Klaus MĂ„KELĂ„ dirige l’Orchestre de Paris dans la 9è de Mahler (nov 2020)

makela-klaus-orchestre-concert-mahler-chef-orchestre-classiquenews-critique-concert-orchestreARTE, lun 4 oct 2021, 5h. MALER : 9è SYMPHONIE. KLAUS MĂ„KELĂ„ (Paris, nov 2020) – Le jeune chef d’orchestre finlandais Klaus Mäkelä fait partie des baguettes nouvelles Ă  suivre particulièrement : Ă©lĂ©gance, dĂ©tail, souplesse et intĂ©riorité… façonnent ici une approche des plus sĂ©duisantes voire dans le cas de Mahler, des plus enivrantes. L’enchantement nocturne (clarinettes au nombre de 5, cor anglais et cors murmurants) enveloppe la 9è de Mahler qui sait ainsi renoncer, s’abstraire, exprimant aussi une souffrance toujours prĂ©sente (inquiĂ©tude des violons et de la harpe fantomatique). Pas facile de faire ses adieux Ă  la vie dans la sĂ©rĂ©nitĂ© suprĂŞme… toute fin est un dĂ©chirement chargĂ© d’une irrĂ©pressible amertume qui se dĂ©lite en lambeaux Ă©thĂ©rĂ©s, vers une immatĂ©rialitĂ© sonore inĂ©dite jusqu’à Mahler… La partition prend aux tripes par sa pudeur extatique Ă©perdue souvent hallucinĂ©e. Excellente lecture de la part d’un aussi jeune chef d’orchestre. Concert sans public captĂ© en novembre 2020 Ă  la Philharmonie de Paris.

ComposĂ©e entre 1909 et 1910 et créée Ă  Vienne en 1912, la Symphonie n° 9 en rĂ© majeur est un ocĂ©an orchestral dans laquelle Gustav Mahler dĂ©ploie tout son gĂ©nie. Le programme de novembre marque une première pour le jeune chef d’orchestre finlandais, nĂ© Ă  Helsinki en 1996, qui succĂ©dera en 2022, Ă  Daniel Harding Ă  la tĂŞte de l’Orchestre de Paris.

 

4 mouvements : Andante comodo / Im Tempo eines gemächlichen Ländlers (tableaux champĂŞtres enforme de landler) / Rondo – Burleske.Allegro assai / Adagio (au souffle intĂ©rieur rassĂ©rĂ©nĂ© propre Ă  … Bruckner, maĂ®tre de Mahler Ă  Vienne).

Mahler : 9è Symphonie
Orchestre de Paris / Klaus Mäkelä, direction
concert confiné, sans public.

 

Déjà en REPLAY sur ARTEconcert, jusqu’au 30 août 2022 (1h23mn)
https://www.arte.tv/fr/videos/100250-000-A/klaus-maekelae-dirige-mahler/

 

9ème de MAHLER : l'éloquente maturité de Klaus Mäkelä sur ARTE

 

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ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE : La nouvelle saison 2020 2021 / cd 7ème de Mahler

SAISON 2020 2021 de l'Orchestre National de LILLEL’ON LILLE Orchestre National de Lille a lancĂ© sa nouvelle saison 2020 2021 : prĂ©sentation des thĂ©matiques, des temps forts ; prĂ©sence des femmes cheffes d’orchestre ; la rĂ©sidence d’artistes… PrĂ©sentation du nouveau cd des musiciens de l’Orchestre et de son directeur musical Alexandre Bloch : la 7è Symphonie de Mahler (1 cd Alpha) qui prolonge le formidable cycle des symphonies de Mahler, rĂ©alisĂ© en 2019 – Reportage exclusif PARTIE 2 / 2 © studio CLASSIQUENEWS 2020 – RĂ©alisation : Philippe-Alexandre PHAM – Entretiens avec François Bou (Directeur GĂ©nĂ©ral), Alexandre Bloch (directeur musical), Fabio Sinacori (dĂ©lĂ©guĂ© artistique)…

VOIR aussi notre REPORTAGE vidĂ©o : Saison 2020 2021, L’Orchestre National de Lille, l’orchestre Ă  l’Ă©preuve de la pandĂ©mie ? Comment l’Orchestre a t il lancĂ© sa nouvelle saison 2020 2021, comment s’adapte-t-il aux contraintes nouvelles imposĂ©es par les mesures sanitaires ? Quel est son fonctionnement en terme de relation au public, de programmation et de billetterie ? Comment le travail des musiciens se poursuit-il avant le retour de l’Orchestre au complet sur la scène ? Reportage exclusif PARTIE 1 / 2 © studio CLASSIQUENEWS 2020

LIRE aussi notre prĂ©sentation de la nouvelle saison 2020 2021 de l’Orchestre National de Lille : ici

SYMPHONIE n°3 de MAHLER

MAHLER_GUSTAV_UNE_veranstaltungen_gustav_mahler_musikwochen_024_gustav_mahler_musikwochen_bigFRANCE MUSIQUE, lun 23 mars 2020, 20h. MAHLER : Symphonie n°3 en ré mineur. Fracas et dépression, mais combat et élévation, la Symphonie n°3 (en ré mineur) d’un Mahler âgé de 34 ans, suit le canevas d’une mystique personnelle, propre au compositeur qui ose dans l’écriture et le langage orchestral, renouvelé, expérimental, élargir le spectre musical comme peu avant lui. Mahler prolonge en cela l’expérience et l’ambition de Beethoven et Bruckner ; s’inscrit manifestement comme un symphoniste majeur au début du XXè, aux côtés de Richard Strauss.

Le texte énoncé par la mezzo soliste est extrait du Zarathoustra de Nietzsche : une exhortation adressée aux hommes, un appel, à la fois berceuse et prière, une invocation et une alerte pour que chacun s’interroge sur lui-même, sur le sens de sa vie terrestre. Le texte contient la clé de l’œuvre ; sans joie, sans dépassement de la souffrance, l’homme ne peut atteindre l’éternité. Encore faut-il qu’il atteigne cet état de conscience salvateur …
enfin spiritualisée en sa fin céleste, la 3ème Symphonie est aussi l’opus orchestral malhérien qui semble synthétiser toutes les directions déjà vécues dans ses opus précédents ; Mahler y compose comme le catalogue des espèces terrestres, un inventaire qui vaut sanctuaire écologique, prenant en compte dans une conscience inédite, la valeur du vivant, et des tous les genres animaux, une arche musicale et un bestiaire jamais exprimé ainsi auparavant (III. poésie naturaliste et spirituelle du « Comodo. Scherzando. Ohne Hast! »).

Tout se résout dans la dernier tableau (IV. Adagio) : « le plus aérien (aux cordes surtout), en jaillissements de lyrisme flexible et amoureusement déployé, un baume pour le cœur et l’esprit, après avoir passé tant d’épisodes si divers et contrastés. Le 6è mouvement final (« Langsam. Ruhevoll. Empfunde ») semble comme un choral fraternel et recueilli, embrasser tous les êtres vivants (hommes et animaux) et les couvrir d’un sentiment d’amour, irrépressible et caressant. Dans son intonation, sa pâte transparente, suspendue, le mouvement préfigure l’Adagietto de la 5è, ses amples respirations,s a couleur parsifalienne, sa ligne constante qui appelle et dessine l’infini…

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logo_france_musique_DETOUREFRANCE MUSIQUE, lun 23 mars 2020, 20h. MAHLER : Symphonie n°3 en ré mineur. Orchestre Symphonique de BambergJakub Hrusa, direction. Bernarda Fink, mezzo-soprano / Choeur de l’Orchestre de Paris. Concert enregistré le 15 fév 2019 à Paris, Philharmonie.

LIRE aussi notre compte rendu critique de la Symphonie n°3 de Gustav Mahler par L’ON LILLE Orchestre National de Lille / Alexandre Bloch – avril 2019 :
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-concert-lille-le-3-avril-2019-mahler-symphonie-n3-orchestre-national-de-lille-alexandre-bloch/

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, vidéo : Symphonie des mille de Mahler / Alexandre BLOCH

cycle-mahlerIntĂ©grale vidĂ©o. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE: Symphonie des mille de Mahler / Alexandre BLOCH. Les 20 et 21 nov 2019, l’Orchestre National de Lille rĂ©alisait un jalon majeur de son cycle Mahler sous la direction d’Alexandre BLOCH. Captation intĂ©grale de la performance.

MAHLER-symphonie-3-Alexandre-BLOCH-lille-critique-concert-critique-opera-classiquenews-le-chef-face-aux-violoncellesLa plus colossale, la plus spectaculaire et pourtant sous les effectifs impressionnants, (plus de 1000 musiciens à la création)… pénétrante, bouleversante, humaine. Le propre du chef Alexandre Bloch est de nuancer l’échelle spectaculaire de la symphonie « cosmique » que Mahler compose en quelque mois à l’été 1909 : le maestro, directeur musical du National de Lille, en exprime l’unité architecturale et l’irrépressible élan salvateur. S’il est bien une symphonie rédemptrice et élévatrice, celle ci serait un sommet. Car l’édifice est surtout spirituel, lié à la ferveur personnelle du compositeur : un acte de foi, une expérience de partage et de fraternité retrouvée où l’homme peut être sauvé s’il s’ouvre à l’Amour que lui accorde l’Eternel féminin. Voilà pour le sens général, ascensionnel et de moins en moins terrestre. Sur le plan de la réalisation, le chef est confronté à tous les défis.

 

 

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VISIONNER la Symphonie n°8 des mille sur la chaĂ®ne YOUTUBE de l’ONL Orchestre national de Lille (durĂ©e : 1 h 18 mn) :

 

 

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LIRE aussi de la Symphonie n°8 des Mille par l’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH, notre annonce du concert, puis notre critique dĂ©veloppĂ©e du 20 nov 2019 (jusqu’en avril 2020)

http://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-lille-le-20-nov-2019-mahler-symphonie-n8-des-mille-orch-national-de-lille-alexandre-bloch-direction/?fbclid=IwAR2lbncbvm-LCHNK4epodXZU7NXV1X6c9wP852pACR0tsCJUSD__OlxjI9g

 

 

 

VISIONNER aussi toutes les symphonies de Gustav Mahler par  l’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH sur la CHAINE YOU TUBE de l’Orchestre National de LILLE / ONL (jusqu’en avril 2020)

 

 

LILLE : Symphonie n°9 par Alexandre BLOCH / ONL

AB_slide_328px_19-20-1LILLE, ONL, A BLOCH, 15, 16 janv 2020. MAHLER : Symph n°9. ONL, Orch national de Lille. Alexandre Bloch. Superbe volet final de l’odyssée mahlérienne par l’orchestre lillois et son très engagé directeur musical, Alexandre Bloch. Après l’achèvement du Chant de la terre, Mahler amorce à l’été 1908, sa 9è symphonie, qu’il achève l’année suivante en 1909. A Bruno Walter, sans que l’on connaisse la raison exacte, Mahler reste réservé sur la genèse de cet opus 9 : qu’il rapproche de la symphonie n°4, sans dire pourquoi explicitement.

SYMPHONIE DE L’ADIEU

C’est un compositeur maître de son langage, lequel s’est renouvelé pendant la transfiguration musicale de Faust dans la 2è partie de sa 8è précédente. Malher a du surmonter la mort de sa fille ; sa démission forcée comme directeur de l’Opéra de Vienne (après 10 années d’excellence pourtant). En quittant Vienne, Gustav a rompu le fil qui le reliait à son enfance (et ses enchantements, si manifestes dans les nocturnes des symphonies précédentes). Comme dans le Chant de la Terre, la 9è symphonie exprime un adieu, serein, suprême, accepté, tel une délivrance et un accomplissement. Dès l’Andante comodo (initial), où est recyclé la Sonate les Adieux de Beethoven, Mahler écrit sur le manuscrit « O jeunesse envolée, O amour perdu ! » ; déjà il a conscience que sa jeune épouse pourtant admiratrice de son œuvre et de sa personnalité, ne l’aime plus. La crise conjugale de l’été 1910 en atteste. Le compositeur exprime clairement son renoncement au monde, en visionnaire pacifié, maître de son destin, en rien cette victime suicidaire et prophétique sur sa propre fin, comme on le dit souvent.
MAHLER-gustav-et-alma-symphonie-classiquenews-Gustav-MahlerL’énergie et le rictus d’un cynisme parfois amer surgit avec une rare violence (ländler ou 2è mouvement) : les danses qui y sont mentionnées, symbolisent l’agitation vaine des tractations terrestres. Le Rondo Burleske est un sommet dans le registre de la parodie cynique, où perce la clairvoyante lucidité de l’auteur sur la vie, la vaine comédie humaine, la vanité des existences terrestres. Le contrepoint délirant exprime scrupuleusement la vacuité absurde du monde et de la civilisation humaine. Enfin, apaisé, Mahler déploie la hauteur tranquille du Finale : Adagio sehr langsam… (très lent et encore retenu) ; à mesure que se précise le sentiment de plénitude, Mahler exprime la fusion avec l’harmonie secrète, éternelle de la Sainte nature. Pourtant parodié et caricaturé, le gruppetto du Rondo Burleske, s’épanouit ici, éther immatériel d’une destinée à présent abstraite et flottante qui a coupé toute attache avec le réel et le terrestre. L’Adagio de la 9è est un accomplissement dans la paix et l’amour (ce que dit aussi mais de façon spectaculaire, le finale de la 8è, dédié à la lumineuse Marie). Bruno Walter crée la partition à Vienne le 26 juin 1912.

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Adieu mahlérienboutonreservation
Mercredi 15 & jeudi 16 janvier 20h
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle

Beethoven : Leonore III, ouverture
Mahler : Symphonie n°9

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Alexandre Bloch, direction

RÉSERVEZ VOTRE PLACE ici :
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/adieu-mahlerien-symphonie-n9/

 

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Présentation de la symphonie n°9 de Mahler
sur le site de l’ONL Orchestre national de Lille :

« Présentée au public pour la première fois un an après la mort de Mahler, la Symphonie n° 9 contient l’un des plus beaux adieux de l’histoire de la musique. Avec son Adagio au bord du silence, le compositeur autrichien nous offre ici un poignant chant du cygne. Dès les premières mesures de l’Introduction et jusqu’à l’inoubliable Finale, Mahler affirme son amour de la vie à travers une palette expressive grandiose et une partition raffinée. Cette symphonie visionnaire clôture de manière bouleversante notre Odyssée mahlérienne. Dirigé par Alexandre Bloch, ce grand moment symphonique sera précédé de l’ouverture de Leonore III de Beethoven, hymne vibrant pour la liberté et contre les oppressions.
A Mahler farewell – Symphony No. 9
Presented to the public one year after Mahler’s death, Symphony No. 9 contains one of the most beautiful farewells in the history of music. Directed by Alexandre Bloch, it will be preceded by Beethoven’s Leonore No. 3, a vibrant ode to freedom. »

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Programme repris le 17 janv 2020
En région
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
Valenciennes Le Phénix – Vendredi 17 janvier 20h
Infos et réservations : 03 27 32 32 32 / www.lephenix.fr

Autour des concerts au Nouveau Siècle à LILLE, chaque jour des concerts :
18h45
Rencontre mahlérienne
15 janvier : Christian Wasselin auteur de Mahler : La Symphonie-Monde et critique musical
16 janvier : l’information vous sera bientĂ´t communiquĂ©e : voir le site de l’ONL ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE saison 2019 2020

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Symphonies n°8 des Mille, Symphonie n°9 de GUSTAV MAHLER à Lille

HOMEPAGE-gustav-mahler-BLOCH-alexandre-portrait-2019-chef-orchestre-national-de-lille-annonce-concert-opera-classiquenewsLILLE, Symphonies de MAHLER, les 20, 21 nov, 15 et 16 janv 2020. Sommets Mahlériens à LILLE. Il y a depuis toujours, la tradition des concerts Mahlériens à Amsterdam au sein du Concertgebouw où tous les chefs malhériens d’envergure et les plus engagés, se sont illustrés et où ils ont défendu leur propre vision de l’épopée symphonique la plus spectaculaire et introspective jamais conçue, celle des 10 symphonies de Mahler. LILLE est en passe de reprendre le flambeau ou du moins fait entendre sa voix spécifique : Alexandre Bloch, directeur musical, conduit l’Orchestre national de Lille en un cycle devenu événement, dédié aux symphonies de Mahler, dont l’auditorium du Nouveau Siècle affiche les ultimes jalons, et non des moindres : la spectaculaire et faustéenne symphonie n°8 dite « des Mille » en raison des effectifs colossaux requis pour sa réalisation (les 20 et 21 nov 2019) ; la 9è, expression d’un renoncement apaisé, souverain, les 15 et 16 janvier 2020. Cycle événement à LILLE grâce à l’engagement de son directeur musical, Alexandre Bloch.

 

 

 

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Symphonies de Gustav MAHLER Ă  Lille
Nouveau Siècle

Mercredi 20 et jeudi 21 novembre 2019, 20h
Symphonie n°8 des Mille

Alexandre Bloch emporte le National de Lille dans son dernier jalon mahlérien : la 8è, ditebloch-alexandre-mahler-symphonie-8-mille-nov-2019-annonce-critique-symphonie-classiquenews des mille par référence au nombre de musiciens sur le plateau : un Everest pour tout maestro, et une sorte de Nirvana pour l’amateur de sensations symphoniques… Certes Mahler n’a écrit aucun opéra. Pourtant la seconde partie de sa 8è Symphonie dite des mille concentre tous les styles lyriques, sur un sujet que tous les Romantiques avant lui ont tenté de traiter en musique : Faust. Après Berlioz et Schumann, Liszt et Gounod, Mahler met en musique en particulier la scène finale du second Faust de Goethe afin d’aborder et d’élucider le mystère et le sens de la vie terrestre.

 

 

 

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Mercredi 15, jeudi 16 janvier 2020, 20h
Symphonie n°9

bloch-alexandre-maestro-mahler-gustav-symphonie-n6-concert-critique-classiquenews-lille-nouveau-siecle-concertPrĂ©sentĂ©e au public pour la première fois un an après la mort de Mahler, la Symphonie n° 9 contient l’un des plus beaux adieux de l’histoire de la musique. Avec son Adagio au bord du silence, le compositeur autrichien nous offre ici un poignant chant du cygne. Dès les premières mesures de l’Introduction et jusqu’à l’inoubliable Finale, Mahler affirme son amour de la vie Ă  travers une palette expressive grandiose et une partition raffinĂ©e. Cette symphonie visionnaire clĂ´ture de manière bouleversante notre OdyssĂ©e mahlĂ©rienne. DirigĂ© par Alexandre Bloch, ce grand moment symphonique sera prĂ©cĂ©dĂ© de l’ouverture de Leonore III de Beethoven, hymne vibrant pour la libertĂ© et contre les oppressions. LIRE notre prĂ©sentation de la Symphonie n°9 de Mahler, Symphonie de l’adieu

 

 

 

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Toutes les infos sur le site de ONL ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE

 

 

 

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MAHLER : Symphonie des mille par l’ONL Orchestre National de Lille

bloch-alexandre-mahler-symphonie-8-mille-nov-2019-annonce-critique-symphonie-classiquenewsLILLE, ONL. MAHLER : Symph n°8, les 20 et 21 nov 2019. Alexandre Bloch emporte le National de Lille dans son dernier jalon mahlĂ©rien : la 8è, dite des mille par rĂ©fĂ©rence au nombre de musiciens sur le plateau : un Everest pour tout maestro, et une sorte de Nirvana pour l’amateur de sensations symphoniques… Certes Mahler n’a Ă©crit aucun opĂ©ra. Pourtant la seconde partie de sa 8è Symphonie dite des mille concentre tous les styles lyriques, sur un sujet que tous les Romantiques avant lui ont tentĂ© de traiter en musique : Faust. Après Berlioz et Schumann, Liszt et Gounod, Mahler met en musique en particulier la scène finale du second Faust de Goethe afin d’aborder et d’élucider le mystère et le sens de la vie terrestre.
Le volet exige pas moins de 8 solistes, en plus des deux choeurs adultes, du choeur d’enfants, de l’orchestre aux effectifs ahurissants… Symphonie opéra, cantate symphonique, la 8è s’ouvre en première partie sur le texte de l’hymne particulièrement dramatique « Veni Creator spiritus », ample prière chantée en latin, à la gloire de Dieu, où le compositeur se confronte à toutes les ressources du contrepoint.

 

 

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SYMPHONIE COSMOS : planètes et soleils en rotation

 

 

mahler_profilLa partition cyclopĂ©enne est conçue en 2 mois et créée Ă  Munich, le 12 sept 1910 sous la direction du compositeur. C’est son dernier concert public et son plus grand triomphe en Europe. Elle est constamment chantĂ©e (sauf l’ouverture du second mouvement). La modernitĂ© de l’œuvre tient surtout Ă  son plan, sans Ă©quivalent auparavant, Mahler innovant littĂ©ralement une nouvelle architecture, par sĂ©quences, selon le sens du texte, Ă  la façon d’un roman. A la diffĂ©rence des opus qui ont prĂ©cĂ©dĂ©, la 8è n’a rien de tragique ni de subjectif : aucun doute, aucune angoisse, aucun trouble. PlutĂ´t l’affirmation d’une joie intime et collective Ă  l’échelle du cosmos. Car Mahler Ă©crit lui-mĂŞme au chef Mengelberg en aoĂ»t 1906 : « Imaginez l’univers entier, en train de sonner et de rĂ©sonner. Il ne s’agit plus de voix humaines, mais de planètes et de soleils en pleine rotation ».  C’est donc l’aboutissement de tout un cycle orchestral oĂą Mahler s’est battu avec la matière orchestrale ; s’y impliquant personnellement ; au terme de l’aventure – odyssĂ©e, il rĂ©alise l’œuvre final, total, synthèse et miroir d’une conscience aussi accomplie qu’universelle. La 8è symphonie est une symphonie cosmique. Et pour l’auditeur, l’une des expĂ©riences orchestrales les plus marquantes dont il puisse rĂŞver.
Les interprètes en expriment le sens et l’ampleur avec d’autant plus de justesse qu’ils se sont jetés à corps perdus mais maîtrise totale et engagement permanent dans la réalisation des symphonies 1 à 8 depuis septembre 2018. Une expérience et une familiarité qui enrichissent encore leur approche du dernier vaisseau symphonique de Mahler, le plus impressionnant, le plus saisissant. 2 dates événements à Lille.

