CD, événement. Mozart : L’Enlèvement au sérail / Die Entführung aus dem serail. Yannick Nézet-Séguin, direction (Baden Baden 2014). Après Don Giovanni, Cosi fan tutte, voici le déjà 3ème volet d’un cycle annoncé de 7 réalisations mozartiennes par Rolando Villazon au festival de Baden Baden (à l’été 2015, les mêmes planchent et réalisent Le Nozze di Figaro). En version de concert, chaque opéra est enregistré avec un soin particulier que ce nouveau jalon confirme : l’image sonore et spatiale privilégie l’équilibre entre solistes et orchestre pour une très fine caractérisation dramatique dont la verve, la finesse et le style saisissent immédiatement. Voici peut-être l’une des réalisations d’une subtilité admirable de bout en bout et même le ténor mexicain, aîné d’un jeune aréopage, profitant d’une maîtrise linguistique rarement atteinte jusque là depuis des années (tous sont germonophones sauf Villazon), sait profiter de leur voisonage artistique et expressif. Voici en avant première la critique de classiquenews qui paraîtra le jour de la parution annoncée du coffret de 2 cd Deutsche Grammophon : le 10 juillet 2015.
« Pétillante, fine, affûtée, la version orchestrale défendue par Yannick Nézet-Séguin ne manque pas d’attraits. … équilibrée, fruitée, rythmiquement très finement caractérisée, la direction fait merveille sur le plan dramatique. Ensuite tout tient au choix des chanteurs réunis par le chef canadien à Baden Baden. .. d’emblée en basse bouffe idéalement fluide et caverneux l’Osmin de l’excellent Franz-Josef Selig cisèle un babillage naturellement expressif d’une délicatesse délectable (d’une verve rossinienne et aussi d’une finesse de ton linguistique qui lui ouvre les bras de l’Ochs straussien (Der Rosenkavalier). Il fait tout le piment orientaliste des premières scènes où Mozart pose le cadre de ce Proche-Orient enturbané si cher à l’esprit aventureux et universaliste des Lumières propre aux années 1780 (L’Enlèvement au sérail premier opéra populaire en langue allemande, s’écartant des serias italiens formatés est créé à Vienne en 1782). Le duo qu’il forme avec Rolando Villazon pétille de subtilité et quand le ténor mexicain sait soigner son legato et la pureté de son chant sans contorsion latine la langue de Mozart peut s’épanouir avec la délicatesse de style requise. Et nous ne parlons pas du duo Osmin / Blonde, ce dernier personnage, – parfaite figure populaire rêvée et affinée par Mozart, relevé par la délicieuse et percutante, si féminine (une vraie rivale pour Constanz) de Anna Prohaska qui réussit avec une intelligence nuancée suractive mais mesurée et réfléchie une incarnation … exemplaire. Les phrasés de l’orchestre, l’ajout du pianoforte dans récitatif et airs, la finesse et l’intelligence globale suscite les meilleurs louanges. Ce Mozart étonne, captive, respire (les climats psychologiques de chaque scène, si ressentis et concentrés par les femmes – rôles nettement privilégiés par Mozart, comme il le fera dans les Noces de Figaro, rayonne d’une profondeur et d’une tendresse grave … bouleversante.
Révélations : la pétillante et millimétrée Ana Prohaska donc, surtout le ténor séduisant tout en charme juvénile du jeune Paul Schweinester, timbre fin et racé, émission et projection d’une facilité étonnante, révélé au concours des jeunes chanteurs de Salzbourg en 2012. La verve, la musicalité lui promettent demain une carrière en or… à suivre de près.
Critique complète de L’enlèvement au Sérail de Mozart par Yannick Nézet-Séguin (Baden Baden, juillet 2014) dans le magasin ce dvd livres de classiquenews.com au moment se la sortie annoncée du coffret soit le 10 juillet prochain.