vendredi 29 mars 2024

Compte-rendu : Fontdouce. Abbaye, 20ème festival estival, le 26 juillet 2013. Concert inaugural. Baptiste Trotignon, Natalie Dessay, Philippe Cassard. Mélodies françaises.

A lire aussi

philippe cassard et natalie dessay à fontdouceSaint-Bris des Bois en Charente-Maritime accueille l’inauguration du 20ème Festival de l’Abbaye de Fontdouce. L’endroit magique datant du 12e siècle concentre beauté et mystère. Le concert exceptionnel d’ouverture se déroule en deux parties à la fois contrastées et cohérentes. Il commence de façon tonique avec le pianiste jazz Baptiste Trotignon et se termine avec un duo de choc, la soprano Natalie Dessay et Philippe Cassard au piano !

 

 

Festival de l’Abbaye de Fontdouce,
le secret le mieux gardé de l’été !

 

Située entre Cognac et Saintes, à deux pas de Saint-Sauvant, l’un des plus beaux villages de France, l’ancienne Abbaye Royale obtient le classement de Monument Historique en 1986. Elle fait ainsi partie du riche patrimoine naturel et culturel de la région. Elle en est sans doute l’un de ses bijoux, voire son secret le mieux gardé ! Le maître du lieu (et président du festival Thibaud Boutinet) a comme mission de partager la beauté et faire connaître l’histoire et les milles bontés du site acquis par sa famille il y a presque 200 ans. Après notre séjour estival et musical à l’Abbaye de Fontdouce, toute l’équipe met du coeur à l’ouvrage et le festival est une indéniable réussite !

Le Festival comme le site historique acceptent avec plaisir la modernité et font plaisir aussi aux amateurs des musiques actuelles. L’artiste qui ouvre le concert est un pianiste jazz de formation classique : Baptiste Trotignon régale l’audience avec un jeu à l’expressivité vive, presque brûlante, qui cache pourtant une véritable démarche intellectuelle. Notamment en ce qui concerne sa science du rythme, très impressionnante. Le pianiste instaure une ambiance d’une gaîté dansante, décontractée, contagieuse avec ses propres compositions ; il fait de même un clin d’oeil à la musique classique avec ses propres arrangements « dérangeants » d’après deux valses de Chopin. Mais son Chopin transfiguré va très bien avec son éloquence subtilement jazzy. La musique du romantique  d’une immense liberté formelle, se prête parfaitement aux aventures euphoriques et drolatiques de Trotignon. Un début de concert tout en chaleur et fort stimulant qui prépare bien pour la suite classique ou l’où explore d’autres sentiments.

L’entracte tonique est l’occasion parfaite pour une promenade de découverte, tout en dégustant les boissons typiques du territoire. Le sensation de beauté paisible au long du grand pré, l’effet saisissant et purement gothique de la salle capitulaire, les couleurs et les saveurs du patrimoine qui font vibrer l’âme… Tout prépare en douceur pour le récital de mélodies par Natalie Dessay et Philippe Cassard.

Ils ont déjà collaboré pour le bel album des mélodies de Debussy « Clair de Lune » paru chez Virgin Classics. Pour ce concert d’exception, les deux artistes proposent Debussy mais aussi Duparc, Poulenc, Chabrier, Fauré, Chausson… Un véritable délice auditif et poétique, mais aussi sentimental et théâtral. Natalie Dessay chante avec la véracité psychologique et l’engagement émotionnel qui lui sont propres. Un registre grave limité et un mordant moins évident qu’auparavant n’enlèvent rien à la profondeur du geste vocal. Elle est en effet ravissante sur scène et s’attaque aux mélodies avec un heureux mélange d’humour et de caractère. La diva interprète « Le colibri » de Chausson  avec une voix de porcelaine : la douceur tranquille qu’elle dégage est d’une subtilité qui caresse l’oreille. Philippe Cassard est complètement investi au piano : il s’accorde merveilleusement au chant avec sensibilité et rigueur. La « Chanson pour Jeanne » de Chabrier, la plus belle chanson jamais écrite selon Debussy, est en effet d’une immense beauté. Les yeux de la cantatrice brillent en l’interprétant ; nous sommes éblouis et émus, au point d’avoir des frissons, par la délicatesse de ses nuances et par la finesse arachnéenne de ses modulations. « Il vole » extrait des Fiançailles pour Rire de Poulenc est tout sauf strictement humoristique. La complicité entre les vers de Louise de Vilmorin et la musique du compositeur impressionne autant que celle entre le pianiste et la soprano. Sur scène, ils s’éclatent, font des blagues, quelques fausses notes aussi, se plaignent du bruit des appareils photo… ils mettent surtout leurs talents combinés au service de l’art de la mélodie française, pour le grand bonheur du public enchanté.

Découvrir ainsi la magie indescriptible de l’Abbaye de Fontdouce et déguster sans modération les musiques de son festival d’été reste une expérience mémorable !

 .
- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img