samedi 12 octobre 2024

CRITIQUE, concert. NANTES, Cité des congrès, le 4 juin 2024. ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE. VERDI : Requiem. Nina Bezu, Okka Von der Damerau, Jinxu Xiahou, René Pape. Sascha Goetzel, direction.

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Après Angers [carton plein dans l’auditorium acoustiquement idéal du Centre de congrès], 3è et dernière représentation du Requiem, ce soir à Nantes, à la Cité des Congrès pleine à craquer… L’ONPL, Orchestre National des Pays de la Loire a su fidéliser un public de plus en plus nombreux ; il le montre encore ce 4 juin, devant un parterre des grands soirs, dans une partition digne des lieux. Qui plus est, les abonnements de sa nouvelle saison 2024-2025 totalisent déjà 5000 engagements vendus! Un record qui en dit long sur le besoin des ligériens comme des français en terme de culture et de musique vivante. Il est plus que temps que l’État [et ses subventions bloquées qui ne suivent pas l’inflation] reconnaisse enfin un statut spécifique pour la musique comme bien de première nécessité et réadapte son soutien en conséquence,…

Ce soir, les effectifs sont impressionnants (près de 180 artistes sur scène), regroupant outre les instrumentistes de l’Orchestre à son complet, les deux chœurs emblématiques de la Région, le Chœur d’Angers Nantes Opéra et le Choeur de l’ONPL, lesquels assurent non sans autorité et articulation, les vagues terrifiantes entre autres, du « Dies irae, Dies illa » … leur ampleur, toujours très soucieuse du texte, exprime la majesté des forces divines en présence ; entité fracassante du Jugement Dernier, mais aussi force compatissante et même attendrie, que ne cessent de solliciter, en véritables intercesseurs de luxe,  les solistes du quatuor vocal.

A ce titre, aucune faute parmi les chanteurs invités : ils éblouissent séquence après séquence ; de la basse altière et fraternelle, René Pape, au ténor Jinxu Xiahou capable de phrasés idéalement projetés [superbe « Hostias »] ; piliers de la soirée, les deux cantatrices, la mezzo Okka von der Damerau, wagnérienne justement applaudie ; ce soir, orante implorante, juste, d’une sincérité qui captive et bouleverse ; comme l’est aussi sa consœur, la soprano Nina Bezu… chacune incarne la prière des défunts perdus dans le vortex, en quête de lumière et de salut ; il revient à la soprano, le défi de porter tout le « Libera me » final, cette traversée ultime dont les épreuves surmontées coûte que coûte et vaincues de haute lutte, préparent à l’élévation tant attendue, dans un dernier murmure intime, plein d’espérance. Et le Requiem s’achève ainsi comme il a commencé, dans la promesse d’une aube effleurée où les qualités de suggestion des musiciens sonnent ce soir, idéales. Photo : DR / ONPL

Maître de l’opéra, Verdi s’entend à merveille dans l’expression de l’effroi du pêcheur démuni, comme dans la prière collective et individuelle. La direction de Sascha Goetzel aussi engagée que détaillée, l’a bien compris et mesuré : le maestro directeur musical de L’ONPL qui achève ainsi sa 2ème saison, sait ciseler chaque épisode, veillant constamment à l‘équilibre sonore (malgré l’ampleur des effectifs) – le texte ne se perd jamais ; il structure même tout l’édifice en veillant à la clarté explicite du caractère de chaque morceau.
Aboutissement du travail des deux chefs de chœur (Valérie Fayet pour le Choeur de l’ONPL ; Xavier Ribes pour le Choeur d’Angers Nantes Opéra), et de la direction du maestro, l’architecture du cycle dans son entier se dévoile dans un continuum dramatique parfaitement canalisé ; à travers le texte latin, VERDI organise une monumentale prière, à l’adresse du Dieu de miséricorde, seul instance habilitée à sauver les âmes, en réalité autant des défunts que des proches endeuillés. C’est pourquoi le Requiem de VERDI nous touche plus qu’aucune autre partition sur ce thème.

Tout converge vers le « Lacrymosa » qui clôt l’impressionnant corpus qui succède immédiatement au préambule ; puis dans l’Offertoire, somptueuse célébration de la communauté humaine unie et solidaire dont la ferveur et toute l’espérance se concentre dans la partie des quatre solistes, alors particulièrement exposés.
Le chef prodigue de fabuleux contrastes comme il sait ralentir les tempi quand la force et la profondeur du texte l’exigent. Tout s’articule dans une conception très incarnée mais aussi tendre de la musique. L’arche prend un second envol dans la pétillant « Sanctus », à l’éclat (et l’urgence même)… « falstaffiens » [y compris dans l’orchestration].

Que l’on soit croyant ou pas, la puissance de la partition, sa fabuleuse sincérité conduisent l’auditeur dans un cheminement sonore et spirituel qui ébranle, trouble, voire bouleverse. C’est assurément ce que se produit ce soir parmi le public, en particulier au terme du « Libera me », où la voix de la soprano est moins cet ange thuriféraire que l’âme même des morts, ravie, enfin apaisée, dans la lumière. Soirée mémorable.

 

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CRITIQUE, concert. NANTES, Cité des Congrès, le 4 juin 2024. VERDI : Messa da Requiem. Ana Bezu, Okka von Der Damrau, tenor, René Pape. Chœur de L’ONPL, Chœur d’Angers Nantes Opéra, ONPL Orchestre National des Pays de la Loire. Sascha Goetzel, direction

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