vendredi 19 avril 2024

Compte rendu, opéra. Paris, Opéra Bastille, le 2 juin 2015. Chausson : Le roi Arthus. Thomas Hampson. Philippe Jordan (direction), Graham Vick (mise en scène) …

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CHAUSSON ROI ARTHUS Thomas Hampson production opera bastille paris critique compte rendu juin 20154636399_7_b2ae_roberto-alagna-dans-le-roi-arthus_8b7648192ad5ab2d863117e7ad6f3ab5Visuellement décevante, la version d’Arthus présentée actuellement à Paris rate son retour auprès du grand public à cause d’une réalisation scénographie… sans souffle ni trouble, rien qu’anecdotique voire chichiteuse. Un tel décalage entre les milles diaprures allusives de la musique et le misérabilisme confus de la mise en scène porte atteinte à la réussite globale de la production. C’était pourtant la promesse d’un superbe événement lyrique à Paris : la production sur la scène parisienne de l’unique opéra d’Ernest Chausson (1855-1899), l’auteur de l’envoûtant Poème de l’amour et de la mer : Le Roi Arthus qui est sa propre proposition sur le thème de la légende arturienne. L’ouvrage achevé en 1894, est créé en 1903, après la mort de l’auteur (1899), il demeure un écho manifeste du théâtre wagnérien mais d’une conception originale et puissante. C’est tout l’intérêt de le réécouter aujourd’hui pour une juste réévaluation.

 

 

Musicalement irréprochable, la production d’Arthus 2015 à l’Opéra Bastille est visuellement décevante

Légende arthurienne désenchantée …

 

Chausson roi arthus opera bastille critique compte rendu 781473-le-roi-arthus-saison-2014-2015Car cette résonance wagnériste est originale et puissante sur le plan autant musical que dramatique. L’argument de cette production est la direction fine et allusive de Philippe Jordan comme le plateau vocal efficace : invité de prestige à Paris, Thomas Hampson presque sexagénaire, toujours aussi fin diseur et wagnérien de première classe : le baryton américain apporte une finesse et parfois un trouble tragique présent dans la musique. Son incarnation sait envisager et rendre visible le rêve qui habite ce roi déjà appelé ailleurs. Cette profondeur est hélas invisible dans l’affligeante mise en scène de Graham Vick : des toiles peintes minimalistes et vaguement primitives, des fleurs en plastic, un canapé rouge… qui s’embrase ; rien qu’un vision simpliste et banale qui manque tellement d’onirisme ; difficile quand même de mesurer ainsi la force d’un ouvrage wagnériste français parmi les plus passionnants du romantisme hexagonal : il serait temps de reconnaître à Chausson comme c’est le cas de Vierne ou Franck, voire Théodore Dubois – récemment revivifié, qu’il existe bel et bien un wagnérisme en France absolument original, et pas que suiveur…  ; de leurs côtés, Roberto Alagna et Sophie Koch en vedettes franco françaises restent corrects, souffrant jusqu’à l’extase immobile puis mourant enfin car Lancelot et la Reine Genièvre, possédés et dévorés par la culpabilité, expireront après avoir trahi le bon roi Arthus, respectivement l’ami et l’époux.  Hélas, manquant de grandeur, de souffle, de mystère (ce vers quoi tend continûment la musique de Chausson), la production du Roi Arthus musicalement cohérente, rate visuellement et scéniquement, son retour dans la Maison. Parce que l’indigence laide de la mise en scène contredit l’appel au rêve, à l’immatérielle abstraction énigmatique de la musique d’un Chausson ivre et en extase… Saluons également la qualité des seconds rôles masculins qui offrent une série de superbe articulation française : Cyrille Dubois (le laboureur), Alexandre Duhamel (Mordred), Stanilas de Barbeyrac, le ténor dont on parle (Lyonnel), même Peter Sidhom, ici même Albérich wagnérien retors passionnant (dans la Tétralogie de Wagner présentée en 2013, dans la mise en scène de Günter Krämer), apporte au logo_francemusiqueprofil du magicien Merlin, une once de profondeur humaine (malgré un français moins impeccable). Avoir et surtout écouter, jusqu’au 14 juin 2015, Paris, Opéra Bastille. Diffusion sur France Musique, le samedi 6 juin 2015 à 19h30.

Le Rois Arthus de Chausson à l’Opéra Bastille, mai et juin 2015.
Mise en scène : Graham Vick
Direction musicale : Philippe Jordan

Le Roi Arthus: Thomas Hampson
Genièvre: Sophie Koch
Lancelot : Roberto Alagna
Merlin  : Peter Sidhom
Lyonnel: Stanislas de Barbeyrac
Mordred : Alexandre Duhamel
Allan : François Lis
Le Laboureur : Cyrille Dubois
Un Chevalier : Tiago Matos
Un Ecuyer : Ugo Rabec
Soldats : Vincent Morell, Nicolas Marie, Julien Joguet, …
Choeurs et orchestre de l’Opéra National de Paris
Chef des choeurs : José Luis Basso

Paris, Opéra Bastille, le 2 juin 2015

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