samedi 20 avril 2024

Anna Netrebko à Salzbourg 2009: romances russes Arte, Dimanche 18 avril 2010 à 19h

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Anna Netrebko

Salzbourg 2009


Arte
Dimanche 18 avril 2010 à 19h


Chant du rossignol

Nuit d’été lyrique, exceptionnelle, ce 17 août 2009 : voici le grand retour d’Anna Netrebko, soprano russe qui est l’icône glamour de la planète opéra depuis presque une décennie à présent. A Sazlbourg, Anna Netrebko retrouve une arène familière qui l’a vu en Donna Anna en 2002, puis en Traviata en 2005… Autant de prises de rôles qui l’ont imposée depuis au devant de la scène musicale et médiatique.
La diva russe et aussi autrichienne (elle a la double nationalité) paraissait dans un récital de mélodies (romances) russes signées Tchaïkovski et Rimsky-Korsakov (sur des poèmes entre autres de Tostoï et de Pouchkin), après sa retraite comme jeune maman, et ici, sur la scène du Festpielhaus de Salzbourg, avec la complicité de Daniel Barenboim, en pianiste attentif et nuancé. Après Salzbourg, véritable événement de l’édition du festival 2009, le récital a été repris le 29 mars 2010 à la Philharmonie de Berlin. En voici l’enregistrement live qui montre avec quelle opulente sensualité, la cantatrice sait dire et colorer, en amoureuse blessée, alanguie, pleine d’une tendre et angélique espérance…

Un rossignol chantait captivé par une rose… (Plenivsis’ rozoy, solovey » … Tout est énoncé par cette romance sublime, emblématique de tout le récital, signé Rimsky (8è mélodie abordée, opus 2 n°2): tristesse et mélancolie, angélisme blessé, l’art de « La Netrebko » subjugue par son miel vocal, divinement slave et oriental tout à la fois, d’une puissante sensualité éloquente….
Puissante et claire, la voix s’embrase, dans des aigus timbrés d’une caresse souvent irrésistible, à l’éclat brûlé propre aux grandes tragédiennes. Moins âpre ou tendue, la voix s’équilibre, medium ample à l’appui, et rayonne par cette brillance toujours ronde et chaleureuse. Avec Anna Netrebko et la mezzo sublime également Elina Garança, Deutsche Grammophon dispose dans son « catalogue lyrique » de deux tempéraments parmi les plus caractérisés de l’heure.

Equivalent du lied schubertien ou Wolfien, la romance ciselée de Tchaïkovski (très difficile) ou de Rimsky trouve en Anna Netrebko, une diseuse magicienne qui approche l’ensemble de ce programme avec une cohérence de couleurs, une unité de timbre exceptionnel (ses aigus sont sidérants de sincérité et jamais tirés)… des Tchaïkovski, les plus délicats – et qu’elle chante pour la première fois-, la diva développe un art magistral de la ligne, richesse harmonique naturelle du timbre, avec un souci de la langue, – « sa » langue-, absolument remarquable: tendresse (Berceuse de Tchaïkovski, 1872: « Kolïbel’naya pesnya« ), simplicité (aucun maniérisme ni effet d’aucune sorte), style intimiste, mais intensité permanente (articulation habitée de Nimfa opus 56 (1898, de Rimsky), ivresse extatique (« Sred’ mracnïkh dney » opus 73 de Tchaïkovski) font les délices de ce récital miraculeux à Salzbourg: le plus mémorable de ces dernières années. Songez que les opéras dirigés par Muti, n’étaient pas complets quand les organisateurs ont dû ajouter pour le concert Netrebko deux rangées de chaises supplémentaires pour une demande de places qui continuait encore d’affluer…

Voix lunaire et mélancolie, attendrie et sincère pour les poèmes de Alexandre Pouchkine, Alexis Tolstoi, Apollon Maykov ou Mikhaïl Lermontov mis en musique par Tchaïkovsky (9 romances) et Rimsky (11 pièces): deux poètes musiciens toujours attentifs aux nuances infimes du verbe. Le Liederabden (récital de mélodies) de Anna Netrebko dépasse toute espérances: il réalise l’impensable grâce à l’intelligence vocale d’une immense interprète. Certains poursuivent leur diatribes abusives et radicales vis à vis de la soprano révélée par Gergiev au Mariinsky, en mettant en doute ses capacités, surestimées par un marketing trompeur (bien sûr). L’écoute du disque laisse sans voix: l’album prolonge notre enthousiasme vécu à l’écoute de son précédent récital discographique Anna Netrebko: Souvenirs (1 cd Deutsche Grammophon).


Récital Anna Netrebko et Daniel Barenboïm, Salzbourg, août 2009. Œuvres de Nicolas Rimsky-Korsakov et Piotr Illiytch Tchaïkovsky. Coproduction : Unitel, Arte (2010, 43mn). Arte, dimanche 18 avril 2010 à 20h.

Le disque de ce récital magique pour ne pas dire anthologique à Salzbourg paraît aussi chez Deutsche Grammophon en avril 2010 (couverture ci dessus: Anna Netrebko: « In the still of night », Songe d’une nuit d’été, salzbourg 2009, 1 cd Deutsche Grammophon). Un must pour les fans de la diva, mais aussi pour les amateurs de beau chant russe… dans des mélodies trop rares signées Tchaïkovski et RImsky-Korsakov.

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