CD, coffret événement, annonce : ARCHIV Produktion / analogue stereo recordings (1959-1981) – 50 cd limited edition. AUX ORIGINES DE LA REVOLUTION BAROQUEUSE : L’Allemagne fait figure ici pionnière sous la férule de DG qui semble à la fin des années 1950, fédérer tout un nouveau courant interprétatif dont témoigne le coffret aujourd’hui édité. Naturellement, le cycle ARCHIV Produktion / analogue stereo recordings (1959-1981) est une somme magistralement éditorialisée ici et un corpus discographique majeur qui raconte une certaine histoire de la révolution baroqueuse (principalement en Allemagne, à Munich, Nuremberg, Vienne, Hambourg, Stuttgart…) sous la houlette de Deutsche Grammophon, dès 1959, dessinant une sorte de cartographie fondatrice à laquelle il convient d’associer aussi Paris et Londres ), quand les interprètes osent des instruments nouveaux (anciens ou de facture d’époque), selon une nouvelle pratique « historiquement informée »…
AUX ORIGINES DE LA REVOLUTION BAROQUEUSE…
Les premiers enregistrements récapitulent les premiers essais d’interprétations baroques, encore laborieux … car sur instruments modernes (presque trop précautionneux côté tempi mais avec de très belles voix… d’opéra (Dido & Aeneas dirigé par Charles Mackerras en 1967 avec Troyanos et Amstrong, cd17). Le souffle nouveau viendrait ici plutôt du plus convaincant Karl Richter à Munich dont la Messe en si de JS BACH de 1961 fait figure de nouveau standard musicologiquement scrupuleux (et lui aussi quand même trop précautionneux par ses tempi d’une lenteur parfois soporifique… cd 6 et 7) ; pourtant le Magnificat de 1959 (borne inaugurale du présent cycle d’archives) avec les mêmes effectifs instrumentaux étaient autrement plus nerveux et exclamatifs (cd1). Même handicap pour le Rameau du Paris de l’année 1962, pour l’acte de ballet Pigmalion avec les Lamoureux dirigés par Marcel Couraud, d’une pompe superphétatoire, boursouflure qui confine au hors sujet (cd 10)… Même effort laborieux en 1971 à Vienne, pour les Concertos pour violon d’un Bach grisâtre et freluquet (Capella Academica Wien, et Eduard Melkus, violon)…
On note, référence voire bel hommage au génie de Telemann fêté en 2017 pour son 250è anniversaire (de la mort), un triple cd dédié à Der Getreue Music-Meister, vaste cycle élégiaque instrumentalement ciselé, piloté par Josef Ulsamer (direction, Nuremberg 1967 — cd 12 à 15) avec un cénacle d’instrumentistes particulièrement vifs et ardents auxquels se joignent les chanteurs Edith Mathis et Ernst Haefliger : somptueuse expressivité, rigueur scrupuleuse et surtout implication totale pour ressusciter l’arête exaltée d’un Telemann qui prêchant pour sa paroisse, célèbre le chant des instruments (ouverture pour traverso, air à la française pour flûte traversière, duetto flûte et viole de gambe, passacaille… Le génie de Telemann s’y impose avec brio et poésie dans une myriade de formes intelligemment enchaînées dont JS Bach n’aurait pas renié l’éloquence et la justesse poétique, comme l’invention mélodique.
A écouter aussi la direction du chef de choeur Nikolaus Harnoncourt à Vienne (1963) qui ressuscite les pièces chorales de la Cour de Maximilien Ier (avec les Wiener Sängerknaben) : le geste volontaire, l’acuité des accents epxressifs et une certaine douceur collective font mouche grâce à l’implication de celui qui ici dirige déjà ses chers instrumentistes du Concentus Musicus de Wien, fondé en 1953, soit il y a plus de 10 ans alors. Captivant (cd11). Rien à dire non plus à l’ORFEO de Monteverdi de Jurgens Jürgens enregistré à Hambourg en 1973 car y règnent les divins Nigel Rogers (Orfeo, ci dessus notre photo) et surtout le somptueux et déchirant James Bowman, au sommet de son timbre cristallin faisant une Espérance à couper le souffle…
Les surprises sont plutôt du côté des… Melos Quartett / instrumentistes du Quatuor Melos d’une suavité expressive et pudique pour les Quatuors éblouissants (et nous pesons nos mots, après Mozart et Haydn), d’un Cherubini, plus européen que quiconque (Stuttgart, 1973-1975) ; première absolue au disque : le triple coffret des précurseurs de JS BACH à l’orgue (Lübeck, Buxtehude, Scheidt…) par l’immense Helmut Wacha sur l’orgue St Pierre St Paul de Cappel en septembre 1977 : rigueur, précision, et joie, voire facétie recréative : ce corpus inédit couronne non sans éclat toute une vie dédiée à la diffusion des Baroques germaniques du XVIIè et XVIIIè. Superbe nouveauté en cd. Enfin, autre perles incontournables de 1978, soit avant la fondation des Arts Florissants (1979) par William Christie, devenus depuis incontournables au registre Haendel : Acis et Galatée / Acis and Galatea de Handel (1718), d’une ivresse délicate et continûment espiègle, d’un pastoralisme enchanté réellement sidérant : John Eliot Gardiner se montre subtil, élégant, et même primesautier (avec l’Acis d’Anthony Rolfe Johnson en frais et viril berger enamouré, sans omettre l’ineffable et d’une suavité tendre éperdue Damon de l’excellent ténor Martyn Hill, notre photo)…
Coffret majeur, particulièrement révélateur de l’activité des baroqueux, encore précurseurs aux fruits pas toujours très digestes dans les années 1950 et 1960 ; surtout plus convaincants et nettement plus engagés au carrefour des années 1970 et 1980. Le cap étant assurément accompli à la fin des années 1970… ce n’est pas un hasard si Les Arts Florissants naissent en France justement dans le prolongement de ces années d’expérimentation heureuse. Complète critique et présentation du coffret ARCHIV PRODUKTION / Analogue stereo recordings 1959 – 1981 dans la mag cd dvd livres de classiquenews. CLIC de CLASSIQUENEWS de juin 2016