 

 

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Mercredi 20 novembre 2019, 20hboutonreservation
Jeudi 21 novembre 2019, 20h
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle

 

 

RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/la-symphonie-des-mille-symphonie-n8/

 

 

Gustav Mahler
Symphonie n°8, dite “Des Mille”
Direction : Alexandre Bloch
Sopranos: Daniela Köhler, Yitian Luan, Elena Gorshunova / 
Altos: Michaela Selinger, Atala Schöck / 
Ténor: Ric Furman / 
Baryton: Zsolt Haja
 / Basse Sebastian Pilgrim

Orchestre National de Lille
  /  Orchestre de Picardie

Philharmonia Chorus
 / Chef de chœur : Gavin Carr
Jeune Chœur des Hauts-de-France
Cheffe de chœur : Pascale Dieval-Wils
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VIDEOS : les symphonies de MAHLER par l’Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH (intégrales et explications par Alexandre Bloch):
Retrouvez toutes les symphonies de Mahler sur la chaîne Youtube ONLille ,
jusqu’en avril 2020.

 

 

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Présentation par l’Orchestre National de Lille :
Pour la première en 1910, il fallut construire une estrade spéciale dans la salle afin de pouvoir accueillir l’ensemble des musiciens. Nécessitant deux chœurs d’adultes, un chœur d’enfants, huit solistes et un immense orchestre symphonique, la Symphonie n°8 dite “Des Mille” est la symphonie la plus démesurée, la plus folle du cycle dans laquelle Mahler nous emporte d’un Veni creator ravageur à une scène faustienne qui mélange tous les genres musicaux connus. Venez vivre le gigantisme de cette œuvre unique qui réunira plus de 300 artistes sur scène sous la direction d’Alexandre Bloch. Lors de la première à Munich, Thomas Mann et Stefan Zweig, présents dans le public, en étaient restés sidérés.

The Symphony of a Thousand
Symphony No. 8, known as “The Symphony of a Thousand”, is the most monumental of Mahler’s symphonies. With its two adult choirs, children’s choir, eight soloists and immense symphony orchestra, this unique work has strucken since its very première in 1910.

 

 

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Autour du concert
Ă  18h45
Rencontre mahlérienne

20 novembre 2019:
Bertrand Dermoncourt, directeur de la musique de Radio Classique et auteur du Retour de Gustav Mahler réunissant deux textes de Stephan Sweig

21 novembre 2019 :
Christian Wasselin auteur de Mahler : La Symphonie-Monde

En partenariat avec la
Médiathèque Musicale Mahler
(entrée libre, muni d’un billet du concert)

La 7ème de Mahler par l’ONL / Alexandre Bloch

mahler-alexandre-bloch-orchestre-national-de-lille-annonce-critique-classiquenewsPARIS ce soir. MAHLER : symphonie n°7è. ONL, A BLOCH. C’est la plus mystérieuse des symphonies de Mahler et, pour beaucoup, l’une des plus attachantes. Créée à Prague en 1908, la Symphonie n°7 , avec la 5è et 6è, compose la trilogie symphonique purement instrumentale et la plus autobiographique de Mahler. Alexandre BLOCH et le NATIONAL DE LILLE poursuivent ainsi leur odyssée symphonique mahlérienne... Dans le 7ème symphonie, les forces de la nature, divine, mystérieuse ; celles du destin impénétrable … se mêlent et fusionnent en un maelstrom des plus spectaculaire, exigeant de la part des instrumentistes, des alliages et des combinaisons de timbres inédits alors.
Cinq parties symétriques y rythment ainsi un vaste parcours intime où en miroir les deux “Nachtmusik” / « Nocturnes », vraies divagations oniriques et personnelles, (qui donnent à la symphonie le surnom de “Chant de la nuit”) développent une sorte de méditation qui prolonge tout ce qu’a pu expérimenter auparavant Beethoven dans ses Sonates pour piano ; d’abord, temps suspendu, extatique, d’oubli et de rêverie ; puis conversation enchantée, enivrée entre guitare et mandoline. Dans la 7è, Mahler réinvente le langage orchestral, sa prodigieuse palette de couleurs et de timbres, ses silences aussi, comme sa conception étagée et spatialisée. Sans omettre ses références directs et concrètes à l’élément animal auquel depuis la 3è il confère une conscience particulière : le Finale, tempétueux, fait entendre un gigantesque carillon de… cloches à vaches !

 

 

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PARIS, Philharmonie, 20h30boutonreservation
ce soir samedi 19 octobre 2019

INFOS sur le site de l’ONL / Orchestre national de LILLE : https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/chant-de-la-nuit-symphonie-n7/

Programme repris à Liège puis Courtrai :

Paris Philharmonie de Paris – Samedi 19 octobre 20h30

Liège Salle Philharmonique – Jeudi 24 octobre 20h
Infos et réservations : 0032 42 20 00 00 ou www.oprl.be

Courtrai Schouwburg – Vendredi 25 octobre 20h15
Infos et réservations : 0032 56 23 98 55 ou www.wildewesten.be

 

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Approfondir : la 7è expliquée par le chef :
La 7eme de Mahler expliquée par Alexandre Bloch et à sa manière :
https://youtu.be/SmOiy596VnY

 

Les Symphonies de MAHLER sur la chaîne youtube de l’ONL Orchestre national de Lille

Retrouvez toutes les symphonies de Mahler sur la chaîne Youtube ONLille jusqu’en avril 2020. Actuellement en ligne : Symphonies 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7.

 

 

MAHLER-GUSTAV-SYMPH-7-annonce-concert-critique-classiquenews-Arnold_Bocklin_-_Pan_im_Schilf_(1857)

 

 

Arnold Böcklin : PAN (DR)

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DOSSIER SPÉCIAL 7è symphonie de Mahler 

Symphonie d’un destin

 

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsMahler nous laisse un cycle de 10 symphonies parmi les plus déconcertantes, les plus visionnaires jamais écrites. La Dixième est restée à l’état d’esquisses. A l’heure où Picasso révolutionne le langage pictural (Les Demoiselles d’Avignon, 1907), Mahler indique de nouvelles perspectives, poétiques, musicales, philosophiques aussi pour l’orchestre. Aux côtés d’une écriture autobiographique qui exprime ses angoisses et ses aspirations, en particulier les épisodes d’une existence tragique, se précise peu à peu le désir des hauteurs, un élan mystique dont l’arc tendu de la prière appelle apaisement et sérénité. Dans l’écriture, chaque symphonie est un défi pour les musiciens. Mahler y repousse progressivement les limites et les horizons de la forme classique.

Ce sont aussi l’usage particulier des timbres, le recours aux percussions, la couleur grimaçante des certains bois, la douleur, l’amertume voire l’aigreur. L’orchestre de Mahler palpite en résonance avec le cœur meurtri, durement éprouvé d’un homme frappé par le destin, mais il reconstruit aussi, un lien avec les mouvements et le souffle de la divine et mystérieuse Nature. Une nature réconfortante dont il cherchait chaque été, la proximité et la contemplation, deux éléments propices à l’écriture. Le lien au motif naturel s’exprime aussi dans la présence récurrente des animaux.

Porté par la divine Nature
Le propre de la 7 ème symphonie de Mahler est peut-être de ne présenter d’un premier abord aucune unité de plan. Cinq morceaux en guise de développement progressif, avec au cœur du dispositif, le scherzo central, encadré par deux « nachtmusiken » / nocturne. Pourtant, il s’agit bien d’un massif exceptionnel par ses outrances sonores, ses combinaisons de timbres, son propos original, certes pas narratif ni descriptif…
Plutôt affectif et passionnel, dont la texture même, extrêmement raffinée, souhaite exprimer un sentiment d’exacerbation formelle et même d’exaspération lyrique. Un sentiment dans lequel Mahler désire faire corps avec la Nature, une nature primitive et imprévisible, constituée de forces premières et d’énergie vitale que le musicien restitue à la mesure de son orchestre.
Fait important parce que singulier dans son Ĺ“uvre, Ă  l’étĂ© 1904 oĂą il aborde la composition de cette montagne sonore, Mahler est dans l’intention de terminer sa 6 ème symphonie, or, ce sont en plus de la dite symphonie, les deux nachtmusiken qui sortiront de son esprit. Ces deux mouvements originaux Ă  partir desquels il structurera les volets complĂ©mentaires pour sa 7ème symphonie, achevĂ©e Ă  l â€Ă©tĂ© 1905, Ă  Mayernigg.

Les excursions dans le Tyrol du Sud lui sont favorables. Le contact avec l’élément naturel et minéral, en particulier des Dolomites, lui fait oublier la tension de l’activité à l’Opéra de Vienne dont il est le directeur. L’intégralité de sa 7ème symphonie est achevée le 15 août 1905.
La partition sera créée sous la direction du compositeur à Prague au mois de septembre 1908. L’accueil dès la création est des plus mitigés. La courtoisie des critiques et des commentaires, y compris des amis et proches, des disciples et confrères du musicien, dont Alban Berg et Alexandre von Zemlinsy, Oskar Fried et Otto Klemperer, présents à la création, ne cachent pas en définitive une profonde incompréhension.
Le fil décousu de l’œuvre, son sujet qui n’en est pas un, l’effet disparate des cinq mouvements, ont déconcerté. Et de fait, la 7ème symphonie sans thème nettement développé, sans matière grandiose, clairement explicitée (en apparence), demeure l’opus le moins compris, le moins apprécié de l’intégrale des symphonies. D’ailleurs, le premier enregistrement date de 1953 !

Journal symphonique
Il y a certes le sentiment de la fatalité et de la tragédie, surtout développé dans le premier mouvement, Langsam puis allegro con fuoco. Il y a aussi les relans d’amertume et de cynisme acides, les grimaces et les crispations d’un destin marqué par la souffrance et la perte, le deuil et les échecs.
Mais ce qui est imprime à l’ensemble, et lui donne son unité de tons et de couleurs, c’est la vitalité agissante, le sentiment d’un orgueil qui fait face, une détermination qui veut épouser coûte que coûte, les aspérités de la vie.
A cela s’ajoute, l’éveil du sentiment naturaliste, la contemplation des montagnes et des cimes. Entre deux ascensions, entre le premier mouvement et l’ultime rondo, Mahler, le voyageur, s’octroie plusieurs pauses, pleinement fécondes dans la douce évocation des nachtmusiken.
On sait qu’il était alors sous l’inspiration d’une contemplation Eichendorffienne (murmures et romantisme de la seconde Nachtmusik), surtout comme il l’a écrit lui-même, il est habité par le souffle cosmique, la recherche d’un oxygène au delà de la vie terrestre, la perception d’un autre monde qui puisse lui transmettre la volonté d’affronter l’existence et de poursuivre son œuvre. Il s’agit de communier avec la nature primitive, de l’embraser toute entière, dans sa totalité énigmatique et foudroyante.

L’esprit de Pan et chant du cosmos

MAHLER-GUSTAV-SYMPH-7-annonce-concert-critique-classiquenews-Arnold_Bocklin_-_Pan_im_Schilf_(1857)Il s’agit moins ici d’un conflit de forces opposées, que l’expression quasi orgiaque, libératrice des énergies fondatrices de la nature. Accord recherché avec la vibration de l’univers, recherche d’une expression inédite et personnelle qui invoque l’esprit de Pan, que l’auteur a lui-même évoqué pour expliquer la richesse plurielle de sa musique, ou plutôt communion avec le rythme dionysiaque d’un temps nouveau, recomposé. Disons que la profusion des rythmes, des timbres, des couleurs affirment au final, une vision totalement nouvelle des horizons musicaux.
S’il y a une empreinte incontestable du destin, de sa force contraignante et barbare, il y aussi grâce à l’élan propre à la musique de Mahler, l’affirmation de plus en plus éclatant d’une restructuration active. A mesure qu’il absorbe dans l’orchestre, la résonance du chaos, Mahler semble recomposer au même moment, le chant du cosmos. La déstructuration apparente s’inverse à mesure que le principe symphonique s’accomplit. Un magma de puissances telluriques se cabre et danse ici (Scherzo).

Musique, matière cathartique
Musique audacieuse et même révolutionnaire, et sans équivalent à son époque, et dans le restant de l’œuvre, la 7ème symphonie n’en finit pas de nous interroger sur la manière de l’approcher. Tout y est contenu des sentiments mahlériens, rictus, aigreurs, pollutions et poisons, dérision, ironie et fausse innocence mais aussi, -surtout-, régénérescence à l’œuvre dans la matière sonore, ici d’autant plus fascinante qu’elle est dans la 7 ème, d’une époustouflante diversité, d’une subtile complexité (mandoline, harpe et guitare tissent dans le second Nachtmusik, plusieurs mélodies énigmatiques dont Schönberg gardera le souvenir)…

Au sein de l’intégrale des symphonies de Mahler, ce volet est l’une des expériences les plus captivantes. Et le geste du chef, qui doit y brasser l’olympien et le dyonisiaque, le diabolisme et le lumineux, la désespérance ironique et la pure joie, a le défi de s’y révèle des plus éloquents !

LILLE, ONL : 10è Symphonie de Mahler (Adagio)

ONL lille le 5 sept 19 concert Mahler Strauss concert annonce classiquenews Lise-de-la-Salle_slide_328px_19-20LILLE, ONL, le 5 sept 2019 : MAHLER, Adagio de la 10è symphonie. Dès début septembre 2019, pour amorcer sa nouvelle saison 2019 2020, l’Orchestre National de Lille dédie sa programmation à Gustav Mahler… Le 5 septembre, place à l’Adagio de la 10è symphonie par une phalange invitée : l’Orchestre Français des Jeunes sous la direction de Fabien Gabel.
Ensuite, sous la direction de son directeur musical, Alexandre BLOCH, l’ l’Orchestre National de Lille / ONL poursuit son cycle des Symphonies de Mahler, dès les 1er et 2 octobre : Symphonie n°6.

L’ADAGIO DE LA SYMPHONIE N°10… Gustav Mahler décédé à Vienne en mai 1911 laisse inachevée son ultime symphonie, la 10è : le premier mouvement, adagio (en fa dièse majeur) est retrouvé, publié par sa veuve Alma en 1924, puis « achevé » avec le 3è mouvement (Purgatorio) par Ernst Krenek et le chef Franz Schalk. C’est ce dernier qui joue les deux épisodes ainsi restitués d’après les manuscrits autographes en octobre 1924. D’une durée circa 25 mn, l’Adagio est le seul mouvement dont subsistent des éléments significatifs de la main de Mahler pour autoriser une restitution acceptable. Ample, détaché, intérieur voire désincarné (le renoncement ultime en liaison avec la crise conjugale que vit alors le compositeur en 1910), rappelle l’adagio de la Symphonie n°9 de Bruckner. Mahler y superpose 3 idées thématiques, pas vraiment fusionnées ni dialoguées, alternées, sur un canevas harmonique où Mahler dépasse aussi loin qu’il le peut le classicisme tonal. Au moment de la conclusion, tous les motifs se combinent et se fondent, emblème d’un génie du développement et de l’architecture orchestrale.

Le mouvement ainsi joué marque le premier jalon du cycle Mahler 2019 / 2020 présenté par l’ONL Orchestre National de Lille : les prochains rv sont 1er et 2 octobre 2019 (Symphonie n°6), 18 octobre (Symphonie n°7), mercredi 20 et jeudi 21 novembre (Symphonie n°8 des mille), puis les 15 et 16 janvier 2020 (Symphonie n°9)…

Lille – Auditorium du Nouveau Siècle
Jeudi 5 septembre 2019, 20h

De l’ombre à la lumière
Orchestre Français des Jeunes
Fabien Gabel, direction

Lindberg : Vivo
Schumann : Concerto pour piano
Soliste : Lise de la Salle, piano

Mahler : Symphonie n°10, Adagio
R. Strauss : Mort et Transfiguration

Présentation du concert sur le site de l’ONL / Orchestre National de Lille : « L’Orchestre Français des Jeunes est en résidence en région Hauts-de-France.
Lorsqu’il entame sa Symphonie n°10 en 1910, Mahler est rongé par ses souffrances conjugales et par la maladie. Il ne pourra d’ailleurs achever sa dernière grande partition. L’Adagio qu’il compose est extraordinaire par ses sonorités tranchantes. Plus apaisé, le Concerto pour piano de Schumann est un exaltant cri du cœur composé pour sa femme Clara. Brillante musicienne du répertoire romantique, Lise de la Salle interprète ce joyau de la littérature pianistique. Couronnant un programme placé sous le signe de l’amour et de la mort, l’Orchestre Français des Jeunes et son chef Fabien Gabel présentent pour terminer la grandiose et lumineuse Mort et Transfiguration de Strauss. »

RÉSERVEZ VOTRE PLACE
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/de-lombre-a-la-lumiere/

France 5, France Musique ce soir: Symphonie des mille n°8 de MAHLER

MAHLER-gustav-symphonie-5-orchestre-national-de-lille-Alexandre-Bloch-annonce-concert-classiquenews-critique-concertFRANCE MUSIQUE, ce soir, le 29 juil 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des mille / France Musique en direct dès 20h45 – France 5 Ă  22h30. Créée Ă  Munich au moment de l’Exposition Internationale, le 12 septembre 1910, la Symphonie des Mille ou Symphonie n°8 de Gustav Mahler est un immense chant d’espoir qui marque aussi la pleine maturitĂ© d’une Ă©criture enfin apaisĂ©e, après les tourments plus ou moins contrĂ´lĂ©s et assumĂ©s des Symphonies n°5, n°6 et surtout n°7, symphonies autobiographiques oĂą le conflit, la noirceur, la prĂ©sence de forces cosmiques insurmontables, les blessures liĂ©es Ă  son destin personnel et sa vie sentimentale, sont le sujet principal. Ici rien de tel, sinon, une arche grandiose dont les tensions canalisĂ©es convergent vers une prière de rĂ©conciliation, une aspiration profonde Ă  la paix Ă©ternelle.

Si Mahler n’a pas écrit d’opéras, cette fresque grandiose à l’échelle du colossale nécessite un plateau artistique impressionnant : triple choeur (femmes, hommes, enfants), grand orchestre, solistes dont les airs sont dignes d’un drame lyrique.

L’odyssée mahlérienne de la 8ème doit son unité à la constance attendrie, exaltée mais toujours élégante des interprètes. D’autant plus que les deux parties sont d’un étonnant contraste : premier volet construit autour du Veni, Creator Spiritus, selon le texte médiéval de l’archévêque de Mayence, Hrabanus Maurus. Le compositeur a reçu la révélation de cette hymne au Créateur, d’autant plus bienvenue pour son âme inquiète et de plus en plus mystique. Tout le développement est une variation sur le thème de cette fulgurance personnelle dont il souhaite nous faire partager l’intensité.

PLAN

Le volet 1 qui reprend la traduction de l’hymne mĂ©diĂ©val : Hymnus : Veni Creator, est un immense chant de prière et d’espĂ©rance, dans une Ă©criture contrapuntique des plus maĂ®trisĂ©e, qui cite toutes les messes et oratorios qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©. Mahler exprime la tendresse des croyants rĂ©cepteurs du miracle, tĂ©moins d’une vision sidĂ©rante partagĂ©e. DurĂ©e : circa 30 / 35 mn.

Dans le second volet,  d’après Schluss-szene aus « Faust » (Scène finale du Faust) de Goethe, pendant littĂ©raire au premier volet d’origine sacrĂ©e, mais non moins extraordinairement exaltĂ©, solistes, chĹ“urs et orchestre façonnent une superbe peinture de la foi, soit un vĂ©ritable opĂ©ra spirituel oĂą l’évocation du mystère, grâce Ă  des Ă©pisodes suggestifs, un sens Ă©vident de l’articulation et des nuances (bois somptueux, cuivres grandioses, cordes amples et suspendues) donne le format de cette seconde Passion. Comme une rĂ©ponse moderne aux Passions de JS BACH, Mahler orchestre un remarquable drame sacrĂ© oĂą se prĂ©cisent plusieurs profils Pater Profundis, Maria Aegyptica, lesquels en intercesseurs, accompagnent le croyant vers l’étreinte finale que lui rĂ©serve, Ă´ comble du bienheureux, Maria Gloriosa.
Rien ne manque à l’évocation de ce diptyque religieux. Ni l’élan fervent, ni la sensibilité. Le chef doit veiller aux détails comme à l’architecture de cette cathédrale orchestrale et lyrique. Ici Homme et univers ne font plus qu’un : le but ciblé, espéré, exaucé d’un Mahler enfin en paix avec lui-même, est atteint. Plan : adagio, scherzo, finale agitato - Durée : circa 1h.

