Budapest. Hungarian State Opera (Hongrie). Strauss: Ariadne auf Naxos. Les 20,22,27,29 mars 2015. Créé juste avant la première guerre (création à Stuttgart en octobre 1912, puis dans sa version définitive à Vienne en octobre 1916 pendant le conflit), Ariadne est d’abord une comédie délicatement irrévérencieuse, où le duo Strauss et son librettiste Hugo von Hofmmansthal rivalise avec l’intelligence à quatre mains de Molière et Lully. Les deux germaniques ont toujours cultivé leur admiration pour le Baroque Français : ils y ont puisé une source formellement créative pour jouer avec les forme théâtrales et lyriques.
Il s’agit d’associer une troupe de comédiens italiens plutôt comiques, à l’action tragique d’Arianne abandonnée par Thésée sur l’île de Naxos puis ressuscitée à la vie grâce à sa rencontre avec Bacchus… le lamento d’Arianne rencontre l’insouciance ivre et échevelée de Zerbinette ; voici deux figures féminines apparemment opposées et contradictoires mais pas tant que cela : Ariane reste inconsolable après avoir été trahie par Thésée ; Zerbinette l’exhorte à jouir de l’instant présent et de multiplier les aventures tant que le coeur le lui inspire. Seul le véritable amour se fera connaître…
Théâtre dans le théâtre, les auteurs imaginent la préparation de l’opéra dans les coulisses, brossant une galerie de portrait déjanté des interprètes hors scène : la primadonna, les acteurs secondaires, surtout le compositeur (sorte de jeune Mozart), passionné et défenseur radical de son art… La première version de 1912 était encore maladroite : il s’agissait de faire succéder à la pièce du Bourgeois gentilhomme de Molière, le divertissement chanté conçu par Strauss et Hofmannsthal. Dans le version finale de 1916, les deux fusionnent totalement et l’opéra reprend ses droits inféodant à l’architecture globale, ses règles de développement habituel. Mais avec un sens du timing recouvré : Monsieur Jourdain devenu le plus riche mécène de la ville, ordonne que la représentation commence sans délai afin que l’on donne le feu d’artifice programmé de la longue date et à l’heure annoncée. Soit un prologue qui réunit tous les artistes de la troupe avant la représentation, puis la soirée lyrique proprement dite où trouvaille géniale, troupe comique et personnages tragiques sont imbriqués avec une rare science poétique.
Ariadne auf Naxos / Arianne à Naxos de Strauss à l’Opéra d’état de Budapest
Budapest. Hungarian State Opera (Hongrie).
Les 20,22,27,29 mars 2015
Der Haushofmeister – Franz Tscherne
Die Music Master – Tamás Busa
Der Komponist – Viktória Vizin
Der Tenor, Bacchus – István Kovácsházi
Die Dancing Master – Zoltán Megyesi
Der Perückenmacher – Róbert Rezsnyák
Ein Lakai – Tamás Szule
Zerbinetta – Erika Miklósa
Die Prima Donna, Ariadne – Tünde Szabóki
Harlekin – Csaba Szegedi
Scaramuccio – Dániel Vadász
Truffaldin – Krisztián Cser
Brighella – István Horváth
Najade – Zita Váradi
Dryad – Atala Schöck
Echo – Eszter Wierdl
Illustrations : Hofmannsthal et Strauss, duo miraculeux à l’opéra (DR)