rondo où violon et piano soutiennent et révèlent toute la finesse et toute la joie présente au cœur de cette superbe partition qui préfère la simplicité au spectaculaire. Plébiscités par un public debout, les trois amis lui offre, en remerciement, d’abord le Finale, puis l’Adagio, du Trio opus 1 n°1 pour piano, violon et violoncelle du même Beethoven, pour le plus grand bonheur d’un public visiblement ravi de sa soirée malgré l’étouffante nuit nîmoise ! 

 

 

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CRITIQUE, Concert. NÎMES, Jardins de la Fontaine, le 22 août 2023. MENDELSSOHN : Ouverture Les Hébrides & Symphonie n°4 dite “Italienne”. BEETHOVEN : Triple Concerto pour piano, violon et violoncelle op. 56. A. Kantorow / L. Petrova / A. Pascal / Orchestre National d’Auvergne / JJ. Kantorow. Photos : Rencontres Musicales de Nîmes © Thomas Manillier

 

VIDEO : A. Kantorow, L. Petrova et A. Pascal jouent le “Triple Concerto” de Beehoven

 

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