Compte-rendu, concert. Bachfest, Alte Börse, Leipzig, le 23 juin 2019. Joseph Haydn : Quatuor à cordes n° 5, opus 76 / Jean-Sébastien Bach : extraits d’oeuvres / Dimitri Chostakovitch : Quatuor à cordes n°8, opus 110. Preuve s’il en est besoin de la variété des événements proposés lors de la Bachfest, le présent concert permet de découvrir l’un des jeunes quatuors allemands parmi les plus prometteurs du moment. Formé en 2014 à Francfort, où il est toujours en résidence, le quatuor rassemble des solistes venus d’horizons divers : deux Russes, un Canadien et un Allemand. Entre eux, l’entente et l’écoute mutuelle semblent évidents dès les premières mesures du Quatuor à cordes n° 5, opus 76 (1797) de Haydn, entonnées dans l’acoustique sonore de l’ancienne bourse aux échanges (reconstruite à l’identique après-guerre). L’énergie du premier violon irradie en un geste démonstratif dans les passages verticaux, rapidement suivi par ses collègues qui ne lui cèdent en rien dans le tranchant. On est loin de la sérénité fantasmée de « Papa Haydn », ici revigoré par une fougue toujours excitante. Les parties apaisées exclut tout dramatisme et vibrato, au service d’une lecture qui privilégie la perfection technique et la musique pure.
Les différents extraits d’oeuvres de Bach permettent ensuite à chacun de se distinguer individuellement, notamment dans l’Andante de la sonate BWV 1003 (habituel bis des plus grands violonistes) ou dans le célébrissime prélude de la Suite pour violoncelle BWV 1007. Le concert atteint cependant son point d’orgue avec l’une des plus belles interprétations du Quatuor à cordes n° 8 (1960) de Chostakovitch qu’il nous ait été donné d’entendre. Les jeunes solistes surprennent dès l’introduction par une lecture détaillée et analytique qui allège son côté sombre : la pudeur ainsi à l’oeuvre laisse sourdre une émotion à fleur de peau, ce que confirme le violent contraste du premier tutti, à la hargne rageuse. Le thème dansant qui suit est murmuré dans les piani, avant une nouvelle rupture façon « feu sous la glace ». Seule la toute fin du morceau perd quelque peu en intensité, mais n’enlève rien à la très favorable impression d’ensemble. Cette lecture sans concession donne en effet un écrin passionnant à cet ouvrage d’essence symphonique. En bis, les interprètes nous régalent du Da Pacem Domine d’Arvo Part, pour le plus grand bonheur de l’assistance, visiblement ravie.
Compte-rendu, concert. Bachfest, Alte Börse, Leipzig, le 23 juin 2019. Joseph Haydn : Quatuor à cordes n° 5, opus 76 / Jean-Sébastien Bach : extraits d’oeuvres diverses / Dimitri Chostakovitch : Quatuor à cordes n°8, opus 110. Eliot Quartett : Maryana Osipova (violon), Alexander Sachs (violon), Dmitry Hahalin (alto), Michael Preuß (violoncelle). Crédit photo : © Bachfest Leipzig : Gert Mothes.