 

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FRANCE MUSIQUE, lundi 29 juillet, 20h45. MAHLER : Symphonie n°8 des Mille.
EN DIRECT sur France MUSIQUE, – en diffĂ©rĂ© sur FRANCE 5 Ă  22h30
depuis les Chorégies d’Orange 2019 (150è anniversaire en 2019)

Magna Peccatrix: Meagan Miller
Una poenitentium: Ricarda Merbeth
Mater gloriosa :Eleonore Marguerre
Mulier Samaritana: Claudia Mahnke
Maria Aegyptica: Gerhild Romberger
Doctor Marianus: NikolaĂŻ Schukoff
Pater ecstaticus: Boaz Daniel
Pater profondus: Albert Dohmen

Orchestre Philharmonique de Radio France
Orchestre National de France

Choeur de Radio France
Choeur philharmonique de Munich
Maîtrise de Radio France

Jukka-Pekka Saraste, direction

 

 

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ORANGE : Symphonie n°8 “des mille” de Gustav MAHLER

MAHLER-gustav-symphonie-5-orchestre-national-de-lille-Alexandre-Bloch-annonce-concert-classiquenews-critique-concertORANGE, Chorégies, lun 29 juil 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des mille. Créée à Munich au moment de l’Exposition Internationale, le 12 septembre 1910, la Symphonie des Mille ou Symphonie n°8 de Gustav Mahler est un immense chant d’espoir qui marque aussi la pleine maturité d’une écriture enfin apaisée, après les tourments plus ou moins contrôlés et assumés des Symphonies n°5, n°6 et surtout n°7, symphonies autobiographiques où le conflit, la noirceur, la présence de forces cosmiques insurmontables, les blessures liées à son destin personnel et sa vie sentimentale, sont le sujet principal. Ici rien de tel, sinon, une arche grandiose dont les tensions canalisées convergent vers une prière de réconciliation, une aspiration profonde à la paix éternelle.

Si Mahler n’a pas écrit d’opéras, cette fresque grandiose à l’échelle du colossale nécessite un plateau artistique impressionnant : triple choeur (femmes, hommes, enfants), grand orchestre, solistes dont les airs sont dignes d’un drame lyrique.

L’odyssée mahlérienne de la 8ème doit son unité à la constance attendrie, exaltée mais toujours élégante des interprètes. D’autant plus que les deux parties sont d’un étonnant contraste : premier volet construit autour du Veni, Creator Spiritus, selon le texte médiéval de l’archévêque de Mayence, Hrabanus Maurus. Le compositeur a reçu la révélation de cette hymne au Créateur, d’autant plus bienvenue pour son âme inquiète et de plus en plus mystique. Tout le développement est une variation sur le thème de cette fulgurance personnelle dont il souhaite nous faire partager l’intensité.

PLAN

Le volet 1 qui reprend la traduction de l’hymne mĂ©diĂ©val : Hymnus : Veni Creator, est un immense chant de prière et d’espĂ©rance, dans une Ă©criture contrapuntique des plus maĂ®trisĂ©e, qui cite toutes les messes et oratorios qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©. Mahler exprime la tendresse des croyants rĂ©cepteurs du miracle, tĂ©moins d’une vision sidĂ©rante partagĂ©e. DurĂ©e : circa 30 / 35 mn.

Dans le second volet,  d’après Schluss-szene aus « Faust » (Scène finale du Faust) de Goethe, pendant littĂ©raire au premier volet d’origine sacrĂ©e, mais non moins extraordinairement exaltĂ©, solistes, chĹ“urs et orchestre façonnent une superbe peinture de la foi, soit un vĂ©ritable opĂ©ra spirituel oĂą l’évocation du mystère, grâce Ă  des Ă©pisodes suggestifs, un sens Ă©vident de l’articulation et des nuances (bois somptueux, cuivres grandioses, cordes amples et suspendues) donne le format de cette seconde Passion. Comme une rĂ©ponse moderne aux Passions de JS BACH, Mahler orchestre un remarquable drame sacrĂ© oĂą se prĂ©cisent plusieurs profils Pater Profundis, Maria Aegyptica, lesquels en intercesseurs, accompagnent le croyant vers l’étreinte finale que lui rĂ©serve, Ă´ comble du bienheureux, Maria Gloriosa.
Rien ne manque à l’évocation de ce diptyque religieux. Ni l’élan fervent, ni la sensibilité. Le chef doit veiller aux détails comme à l’architecture de cette cathédrale orchestrale et lyrique. Ici Homme et univers ne font plus qu’un : le but ciblé, espéré, exaucé d’un Mahler enfin en paix avec lui-même, est atteint. Plan : adagio, scherzo, finale agitato - Durée : circa 1h.

 
 
orange-choregies-2019-concert-mahler-symphonie-n-8-annonce-critique-concert-par-classiquenews-582

 

 

 

 

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mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsORANGE, Chorégies 2019. 150ème anniversaire. 21h30 :  MAHLER : Symphonie n°8 des Mille. Diffusion en direct sur FRANCE MUSIQUE, lundi 29 juillet, 19h45. 
En différé sur FRANCE 5 à 22h30
depuis les Chorégies d’Orange 2019 (150è anniversaire en 2019)

Magna Peccatrix: Meagan Miller
Una poenitentium: Ricarda Merbeth
Mater gloriosa :Eleonore Marguerre
Mulier Samaritana: Claudia Mahnke
Maria Aegyptica: Gerhild Romberger
Doctor Marianus: NikolaĂŻ Schukoff
Pater ecstaticus: Boaz Daniel
Pater profondus: Albert Dohmen

Orchestre Philharmonique de Radio France
Orchestre National de France

Choeur de Radio France
Choeur philharmonique de Munich
Maîtrise de Radio France

Jukka-Pekka Saraste, direction

 

 

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PLUS D’INFOS sur le site des ChorĂ©gies d’Orange 2019 / MAHLER : Symphonie n°8 des Mille 

COMPTE-RENDU, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 28 juillet 2019. MAHLER : Symphonie n°5. Orchestre national de Lille. Alexandre Bloch, direction.

COMPTE-RENDU, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 28 juillet 2019. MAHLER : Symphonie n°5. Orchestre national de Lille. Alexandre Bloch, direction. Le nouveau concert Mahler à l’Auditorium du Nouveau Siècle est un jalon passionnant à suivre, confirmant l’évidente affinité du chef avec l’écriture mahlérienne, comme l’éloquence collective des instrumentistes du National de Lille, en particulier après plus d’une heure de jeu… comme libérés, naturels, dans le dernier et 5è tableau : le Rondo-Finale / Allegro, marqué par l’urgence et une joie rayonnante, indéfectible. Un bel engagement qui a dû certainement ravir la petite fille du compositeur, présente ce soir : Marina Mahler. Outre son sens de la spatialité, son imagination sans limites, c’est aussi la très riche palette de timbres, la recherche constante de texture et de caractère qui fondent la modernité de Mahler au XXIè. Tout s’entend admirablement dans l’Auditorium du Nouveau Siècle sous la baguette du chef, directeur musical de l’Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch.

 

 

 

L’ONL et Alexandre Bloch jouent la 5è de Gustav Mahler…

1001 nuances de la passion mahlérienne

 

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Le premier mouvement (mesuré, sévère, funèbre) est grave ; initié par la trompette brillante, sublime appel initial, qui introduit la riche texture de la fanfare pour qu’émerge le chant à la fois tendre et douloureux des cordes ; on apprécie immédiatement l’articulation intérieure de ces dernières dont le chef cisèle et ralentit, explicite et illumine les arrières plans entre blessure rentrée et sentiment tragique. Peu à peu se précise la plainte amère et retenue d’une éternelle souffrance (assise des 8 contrebasses comme un mur de soutien, alignés au fond de la scène).
La souplesse, le sens du détail des timbres (clarinette, flûtes, cors et bassons), l’équilibre cordes, cuivres… tout est détaché, fusionné, souligné avec un sens de la mesure ; et de la morsure aussi. La marche funèbre (Trauermarsch) qui se déploie progressivement, surgit alors avec une finesse irrésistible.
A la fois gardien de la transparence et du détail, le chef veille aussi au relief des contrastes saisissants qui agitent en un mouvement panique tous les pupitres (dans les deux trios) ; l’activité est précise, et toujours, l’architecture de ce premier mouvement, parfaitement exposée ; la direction, d’une clarté constante, avec une direction nettement explicitée : de l’ombre tenace voire lugubre … à la lumière finale.
Chaque reprise se colore d’une intention renouvelée, offrant des teintes ténues entre mélancolie, adieu, renoncement, espérance. Ce premier mouvement est davantage qu’une marche : c’est une mosaïque de sensations et de nuances peints à la manière d’un tableau tragique. Ce travail sur l’articulation, la transparence de chaque phrase, intense et spécifique dans sa parure instrumentale nous paraissent les piliers d’une approche très articulée et fine, comme modelée de l’intérieur. Voilà qui instille à l’ensemble de cette arche primordiale, son épaisseur inquiète, un voile hypersensible qui capte chaque frémissement pulsionnel, et semble s’élever peu à peu jusqu’à l’ultime question que pose la flûte finale, véritable agent de l’ombre et du mystère (après la trompette presque moqueuse et provocatrice) : son chant retentit comme une énigme non élucidée. De sorte que de ce premier mouvement tout en ressentiment, Alexandre Bloch élucide l’écheveau des forces antagonistes : tout y est exposé en un équilibre sombre, irrésolu. Tout y est clair et des plus troubles. Equation double. L’intonation est parfaite.

Le second mouvement apporte les mĂŞmes bĂ©nĂ©fices, mais en une activitĂ© versatile proche d’un chaos aussi vif qu’intranquille. Morsures, agitation Ă©perdue, perte de l’équilibre sourd du premier mouvement, on distingue la superbe phrase (par son onctuositĂ© langoureuse) des bois et piz des cordes : se prĂ©cise sous la prière des cordes (violoncelles) un ardent dĂ©sir qui supporte tout l’édifice. L’élan se fait quĂŞte. Le chant wagnĂ©rien des violoncelles indique dans le murmure cette brĂ»lure et cette question qui taraude tout l’orchestre (cuivres enflammĂ©s, crĂ©pitants), et dans l’interrogation posĂ©e par le compositeur, Alexandre Bloch trouve la juste rĂ©alisation : celle d’une insatisfaction d’une indicible voluptĂ© (cor anglais) Ă  laquelle il oppose le souvenir de marches militaires qui prĂ©cipite le flux orchestral en spasmes parfois jusqu’à l’écĹ“urement. L’attention aux dĂ©tails et aux couleurs, – lĂ  encore, teintes et demi teintes, le nuancier du gĂ©nie MahlĂ©rien est ici infini ; il s’affirme et se dĂ©ploie sous la direction (sans baguette) du chef, très articulĂ©, faisant surgir des Ă©clairs et des textures – accents et climats (amertume des hautbois et clarinettes aux postures fĂ©lines, animales) d’une ivresse… irrĂ©sistible. Jusqu’à l’explosion conçue comme un choral (percus et cuivres en rĂ© majeur), lente et irrĂ©pressible Ă©lĂ©vation, aspiration verticale qui annonce une victoire finale (l’orchestration est celle de Strauss ou du Wagner de Tannhäuser et des MaĂ®tres Chanteurs). Et lĂ  encore, la fin filigranĂ©e, dans le mystère : piz des cordes et notes aiguĂ«s de la harpe saisissent l’esprit, par leur justesse fugace. Tout est dit, rien n’est rĂ©solu.

MAHLER-gustav-symphonie-5-orchestre-national-de-lille-Alexandre-Bloch-annonce-concert-classiquenews-critique-concertMorceau de bravoure et plus long morceau du cycle, le Scherzo (ainsi que l’écrit Mahler), recycle valse et laendler. D’une insouciance osons dire « straussienne », le solo de cor (superbe soliste) ouvre le 3è mouvement; plein d’angélisme et de candeur en couleurs franches (duo de clarinettes), sur un ton détendu, élégiaque, ce chant de la nature enchante, enivre et contraste avec la couleur lugubre, saisissante des deux premiers mouvements. Pourtant Alexandre Bloch en exprime aussi le sentiment d’inquiétude qui s’immisce peu à peu et finit par déconstruire la franchise de la construction mélodique (alarme des cors)… vers l’inquiétude énigmatique qui rôde (superbe solo de cor, pavillon bouché), avant les piz des cordes tel une guitare amoureuse mais parodique : Mahler se moquerait-il de lui-même ? « vieux corps malade », pourrait-on dire,… pourtant aimant comme un ado, la belle Alma (récemment rencontrée et dont la 5è symphonie témoigne de la forte séduction dans le cœur du compositeur) ; c’est comme les Romantiques, Beethoven et Berlioz, la belle bien aimée vers laquelle s’adressent toutes ses espérances. D’où l’inclusion de la valse à peine énoncée et déjà éperdue, inquiète… c’est un rêve érotique, un étreinte évoquée juste développée… Mahler aimant manquerait-il de certitude, en proie aux vertiges du doute ?
La palette des sentiments du héros, (versatile, changeante) est un vrai défi pour l’orchestre ; dans une succession d’humeurs et d’émois contradictoires, en apparence décousus, le chef garde le fil, tel un questionnement aux enjeux profonds et intimes, aux énoncés polyvalents et constants.

Enfin c’est le grand bain d’oubli et de langueur suspendue pour cordes seules : l’Adagietto. Le 4è mouvement adoucit, résoud tout; instant de grâce et plénitude aériennes, d’un climat de volupté extatique et là aussi murmurée installé par cordes et harpe. C’est un rêve d’amour et de sensualité d’une intensité unique dans l’histoire symphonique dont Alexandre Bloch se délecte à gravir chaque échelon vers les cimes, jusqu’à la dernière phrase, suspendue. Étirée en une ample et ultime respiration, à la fois râle et renaissance. S’y déploie la mélancolie presque amère des violoncelles, surtout l’ivresse béate des hauteurs dans le chant des violons. Mahler semble y tresser des guirlandes de fleurs épanouies à l’adresse de sa promise, parfums enivrants et aussi capiteux… car l’élan passionnel n’est pas dispensé d’une certaine gravité. Cette ambivalence de ton est parfaitement assimilée par le chef, tout en retenue et… tension, désir et inquiétude.

Le dernier mouvement (5è), enchaĂ®nĂ© immĂ©diatement, semble dĂ©chirer le voile du rĂŞve qui a prĂ©cĂ©dĂ© : en ce sens, l’appel du cor exprime l’éveil des amoureux, – le retour Ă  la rĂ©alitĂ© après l’extase, lĂ  encore dans une orchestration wagnĂ©rienne (Siegfried). La direction du chef se distingue par son opulence, le caractère d’émerveillement de la musique : avant le contrepoint idĂ©alement Ă©clairci, articulĂ© ; l’orchestre rĂ©alise ce dernier Ă©pisode comme une sĂ©rie de proclamations positives, lumineuses, sans aucune ombre et qui s’expriment Ă  Lille, comme une irrĂ©pressible soif d’harmonie et d’équilibre, après tant de contrariĂ©tĂ©s et d’obstacles (Scherzo).

Le naturel, l’éloquence des instrumentistes dans ce dernier épisode, profitant du flux précédemment « rôdé », et qui semble couler telle une source enfin régénératrice, s’avèrent superlatifs. Mahler maîtrise les rebonds et le temps de la résolution selon le jeu des oppositions et des tensions qui ont précédé ; c’est un architecte et un dramaturge, mais aussi un formidable réalisateur à la pensée cinématographique ; après une telle direction claire, nuancée, unitaire, on reste frappé plus d’un siècle après sa conception, par le génie mahlérien. L’ultime mouvement dans la fusion chef / instrumentistes, réalise toutes nos espérances. On y détecte dans cette proclamation fuguée du triomphe, une part d’ironie critique, une saveur parodique qui sous-entend malgré tout la distance de Mahler avec son sujet. Sous la baguette mesurée d’Alexandre Bloch, ce Finale en demi-teintes, gagne une grande richesse allusive.

Palmes spéciales au 1er cor et au 1er trombone, eux aussi tout en engagement constant, en finesse réjouissante : après 1h20 de plénitude et de contrastes orchestraux, l’expérience pour les spectateurs et auditeurs à Lille demeure captivante : exalté, revigoré, l’esprit ainsi impliqué voire éprouvé mettra du temps pour redescendre. Voilà qui laisse augurer le meilleur pour les prochaines sessions du cycle Mahler par l’Orchestre National de Lille en 2019 (au total les 9 symphonies seront jouées d’ici fin 2019). Sous l’œil attentif et le soin du chef Alexandre Bloch, chaque ouvrage semble gagner comparé à la session précédente, nuances, finesse, clarté dans l’ambivalence.

Ne manquez pas le prochain rv Mahlérien à Lille, Symphonie n°6 « Tragique », les 1er et 2 octobre 2019. Événement incontournable.

Réservez votre place pour la 6è Symphonie
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/lodyssee-mahlerienne-continue/

 

 

 

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COMPTE-RENDU, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 28 juillet 2019. MAHLER : Symphonie n°5. Orchestre national de Lille. Alexandre Bloch, direction.

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VOIR la 5ème Symphonie de Mahler par l’ONL / Alexandre Bloch :

A revoir et à ressentir sur la chaîne YOUTUBE de l’ONL :
https://www.youtube.com/watch?v=RqzHjU5PBpI

INDEX / traclisting Symphonie n°5 de Gustav Mahler
par l’Orchestre National de Lille / Alexandre Bloch :
I. Im gemessenen Schritt / D’un pas mesuré (procession funèbre)
Stürmisch bewegt / Orageux… à 37mn42
Scherzo Ă  52mn09
Adagietto Ă  1h10mn
Rondo-Finale. Allegro Ă  1h22mn

 

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LILLE, ONL : 4è et 5è symphonies de Mahler

MAHLER-symphonie-3-Alexandre-BLOCH-lille-critique-concert-critique-opera-classiquenews-le-chef-face-aux-violoncellesLILLE, ONL. MAHLER : 4è, 5è Symphonies, 8, 28 juin 2019. Poursuite de l’odyssée Mahlérienne par l’ONL Orchestre National de Lille et son chef et directeur musical, Alexandre Bloch. Le auditeurs dans la vaste salle de l’Auditorium du Nouveau Siècle peuvent à nouveau mesurer l’écriture révolutionnaire de Gustav Mahler dans le domaine orchestral : un travail spécifique sur les couleurs, l’architecture et la spatialisation, sans omettre le sens et la direction de l’édifice construit, aussi essentiel que l’œuvre de son confrère (admirateur) Richard Strauss, ou que celles en France, des visionnaires au début du XXè, Ravel et Debussy. Mahler propose une arche symphonique régénérée, singulière et décisive. Un défi pour les musiciens de l’ONL Orchestre national de Lille.
Les 8 (4ème Symphonie) puis 28 juin (5è), se concrétise à nouveau l’imaginaire mahlérien à l’aune d’une existence toute entière marquée par la composition, l’activité comme directeur et chef de l’Opéra de Vienne, et l’amour, incarné enfin par la belle Alma Schindzler…

 

 

 

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LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle

 

 

 

SAMEDI 8 JUIN 2019, 18h30
GUSTAV MAHLER : Symphonie n°4

SOPRANO: ELIZABETH WATTS
couplée avec RACHMANINOV :
Rhapsodie sur un thème de Paganini
(Alexander Gavrylyuk, piano)
 

RESERVEZ VOTRE PLACE :
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-4/

 

VENDREDI 28 JUIN 2019 2019, 20h
GUSTAV MAHLER : Symphonie n°5
Programme présenté aussi le 24 juin (Dunkerque, le Bateau feu),
le 25 juin Basilique Saint-Denis, 20h,
le 27 juin, Compiègne (Festival des Forêts)
RESERVEZ VOTRE PLACE :
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-5/

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Alexandre Bloch, direction
Jonas Ehrler, chef assistant

 

 

 

Le 28 juin, à 18h45 : Rencontre mahlérienne insolite avec Marina Mahler,
petite-fille de Gustav Mahler, fondatrice de la Malher Foundation  ;
puis à l’issue du concert, bord de scène avec Alexandre Bloch
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-5/
(pour les spectateurs muni d’un billet du concert)

 
 
 

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Alexandre Bloch, directeur musical de l’ONL – Orchestre National de Lille (© Ugo Ponte)

 
 

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4ème et 5ème Symphonies de Gustav MAHLER :
Clés de compréhension

 

 

 

4ème SYMPHONIE : la vie céleste
Suite de l'odyssée MAHLER par l'Orchestre National de LilleC’est à Maiernigg, dans sa cabane retraite (le Häuschen) que le compositeur contemple la sainte et miraculeuse Nature, son essence inspirante, dyonisiaque ; il peut y réaliser de longues marches dans les Dolomites, excursion à valeur thérapeutiques et profondément bienfaitrices. Mahler achève la 4è symphonie à l’été 1900 (et l’orchestration à l’hiver 1900). Il n’a pas encore rencontré à Vienne, la belle Alma, qui sera la dédicataire secrète de la 5è Symphonie, ample poème de l’amour et de ses noces inespérées avec celle que tous les artistes adorent voire plus, Zemlinsky, Klimt…

La 4è prolonge l’extase de la 3è dont elle reprend certains motifs (alors entonnés par le choeur d’enfants et la soliste alto). Dans le climat pastoral et très apaisé de la 4è, Mahler écarte le chœur, et préfère la soprano qui entonne le lied final, conclusion vocale de sa nouvelle symphonique.
A Vienne, la création de cette 4è (12 janvier 1902) est un fiasco, sujet de mordantes critiques des pseudo-spécialistes : vulgarité, bavardage, confusion… sont les reproches adressés à Mahler. L’accueil du public américain sera tout différent et suscite la défense des œuvres mahlériennes très tôt aux USA. Le compositeur y renouvelle encore les limites et la forme symphonique, réalisant une osmose rare entre lied et orchestre dans la quatrième et dernier section pour soprano et orchestre (« la vie céleste », extrait du cor enchanté de l’enfant : révélation de la vie au Paradis, loin de l’existence terrestre) : un temps suspendu, d’extase et d’accomplissement à relier avec sa rencontre inespérée avec celle qui devient sa femme Alma (leur mariage a lieu le 9 mars 1902, et leur lune de miel… en Russie).

