mardi 8 octobre 2024

Compte-rendu, concert. Montpellier, le 25 juillet 2019. Nielsen, Lindberg, Sibelius : Symph n°1 / Rouvali.

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COMPTE-RENDU, concert. MONTPELLIER, Le Corum, Opéra Berlioz, le 25 juillet 2019. Nielsen : Maskarade, Lindberg : Concerto pour clarinette, Sibelius : Symphonie n° 1 – Le phénomène Santtu-Matias Rouvali fait son retour au festival de Radio France Occitanie Montpellier avec pas moins de deux concerts, donnés cette fois avec « son » Orchestre de Tampere (troisième ville de Finlande). Outre l’intérêt de découvrir cette formation dans nos contrées, c’est aussi l’occasion de parfaire notre connaissance de ce chef encensé par une critique quasi unanime, notamment ici-même l’an passé (http://www.classiquenews.com/compte-rendu-concert-montpellier-le-22-juillet-2018-adams-ravel-stravinsky-chamayou-philh-de-radio-france-rouvali/) ou plus récemment au disque (https://www.classiquenews.com/cd-critique-sibelius-symphonie-n1-en-saga-gothenburg-symphony-santtu-matias-rouvali-1-cd-alpha-2018/). Dès son entrée en scène pour le premier concert, l’aspect juvénile du chef de 34 ans surprend, entre allure d’éternel adolescent et tignasse flamboyante qui lui donne des faux-airs de … Simon Rattle. La battue est un autre motif d’attention, tant le corps tout entier se fond dans une sorte de ballet gracieux, aussi précis qu’énergique. Si la main droite marque le tempo d’une régularité de métronome avec la baguette, c’est davantage l’autre main qui passionne par la variété de ses intentions, des attaques aux indications de nuances.

SIBELIUS ROUVALI symphoni 1 en saga critique cd review cd classiquenews CLIC de classiquenews actus cd musique classique opera concerts festivals annonce 5c41f9e9847d2C’est peu dire que l’Orchestre de Tampere répond comme un seul homme à Rouvali, qui semble imprimer la moindre de ses volontés tout du long. L’ancien élève de Jorma Panula se saisit de l’ouverture de l’opéra Maskarade (1906), en faisant ressortir l’individualité des pupitres, sans jamais perdre de vue l’élan narratif global. Il parvient ainsi à donner une cohérence à cette brève page souvent oubliée de nos programmes de concert – même si la présence à Montpellier du Danois Michael Schonwandt, grand spécialiste de Nielsen, n’est sans doute pas étrangère à cette audace. Espérons que d’autres compositeurs nordiques, tels que Madetoja ou Tubin, sauront trouver le chemin des concerts montpelliérains, à l’instar du rare Concerto pour clarinette (2002) de Magnus Lindberg. C’est là un grand plaisir que de retrouver cette oeuvre d’inspiration post-romantique, qui semble rencontrer un bel accueil du public et s’imposer logiquement au répertoire.

 

 

Finesse, élasticité du jeune ROUVALI…

 

 

L’approche de Rouvali étonne avec un tempo très lent au début (une constante que l’on retrouvera dans la suite de la soirée lors des soli aux bois volontairement étirés), avant de faire éclater une myriade de couleurs en un geste aérien et lumineux. Le Finlandais n’hésite pas à jouer avec les tempi pour surprendre l’auditoire, tout en faisant ressortir quelques détails de l’orchestration. Sa direction évite ainsi toute lourdeur et place la clarinette somptueuse de Jean-Luc Votano au premier plan, en nous délectant de son aisance technique et de ses phrasés radieux. Votano n’a pas son pareil pour se jouer des multiples sonorités demandées par Lindberg (présent dans la salle et applaudi sur scène à l’issue du concert), des bizarreries rugueuses aux emprunts jazzy façon Gershwin ; sans parler de ce passage où la clarinette volontairement inaudible ne laisse entendre qu’un léger tapoti sur les différents corps de l’instrument. L’emphase reprend vite ses droits avec les nombreux et brefs crescendos, développés en une intensité nerveuse et émotionnelle qui rappelle souvent Lutoslawski. En bis, Jean-Luc Votano nous régale d’un bel hommage à Manuel Falla, autour d’une assistance visiblement réjouie.

ROUVALI concert maestro montpellier critique concert classiquenewsApres l’entracte, le public retrouve un répertoire mieux connu avec la Première symphonie (1899) de Sibelius, qui raisonne en une lecture éloignée des influences romantiques, afin de faire ressortir la légèreté diaphane de l’orchestration. Là encore, le sens de l’élasticité cher à Rouvali soigne la mise en place tout en proposant en contraste quelques fulgurances inattendues. Le premier mouvement se termine dans une noirceur quasi immobile, avant le début faussement doucereux de l’Andante, qui trouve une réponse énergique dans la violence des cordes exacerbées. Le Scherzo éclate ensuite d’une ivresse rythmique à la raideur glaçante, en un tempo vif et sans vibrato. Un peu plus séquentiel, c’est là peut-être le mouvement le moins réussi de cette superbe soirée. C’est dans le finale que Rouvali montre une maitrise superlative, tout particulièrement dans les dernières mesures ralenties, qui ne laissent aucune place à l’apothéose attendue – dans la lignée d’un Kurt Sanderling. On a hâte de l’entendre dans le mouvement conclusif de la Cinquième de Chostakovitch, où son style péremptoire devrait faire là aussi merveille. Gageons que son prochain engagement à la tête du Philharmonia de Londres, où il succède à Salonen (un autre élève de Jorma Panula), saura le diriger vers ce type d’ouvrages spectaculaires. En bis, Rouvali abandonne sa baguette pour laisser l’orchestre s’emparer de la Valse triste de Sibelius,  en une vivacité de tempo et une expression des nuances toujours aussi exaltantes, à même de conclure brillamment ce très beau concert.

 

 

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Compte-rendu, concert. Montpellier, Le Corum, Opéra Berlioz, le 25 juillet 2019. Nielsen : Maskarade, Lindberg : Concerto pour clarinette, Sibelius : Symphonie n° 1. Jean-Luc Votano (clarinette), Orchestre philharmonique de Tampere, Santtu-Matias Rouvali (direction). Crédit photo / illustration : © Luc Jennepin

 

 

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