À la suite des festivités pascales, Les Arts Florissants ont donné un oratorio de jeunesse de Georg Friedrich Haendel, La Resurrezione, avec un plateau de choix. Le concert avait été préalablement donné à la cathédrale de Luçon, dans le cadre du festival de Printemps des Arts Florissants dans la région vendéenne.
Cet oratorio fut commandé en 1708 par le marquis romain Francesco Maria Ruspoli pour être représenté le jour de Pâques. Il est donc stylistiquement plus proche de la musique d’Alessandro Scarlatti (a qui Ruspoli avait commandé un autre oratorio à l’occasion des mêmes festivités) ou Arcangelo Corelli qui tenait d’ailleurs le premier violon lors de la création de La Résurrection comme dans les oratorios de la fin de la vie de Haendel comme Le Messie.
L’ouverture est extrêmement virtuose, à la manière d’un concerto grosso où de nombreux instruments solistes comme le premier violon, les hautbois, trompettes et même un viole de Gambe magnifiquement tenu par Myriam Rignol répondent au tutti de l’orchestre. Les solistes des Arts florissants sont au niveau que l’on attend de cet ensemble. Le franco-italien Emmanuel Resche Caserta, éminent spécialiste du violon romain et napolitain tient avec brio la place de Corelli. La direction de Paul Agnew est claire, précise et sage. On sent parfois cet orchestre exceptionnel le dépasser un peu quand ce n’est pas lui qui donne un tempo pressé.
La première scène est un dialogue entre un ange, la délicieuse Julie Roset, et Lucifer interprété par Christopher Purves vêtu d’un élégant kilt de concert. Julie Roset est charmante, la voix agile claire et légère mais dépasse difficilement l’orchestre derrière lequel elle se trouve. Christopher Purves fait lui preuve d’une grande théâtralité, adaptée au rôle. Malgré une diction parfaite, la voix se fait légèrement fatiguée, ce qui ne nuit pas au rôle et au spectacle. Anna Vieira Leite interprète très sagement le rôle de Marie Madeleine. Si tout est beau dans la voix, le registre des dynamiques dont on la sait capable n’est pas pleinement exploité, et nous le regrettons. Cyril Auvity interprète Saint Jean l’Evangéliste avec beaucoup de sensibilité, à la limite de l’excès. Enfin, Lucile Richardot est magnifique, déchirante, tout simplement parfaite. Un exemple de compréhension de son texte au-delà d’une diction magistrale, la voix est pleine de couleurs diverses, de nuances et de chaleur. Nous avons été marqués par son premier air « Piangete, piangete ».
Une soirée qui fut fort agréable dans l’ensemble – malgré quelques points d’inégalités !
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CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie de Paris, le 30 avril 2025. HAENDEL : La Resurrezione. A. Vieira Leite, J. Roset, L. Richardot, C. Auvity, C. Purves. Les Arts Florissants, Paul Agnew (direction). Crédit photographique © Droits réservés