 

 

 

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5ème SYMPHONIE… tout l’amour d’Alma
MAHLER-gustav-et-alma-symphonie-classiquenews-Gustav-MahlerL’époux comblĂ© exprime son bien-ĂŞtre nouveau dans la 5è : nouveau poème purement instrumental cette fois (comme les 6è, puis 7è : les plus autobiographiques de son catalogue). Alors que Gustav Mahler est une figure reconnue comme chef et le brillant mais impĂ©tueux dircteur de l’OpĂ©ra de Vienne – ce qui n’est pas sans causĂ© de profondes tensions avec l’administration de la Hofoper, les artistes les plus audacieux menĂ© par Klimt, inaugure alors en avril 1902, la 14è expos de la SĂ©cession : un hommage Ă  Beethoven et sa 9è, avec statue de Klinger, fresque de Klimt qui reprĂ©sente ouvertement Mahler en chevalier Ă©perdu, Ă©pris, anguleux… Mahler rencontre l’un des peintres engagĂ©s Alfred Roller qui deviendra Ă  partir de 1903, le dĂ©corateur et metteur en scène attitrĂ© de Mahler pour ses grandes productions Ă  l’OpĂ©ra de Vienne… Comme compositeur, il est comblĂ© car sa 3è Symphonie est enfin créée triomphalement Ă  Krefeld le 9 juin 1902 : un immense Ă©vĂ©nement auquel a participĂ© entre autres Richard Strauss, lequel est clairvoyant sur le gĂ©nie de son compatriote, et aussi Alma, qui bouleversĂ©e, a le sentiment dĂ©finitif d’être aux cĂ´tĂ©s d’un ĂŞtre exceptionnel…
La 5è est justement la partition du couple, de ses promesses, ses désirs, son bonheur prononcé. Eté 1902 : Mahler dans son cabanon du Häuschen, achève le nouveau cycle orchestral. La partition est terminée fin août 1902, dans le climat apaisé et contemplatif des longues marches dans la nature.

PLAN.. en 5 séquences. La 5è raconte d’abord l’agonie et le malheur, le traumatisme de la mort, celui qu’il a vécu en février 1901, quand faillit mourir d’une hémorragie intestinale (sauvé in extremis par les médecins). Les deux premiers mouvements sont marqués par ce sentiment du malheur total : le premier en forme de marche funèbre (comme l’ouverture de la 2è) ; le second « orageux, animé, très véhément »). Mahler y prolonge l’expérience des opus précédents, inventant une langue essentielle, purement musicale, où sans référence (sauf le leid final), le programme et le développement tendent à l’abstraction, à partir de sa propre imagination.
De cette inspiration jaillissante, puissante, originale, s’affirme la liberté inédite du Sherzo (le plus développé de Mahler) : sans connotation parodique ou caricaturale, l’auteur y déploie un pur sentiment de joie lumineuse (l’amour d’Alma), et il faut toute la béatitude éperdue, renoncement, adieu apaisé, immense caresse sensorielle de l’Adagietto pour équilibrer la tension globale de la symphonie. La dernière et cinquième séquence (Rondo-finale. Allegro) clâme la victoire en un choral grandiose (annoncé par la clarinette dans l’introduction) où percent des cuivres brucknériens… tant critiqués par Alma d’ailleurs.

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LILLE, ONL. Alexandre BLOCH dirige la 3è Symphonie de Mahler

INTEGRALE MAHLER Ă  LILLELILLE, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Alexandre Bloch pilote l’orchestre National de Lille, son orchestre puisqu’il en est le directeur musical, dans une Ă©popĂ©e Ă  risques, mais spectaculaire et singulière : les 9 symphonies de Gustav Mahler, architecte visionnaire dont le souffle, le goĂ»t des timbres, et le sens des Ă©tagements s’avèrent sous la baguette du maestro… passionnants Ă  suivre. Jusqu’en juin 2019, le premier objectif est de jouer les 5 premières symphonies. Un marathon qui expose les musiciens Ă  de multiples dĂ©fis. Après les Symphonies 1 et 2, voici venir les 3 et 4 avril prochains, la symphonie n°3, moins connue car moins jouĂ©e. Un nouvel Ă©difice dont les dimensions correspondent manifestement Ă  l’Orchestre lillois que la grande forme ne fait pas fuir, bien au contraire. On l’a rĂ©cemment vu en fin de saison dernière dans la flamboyance fraternelle, dĂ©jantĂ©e, humaniste de la partition Mass de Leonard Bernstein, formidable expĂ©rience humaine et artistique par laquelle chef et orchestre fĂŞtaient le centenaire Bernstein 2018. Un dispositif regroupant de nombreuses phalanges locales (orchestres d’harmonies, chorales et chĹ“urs, sans compter les chanteurs acteurs « jouant » leur partie sur la scène de ce rituel paĂŻen polymorphe… Et si la maestro savait mieux qu’aucun autre, rĂ©tablir l’humain au cĹ“ur de partitions pourtant colossales ?
Entretien avec Alexandre Bloch à propos de la Symphonie n°3 de Gustav Mahler, à l’affiche du Nouveau Siècle à Lille le 3 avril (concert repris le 4 avril à la Maison de la culture d’Amiens). Propos recueillis en mars 2019.

 

 

 

Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille poursuivent leur cycle MAHLER 2019 

Les enjeux de la Symphonie n°3 de Gustav Mahler

  

 

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QUELQUES CLÉS DE COMPRÉHENSION… POUR LA 3ème de MAHLER. En 2019, cap sur Mahler : un nouvel eldorado dont les promesses ciblent le grand frisson symphonique. Pour mieux comprendre la structure et le sens de ce nouvel opus, nous avons posé quelques questions au Maestro, qui venait de diriger en Allemagne, la symphonie la plus sombre et bouleversante de Tchaikovski, le 6è (« Pathétique », le 18 mars dernier à la Tonhalle de Düsseldorf, à la tête du Düsseldorfer Symphoniker).
« C’est un Ă©cart total d’une symphonie Ă  l’autre”, nous prĂ©cise Alexandre Bloch. « Si la 6è et dernière symphonie de Tchaikovski est des plus tragiques, la 3è de Mahler s’achève dans l’espĂ©rance, mais Ă  la diffĂ©rence de la 2è, RĂ©surrection, il n’y est pas question de la souffrance ni des peines inĂ©vitables qui sont le prĂ©alable nĂ©cessaire Ă  la rĂ©surrection finale. Dans la 3è Symphonie, Mahler exprime son admiration pour la Nature, pour toutes les crĂ©atures terrestres. Et comme les prĂ©cĂ©dentes, la 3è prĂ©pare au dernier mouvement qui incarne un fabuleux message d’optimisme et de sĂ©rĂ©nité ».

Parmi les temps forts de l’opus achevé à l’été 1896 (mais qui ne sera créé qu’en… 1902), le chef distingue l’ampleur du premier mouvement : « c’est l’un des plus longs et des plus développés jamais écrits par Mahler ; c’est un monde à lui seul, et terminé en dernier, comme une pièce à part, distinct des 5 autres parties. Le souffle emporte cette première et vaste fresque préliminaire dans laquelle le compositeur affirme si l’on en doutait, son génie du contrepoint. La force d’évocation y est spectaculaire. »

 

 

Mahler_gustav_profilLABORATOIRE INSTRUMENTAL et VISION PANTHÉISTE… Notez-vous d’autres points importants ? « L’intelligence de la construction est comme pour les symphonies prĂ©cĂ©dentes, captivante. Mahler est un architecte : les 3 premiers mouvements s’inscrivent dans la terre (d’oĂą leurs couleurs graves et sombres) ; les 3 derniers expriment une Ă©lĂ©vation progressive, jusqu’à l’Adagio final, – en rĂ© majeur, vaste chant d’amour. J’aimerai aussi souligner le champs des expĂ©rimentations que dĂ©veloppe Mahler sur le plan instrumental : je retrouve comme dans la 2è Symphonie, des alliages souvent remarquables par leur pertinence, leur justesse, entre autres, dans l’évocation des espèces terrestres, vĂ©gĂ©tales et animales (2è et 3è mouvements) mais il ne s’agit pas de simples descriptions car le langage de Mahler va au delĂ  de l’illustration (…) ; Enfin, la 3è est traversĂ©e par une hauteur de vue phĂ©nomĂ©nale : la 2è nous parlait du destin de l’homme ; ici, il s’agit d’un hymne Ă  la Nature, de la place de l’homme ; la vision est très large et bien sĂ»r l’on peut parler du panthĂ©isme de Mahler, lequel s’accomplit dans le sublime Adagio final ».

  

 

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LILLE, les 3 et 4 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille. 20h. RESERVEZ VOTRE PLACE ICI

 

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Illustrations : Alexandre Bloch (© Ugo Ponte / ONL) – Gustav Mahler

  

 

 

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LIRE notre présentation du concert : Symphonie n°3 de Gustav Mahler par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille :
http://www.classiquenews.com/lille-3eme-symphonie-de-mahler-par-lorchestre-national-de-lille/

 

VISITER le site de l’Orchestre National de Lille
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/symphonie-n-3/

 

 

 

VISIONNER les Symphonies de Mahler par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille sur la chaîne Youtube de l’ONL / Orchestre National de Lille
https://www.youtube.com/user/ONLille/videos
(Accessibles : les symphonies n°1 Titan, n°2 Résurrection, de nombreux entretiens et explications sur les symphonies par les musiciens de l’orchestre, par Alexandre Bloch

 

 

 

 

 

VOIR la Symphonie n°3 de Mahler par Leonard Bersntein / Wiener Philharmoniker / VIENNE 1973
https://www.youtube.com/watch?v=1AwFutIcnrU
 
 

 
 

 

COMPTE RENDU, concert. LILLE, ONL, le 28 fév 2019. MAHLER : Symphonie n°2 « Résurrection ». Orch National de Lille / Alexandre Bloch.

cycle-mahlerCOMPTE RENDU, concert. LILLE, ONL, Nouveau Siècle, le 28 février 2019. MAHLER : Symphonie n°2 « Résurrection ». Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch. La première Symphonie Titan marquait déjà l’ampleur d’une écriture très inspirée. Premier essai, premier coup de génie (1). Dans la 2è Symphonie, l’architecture s’élève encore : du tumulte initial, l’énergie gravit peu à peu la montagne, jusqu’à édifier une cathédrale… spirituelle et mystique. Alexandre Bloch nous conduit dans ce cheminement qui fait de la Symphonie n°2 une symphonie de compassion, de délivrance, une formidable machine cathartique et salvatrice.

 
 
 

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Le premier mouvement marque d’emblĂ©e l’échelle du cadre symphonique : colossale voire abyssale. Le souffle, la dimension n’ont jamais Ă©tĂ© Ă  ce point aussi grandioses, – les contrastes enchaĂ®nĂ©s, aussi vertigineux… dans la pensĂ©e, autant que dans les nouvelles sonoritĂ©s et trouvailles esthĂ©tiques requises pour en exprimer l’énergie. Au dĂ©but, le chant âpre des contrebasses mène la danse (comme le dĂ©but de la Walkyrie de Wagner en une sorte de chevauchĂ©e nocturne, ivre, panique), puis c’est la prière des hautbois Ă  l’élĂ©gance toute racĂ©e ; ainsi s’affirme le balancement jamais rĂ©solu entre dĂ©sarroi dĂ©pressif et viscĂ©rale espĂ©rance d’un Mahler accablĂ© par le destin. Les cuivres clament cette prise de conscience supĂ©rieure qui se fait onctueuse douceur aux cordes, clarinettes et cors.
Alexandre Bloch fait surgir comme un matrice bouillonnante le mouvement des forces contraires et pourtant concomitantes, avec une franchise de ton et la volonté d’en découdre après avoir exposé toutes les cartes d’un jeu trouble à son début. Fureur contre l’adversité, impuissance face aux éléments contraires et dépression profonde (marche des harpes), et pourtant, toujours, indéfectible foi… Tout est là, à la fois d’une clarté lugubre et d’une tendresse terrorisée mais tenace. C’est d’ailleurs cette résistance coûte que coûte, et cette opiniâtreté qui cimentent toute la construction comme elle inspire la formidable énergie du chef.

 
 
 
 
 
 

Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille réalisent la prodigieuse métamorphose à l’œuvre dans la 2è Symphonie de Mahler…

SAUVAGERIE, COMPASSION, RESURRECTION

 
 
 
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Critiqué vertement par son modèle, Hans von Bulow (le créateur de Tristan) et grand défenseur alors de Richard Strauss, Mahler qui lui avait fait écouté l’esquisse de la 2è (en son premier mouvement dénommé Totenfeier, « fête des morts », mouvement indépendant achevé dès 1888), ne se laisse pas décourager. Bien au contraire. Chevillé au corps, l’exercice de composition est une nécessité vitale.
Ce combat pour s’affirmer, cette clairvoyance pleinement assumée se précisent dans la magma de la 2è, dès son premier mouvement initial (Allegro maestoso), véritable cathédrale sonore où s’affrontent toutes les forces en présence, apparentes puissances contradictoires, en fait pilier d’un monde symphonique nouveau où Mahler dans les faits, fusionne et Wagner, et Bruckner, et toutes les narrations symphoniques connues jusque là, organisant peu à peu le chaos du début, récapitulant, architecturant son grand œuvre en devenir… afin d’éclairer l’orchestre par sa propre voix.

C’est dans ce bain primordial, cet élan en structuration que nous convie Alexandre Bloch, exploitant toutes les riches alliances de timbres, les frottements de sonorités d’une page blanche, dont l’essence est expérimentale. Le chef aime piloter les instrumentistes jusque dans leurs retranchements sonores ultimes : caresses des cordes, à l’ivresse éperdue dont les cors amoureux se font l’écho…
La palette est infinie et suscite bien des climats contrastés, dont l’apparente insouciance (tapisserie miroitante de l’harmonie des vents et des bois) n’écarte jamais un soubresaut d’angoisse sourde, souterraine (carillon des harpes). Ici règnent l’abandon espéré et le sentiment d’une terreur présente, profonde, non encore clairement élucidée. Voilà qui est posé, franchement, dans ce premier mouvement où tout est dit, condensé, en une flamboyante sauvagerie.

Le second mouvement (Andante moderato) débute après une pause marquée selon le voeu de Mahler lui-même (à 32mn44), comme pour mieux absorber la charge terrible du premier mouvement (mouvement indépendant en soi, du fait de l’histoire de sa genèse). L’allant flexible et chantant de cette nouvelle séquence est plus calme (flûte et harpe), mais n’écarte pas non plus l’accent à peine canalisé de nouvelles menaces. Mais ici règne le miel réconfortant d’une grande guitare (pizz des cordes, soulignés par la flûte), source d’un réconfort imprévu (glissandi amoureux des cordes).

Le 3è, Scherzo (43mn31) est ciselé comme un balancement hypnotique d’une souplesse qui se convulse et est prête à déraper. Un déséquilibre prêt à rompre le fil et l’équilibre : le héros reprend son chemin, comme enivré par son propre enthousiasme (rondeur souple des clarinettes, vivacité des flûtes, à laquelle répond la joie des hautbois…). Le promeneur fanfaronne et l’orchestre s’éveille à la grandeur du paysage et des cimes qui se précisent : comme saisi et surpris par l’ampleur du paysage qui l’environne soudain, le marcheur contemple la démesure des forces auxquelles il doit se confronter. Ce vertige, Alexandre Bloch nous le fait ressentir avec des décharges millimétrées, une attention spécifique aux petits détails de l’orchestration, toujours savoureuse.
D’un oeil cinématographique, jouant sur les échelles, le chef demeure à l’affût de la moindre inflexion contenue dans la partition, et qui dévoile le relief du paysage. Ses parts d’ombre, ses contours annonces de la vie céleste…

Puis à 53mn57, est enchainé l’Urlicht : texte entonné par la mezzo (Christianne Stotijn) dont le cuivre vocal répond à la fanfare lointaine qui redessine un paysage assagi, claire référence à un choral d’apaisement. La soliste répand ce baume qui efface toute douleur, toute détresse, laissant envisager ce qui était jusque là refusé : l’ascension vers le ciel (élévation des corps exprimé par le hautbois qui s’enlace à la voix). Ici surgit l’extase mystique d’un Mahler spirituel : « De dieu je viens et veux retourner à Dieu ».

Alexandre Bloch fait entendre alors le tumulte du cosmos, déchirure, déflagration qui sonne comme une porte qui s’ouvre (à la façon de la scène de révélation de la Femme sans ombre de Richard Strauss)… De fait, nous ne sommes pas loin de l’opéra ; du moins dans cette scène, aux jalons mystiques d’une intensité irrésistible, Mahler écrit son oratorio le plus inspiré. A 1h01mn18 : les cuivres expriment enfin l’échelle du céleste qui rejoint la terre et lui permet de gravir la passerelle vers l’éternité (marches énoncées par la harpe)…

Les 30 dernières minutes de ce Finale grandiose, apothéose ultime de l’architecture ascensionnelle décrivent la cité idéale qui paraît alors au pèlerin, les plaintes de ce dernier, sa prière face au Créateur ; la perte de l’espoir, et le vertige de l’abandon… (1h05mn puis 1h09m50).

 
 
 

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Alors s’exprime la promesse de la Résurrection pour celui qui a cheminé aussi durement. C’est la rémission tant espérée (1h06mn19) qui se profile (rébus et résolution de l’énigme aux trombones / bassons majestueux)
L’immense clameur d’espérance surgit et se renforce , puis la paix se profile (1h16mn), l’éternité répond (fanfare à 1h17mn43)…

Enfin le chœur (1h20mn04) murmurant énonce la délivrance et la béatitude espérée… Par la voix de la soprano (Kate Royal à 1h21mn49) -, enfin tout est exaucé, pardonné, permis : « Tu ressusciteras mon corps »
Ce à quoi Mahler répond par la voix de la mezzo (1h26mn57), dans un texte qui est de lui : « Ce à quoi tu as aspiré, est à toi / A toi ce que tu as aimé, ce que tu as conquis », sublime émancipation, ultime courage contre l’adversité… et réconfort pour les êtres doués d’une volonté supérieure (« Ce que tu as enduré te portera vers Dieu »). L’œuvre de compassion se réalise enfin par le cri du chœur qui droit aux côtés des deux anges intercesseurs, élève le pêcheur terrassé.

Le Paradis est donc au bout du chemin. Mais avant, … quelles épreuves et quel découragement, quelles angoisses et quelles paniques faut-il éprouver. Le grand bain orchestral, forge et matrice exutoires nous le font entendre, dans un fracas expressif que la direction d’Alexandre Bloch enveloppe d’une tension toute humaine, et même dans sa résolution progressive (au sein du Finale bouleversant), fraternelle et si naturellement familière.

 
 
 

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Solistes au verbe incarné, chœur déchirant, machine orchestrale en métamorphose, chef soucieux des équilibres, et surtout de l’intelligibilité du texte final… l’expérience aux dimensions colossales a passé et révélé sa couleur et sa vibration humaine. Jusqu’au carillon ultime, de délivrance et de lévitation d’un magnétisme inoubliable. C’est peu dire que Mahler fait partie des gènes de l’Orchestre lillois. Cette session nous le montre encore. Alexandre Bloch s’inscrit dans la lignée du mahlérien Jean-Claude Casadesus dont classiquenews avait distingué l’enregistrement de la 2è (Lire notre critique : Mahler : Symphonie n°2 (Jean-Claude Casadesus, Orchestre national de Lille, novembre 2015, 1 cd évidence classics) : http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-mahler-symphonie-n2-jean-claude-casadesus-orchestre-national-de-lille-novembre-2015-1-cd-evidence-classics/

Belle continuité entre les deux chefs et pour Alexandre Bloch la confirmation d’une sensibilité naturelle, convaincante qui annonce la suite de son cycle Mahler sous les meilleurs auspices…

Aucun doute, l’intégrale des 9 symphonies mahlériennes est bien l’événement orchestral de cette année. A suivre à Lille. Prochaine session, la 3è Symphonie, le 3 avril 2019 (programme intitulé « l’éveil du printemps ») : http://www.classiquenews.com/lille-onl-lintegrale-mahler-2019/

 
 
 

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Les indications de timing renvoient au direct live diffusé sur la chaîne YOU TUBE de l’ONL :
https://www.youtube.com/watch?v=guPAE1FX2Ds

 
 
 

VOIR la Symphonie n°2 de Mahler ” RĂ©surrection “

https://youtu.be/guPAE1FX2Ds

 
 
   
 
 

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Symphonie n°2, « Résurrection » / Symphony No. 2, « Auferstehung » : Gustav Mahler

Direction : Alexandre Bloch
Soprano : Kate Royal
Mezzo-soprano : Christianne Stotijn
Chœur : Philharmonia Chorus
Chef de chœur : Gavin Carr

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE

I. [Todtenfeier] Allegro maestoso. Mit durchaus ernstem und feierlichem Ausdruck [D’un bout à l’autre avec une expression grave et solennelle]
II. Andante moderato. Sehr gemächlich [Très modéré]
III. [Scherzo] In ruhig fliessender Bewegung [En un mouvement tranquille et coulant] – attacca
IV. « Urlicht » [Lumière originelle]. Sehr feierlich, aber schlicht [Très solennel, mais modeste]
V. Im Tempo des Scherzo. Wild herausfahrend [Dans le tempo du scherzo. Explosion sauvage]

Enregistré à l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille / France – 28 février 2019

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Plus d’images de la Résurrection par l’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH sur le site
https://www.flickr.com/photos/onlille/sets/72157676883219187
Toutes les photos © Ugo PONTE ONL fev 2019

 
 
   
 
 

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(1) LIRE notre compte rendu critique de la Symphonie n°1 TITAN de Gustav Mahler, le 2 fĂ©vrier 2018 par l’Orchestre national de Lille et Alexandre BLOCH, lancement de l’intĂ©grale des 9 symphonies de Mahler Ă  Lille 2019 – 2010 :
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-concert-lille-nouveau-siecle-le-2-fevv-2019-mahler-symphonie-n1-titan-orch-national-de-lille-a-bloch/

 
 
   
 
   
 
 

LILLE, Orchestre National : La Résurrection de Gustav Mahler

LILLE : Alexandre Bloch poursuit son cycle Gustav MAHLER ! LILLE, demain, jeudi 28 fév 2019, 20h : La Résurrection vous est promise. Et si la Symphonie n°2 de Mahler, dite « Résurrection » était certes une odyssée orchestrale mais surtout une épopée spirituelle, dont le texte dit par les solistes et le chœurs jalonne le cheminement vers la lumière ?  C’est ce que nous révélera le chef ALEXANDRE BLOCH et l’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, demain soir à LILLE (Auditorium du Nouveau Siècle) et en direct sur la chaine YOUTUBE de l’ONL Orchestre National de Lille. Concert événement.

