vendredi 29 mars 2024

Compte-rendu concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 12 février 2016.Ravel, Adams, Holst. Nicholas Collon.

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Si d’aucun se plaignent d’une programmation sans originalité, ce concert vient en contre pied nous surprendre. Le chef d’orchestre Nicholas Collon est inclassable tant il est déjà en possession d’un répertoire immense. Il a créé l’ Aurora Orchestra à Londres et bénéficie d’une aura intrigante. Son répertoire est vaste et va de Bach aux compositeurs du XXI ème siècle. Lui confier la direction de ce programme coule donc de source. Lui adjoindre le plus jeune et le plus talentueux violoniste américain se comprend aisément. Et leur confier le terrible Concerto de John Adams relève d’une idée géniale.

 

hoops chad violon

 

 

INTERSIDERAL, UN CONCERT QUI A DECOLLE….  Nous avons en effet pu bénéficier d’une interprétation passionnante de cette oeuvre encore bien rare. Le Concerto  a été composée en 1993 et crée par Gidon Kremer. Le jeune Chad Hoops,  âgé de 21 ans est un interprète incroyablement sûr de lui, mature dans son abord de l’instrument. La solidité de son jeu, la sûreté de ses phrasés, l’autorité de sa virtuosité sont inimaginables. Le son est rond, puissant sans violence. Il maîtrise car comprend parfaitement cette partition complexe. Si le premier mouvement est orchestralement un peu trop envahissant jamais une cadence finale n’aura été si bienvenue. Enfin le violon a pu chanter à sa guise.  Le mouvement central est le plus lyrique, le plus mélancolique aussi. Apparenté à une chaconne, le mouvement permet au violon de planer et chanter délicatement. Le final est d’une virtuosité diabolique ; Chad Hoopes ne semble pas frémir et s’engage dans la bataille dont il sortira vainqueur. Tout au long de l ’oeuvre,  la riche orchestration laisse toujours la première place au violon. L’habileté de l’écriture est de ce point de vue tout à fait remarquable. En bis, le violoniste à l’incroyable sureté technique et la musicalité royale a joué un extrait apaisant de la Fantaisie n° 9 de Georg Philipp Telemann.

Le programme avait débuté par les Valse nobles et sentimentales de Ravel. L’orchestre du Capitole en a donné une interprétation riche et contrastée. La modernité de l’écriture, la profondeur des nuances et l’implacabilité du rythme ont été magnifiquement mises en valeur par la direction de Nicholas Collon. Très souple, toujours souriant, il a un plaisir communicable à davantage jouer avec l’orchestre que le diriger. Ce jeune chef a une manière d’être à la tête de l’orchestre qui fait penser à ceux qui font de la musique avec les instrumentistes plus qu’il ne sont  « chef » . L’entente avec le soliste a semblé idéale comme avec chaque instrumentiste de l’orchestre.

La deuxième partie du concert a été consacrée aux Planètes de Gustav Holst. Au corps défendant du compositeur, qui a finit par être irrité du succès de cette oeuvre, admettons qu’elle fait toujours un grand effet sur le public. Oubliant certaines longueurs, le public de la Halle-aux-Grains a fait un triomphe aux interprètes; il faut bien reconnaitre que le début par Mars dans une ambiance d’apocalypse fait un effet fulgurant. La « psychologisation » de chaque planète avec un titre spécifique, fait ensuite son effet. Il ne s’agit pas d’une musique à programme habituelle car personne ne peut connaitre vraiment les planètes de notre système solaire et seules les représentations imaginaires sont permises. D’ailleurs lors de la composition Pluton n’avait pas été découverte et Holst ombrageux du seule succès de cette oeuvre au détriment du reste de ses compostions, refusa de composer la moindre note pour la nouvelle planète. Que pouvait il rajouter? Les effets orchestraux sont subtilement entremêlés, rythmes, harmonies complexes, utilisation inhabituelle des instruments. Tout permet à l’imaginaire de fonctionner à fond et sans besoin de prise de substances toxiques!  Les couleurs, les nuances, la complexité des empilements ont richement été mis en lumière par la direction inspirée de Nicholas Collon. Les interventions magiques du choeur de femmes invisibles a été un moment d’émotion indicible (Choeurs du Capitole, admirablement préparés par Alfonso Caiani).  Un grand concert en forme de voyage intersidéral abouti qui a amené le public heureux au seuil de ses plus beaux beaux rêves. Valses, courses, vols terriens, puis voyage extraterrestre vers le soleil… en toute liberté… Que de beautés!

 

 

Compte-rendu concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 12 février 2016 ; Maurice Ravel ( 1875-1937) : Valses nobles et sentimentales ; John Adams ( né en 1947) : Concerto pour violon et orchestre ; Gustave Holst (1874-1934): Les planètes; Chad Hoopes, violon ; Choeurs du Capitole (chef de choeur ; Alfonso Caiani) ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Direction: Nicholas Collon.

 

 

 

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