vendredi 6 décembre 2024

Cd compte rendu critique. Boccherini : Quatuors G. 195-200 (Symposium, 1 cd Brilliant classics, 2015)

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Boccherini quatuors symposium 6 quatuors opus 26 review critique compte rendu CLASSIQUENEWS fevrier 2016 CoverCd compte-rendu critique. Boccherini : Quatuors G. 195-200 (Symposium, 1 cd Brilliant classics, 2015). Nouvelle phalange chambriste italienne, l’ensemble Symposium jouant ici en quatuor autour de son fondateur l’altiste Simone Longhi s’intéresse à Bocherini, révélant 6 volets de l’opus 26, catalogués G 195, 196, 197, 198, 199 et 200 (« G » pour Yves Gérard qui a établi l’inventaire et le catalogue de l’œuvre en 1969). L’ensemble réunit des Quatuors en 2 mouvements, forme promise à maints aménagements formels et une constante évolution sous la plume de Joseph Haydn jusqu’en 1800. Les deux compositeurs ont d’ailleurs échangé une abondante correspondance qui reste à retrouver et analyser… Le génie de Boccherini, auteur improbable et jugé secondaire pourtant entre Italie et Espagne à l’époque de la première école de Vienne, y gagnerait en explicitation voire réhabilitation.

 
 
 

Les Symposium, nouveaux ambassadeurs d’un Boccherini raffiné irrésistible

 

boccheriniElégance, raffinement extrême, ornementation parfois surabondante mais d’une délicieuse éloquence (entre équilibre et sophistication), l’écriture du madrilène « Luis » Boccherini mérite bien sa réputation de génie chambriste, un égal de Haydn pour l’Italie et l’Espagne. Né Italien (à Lucca /Lucques en 1743) mais résident quasiment toute sa vie à Madrid à la Cour des Bourbons d’Espagne – en particulier au service du frère de Charles III, l’Infant Don Luis, grand mélomane et son protecteur jusqu’à sa mort en 1785, Luigi Boccherini fut un virtuose du violoncelle et marque particulièrement l’exercice si difficile de la conversation en musique, dans un cadre intimiste.
Après la mort de l’Infant, Boccherini se retrouve un mécène à distance (depuis l’Espagne et Madrid) en la personne du Roi de Prusse : Frédéric Guillaume II (1786-1796), joueur de violoncelle et lui aussi mélomane avisé comme exigeant ; puis grâce au goût de Lucien Bonaparte, ambassadeur de France à Madrid qui se passionne pour l’élégance de ses partitions (1800-1801).

 

 

 

Goya La_familia_del_infante_don_Luis

 

 

Précis, nuancés, et d’une équilibre subtil, les 4 musiciens de Symposium relèvent tous les (nombreux) défis de 6 Quatuors jamais enregistrés au disque ; ces 6 Quatuors retenus ici, portent avec une rare intensité, le souci d’élégance mondaine pas creuse et d’éloquence partagée mais pas bavarde, d’une musique d’un raffinement absolu. Protégé de l’Infant Don Luis, Boccherini vit dans les années 1780 ses heures les plus heureuses dont témoignent les qualités d’une musique extrêmement bien écrite qui exige précision rythmiques, nuances dynamiques, complicité et surtout subtilité de chaque instrumentiste . Jamais l’art de Cour et le raffinement d’une vie sociale soucieuse d’esthétisme et d’éducation ne s’est tant manifesté que dans l’art hautement complexe et exigeant du Quatuor à l’époque des Lumières. Aux côtés de Haydn et de Mozart, Boccherini fait figure de pair, emblématique d’une sensibilité originale et formellement affinée, comme le fut aussi un Domenico Scarlatti pour le clavecin.
La facilité mélodique, l’entrain rythmique non dénué d’une insouciance amusée qui rappelle l’humour et la facétie Haydnienne (Minuetto con moto – Trio du 198), voire parfois la grâce mozartienne approchée dans les derniers Quatuors de ce cycle (les G 199 et 200) s’offrent ainsi comme défis aux interprètes de Symposium : mais les instrumentistes italiens y ajoutent comme ici ce mordant plus sombre, symptôme d’une gravité sourde pré schubertienne d’une ineffable tendresse nostalgique (Andante appasionato ma non lento du très subtil G 200 auquel va toute notre admiration). L’indice d’une réussite éclatante se mesure à la maîtrise des accents, des nuances ténues qui basculent inéluctablement chaque pièce de l’expression d’un grand raffinement au chant d’un esthétisme juste et naturel. Autant de qualités expressives et d’une grande technicité habitée qui font les grands interprètes. La sensibilité et la complicité articulée et flexible des instrumentistes de Symposium suscitent donc le meilleur accueil. C’est évidemment un CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2016. Le cd serait l’amorce d’une nouvelle intégrale Boccherini, passionnante, à venir… A suivre de près donc.

 

 

 

CLIC D'OR macaron 200Cd compte rendu critique. Luigi Boccherini : Quatuors G. 195-200 opus 26. Ensemble / Quatuor Symposium – 1 cd Brilliant classics 95302, enregistrement réalisé en août 2015, en Italie). CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2016

 

 

Illustration : Très judicieusement et avec un rare sens de l’exactitude artistique entre les disciplines, les concepteurs du cd représentent en couverture le portrait collectif par Goya, de l’Infant Don Luis et de sa famille, entourés par les artistes proches de sa cour, dont évidemment « Luis » Boccherini lui-même, debout en tunique rouge et de profil. Composition datée de 1783, soit 4 ans après la composition des 6 Quatuors de l’opus 26 ici enregistrés.

 

 

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