  

lille-orchestre-national-ONL-Alexandre-Bloch-mahler-resurrection-lille-concert-annonce-critique-classiquenews

  
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LILLE, Nouveau Siècle : La 2ème Symphonie de Mahler, le 28 fĂ©vrier 2019. Et aussi en direct sur Youtube. 2è volet de l’épopĂ©e orchestrale majeure, portĂ©e par l’ONL Orchestre National de Lille… Après une Symphonie n°1, « Titan », mĂ©morable, voici le dĂ©jĂ  2ème volet : la Symphonie n°2 dite « RĂ©surrection » qui sollicite en plus de l’orchestre, le concours du chĹ“ur (adultes et enfants), deus voix fĂ©minines – alto et soprano, afin que se rĂ©alise cette ascension spirituelle du FInale oĂą le salut est enfin promis au hĂ©ros (et donc Ă  l’auditeur). Pas facile de se confronter Ă  une Ĺ“uvre aussi colossale et dont le sens engage toutes les forces physiques autant que Ă©motionnelles des interprètes.  
mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsUN CYCLE MAHLER Ă©vĂ©nement… Du 29 janvier 2019 au 17 janvier 2020, Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille s’engagent pour une intĂ©grale qui fera date, les 9 symphonies de Gustav Mahler. OdyssĂ©e autobiographique, cycle poĂ©tique et spirituel d’une exceptionnelle tension et expressivité… les 9 symphonies de Mahler renouvellent après Beethoven, le genre symphonique, empruntant aux mondes de l’opĂ©ra pour les opus qui sollicitent choeurs et solistes (Symphonies n°2 « RĂ©surrection », n°4, n°8 des « Mille »). Directeur musical de l’ONL Orchestre, Alexandre Bloch nous offre un nouveau jalon de son intĂ©grale mahlĂ©rienne, ce jeudi 28 fĂ©vrier 2019

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CONCERT au Nouveau Siècle de LILLE
Et EN DIRECT SUR YOU TUBE

LILLE, Nouveau Siècle
Jeudi 28 février 2019, 20h

Orchestre National de Lille
Alexandre Bloch, direction
Gustav Mahler : 2ème symphonie « Résurrection ».

 RESERVEZ VOTRE PLACE

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En direct sur la chaîne YOUTUBE de l’Orchestre National de Lille / ONL
Ă  partir de 20h
https://bit.ly/2Sjlo6M

Et pendant tout le cycle, jusqu’au 30 avril 2020, l’intégralité des 9 symphonies sera accessible la chaîne You Tube ONLille:
https://bit.ly/2Sjlo6M

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LIRE aussi notre annonce du concert SYMPHONIE n°2 de MAHLER
par l’Orchestre National de Lille – jeudi 28 fĂ©vrier 2019
http://www.classiquenews.com/lille-lorchestre-national-joue-la-resurrection-de-mahler/

 
 
   

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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

 
 
 

VIDEO : prĂ©sentation vidĂ©o de la Symphonie n°2 RĂ©surrection par Alexandre Bloch, directeur musical de l’Orchestre National de Lille

https://www.youtube.com/channel/UCDXlku0a3rJm7SV9WuQtAdw 

https://www.youtube.com/watch?v=ACFvSpBDXV0&feature=youtu.be

 

 

 

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Illustration : © Ugo Ponte / ONL – Orchestre National de Lille 2019

 

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9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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Symphonie n°2 RĂ©surrection de Mahler par l’Orchestre National de Lille

LILLE : Alexandre Bloch poursuit son cycle Gustav MAHLER !LILLE, Nouveau Siècle : La 2ème Symphonie de Mahler, le 28 fĂ©vrier 2019. Et aussi en direct sur Youtube. 2è volet de l’épopĂ©e orchestrale majeure, portĂ©e par l’ONL Orchestre National de Lille… Après une Symphonie n°1, « Titan », mĂ©morable, voici le dĂ©jĂ  2ème volet : la Symphonie n°2 dite « RĂ©surrection » qui sollicite en plus de l’orchestre, le concours du chĹ“ur (adultes et enfants), deus voix fĂ©minines – alto et soprano, afin que se rĂ©alise cette ascension spirituelle du FInale oĂą le salut est enfin promis au hĂ©ros (et donc Ă  l’auditeur). Pas facile de se confronter Ă  une Ĺ“uvre aussi colossale et dont le sens engage toutes les forces physiques autant que Ă©motionnelles des interprètes.
mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsUN CYCLE MAHLER Ă©vĂ©nement… Du 29 janvier 2019 au 17 janvier 2020, Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille s’engagent pour une intĂ©grale qui fera date, les 9 symphonies de Gustav Mahler. OdyssĂ©e autobiographique, cycle poĂ©tique et spirituel d’une exceptionnelle tension et expressivité… les 9 symphonies de Mahler renouvellent après Beethoven, le genre symphonique, empruntant aux mondes de l’opĂ©ra pour les opus qui sollicitent choeurs et solistes (Symphonies n°2 « RĂ©surrection », n°4, n°8 des « Mille »). Directeur musical de l’ONL Orchestre, Alexandre Bloch nous offre un nouveau jalon de son intĂ©grale mahlĂ©rienne, ce jeudi 28 fĂ©vrier 2019

 
 
 

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CONCERT au Nouveau Siècle de LILLE
Et EN DIRECT SUR YOU TUBE

LILLE, Nouveau Siècle
Jeudi 28 février 2019, 20h

Orchestre National de Lille
Alexandre Bloch, direction
Gustav Mahler : 2ème symphonie « Résurrection ».

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En direct sur la chaîne YOUTUBE de l’Orchestre National de Lille / ONL
Ă  partir de 20h
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Et pendant tout le cycle, jusqu’au 30 avril 2020, l’intégralité des 9 symphonies sera accessible la chaîne You Tube ONLille:
https://bit.ly/2Sjlo6M

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LIRE aussi notre annonce du concert SYMPHONIE n°2 de MAHLER
par l’Orchestre National de Lille – jeudi 28 fĂ©vrier 2019
http://www.classiquenews.com/lille-lorchestre-national-joue-la-resurrection-de-mahler/

 
 
   
 
 

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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

VIDEO : prĂ©sentation vidĂ©o de la Symphonie n°2 RĂ©surrection par Alexandre Bloch, directeur musical de l’Orchestre National de Lille

https://www.youtube.com/channel/UCDXlku0a3rJm7SV9WuQtAdw 

https://www.youtube.com/watch?v=ACFvSpBDXV0&feature=youtu.be

 

 

 

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Illustration : © Ugo Ponte / ONL – Orchestre National de Lille 2019

 

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9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
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Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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LILLE : l’Orchestre National joue la Symphonie RĂ©surrection de Mahler

MAHLER Symphonies symphonies critique review classiquenews _gustav-mahler-grandhotel-toblach-dobbiaco_c36864daebLILLE, ONL. 28 fĂ©v 2019 : MAHLER : RĂ©surrection. La Symphonie n°2 de Gustav Mahler est un prolongement naturel de la 9è de Beethoven : pour solistes et choeur, l’arche orchestrale exprime la vie restaurĂ©e, une rĂ©mission espĂ©rĂ©e, attendue ardemment par un compositeur qui nous invite Ă  en parcourir tout le cheminement, de jalon en jalon, – Ă  travers les 5 mouvements, explicitĂ©s par le texte (Ă©crit par Mahler lui-mĂŞme) qui un hymne Ă©perdu Ă  la grâce divine, rĂ©confortant le pèlerin, perdu, Ă©prouvĂ© sur la route de l’existence.
La partition est achevé en juin 1895 : Mahler l’a affinée comme chaque été, dans sa cabane de Steinbach, son fameux « Hauschen » (la cabane), le spectacle de la miraculeuse nature lui insufflant les germes de l’inspiration, comme le cri de 2 corneilles lui ont soufflé la mélodie du Finale : on ne saurait imaginer plus étroite connivence entre le créateur et la nature, les oiseaux.

 

 

 

BERLIN, 1895 : Symphonie de l’élévation
L’ivresse des hauteurs après l’Apocalypse

 

 

 

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsC’est l’époque où Mahler rencontre Brahms puis à Bayreuth à l’invitation de Cosima, assiste au représentation de Parsifal, Lohengrin, Tannhäuser (sous la direction de Richard Strauss). L’orchestration du Finale de la Symphonie Résurrection est réalisée dans ce contexte musical. L’ouvrage est créé à ses frais et dans son intégralité à Berlin le 13 décembre 1895. Pour se faire il choisit lui-même la cloche qui doit résonner dans le dernier mouvement, celui de libération et d’apothéose dans la lumière. Le public boude le concert et il a fallu distribuer des billets gratuitement pour remplir la salle. Musiciens et élèves du conservatoire assistent médusés au Finale, le chant de l’oiseau de la mort qui plane, puis les premiers murmures du chœur final en sa sublime prière ultime, vraie élévation, de la terre au paradis. Ainsi les épreuves passées sont le tremplin au salut, le passage vers l’éternité bienheureuse.
Si les spectateurs sont touchés, les critiques fustigent en général une écriture pompeuse, grandoliquente qui manque de personnalité, empruntant trop aux anciens Meyerbeer et Wagner en tête. Les contrastes « durs », les vertiges spectaculaires déconcertent et même agacent une bonne partie des soit disants spécialistes…lesquels ne détectent pas la modernité d’une écriture dont ils dénoncent la « fausse nouveauté ». Rare, Humperdinck, que Mahler avait invité, adresse au compositeur, une lettre admirative.

Itinéraire de la Symphonie n°2 « Résurrection »
Mahler a laissĂ© un texte qui explique le sens de sa symphonie de 1895. On peut y retrouver les Ă©lans et passions qui ont inspirĂ© sa symphonie n°1 Titan. Le premier mouvement Ă©voque les funĂ©railles du hĂ©ros qui s’est battu – il Ă©voque son bonheur terrestre (2è mouvement), mais aussi l’incrĂ©dulitĂ© et l’esprit de nĂ©gation qui l’ont saisi jusqu’à douter de tout mĂŞme de Dieu (Scherzo). Mais l’espoir revient (4è mouvement). Et le Finale (5è et dernier mouvement) dĂ©cide de son sort car il Ă©voque avec terreur et vertige l’Apocalypse, les dĂ©chus et les damnĂ©s qui hurlent, la chute de tous les hommes trop corrompus et lâches… (fracas et cri des cuivres) ; puis dans le silence, se prĂ©cise le chant de l’oiseau (le rossignol porteur de la vie terrestre) et le chĹ“ur des anges qui chante l’ivresse salvatrice de la rĂ©surrection (« tu ressusciteras! ») : l’amour submerge le cĹ“ur des Ă©lus et des mĂ©ritants ; le bonheur Ă©ternel apparaĂ®t comme une porte cĂ©leste attendue, espĂ©rĂ©e.

Portés par le cycle des 9 symphonies de Mahler, amorcé au début de ce mois de février par la Symphonie n°1 Titan (LIRE notre critique / concert du 1er février 2019), Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille relisent avec une rare ardeur, l’écriture de Mahler, génie symphonique du XXè. Cet unique concert le dernier soir de février 2019 s’annonce comme un nouveau jalon majeur du cycle Mahler par l’Orchestre National de Lille et son directeur musical, Alexandre Bloch. 2è volet du cycle Mahler à Lille, incontournable.

LILLE, Nouveau Siècleboutonreservation
Jeudi 28 février 2019, 20h

MAHLER : Symphonie n°2 « Résurection »
Miah Persson, soprano / Christianna Stotijn, mezzo-soprano
Orchestre National de Lille
Philharmonia Chorus
Alexandre Bloch, direction

 

 

 

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/resurrection/

A 18h45, rencontre mahlérienne insolite
entrée libre muni du billet du concert de 20h

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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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LILLE, ONL. 28 fĂ©v 2019 : MAHLER : RĂ©surrection. Suite du cycle Mahler par l’ONL : La Symphonie n°2 de Gustav Mahler@CLASSIQUENEWS

COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 2 févv 2019. Mahler : Symphonie N°1 « Titan ». Orch National de Lille / A. Bloch.

COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 2 fĂ©vrier 2019. Mahler : Symphonie N°1 dite Titan. Orchestre National de Lille / Alexandre Bloch. C’est dans un projet passionnant – qui est toujours aussi un dĂ©fi un peu fou… – qu’Alexandre Bloch vient de jeter ses forces (et bien Ă©videmment celles de l’Orchestre National de Lille que le chef français dirige depuis septembre 2016) : offrir au public lillois une intĂ©grale des Symphonies de Mahler – d’ici Ă  janvier 2020 – dans leur ordre chronologique. C’est ainsi l’occasion « de suivre le parcours crĂ©atif d’un gĂ©nie musical unique, qui rĂ©volutionna l’écriture symphonique par sa dĂ©mesure visionnaire », comme l’indique si bien le programme de salle.
Autre particularité de ce coup d’envoi, avec la Première Symphonie (dite « Titan »), on assiste ce soir à un concert « connecté ». En effet, après une première expérience réussie (en janvier 2018) autour du Sacre du printemps de Stravinski, Alexandre Bloch renouvelle sa proposition de concert connecté.

 
 

 
 

GUSTAV en smartphony…
Démesure visionnaire de Mahler
et concert connecté

 

 

©smartphony2_328px_18-19L’ONL a en effet fait dĂ©velopper une application smartphone unique au monde (intitulĂ© Smartphony) qui permet au public (mais aussi aux internautes, derrière leurs ordinateurs, grâce au site Youtube, en particulier la chaine de l’ONL Orchestre National de Lille) d’interagir avec l’orchestre. La première partie du concert est animĂ©e par le vrai chauffeur de salle qu’est Alexandre Bloch, par ailleurs excellent pĂ©dagogue, qui livre une mine d’informations sur Mahler et son Ĺ“uvre, mais tout en testant les connaissances du public via l’application…

 

 

SMARTPHONY. A LILLE, Alexandre BLOCH réécrit l'expérience symphonique

 
 

 
 

La seconde partie de soirĂ©e se montre plus « sĂ©rieuse », et si – dans la première – l’audience a pu dĂ©cider elle-mĂŞme du tempo que le chef devait prendre dans tel ou tel mouvement, Alexandre Bloch reprend ici totalement les commandes pour livrer une interprĂ©tation vibrante du chef d’œuvre mahlĂ©rien.  De fait, après cette première partie rĂ©crĂ©ative et ludique, Ă  laquelle l’orchestre s’est d’ailleurs prĂŞtĂ© avec un plaisir communicatif, l’auditeur peut enfin goĂ»ter Ă  la qualitĂ© exceptionnelle, Ă  l’homogĂ©nĂ©itĂ© sans faille, ainsi qu’à la perfection technique dont la phalange des Hauts de France est capable. Sous la battue du maestro Bloch, rien ne dĂ©passe, tout est jouĂ© au cordeau, sans le moindre accroc. IrrĂ©prochable, donc, et superbement investi, l’ONL impose d’entrĂ©e de jeu une vraie concentration de l’écoute, en faisant rayonner les « bruits de nature ».
Amoureux du son, Alexandre Bloch dirige sans partition, avec une prĂ©cision très dĂ©taillĂ©e, mais jamais sĂ©vère, qui laisse le public goĂ»ter toutes les subtilitĂ©s de timbre et les audaces de l’orchestration mahlĂ©rienne ; l’orchestre est tout simplement somptueux, opulent dans la texture des cordes, tendre dans ses soli respectifs – la contrebasse de Mathieu Petit, la harpe de Anne Leroy-Petit… -, magistral par la cohĂ©sion de ses pupitres. Et lorsque le chef lâche la bride – dans le dernier mouvement («Dall’inferno», comme prĂ©cisĂ© par Mahler) -, les pupitres se mettent Ă  vrombir dans un Ă©panouissement sonore qui ne se fait jamais au dĂ©triment des composantes de l’écriture orchestrale. Saluons la rĂ©sistance et l’infaillibilitĂ© des cuivres, et notamment les huit cors qui – selon les recommandations d’un Mahler toujours soucieux de projection dans l’espace – achèvent debout cette « titanesque » symphonie, dans une robustesse et une ivresse du son que l’on est pas prĂŞt d’oublier… Alors bravo !

 
 

 
 

 bloch-alexandre-maestro-orchestre-national-de-lille-582-presentation-classiquenews-saison-2017-2018

 

 

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 2 février 2019. Mahler : Symphonie N°1 dite Titan. Orchestre National de Lille / Alexandre Bloch.

 

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LIRE aussi notre entretien avec Alexandre BLOCH à propos de l’intégrale des symphonies de Mahler à Lille
http://www.classiquenews.com/entretien-avec-alexandre-bloch-lintegrale-mahler-en-2019/

 

 

LIRE aussi notre prĂ©sentation du cycle des symphonies de Gustav Mahler par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch – 5 premières symphonies jusqu’à juin 2019
http://www.classiquenews.com/lille-onl-lintegrale-mahler-2019/

 

 

 

Prochain rv du cycle Mahler au Nouveau Siècle à Lille : jeudi 28 février 2019, 20h / MAHLER : Symphonie n°2 « Résurrection », nouveau volet incontournable
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/resurrection/
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
DIRECTION : ALEXANDRE BLOCH
SOPRANO : LISA LARSSON
 / MEZZO-SOPRANO : CHRISTIANNE STOTIJN / 
CHŒUR PHILHARMONIA CHORUS
 / CHEF DE CHŒUR :  GAVIN CARR / 
CHEF ASSISTANT : JONAS EHRLER

 

 

 

 

 

 

LILLE : ONL, Smartphony, concert connecté

smartphony-orchestre-concert-2-0-devenez-chef-d-orchestre-orchestre-national-de-lille-classiquenews-annonce-concert-connecte-smartphony-concerts-festival-musique-classiqueLILLE : ONL, Smartphony, concert connecté, le 2 février 2019, 18h15. L’Orchestre National de Lille invente l’expérience symphonique connectée 2.0, et permet à tous un chacun pourvu qu’il soit internaute et connecté, de devenir CHEF D’ORCHESTRE, le temps d’un smartphony ou concert connecté. Après une première expérience réussie en janvier 2018 autour du Sacre du printemps de Stravinski, Alexandre Bloch – directeur musical de l’Orchestre National de Lille (depuis septembre 2016)-, proposent un nouveau concert connecté :

DIRIGEZ l’Orchestre National de Lille
sur des extraits de la Symphonie n°1 « Titan »
de Gustav Mahler

à l’occasion du cycle Mahler
(intégrale des 9 symphonies jusqu’à janvier 2020) .

Via l’application gratuite Smartphony* – en français, sous-titrages en anglais, – (dĂ©veloppĂ©e par la start-up française WaigĂ©o et disponible dès Ă  prĂ©sent sur les stores pour smartphones)

Cette année, l’Orchestre propose aux internautes de jouer en direct depuis leurs ordinateurs !

Branchez-vous

Samedi 2 février
Ă  partir de 18h15

(Heure de Paris GMT+1)

jouez en direct

(sous-titrages en anglais)
sur la chaîne You Tube ONLille !
www.youtube.com/ONLille

et sur le site web de France 3 Hauts-de-France
https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france

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DIRIGEZ, JOUEZ avec l’Orchestre national de Lille

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LILLE, ONL : Symphonie n°1 de MAHLER

MAHLER Symphonies symphonies critique review classiquenews _gustav-mahler-grandhotel-toblach-dobbiaco_c36864daebLILLE, le 1er FEV 2019 : Symphonie TITAN de MAHLER. Voici le premier concert d’un cycle Ă©vĂ©nement qui devrait marquer la saison symphonique 2019. L’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler proposĂ© par Alexandre BLOCH, directeur musical de l’Orchestre National de Lille. La première symphonie de Mahler est composĂ©e de janvier Ă  mars 1888. Mahler a 28 ans. Comme compositeur, il a remportĂ© un premier succès avec Die drei Pintos d’après les esquisses inachevĂ©es de Weber. Il a toujours souhaitĂ© composer. Avec la Symphonie “Titan”, Mahler se met au diapason de la Nature, surpuissante, Ă©nigmatique, aussi dĂ©concertante que fascinante.
Alors chef d’orchestre au théâtre de Leipzig, il a profité de la période de deuil consécutive à la mort de l’Empereur Guillaume Ier, pour s’atteler à sa seule vraie passion : l’écriture. En découle, la composition de son “poème symphonique”. La création a lieu à la Philharmonie de Budapest, le 20 novembre 1889.
Comme Mozart et son Don Giovanni mieux compris hors de Vienne qu’en terre germanique, même cas de figure pour Gustav : ses œuvres ne sont pas acceptées ni en Autriche ni en Allemagne. Trop moderne, trop «  vulgaires », trop bavardes et autobiographiques.

Cycle Gustav Mahler Ă  LILLE
ALEXANDRE BLOCH présente la Symphonie TITAN,
PREMIER NÉ, INCOMPRIS (1888),
essai gĂ©nial Ă  l’Ă©chelle du Cosmos…

BLOCH-alexandre-chef-maestro-portrait-classiquenews-cycle-mahler-2018-integral-MAHLER-symphonies-orchestre-national-de-Lille

Mais il semble que la création à Budapest n’ait pas été une expérience heureuse : Mahler laisse l’audience dans un climat d’incertitude, puis d’indignation. La claque est même sévère : « par la suite, tout le monde m’a fui, terrorisé, et personne n’a osé me parler de mon oeuvre! », écrit-il amer. En 1891, il rejoint Hambourg où il est nommé premier chef au Stadt-Theater. Il aura l’occasion de diriger à nouveau son œuvre, en octobre 1893, au programme « Titan, poème musical en forme de symphonie ». Le public applaudit quand la critique s’insurge contre la vulgarité d’une subjectivité excessive. De fait, de son vivant, la première symphonie restera un « enfant de douleur », une œuvre jamais vraiment comprise, ni analysée à sa juste mesure.

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsD’emblĂ©e dans cette première symphonie, amorce et annonce du cycle orchestral qui va suivre, et l’un des plus impressionnants pour le XXè – l’équivalent des symphonies de Beethoven pour le XIXè, le gĂ©nie dĂ©miurgique et visionnaire de Mahler s’impose avec une hauteur de vue inouĂŻe. Comme s’il Ă©tait en prĂ©sence des forces primitives universelles, celles qui dĂ©cident de l’avenir et du temps, de la Nature et donc de l’humanitĂ©, Mahler ressent tout cela Ă  l’échelle du cosmos : la Titan est une dĂ©claration de crĂ©ation, le chant d’une Ă©nergie et d’une puissance premières, Ă  l’aube des mythes fondateurs. L’ampleur du souffle comme le raffinement de l’orchestration, avec des alliances de timbres somptueuses, nous saisissent littĂ©ralement. Tout dĂ©coule de ce « printemps naissant et qui ne finit pas » dont parle le compositeur.
Le destin, le mystère de l’univers, le bouillonnement primordial qui sont à la source de toute genèse s’expriment ici, mais avec l’espoir d’une pleine conscience aiguisée (1er mouvement et sa fanfare d’ouverture, qui placée dans la coulisse convoque la résonance du cosmos…) ; avec une charge parodique, finalement sombre voire désespérée et fantastique « à la Calot » (à l’évocation du cortège des animaux de la forêt dans le 2è mouvement: s’y précise l’idéalisme enivré, la dépression ironique… en un bain de sentiments mêlés qui n’appartiennent qu’à l’auteur) ; avec un sentiment personnel de ressentiment, d’amertume voire de souffrance chaotique (très perceptible dans la polyphonie complexe et très moderne du 3è mouvement, à partir de la mélodie « Frère Jacques », décalée, déconstruite, sublimée…). Comment de la même manière passer sous silence, les étagement vertigineux du dernier mouvement, le plus long presque 20 mn (selon les versions et lectures), où les cuivres somptueux comme spectaculaires font imploser le cadre symphonique légué par Beethoven, Brahms… Jamais le langage symphonique, après Wagner s’entend, ne fut aussi marqué et coloré par une sensualité empoisonnée, vénéneuse, d’une lascive et pénétrante torpeur. Exigeant, expérimentateur et poète sonore unique comme singulier, Gustav Mahler ne cesse au fur et à mesure des auditions de son œuvre, de reprendre instrumentation et orchestration, en particulier en 1897, puis en 1906.

Hugo Papbst éclaire le travail de Mahler sur le métier de la Titan : « A propos de l’utilisation des timbres et des notes écrites pour chaque instrument, en particulier dans la partie extrême de leur tessiture, les écrits de Mahler sont éloquents : il s’agit pour le musicien de travailler la pâte instrumentale, d’inaugurer en quelque sorte une nouvelle gamme de résonances, un travail exceptionnel dans la matière et la texture, comme le ferait un peintre, en plasticien réformateur, sur le registre des tons et des nuances de la palette : « Plus tard dans la Marche, les instruments ont l’air d’être travestis, camouflés. La sonorité doit être ici comme assourdie, amortie, comme si on voyait passer des ombres ou des fantômes. Chacune des entrées du canon doit être clairement perceptible. Je voulais que sa couleur surprenne et qu’elle attire l’attention. Je me suis cassé la tête pour y arriver. J’ai finalement si bien réussi que tu as ressenti toi-même cette impression d’étrangeté et de dépaysement. Lorsque je veux qu’un son devienne inquiétant à force d’être retenu, je ne le confie pas à un instrument qui peut le jouer facilement, mais à un autre qui doit faire un grand effort pour le produire et ne peut y parvenir que contraint et forcé. Souvent même, je lui fais franchir les limites naturelles de sa tessiture. C’est ainsi que contrebasses et basson doivent piailler dans l’aigu et que les flûtes sont parfois obligées de s’essouffler dans le grave, et ainsi de suite… », précise-t-il à son amie, Nathalie Bauer-Lechner, en 1900.
Passionnante explication qui nous immerge dans la magie du grand chaudron symphonique.

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ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Cycle intĂ©grale Mahler / saison 2018 – 2019

Vendredi 1er février 2019
LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle, 20h

MAHLER, Symphonie n°1 « TITAN »
couplé avec (en ouverture du concert) :
MOZART
Ouverture des Noces de Figaro
Concerto pour cor et orch n°4
Rondo pour cor et orchestre
(soliste : Alec Franck-Guillaume, cor)

Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH, direction

RESERVER VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/titan/

 
 
  
 
 

Programme joué auparavant en tournée :
En région
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
Dunkerque Le Bateau Feu
mardi 29 janvier 2019 Ă  20h
Infos et réservations au 03 28 51 40 40 ou sur lebateaufeu.com

Valenciennes Le Phénix
jeudi 31 janvier 2019 Ă  20h
Infos et réservations au 03 27 32 32 32 ou sur lephenix.fr

APPROFONDIR
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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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LIRE aussi notre ENTRETIEN avec Alexandre BLOCH au sujet de Mahler et de sa première symphonie

Intégrale événement à Lille
Les 9 Symphonies de Gustav Mahler
Un Eldorado symphonique Ă  LILLE

 

bloch-alexandre-maestro-orchestre-national-de-lille-portrait-entretien-sur-classiquenews

 

Symphonie n°1 TITAN de Mahler à LILLE

MAHLER Symphonies symphonies critique review classiquenews _gustav-mahler-grandhotel-toblach-dobbiaco_c36864daebLILLE, le 1er FEV 2019 : Symphonie TITAN de MAHLER. Voici le premier concert d’un cycle Ă©vĂ©nement qui devrait marquer la saison symphonique 2019. L’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler proposĂ© par Alexandre BLOCH, directeur musical de l’Orchestre National de Lille. La première symphonie de Mahler est composĂ©e de janvier Ă  mars 1888. Mahler a 28 ans. Comme compositeur, il a remportĂ© un premier succès avec Die drei Pintos d’après les esquisses inachevĂ©es de Weber. Il a toujours souhaitĂ© composer. Avec la Symphonie “Titan”, Mahler se met au diapason de la Nature, surpuissante, Ă©nigmatique, aussi dĂ©concertante que fascinante.
Alors chef d’orchestre au théâtre de Leipzig, il a profité de la période de deuil consécutive à la mort de l’Empereur Guillaume Ier, pour s’atteler à sa seule vraie passion : l’écriture. En découle, la composition de son “poème symphonique”. La création a lieu à la Philharmonie de Budapest, le 20 novembre 1889.
Comme Mozart et son Don Giovanni mieux compris hors de Vienne qu’en terre germanique, même cas de figure pour Gustav : ses œuvres ne sont pas acceptées ni en Autriche ni en Allemagne. Trop moderne, trop «  vulgaires », trop bavardes et autobiographiques.

 
 
  
 

Cycle Gustav Mahler Ă  LILLE
ALEXANDRE BLOCH présente la Symphonie TITAN,
PREMIER NÉ, INCOMPRIS (1888),
essai gĂ©nial Ă  l’Ă©chelle du Cosmos…

 
 
 

BLOCH-alexandre-chef-maestro-portrait-classiquenews-cycle-mahler-2018-integral-MAHLER-symphonies-orchestre-national-de-Lille

 
 
  
 

Mais il semble que la création à Budapest n’ait pas été une expérience heureuse : Mahler laisse l’audience dans un climat d’incertitude, puis d’indignation. La claque est même sévère : « par la suite, tout le monde m’a fui, terrorisé, et personne n’a osé me parler de mon oeuvre! », écrit-il amer. En 1891, il rejoint Hambourg où il est nommé premier chef au Stadt-Theater. Il aura l’occasion de diriger à nouveau son œuvre, en octobre 1893, au programme « Titan, poème musical en forme de symphonie ». Le public applaudit quand la critique s’insurge contre la vulgarité d’une subjectivité excessive. De fait, de son vivant, la première symphonie restera un « enfant de douleur », une œuvre jamais vraiment comprise, ni analysée à sa juste mesure.

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsD’emblĂ©e dans cette première symphonie, amorce et annonce du cycle orchestral qui va suivre, et l’un des plus impressionnants pour le XXè – l’équivalent des symphonies de Beethoven pour le XIXè, le gĂ©nie dĂ©miurgique et visionnaire de Mahler s’impose avec une hauteur de vue inouĂŻe. Comme s’il Ă©tait en prĂ©sence des forces primitives universelles, celles qui dĂ©cident de l’avenir et du temps, de la Nature et donc de l’humanitĂ©, Mahler ressent tout cela Ă  l’échelle du cosmos : la Titan est une dĂ©claration de crĂ©ation, le chant d’une Ă©nergie et d’une puissance premières, Ă  l’aube des mythes fondateurs. L’ampleur du souffle comme le raffinement de l’orchestration, avec des alliances de timbres somptueuses, nous saisissent littĂ©ralement. Tout dĂ©coule de ce « printemps naissant et qui ne finit pas » dont parle le compositeur.
Le destin, le mystère de l’univers, le bouillonnement primordial qui sont à la source de toute genèse s’expriment ici, mais avec l’espoir d’une pleine conscience aiguisée (1er mouvement et sa fanfare d’ouverture, qui placée dans la coulisse convoque la résonance du cosmos…) ; avec une charge parodique, finalement sombre voire désespérée et fantastique « à la Calot » (à l’évocation du cortège des animaux de la forêt dans le 2è mouvement: s’y précise l’idéalisme enivré, la dépression ironique… en un bain de sentiments mêlés qui n’appartiennent qu’à l’auteur) ; avec un sentiment personnel de ressentiment, d’amertume voire de souffrance chaotique (très perceptible dans la polyphonie complexe et très moderne du 3è mouvement, à partir de la mélodie « Frère Jacques », décalée, déconstruite, sublimée…). Comment de la même manière passer sous silence, les étagement vertigineux du dernier mouvement, le plus long presque 20 mn (selon les versions et lectures), où les cuivres somptueux comme spectaculaires font imploser le cadre symphonique légué par Beethoven, Brahms… Jamais le langage symphonique, après Wagner s’entend, ne fut aussi marqué et coloré par une sensualité empoisonnée, vénéneuse, d’une lascive et pénétrante torpeur. Exigeant, expérimentateur et poète sonore unique comme singulier, Gustav Mahler ne cesse au fur et à mesure des auditions de son œuvre, de reprendre instrumentation et orchestration, en particulier en 1897, puis en 1906.

Hugo Papbst éclaire le travail de Mahler sur le métier de la Titan : « A propos de l’utilisation des timbres et des notes écrites pour chaque instrument, en particulier dans la partie extrême de leur tessiture, les écrits de Mahler sont éloquents : il s’agit pour le musicien de travailler la pâte instrumentale, d’inaugurer en quelque sorte une nouvelle gamme de résonances, un travail exceptionnel dans la matière et la texture, comme le ferait un peintre, en plasticien réformateur, sur le registre des tons et des nuances de la palette : « Plus tard dans la Marche, les instruments ont l’air d’être travestis, camouflés. La sonorité doit être ici comme assourdie, amortie, comme si on voyait passer des ombres ou des fantômes. Chacune des entrées du canon doit être clairement perceptible. Je voulais que sa couleur surprenne et qu’elle attire l’attention. Je me suis cassé la tête pour y arriver. J’ai finalement si bien réussi que tu as ressenti toi-même cette impression d’étrangeté et de dépaysement. Lorsque je veux qu’un son devienne inquiétant à force d’être retenu, je ne le confie pas à un instrument qui peut le jouer facilement, mais à un autre qui doit faire un grand effort pour le produire et ne peut y parvenir que contraint et forcé. Souvent même, je lui fais franchir les limites naturelles de sa tessiture. C’est ainsi que contrebasses et basson doivent piailler dans l’aigu et que les flûtes sont parfois obligées de s’essouffler dans le grave, et ainsi de suite… », précise-t-il à son amie, Nathalie Bauer-Lechner, en 1900.
Passionnante explication qui nous immerge dans la magie du grand chaudron symphonique.

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ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Cycle intĂ©grale Mahler / saison 2018 – 2019

Vendredi 1er février 2019
LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle, 20h

MAHLER, Symphonie n°1 « TITAN »
couplé avec (en ouverture du concert) :
MOZART
Ouverture des Noces de Figaro
Concerto pour cor et orch n°4
Rondo pour cor et orchestre
(soliste : Alec Franck-Guillaume, cor)

Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH, direction

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Programme joué auparavant en tournée :
En région
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
Dunkerque Le Bateau Feu
mardi 29 janvier 2019 Ă  20h
Infos et réservations au 03 28 51 40 40 ou sur lebateaufeu.com

Valenciennes Le Phénix
jeudi 31 janvier 2019 Ă  20h
Infos et réservations au 03 27 32 32 32 ou sur lephenix.fr

 
 
 
 
 
 

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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

 
 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

 
 
 

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

 
 
  
 

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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CHEFS. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE : le directeur musical Alexandre BLOCH prolongé jusqu’en 2024

CHEFS. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE : le directeur musical Alexandre BLOCH prolongé jusqu’en 2024. Ivan Renar, Président de l’Orchestre National de Lille, sur proposition de François Bou, Directeur général et en accord avec le Conseil d’Administration, a prolongé le mandat de directeur musical actuel : Alexandre Bloch jusqu’en juillet 2024.

 

 

Orchestre National de Lille
ALEXANDRE BLOCH prolongé

 
 

 

BLOCH-alexandre-chef-maestro-portrait-classiquenews-cycle-mahler-2018-integral-MAHLER-symphonies-orchestre-national-de-Lille

  

 

Directeur musical de l’Orchestre National de Lille depuis septembre 2016, le chef français Alexandre Bloch – 33 ans – poursuit sa 3ème saison lilloise. Depuis plus de deux ans et demi, Alexandre Bloch a su insuffler une nouvelle dynamique tant sur le plan artistique avec les musiciens de l’Orchestre (nombreux renouvellements au sein des pupitres dont la nouvelle violon solo Ayako Tanaka), qu’au niveau de la programmation en proposant de nouveaux formats – Smartphony, concert connectĂ© / Just Play, une plongĂ©e interactive dans l’Orchestre, les Babyssimos, cinĂ©-concerts pour les petits Ă  partir de 2 ans ; sans omettre la relaxation musicale pour les futures mamans.

En collaboration étroite avec François Bou, Directeur général de l’Orchestre depuis septembre 2014, Alexandre Bloch diffuse et défend avec cœur et énergie, la signature « Orchestre National de Lille » : sur le plan discographique avec des enregistrements salués par la critique (Grammophon Magazine, le Monde, Télérama, Opéra Magazine, Diapason, Classica, France Musique, Res Musica, … et bien sûr Classiquenews…) : Les Pêcheurs de perles de Bizet chez Pentatone (enregistrement de mai 2017 / CLIC de CLASSIQUENEWS / VOIR notre reportage vidéo) ; le premier disque de la violoncelliste belge Camille Thomas chez Deutsche Grammophon, également sur le plan territorial notamment à travers les nombreux déplacements en région Hauts-de-France et les invitations régulières à la Philharmonie de Paris et dans de grands festivals (Radio France à Montpellier, Festival Enescu de Bucarest), mais aussi en portant le projet social et artistique DEMOS depuis février 2017 avec 95 enfants non musiciens issus de 9 communes de la Métropole Européenne de Lille.

Engagé, curieux et généreux, ALEXANDRE BLOCH est attentif à l’insertion professionnelle des jeunes chefs d’orchestre en organisant un concours de chef assistant en partenariat avec l’Orchestre de Picardie et l’ Orchestre National d’Ile-de-France : Léo Margue la saison dernière ou encore actuellement Jonas Ehrler ont bénéficié de ce tremplin qui œuvre pour la professionnalisation et la reconnaissance des talents les plus prometteurs.

Pour CLASSIQUENEWS, Alexandre BLOCH a démontré non seulement son haut professionalisme dans l’audace et le choix artistique qui révèle un goût pour l’ouverture et la démocratisation du concert symphonique, mais aussi un tempérament charismatique. En témoigne sa fabuleuse incursion dans l’univers humaniste, fraternel de LEONARD BERNSTEIN, dévoilant pour célébrer le centenaire du compositeur américain, l’actualité et la poétique déjantée de sa partition inclassable MASS : une expérience musicale qu’il a su partager entre instrumentistes, chanteurs, choristes et surtout public. VOIR notre reportage vidéo de MASS par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille / juin 2018.

Retrouvez ALEXANDRE BLOCH et L’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE sur FRANCE 2, dans la reprise attendue du GRAND ECHIQUIER, jeudi 20 décembre 2018, 20h50
www.france.tv/france-2/le-grand-echiquier

 

 

BLOCH-alexandre-Orchestre-national-de-lille-classiquenews-orchestre-grand-angle

 

 

 

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INTEGRALE GUSTAV MAHLER 2019

En 2019, ALEXANDRE BLOCH et l’Orchestre National de Lille proposent l’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler, une immersion exceptionnelle dans l’univers d’un gĂ©nie de l’orchestre, Ă©largissant l’expĂ©rience orchestrale au dĂ©but du XXè siècle, dans des proportions et une sonoritĂ© jamais Ă©coutĂ©e avant lui…. LIRE notre prĂ©sentation de l’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler par ALEXANDRE BLOCH et l’Orchestre National de Lille (Ă  partir du 1er fĂ©vrier 2019)

Avec ce renouvellement, l’Orchestre National de Lille poursuit donc sa nouvelle étape et relève le défi d’une grande institution musicale du XXIème siècle.

 

 

bloch-alexandre-orchestre-national-de-lille-temple-noir-et-blanc-classiquenews

 

 

 

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Cd événement, critique. MAHLER : Symphonie n°6, MusicAeterna / Teodor Currentzis — Moscou, juillet 2016 (1 cd SONY classical). CLIC de CLASSIQUENEWS de décembre 2018

teodor_currentzis_52Cd événement, critique. MAHLER : Symphonie n°6, MusicAeterna / Teodor Currentzis — Moscou, juillet 2016 (1 cd SONY classical). CLIC de CLASSIQUENEWS de décembre 2018. Avec ce second opus symphonique, Teodor Currentzis démontre sa mestrià orchestrale : une vision, un geste qui deviennent expérience métaphysique. C’est peu dire que le sens de la caractérisation s’accomplit ici avec une finesse et un mordant exceptionnellement justes. Ce qu’apporte immédiatement Teodor Currentzis, emblématique en cela des chefs qui savent autant diriger le baroque que le romantisme, l’opéra que la matière symphonique, c’est une versatilité permanente qui s’accompagne de nuances spécifique pour chaque séquence. Telle attention à l’intonation, les connotations, les caractères, les couleurs éblouissent véritablement dans le magma martial du Premier mouvement Allegro energico, plus encore dans le second « Scherzo », souvent redondant après le premier parce que les orchestres et les chefs si nombreux en l’occurrence ont déjà tout dit ; chez Currentzis, chaque mesure a sa propre énergie, revendique un caractère particulier, le tout avec une unité et une cohérence organique qui assure le lien et la globalité dy cycle dans son entier. Les cordes danses et rugissent, les cuivres et les percussions sont élastiques, wagnériennes, d’une clameur sourde et articulée, constamment passionnantes.

Au cœur du typhon mahlérien
Teodor Currentzis, magicien poète


currentzis teodor chef maestro review presentation classiquenews sacre du printemps de stravinsky trilogie mozart da ponte critique compte rendu cdQuant à l’harmonie, Currentzis déploie des sommets de couleurs onctueuses, amoureuses, enivrées (les clarinettes, les hautbois, les bassons et les flûtes acquièrent ainsi un relief et une sonorité très détaillés, jamais écoutés avec une telle justesse là encore). Voilà qui creuse dans l’orchestre des champs et contrechamps, des seconds plans propres ; la texture s’enrichit dans l’expressivité, certes pas dans l’épaisseur ou la puissance. 
Ce que nous apporte Currentzis, c’est l’alliage superlatif, du mordant de chaque timbre, caractérisé, millimétré, et l’énergie, la puissance : ce Scherzo est jubilatoire car pas une mesure n’ennuie, mais elle clame son cri, son existence propre. Quel résultat. Ce moelleux des arrières plans prend forme avec une nostalgie d’une ineffable profondeur dans l’ANDANTE moderato dont la courbe tendre (le cor est pur enchantement, cristallisation d’un instant magique, traversé par la grâce). Currentzis se montre là encore : voluptueux et clair, détaillé et architecte, jouant de la légèreté millimétrée de chaque pupitre ainsi mis en dialogue. Quand avons-nous écouté pareil rêve et tendresse, ainsi sculptés dans la pâte orchestrale? Le chef cherche l’au-delà des notes, va au delà de chaque mesure, repoussant toujours et encore la ligne de respiration ; l’intensification du mouvement atteint un sommet d’éloquence intérieure, de plénitude sonore. Voilà du bien bel ouvrage.

De la même façon, le dernier mouvement Sostenuto, Allegro moderato, puis Allegro energico, redouble de vitalité caractétisée où le chef semble faire ressurgir ce qui a été déjà énoncé, en un bel effet de miroir et de boucle symétrique aussi, mais avec une attention décuplée à chaque mesure. La caractérisation saisit par sa justesse là encore, entre volonté, résistance et désespoir. Le conflit qui s’enfle et atteint les cimes de l’exultation, pose très clairement les forces en présence, avec une noblesse d’intonation, superlative. Le chef très inspiré sait aussi récapituler tout ce qui fait cette confession viscérale, amoureuse et radicale de la Symphonie précédente, n°5 (prière voire imploration pour Alma son épouse).
Enivrée, et attendrie, cette dernière séquence conclusive bascule dans la morsure et la désespérance, la convulsion martiale, sarcastique et tendue. Dans le bain conflictuel, l’orchestre est idéalement (et magistralement) balloté, entre frénésie et accalmie. Echevelées, nerveuses, les cordes indiquent ce tumulte, ce désordre intérieur, cette profonde dépression primitive qui scelle le destin de Mahler. En analyste complice, porteur d’un humanisme fraternel, le chef en exprime la forme orchestrale avec une poésie de magicien : là encore, n’écoutez que la dernière séquence (avec le solo de violon à 22’ de l’Allegro energico), ce que le chef réalise en couleurs, timbres, nuances, vision d’architecte est à couper le souffle. Il fait du final, non pas un siphon vers l’abime mais une aspiration hallucinée vers une nouvelle métamorphose. Non pas arrêt mais passage et électrisation. Eblouissant.

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CLIC D'OR macaron 200Cd Ă©vĂ©nement, critique. MAHLER : Symphonie n°6, MusicAeterna / Teodor Currentzis — Moscou, juillet 2016 (1 cd SONY classical). CLIC de CLASSIQUENEWS de dĂ©cembre 2018 – Parution : 26 octobre 2018.

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VISITER AUSSI LE SITE MAHLER / Teodor Currentzis

CD événement, annonce. MAHLER : 6ème Symphonie. Teodor Currentzis (juil 2016, 1 cd Sony classical)

teodor_currentzis_52CD Ă©vĂ©nement, annonce. MAHLER : 6ème Symphonie. Teodor Currentzis (juil 2016, 1 cd Sony classical). Après une autre symphonie, elle aussi intense, tragique et aussi habitĂ©e par le sentiment de la rĂ©sistance et de la reconstruction intime, – 6è Symphonie « pathĂ©tique » de Tchaikovski (enregistrĂ©e Ă  Berlin en 2015, Ă©ditĂ©e en fĂ©vrier 2018, CLIC de CLASSIQUENEWS). Le chef iconoclaste, radical Teodor Currentzis, dont le questionnement critique fait sens, s’attaque ici Ă  la Symphonie n°6 de Mahler : aussi introspective, profonde, et finalement autobiographique que celle de Tchaikovski. C’est aussi un dĂ©fi sur le plan interprĂ©tatif, une gageure sur le plan instrumental : les mondes sonores, les alliages de timbre dĂ©finissent ici un imaginaire poĂ©tique qui transcende angoisse (dans le cas de Tchaikovski), dĂ©pression dans le cas de Gustav Mahler. Sony classical Ă©dite en dĂ©cembre 2018, la nouvelle approche symphonique du maestro souvent provocateur mais dont les options et partis artistiques sont toujours inspirĂ©s par une recherche et une exigence fouillĂ©es ; le nouveau cd devrait produire une lecture dĂ©sormais captivante du massif mahlĂ©rien.

La 6è symphonie de Mahler est l’une des partitions les plus abouties du compositeur ; hymne personnel du destin humain, expĂ©rience intime offerte en partage, la partition qui est la plus sombre de son auteur, exprime la force du destin, l’emprise de la fatalitĂ©… Elle permet surtout aux orchestres de dĂ©montrer leur valeur. Simon Rattle l’a choisie comme enregistrement d’adieu Ă  sa mandature comme directeur musical du Berliner Philharmoniker (superbe coffret Ă©ditĂ© en novembre 2018). Dans le cas de Currentzis, l’enregistrement devrait compter tout autant car le chef et son ensemble MusicAeterna ne laissent jamais indiffĂ©rent, par leur prĂ©cision expressive, leur engagement, une dramaturgie instrumentale et esthĂ©tique particulièrement ciselĂ©e. Dans sa lecture, Teodor Currentzis fait surgir cette beautĂ© tragique qui fait Ă©cho dans l’esprit souvent noir et dĂ©pressif de Gustav Mahler (en particulier dans l’admirable ANDANTE) ; au centre de cette rĂ©vĂ©lation intime, l’ineffable et Ă©ternelle fascination pour la Nature, Ă  la fois rĂ©confortante et Ă©nigmatique… autant de facettes d’une interprĂ©tation parmi les plus passionnantes.

Prochaine critique Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com

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Cd Ă©vĂ©nement, annonce. MAHLER : Symphonie n°6, MusicAeterna / Teodor Currentzis — Moscou, juillet 2016 (1 cd SONY classical). Probable CLIC de CLASSIQUENEWS de dĂ©cembre 2018. A suivre…

CD précédent, critiqué sur CLASSIQUENEWS :

Tchaikovski-Symphonie-numero-6-Pathetique-Opus-74 currentzis musicaeterna par classiquenewsCd, compte rendu critique. TCHAIKOVSKI : Symphonie n°6 « Pathétique », MusicAeterna / Teodor Currentzis (1 cd SONY classical, 2015). La 6è symphonie est le sommet spirituel et introspectif de la littérature tchaikovskyenne : un everest de la poésie intime et interrogative parfois inquiète voire angoissée. Annonçant ce même sentiment de terreur intérieur sublimé d’un Chostakovtich à venir. Les Tchaikovski de Currentzis sont passionnants : ils sont l’autre face d’un voyage artistique habité lui aussi de l’intérieur et qui dans son amplitude élastique, – propre à cette nouvelle génération d’artiste qui traverse tous les répertoires, mais de façon spécialisée – entendez avec l’instrumentarium ad hoc, fourmille d’idées neuves, expressives, remettant les fondamentaux dans un équilibre critique. SONY suit les étapes de ce cheminement expérimental qui exige tout des interprètes réunis sous la coupe du bouillonnant et éclectique maestro. Avec ses instrumentistes de l’ensemble sur instruments d’époque MusicAeterna, Teodor Currentzis a ainsi interrogé Rameau (The Sound of Light), Purcell (avec Peter Sellars : formidable Indian Queen), mais aussi Stravinsky (Le Sacre du Printemps), Mozart (déjà une très intéressante « trilogie » Da Ponte, malgré les faiblesses impardonnables de certains chanteurs dont Kermes en … Comtesse !) ; EN LIRE +

LIVRE, événement, critique. Alma Rosé (Editions Notes de nuit, nov 2018)

ROSE-notes-de-nuit-livre-evenement-critique-livre-musique-par-classiquenews-Alma Rose livre musique critique livre par classiquenewsLIVRE, événement, critique. Alma Rosé (Editions Notes de nuit, nov 2018). Alma Rosé… déjà le prénom est… malhérien. De fait, Alma, fille d’Arnold Rosé et de Justine, fut par cette dernière la nièce de Gustav Mahler. Justine étant la soeur cadette du compositeur. Alma Mahler était sa marraine. Le livre dans sa première traduction en français démêle les noeuds d’une destinée unique et tragique, celle de la jeune autrichienne Alma Rosé, née le 3 novembre 1906, violoniste (comme son père Arnold, fondateur du fameux quatuor éponyme, et premier violon du Philharmonique de Vienne à l’époque où Malher était directeur de l’Opéra), et déportée à Auschwitz, dirigea l’orchestre des femmes musiciennes. Le texte édité par Notes de nuit (publié en anglais au Canada en 2000) restitue ainsi pour la première fois, les éléments d’une destinée artistique sacrifiée, comme il en eut tellement, broyée par la machine nazie, autant de pièces rassemblées patiemment par l’auteur et journaliste Richard Newman, véritable enquêteur, dont le but est de rétablir la trajectoire d’une artiste sensible et talentueuse, au charisme manifeste dont le profil s’est imposé des années après sa disparition, grâce à son frère Alfred que l’auteur a côtoyé et dont il a recueilli les témoignages et documents qu’il avait en sa possession.

A partir de cette filiation fraternelle, se tisse un cheminement de mémoire et de restitution particulièrement soigné et précis qui ressuscite la famille Rosé, son activité artistique, et les choix de vie de sa sœur Alma. Alors en plein essor profitant du contexte de la Vienne dorée au début du siècle, louée entre autres par Zweig… puis pendant la période de l’entre deux guerres. Femme libre et moderne, Alma fonde un orchestre de femmes itinérant dans les années 1930. Quand Hitler prend le pouvoir, ses parents, Arnold et Justine fuient à Londres ; Alfred, aux USA, mais, presque insouciante, Alma poursuit sa carrière aux Pays-Bas, puis arrêtée en France, elle est déportée depuis Drancy à Auschwitz, pour y mourir le 5 avril 1944 (à 37 ans).
Le texte admirable, tĂ©moigne d’une vie vouĂ©e Ă  la musique, en particulier dans le camp d’internement oĂą Alma s’épuise dans dans l’accomplissement de la tâche validĂ©e par les SS : construire l’orchestre de femmes, maintenir coĂ»te que coĂ»te son niveau, prĂ©senter des concerts… Mais la trentenaire est vite rattrapĂ©e par les conditions terrifiantes de la captivitĂ© qui entretiennent le stress et l’épuisement. Tout est ainsi dĂ©voilĂ©, Ă  la lueur mĂ©lancolique et dĂ©chirante de la transcription de l’Etude en mi majeur de Chopin, jouĂ©e par Alma, avec un texte bouleversant de sa plume, – vĂ©ritable confession Ă  la fois poĂ©tique et dĂ©pressive (texte page 402 / 404).
Les nombreux témoignages des consœurs d’Alma à Auschwitz que l’auteur a retrouvées et dont il a recueilli les paroles (les musiciennes de l’orchestre de femmes du camp d’Auschwitz-Birkenau), reconstituent ce qui s’est passé en avril 1944, comment la violoniste appréciée, est morte et comment elle fut accompagnée dans la mort (ce qui tord le cou à bon nombres d’inepties concentrées dans le téléfilm de 1980 de Daniel Mann). Autant de renseignements vérifiés qui complètent aussi le témoignage déjà connu de Fania Fénélon, prisonnière aux côtés d’Alma (texte publié en 1976).
CLIC D'OR macaron 200L’auteur précise le contexte d’une mort dont les conditions précises étaient demeurées incertaines : enfin le diagnostique est élucidé. Au demeurant, le lecteur suit pas à pas et goûte le combat humaniste et fraternel d’une musicienne accomplie soucieuse de réaliser cet idéal musical qu’elle s’était fixé, au delà du contexte et des condition de détention : non par peur des SS (dont elle avait analyser le cynisme cruel avec une clairvoyance absolue et désespérée), non par peur d’être gazée au moindre faux pas, mais pour l’amour de l’art, engagée à servir le beau, et trouver grâce à la musique, la meilleure façon de mourir. Poignant et édifiant.

 
 
 

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LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. ALMA ROSÉ (1096-1944). DE VIENNE Ă€ AUSCHWITZ par Richard Newman & Karen Kirtley (Notes de Nuit, collection Le passĂ© immĂ©diat / parution : le 16 nov 2018, d’après le texte paru en 2000 / traduction de l’anglais : A-S Homassel— BrochĂ© avec rabats. ISBN : 979-10-93176-15-4 – 494 p. Format : 22,5 x 15 cm. 22€ - CLIC de CLASSIQUENEWS dĂ©cembre 2018

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Plus d’infos sur le site de l’éditeur NOTES DE NUIT :
http://www.notesdenuit-editions.net/books/alma-rose-de-vienne-a-auschwitz/

CD, coffret. BERLINER PHILHARMONIKER : Simon RATTLE / MAHLER : Symphonie n°6 (2 cd, 1 blu ray – Ă©ditions Berliner Philharmoniker recordings)

mahler-rattle-symphony-symphonie-6-berliner-philharmoniker-annonce-review-critique-cd-par-classiquenewsCD, coffret. BERLINER PHILHARMONIKER : Simon RATTLE / MAHLER : Symphonie n°6 (2 cd, 1 blu ray – Ă©ditions Berliner Philharmoniker recordings). La 6è de Mahler marque un tournant dĂ©cisif dans le travail de l’orchestre et du chef britannique : voici leur premier enregistrement de novembre 1987 ; puis celui de juin 2018, – soit 30 ans après, tel le volet de la saison des adieux, car Simon Rattle quitte le direction musicale Ă  l’étĂ© 2018 (après 16 annĂ©es d’une direction qui laisse pourtant mitigĂ©). C’est un apport rĂ©flĂ©chi qui trouve un Ă©cho prĂ©cĂ©dent d’une admirable profondeur, plus profonde, mieux ambivalente Ă  notre avis ; avec les annĂ©es, la sonoritĂ© s’est enrichie, atteignant une rondeur hĂ©doniste que n’aurait pas dĂ©savouĂ© Claudio Abbado. Mais qui a perdu son sens des contrastes et des vertiges intĂ©rieurs… Avec les annĂ©es, Rattle s’est comme assagi, optant en 2018 pour une lecture d’une perfection sonore très (trop) sĂ©duisante) ; mais en novembre 1987, il y avait un souffle d’une tension « wagnĂ©rienne », une âpretĂ© qui s’est attĂ©nuĂ©e avec les annĂ©es… La confrontation entre les deux lectures est passionnante et dĂ©voile l’évolution d’un travail en complicitĂ© et en approfondissement. Double vision en guise de testament artistique du chef qui tire sa rĂ©vĂ©rence, et fait ainsi ses adieux en juin 2018 par l’enregistrement, aux instrumentistes du Berliner Philharmoniker. Grande critique du coffret Symphonie n°6 de Gustav Mahler par Simon Rattle et le Philharmoniker Berliner, Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com.

 
 
 

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CONTENU du coffret

 
 
 

Berliner Philharmoniker
Sir Simon Rattle, direction / conductor

Gustav Mahler : Symphony No. 6 

CD 1: Recorded in June 2018 from the Philharmonie Berlin
CD 2: Recorded in November 1987 from the Philharmonie Berlin

Bonus video:
Documentary: “Echoing an Era: Simon Rattle and the Berliner Philharmoniker,

2002-2018” (67 min)
Introduction by Sir Simon Rattle (10 min)

 
 
 

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Gustav Mahler: Symphony No. 6
2 CD + 1 Blu-ray + download / hardcover linen edition
Prix indicatif : 44, 90 euros

Contenu du coffret commémoratif
CDs 1&2 :
Gustav Mahler: Symphony No. 6
CD 1: Recording from 20 June 2018
CD 2: Recording from 15 November 1987
BLU-RAY DISC :
Concert Video: Symphony No. 6 from 20 June 2018 (83 min)
High resolution audio:
Symphony No. 6 from 20 June 2018
2.0 PCM Stereo 24-bit/96 kHz
5.1 DTS-HD MA 24-bit/96 kHz
Symphony No. 6 from 15 November 1987
2.0 PCM Stereo 24-bit/96 kHz
Bonus
· Documentary: “Echoing an Era – Simon Rattle and the Berliner Philharmoniker 2002–2018” (67 mins)
· Introduction by Sir Simon Rattle
Full HD 16:9 / PCM Stereo
5.1 Surround DTS-HD
Region Code: ABC (worldwide)
Accompanying booklet
72 pages / German, English
Download Code
For high resolution audio files of
the entire album (24-bit / up to 192 kHz)
Digital Concert Hall
7- Day Ticket for the Berliner Philharmoniker’s
virtual concert hall

 
 
 

MAHLER-RATTLE-Symphonie-symphony-6-berliner-philharmoniker-review-cd-critique-cd-par-classiquenews-CLIC-de-CLASSIQUENEWS

 
 
 

Plus d’infos sur le site du Berliner Philharmoniker :
https://www.berliner-philharmoniker-recordings.com/mahler-6.html

 
 
 

Riccardo Chailly dirige la 8ème de Mahler à Lucerne

arte_logo_2013ARTE. Mahler: Symphonie n°8. Dimanche 28 août 2016,17h30. Riccardo Chailly à Lucerne, pilote les effectifs locaux dans la gigantesque et goethéenne symphonie n°8, dite « des Mille », sommet symphonique et choral signé par le grand Gustav en quête d’absolution. C’est le temps fort du Festival de Lucerne 2016 (Suisse). Comment parcourir les séquences vertigineuses de cette grande messe symphonique ? La 8ème de Mahler est l’un des plus grands défis qui se dressent face à l’orchestre et son chef…

Riccardo Chailly dirigeantL’Éternel FĂ©minin / Nous entraĂ®ne en haut », sur les pas de Wagner, Mahler achève sur ces ultimes mots (extraits du Second Faust de Goethe), sa Symphonie n°8, l’une des plus ambitieuses jamais Ă©crites. Si le dĂ©sir masculin est vorace et sans fin, l’éternel fĂ©minin (incarnĂ© probablement par son Ă©pouse Alma) permet d’atteindre au renoncement et Ă  la paix ultime, tant recherchĂ©s. D’emblĂ©e, l’hymne du dĂ©but, ouvrant la première partie de la Symphonie, inscrit la partition comme le parcours d’une quĂŞte surtout spirituelle voire mystique (l’Hymne de la PentecĂ´te Veni Creator Spiritus, invocation du Saint-Esprit y façonne comme au dĂ©but de la Messe en si de JS Bach, un portique d’ouverture aux proportions vertigineuses et colossales). A ceux qui lui reprochait de n’avoir pas composĂ© de cycle sacrĂ©, Mahler arguait que “sa Huitième Symphonie Ă©tait une messe”… EnregistrĂ© Ă  Lucerne, les 12 et 13 aoĂ»t 2016.

LUCERNE FESTIVAL ORCHESTRA
Chœur de la Radio bavaroise
Latvian Radio Choir
OrfeĂłn Donostiarra
Chœur d’enfants de Tölz
Riccardo Chailly, direction
Ricarda Merbeth, Magna Peccatrix
Christine Goerke, Una poenitentium
Anna Lucia Richter, Mater gloriosa
Sara Mingardo, Mulier Samaritana
Mihoko Fujimura, Maria Aegyptiaca
Andreas Schager, Doctor Marianus
Peter Mattei, Pater ecstaticus
Samuel Youn, Pater profundus

Gustav Mahler (1860–1911) : Symphonie n° 8 en mi bémol majeur Symphonie des Mille . ARTE, dimanche 28 août 2016, 17h30. LIRE aussi la page dédiée à la Symphonie n°8 par Riccardo Chailly, les 12 et 13 août 2016 sur le site du Festival de Lucerne 2016

 

Livres. Le retour de Gustav Mahler (Actes Sud)

zweig-stefan-le-retour-de-gustav-mahler-actes-sud-essais-inedits-avril-2015-compte-rendu-critique-CLIC-de-classiquenews-avril-2015Livres. Le retour de Gustav Mahler (Actes Sud). Zweig librettiste de Richard Strauss (La Femme sans ombre) après la mort du poète Hofmannsthal Ă©tait bien connu et sa carrière renseignĂ©e. Mais ici Actes Sud publie deux textes passionnants et moins exposĂ©s, propres Ă  ses annĂ©es de jeunesse et de formation musicale Ă  Vienne, dĂ©diĂ©s tous deux Ă  l’autre grande figure symphonique, contemporaine de Strauss : Gustav Mahler, alors directeur de l’opĂ©ra de Vienne (1897-1907) ; une dĂ©cennie miraculeuse qui a marquĂ© les esprit par son niveau artistique et la qualitĂ© des productions lyriques, rĂ©alisĂ©es avec l’homme de théâtre Max Reinhardt, que Mahler nomme et qui fondera en 1922, avec Strauss et Hofmannsthal, le festival estival de Salzbourg. Admirateur alors Ă  Vienne du chef le plus scrupuleux et le plus charismatique de son temps (ses productions dirigĂ©es Ă  Vienne restent lĂ©gendaires, avant celle de Karajan), Zweig dans son texte dithyrambique, ” le retour de Gustav Mahler “, rend hommage au chef dirigeant comme personne Gluck, Mozart (Don Giovanni, Les Noces de Figaro…), Wagner (La Walkyrie) ou Beethoven (Fidelio) ; il sait aussi prĂ©ciser la volontĂ© de dĂ©passement et d’accomplissement d’un compositeur qui l’a marquĂ© pour sa Symphonie n°8, créée en 1910 et aussi son adieu irrĂ©sistible, exprimĂ© dans “Le Chant de la terre“. Apercevoir dans la rue Gustav Mahler, “constituait un Ă©vĂ©nement que l’on rapportait Ă  ses camarades le lendemain comme un triomphe personnel”, Ă©crit Zweig dans sa biographie, Le Monde d’hier, postĂ©e en 1942 Ă  son Ă©diteur, la veille de son suicide au BrĂ©sil. C’est dire ce qu’a pu symboliser cette pĂ©riode mahlĂ©rienne dans l’esprit de l’esthète mĂ©lomane Zweig.
Dans une Autriche rĂ©gie “par un vieillard, gouvernĂ©e par de vieux ministres”, la nomination Ă  38 ans de Gustav Mahler fait figure d’”exception inouĂŻe”, poursuit-il. Mais en 1907, 4 ans avant sa mort, Mahler, juif non intĂ©grĂ© car mal acceptĂ©, est poussĂ© Ă  abandonner la direction de l’OpĂ©ra de Vienne. Zweig signe un texte de soutien, puis en 1910, Ă  l’occasion des 50 ans du compositeur, il Ă©crit un long poème, Der Dirigent : “Une ruche dorĂ©e, dont les rayons accueillent, une cohue bourdonnante, et c’est ainsi qu’apparaĂ®t l’Ă©difice inondĂ© par la lumière et par l’attente de tous ces gens rĂ©unis en un essaim d’enthousiasme”…

Stefan Zweig rend hommage Ă  Mahler comme compositeur et comme chef

Mahler, héros de la Vienne fin de siècle

stefan-zweig-539975.jpgL’Ă©crivain exprime avec lyrisme, la prĂ©sence charismatique du chef qui depuis la fosse, permet le surgissement de la poĂ©sie pure, du dĂ©lire extatique qui fait de l’instant musical un pont vers l’Ă©ternitĂ©. En 1915, Zweig publie ensuite dans le quotidien viennois Neue Freie Presse un essai, Le retour de Gustav Mahler, dans lequel il tente de portraiturer la figure et l’homme sous la carrure du chef. La sensibilitĂ© et l’Ă©motion affleure toujours chez Zweig qui prĂ©cise : “pour nous, pour toute une gĂ©nĂ©ration, il fut davantage qu’un musicien, davantage qu’un simple artiste: il fut la part inoubliable de notre jeunesse”. Comme toujours chez Zweig, l’art et la culture sont des remparts contre la barbarie qui menace de tout temps le dĂ©licat Ă©quilibre dĂ©mocratique comme l’exercice des libertĂ©s.
Après coup et avec le recul, le texte et la prose de Zweig confine parfois Ă  la broderie sensible mais sa sincĂ©ritĂ© et une certaine facilitĂ© pour la formule recueillie, apportent de facto un Ă©clairage sur le goĂ»t d’une Ă©poque : celle du Zweig, frappĂ© par la première guerre : on sait que le second coup celui de 1939, lui sera fatal. En 1915, le poète Ă©crivain exprime surtout de façon nostalgique, cette Vienne musicale et miraculeuse qui Ă  l’Ă©poque de Mahler, savait produire des miracles artistiques et culturels.
Homme dĂ©monique, saisissant par sa puissance et sa volontĂ©, sa profonde tristesse comme sa sincĂ©ritĂ© visionnaire, Mahler incarne pour le Zweig mĂ©lancolique des annĂ©es 1910, ce PromĂ©thĂ©e qui après Beethoven a pu insuffler une vision hors des contingences historiques. L’universel poĂ©tique et philosophique contre la fatalitĂ© et l’obscurantisme du cataclysme politique (que Zweig avait en horreur) : pour Zweig, de 16 ans le cadet de son idĂ´le viennoise, la musique totalise les aspirations des hommes de bien contre le pĂ©ril Ă  venir. MĂŞme s’il ne le rencontre directement jamais – sauf Ă  l’occasion de leur retour simultanĂ© Ă  bord du transatlantique en 1910 oĂą le jeune Ă©crivain dĂ©couvre un malade alitĂ©, usĂ© par ses engagements Ă  New York, alors assistĂ© par son Ă©pouse Alma, Zweig voue une admiration sans borne au chef compositeur dont il ressent le sentiment hĂ©roĂŻque de l’accomplissement.

zweig-stefan-portrait-tete-le-retour-de-gustav-mahlerDans ces deux textes (le poème Der dirigent, puis Le retour de Gustav Mahler) dont il convient de maĂ®triser le contexte pour en comprendre la portĂ©e poĂ©tique et esthĂ©tique outre leur contingence Ă©motionnelle immĂ©diate, Zweig apporte son offrande sincère Ă  l’oeuvre du Mahler chef d’orchestre et directeur de l’OpĂ©ra de Vienne comme au compositeur, alors que d’autres comme Romain Rolland s’entĂŞtait Ă  ne rien comprendre au travail de Mahler.

Livres. Le retour de Gustav Mahler (Actes Sud). Deux textes inédits. Parution : avril, 2015 / 10,0 x 19,0 / 64 pages, ISBN 978-2-330-04804-4. Prix indicatif : 9, 80€.

Reportage vidéo : Le JOA Jeune Orchestre Atlantique interprète la Titan de Mahler sous la direction de Philippe Herreweghe (juillet 2013)

JOA_jeune_orchestre_atlantiqueReportage vidĂ©o: Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’Ă©poque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonoritĂ©s Ă©tranges et familières, Ă  la fois autobiographiques donc intĂ©rieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spĂ©cifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et Ă©tagements malhĂ©riens. A Saintes, lieu de rĂ©sidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se rĂ©alise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immĂ©diatement, ainsi au diapason d’une subjectivitĂ© Ă  l’Ă©chelle du cosmos, Ă©tablissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernitĂ© complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidĂ©o CLASSIQUENEWS.COM

Le JOA Jeune Orchestre Atlantique joue la Symphonie n°1 “Titan” de Mahler (juillet 2013)

Depuis ses premières sessions à l’Abbaye aux Dames de Saintes, le JOA Jeune Orchestre Atlantique ne cesse de porter toujours plus loin les apports bénéfiques des instruments d’époque dans l’interprétation des partitions classiques et romantiques; rien n’égale en Europe la formation ainsi proposée aux jeunes instrumentistes venus du monde entier pour y suivre les conseils de l’équipe pédagogique, de façonner et perfectionner leur propre jeu sous la conduite des chefs aujourd’hui reconnus. Cette année, volet toujours très attendu du festival estival, le JOA ose aller plus loin encore ; il repousse le cadre chronologique des périodes classiques et romantiques … jusqu’à la Symphonie n°1 Titan de Gustav Mahler (1889) … un nouveau défi post romantique se dresse face à l’énergie et à la curiosité des apprentis musiciens et pour lequel s’engage aussi le chef flamand Philippe Herreweghe qui depuis sa création, suit les avancées et l’évolution de l’orchestre. Captation intégrale de la Symphonie n°1 Titan, week end inaugural du festival de Saintes 2013. Intégral du 4ème mouvement. © CLASSIQUENEWS.TV 2013

VIDEO. Daniel Kawka : OSE, l’orchestre nouvelle gĂ©nĂ©ration. Mort Ă  Venise, le chant mahlĂ©rien

OSE_visuel_197REPORTAGE VIDEO. En 2014, le chef français Daniel Kawka inaugure avec son nouvel orchestre OSE et avec la complicitĂ© du baryton Vincent Le Texier, son nouveau programme symphonique dĂ©diĂ© Ă  Gustav Mahler : ” Mort Ă  Venise, le chant mahlĂ©rien “, une immersion passionnante dans l’Ă©criture poĂ©tique, visionnaire, enivrĂ©e du compositeur postromantique, contemporain de Richard Strauss. Le concert associe les partitions maĂ®tresses du Mahler symphoniste (Adagietto de la 5ème Symphonie, Adagio de la 10ème) aux deux corpus lyriques, sommets de la littĂ©rature des lieder pour orchestre : les RĂĽckert lieder aux contrastes printaniers et intimes, les Kindertotenlieder, chants dĂ©chirants pour les enfants morts. IdentitĂ©, rĂ©pertoire, missions du nouvel orchestre OSE… Reportage vidĂ©o exclusif studio CLASSIQUENEWS.tv © 2014.

Prochains concerts de l’Orchestre OSE. Daniel Kawka, direction :

Programme ” L’Oiseau de feu “ – Stravinsky, TchaĂŻkovski, Bizet
Stravinsky : L’Oiseau de feu, Tchaikovsky : Concerto pour violon, Bizet : L’ArlĂ©sienne
violon solo : Rachel Kolly d’Alba

Les 10, 11 et 12 juillet 2014
(L’estival de la Bâtie, Château de la Bâtie, 42130 Saint-Etienne le Molard)

Festival Berlioz, le 21 août 2014

Programme Gustav Mahler : Mort Ă  Venise
Le 30 septembre 2014 Ă  Aix en Provence
30 septembre 2014 : Grand Théâtre de Provence (13)

Informations, réservations sur le site de l’Orchestre Ose

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Approfondir
Daniel Kawka, le nouvel orchestre OSEEn LIRE + 

 

 

OSE_visuel_197Ose est le nouvel orchestre fondé par le chef Daniel Kawka. Fonctionnement coopératif, dialogue et égalité parmi les musiciens forment un nouveau type de collectif dont les valeurs partagées assurent une nouvelle qualité d’interprétation. Pour sa première tournée (en Rhône-Alpes, puis à Aix en Provence au Grand Théâtre en septembre 2014), chef et instrumentistes abordent l’amour et la mort du chant mahlérien (avec la complicité du baryton Vincent Le Texier)… Le Chant Mahlérien : mort à Venise met en lumière la flamme crépusculaire d’un Mahler éprouvé, accablé et finalement, subtilement transfiguré … alchimie des timbres, équilibre des pupitres, dynamiques et balances réinvesties, souci du phrasé spécifique, le travail des musiciens d’Ose défendent avec passion et transparence l’un des programmes mahlériens les mieux conçus à ce jour. En lire +

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9ème Symphonie de Gustav Mahler de Tours

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursTours, les 12 et 13 avril 2014. Mahler : Symphonie n°9. ORSCT, Jean-Yves Ossonce. Symphonie d’un adieu pacifié. Malade, presque cinquantenaire, affaibli mais pas exténué, Gustav Mahler compose sa Symphonie n°9. La conscience de la mort, la souffrance de la perte, les crises intérieures, multiples, toujours vivaces, inspirent au compositeur, l’une de ses partitions les plus autobiographiques, et l’aboutissement d’un chemin personnel et mystique parcouru depuis sa Première Symphonie “Titan”. La partition est écrite au même moment que son Chant de la Terre, hymne au mystère de la nature, terrifiante et stimulante, à la fois lamento bouleversant à la suite de la mort de sa fille Maria et aussi, suprême aspiration à la paix. De sorte que sa Dixième Symphonie serait si l’on intègre son Chant de la terre dans le cycle des oeuvres orchestrales, comme un Dixième opus.
Conçue de l’été 1908 au début de l’année 1909, la Symphonie n°9 embrasse toute l’expérience acquise, vécue, souhaitée, détestée. Mahler y mêle tous les sentiments en un vaste cycle épique, dont le souffle, l’énergie, l’élévation semblent rejoindre le “grand tout”. C’est un désir de témoigner et aussi, un effort de détachement. Intensité, recul. Engagement, détente. Renoncement et adieux, détente, oubli, apaisement… action, philosophie et examen critique. Le compositeur y laisse un adieu, inspiré par la quête d’une sérénité finalement atteinte.

L’Orchestre Symphonique Région Centre Tours OSRCT sous l’impulsion de son chef attitré Jean-Yves Ossonce perpétue ainsi l’active tradition symphonique à Tours qui compte déjà plusieurs accomplissements comme les Symphonie de Brahms,  Magnard,   surtout un récent cycle Tchaïkovski qui s’est révélé passionnant et dont classiquenews a rendu compte régulièrement. En lire +

 

Opéra de Tours
Saison symphonique 2013-2014.
Grand Théâtre-Opéra, les 12 et 13 avril 2014
Gustav Mahler : Symphonie n°9 en ré majeur
OSRCT, Orchestre Symphonique Région Centre Tours
Jean-Yves Ossonce, direction

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9ème Symphonie de Mahler Ă  l’OpĂ©ra de Tours

Grand concert Mahler par l'Orchestre OSE. Daniel Kawka, directionTours, les 12 et 13 avril 2014. Mahler : Symphonie n°9. ORSCT, Jean-Yves Ossonce. Symphonie d’un adieu pacifié. Malade, presque cinquantenaire, affaibli mais pas exténué, Gustav Mahler compose sa Symphonie n°9. La conscience de la mort, la souffrance de la perte, les crises intérieures, multiples, toujours vivaces, inspirent au compositeur, l’une de ses partitions les plus autobiographiques, et l’aboutissement d’un chemin personnel et mystique parcouru depuis sa Première Symphonie “Titan”. La partition est écrite au même moment que son Chant de la Terre, hymne au mystère de la nature, terrifiante et stimulante, à la fois lamento bouleversant à la suite de la mort de sa fille Maria et aussi, suprême aspiration à la paix. De sorte que sa Dixième Symphonie serait si l’on intègre son Chant de la terre dans le cycle des oeuvres orchestrales, comme un Dixième opus.
Conçue de l’étĂ© 1908 au dĂ©but de l’annĂ©e 1909, la Symphonie n°9 embrasse toute l’expĂ©rience acquise, vĂ©cue, souhaitĂ©e, dĂ©testĂ©e. Mahler y mĂŞle tous les sentiments en un vaste cycle Ă©pique, dont le souffle, l’énergie, l’élĂ©vation semblent rejoindre le “grand tout”. C’est un dĂ©sir de tĂ©moigner et aussi, un effort de dĂ©tachement. IntensitĂ©, recul. Engagement, dĂ©tente. Renoncement et adieux, dĂ©tente, oubli, apaisement… action, philosophie et examen critique. Le compositeur y laisse un adieu, inspirĂ© par la quĂŞte d’une sĂ©rĂ©nitĂ© finalement atteinte.

Composée à l’été 1909 à Toblach, la Symphonie n°9 ne fut créée que le 26 juin 1912, par Bruno Walter à Vienne, soit presque un an après la disparition du compositeur.
L’oeuvre, d’une architecture complexe et inédite, compte quatre mouvements: deux mouvements lents (Andantecommodo et Adagio), encadrent deux mouvements vifs, “Laendler” et Rondo Burleske). Chacun est développé dans une tonalité spécifique. Poursuite ou non de son Chant de la Terre, qui la précède, (partition composée à l’été 1908) la Neuvième Symphonie expérimente de nouvelles possibilités, basculant entre l’ultime sérénité et l’adieu plus difficile à la Terre. Alban Berg, ardent défenseur des symphonies mahlériennes, admire en particulier l’enchantement du premier mouvement, parcouru de signes annonciateurs de l’inéluctable mort…
C’est peut-être avec la Septième, -notre préférée-, que Mahler, dans la Neuvième, et tout aussi clairement, exprime sa lucidité pleine et entière, à la fois ressentiment et exaspération, mais aussi espérance et tendresse. Le musicien illustre les vertiges d’une conscience épanouie qui ose voir l’horrible et hideuse mort; l’homme s’y remémore les épisodes d’une vie faite de remords cyniques et d’élans irrésistibles, tous étirés dans leur immensité suspendues. Le cadre classique implose, entièrement soumis aux distorsions convulsives ou aériennes de la psyché.
Orchestrateur sensitif et visionnaire, Mahler explore toutes les palettes de timbres et de couleurs de l’orchestre, où chaque instrument devient voix de l’âme.

Mahler_gustav_profilL’Orchestre Symphonique RĂ©gion Centre Tours OSRCT sous l’impulsion de son chef attitrĂ© Jean-Yves Ossonce perpĂ©tue ainsi l’active tradition symphonique Ă  Tours qui compte dĂ©jĂ  plusieurs accomplissements comme les Symphonie de Brahms,  Magnard,   surtout un rĂ©cent cycle TchaĂŻkovski qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© passionnant et dont classiquenews a rendu compte rĂ©gulièrement.
Prolongeant les vertiges introspectif d’un TchaĂŻkovski trouble et lyrique, tendre et angoissĂ© (magistrale Symphonie n°6 entre autres),  les musiciens tourangeaux accostent en terres malhĂ©riennes. .. des paysages finement orchestrĂ©s dont la flamboyance associe terreur panique, nostalgie d’une innocence perdue, surtout aspiration au dĂ©passement de soi, entre quĂŞte spirituelle et renoncement ultime. Mahler au dĂ©but du XXème -le compositeur meurt en 1911-, demeure le plus grand symphoniste contemporain de Richard Strauss,  autre immense narrateur,  saisissant par le souffle dramatique et lui aussi, par le raffinement inouĂŻ de son orchestration. Pour Tours, cette 9ème Symphonie mahlĂ©rienne est une première, donnĂ©e en quasi première tourangelle. Concert symphonique Ă©vĂ©nement.

Opéra de Tours
Saison symphonique 2013-2014.
Grand Théâtre-Opéra, les 12 et 13 avril 2014
Gustav Mahler : Symphonie n°9 en ré majeur
OSRCT, Orchestre Symphonique Région Centre Tours
Jean-Yves Ossonce, direction

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Tournée. OSE, le nouvel orchestre de Daniel Kawka, les 7 et 8 février 2014

Kawka_daniel_OSE_orchestreOrchestre OSE. Daniel Kawka. Concert Gustav Mahler: Mort Ă  Venise. Les 7 et 8 fĂ©vrier 2014. A Privas 07) puis Saint-Priest (69), le chef Daniel Kawka offre un sublime programme Gustav Mahler avec son nouvel orchestre OSE et la complicitĂ© du baryton Vincent Le Texier…  Ose est le nouvel orchestre fondĂ© par le chef Daniel Kawka. Fonctionnement coopĂ©ratif, dialogue et Ă©galitĂ© parmi les musiciens forment un nouveau type de collectif dont les valeurs partagĂ©es assurent  une nouvelle qualitĂ© d’interprĂ©tation. Pour sa première tournĂ©e (en RhĂ´ne-Alpes, puis Ă  Aix en Provence au Grand Théâtre en septembre 2014), chef et instrumentistes abordent l’amour et la mort du chant mahlĂ©rien (avec la complicitĂ© du baryton Vincent Le Texier)… Le Chant MahlĂ©rien : mort Ă  Venise met en lumière la flamme crĂ©pusculaire d’un Mahler Ă©prouvĂ©, accablĂ© et finalement, subtilement transfigurĂ© … alchimie des timbres, Ă©quilibre des pupitres, dynamiques et balances rĂ©investies, souci du phrasĂ© spĂ©cifique, le travail des musiciens d’Ose dĂ©fendent avec passion et transparence l’un des programmes mahlĂ©riens les mieux conçus Ă  ce jour. En lire +

OSE_daniel_575

programme

1ère partie

Kindertoten Lieder / Chants pour voix et orchestre
(20 min environ)

Symphonie n°10, Adagio / Pour orchestre seul
(25 min environ)

Entracte

2ème partie
Ruckert Lieder / Chants pour voix et orchestre
(25 min environ)

Symphonie n°5, Adagietto « Mort à Venise »
Pour orchestre seul (10 min environ)

 

 

MAHLER_GUSTAV_UNE_veranstaltungen_gustav_mahler_musikwochen_024_gustav_mahler_musikwochen_bigAgenda 2014 :
TournĂ©e Gustav Mahler par l’Orchestre Ose
Vincent Le Texier, baryton
Daniel Kawka, direction
5 dates en janvier et février 2014
pour vivre le grand frisson wagnérien

Aprofondir:

Lire notre dossier spécial Rückert lieder (1901-1902)
Lire notre dossier spécial Kindertotenlieder (1901-1904)

2 dates événements :

 

OSE_logo_NOIR7 février 2014 : Théâtre de Privas, Privas (07), 20h30

OSE_logo_NOIR8 février : Théâtre Théo Argence, Saint Priest (69), 17h

Durée totale du concert: 1h40, avec entracte
Effectif: 80 musiciens
Chaque œuvre est précédée d’une lecture de lettres d’amour écrites de Gustav Mahler et adressées à Alma Mahler

Informations, rĂ©servations sur le site de l’Orchestre Ose

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Autre dates de l’Orchestre OSE en 2014 :
Programme Stravinsky, TchaĂŻkovski, Bizet
les 10, 11 et 12 juillet 2014

Festival Berlioz le 21 août 2014

Le programme Gustav Mahler : Mort Ă  Venise est repris le 30 septembre 2014 Ă  Aix :

30 septembre 2014 : Grand Théâtre de Provence (13)

 

 

TournĂ©e. OSE, le nouvel orchestre de Daniel Kawka, jusqu’au 8 fĂ©vrier 2014

Kawka_daniel_OSE_orchestreOrchestre OSE. Daniel Kawka. Concert Gustav Mahler: Mort Ă  Venise. Du 24 janvier au 8 fĂ©vrier 2014. A partir du film de Visconti qui sur les traces de Thomas Mann, imagine le compositeur Gustav Mahler vivant ses derniers instants Ă  Venise Ă  l’Ă©poque d’une Ă©pidĂ©mie, l’Orchestre Ose et Daniel Kawka cĂ©lèbrent les feux flamboyants de ce romantisme enivrant spĂ©cifiquement vĂ©nitien (lagunaire) Ă  partir du fameux Adagietto de la Symphonie n°5 de Mahler (1902), vĂ©ritable emblème du film : le mouvement est selon les sources accompagnant la genèse de la Symphonie, un hymne amoureux Ă  son Ă©pouse, Alma Mahler. Ose est le nouvel orchestre fondĂ© par le chef Daniel Kawka. Fonctionnement coopĂ©ratif, dialogue et Ă©galitĂ© parmi les musiciens forment un nouveau type de collectif dont les valeurs partagĂ©es assurent  une nouvelle qualitĂ© d’interprĂ©tation. Pour sa première tournĂ©e (en RhĂ´ne-Alpes, puis Ă  Aix en Provence au Grand Théâtre en septembre 2014), chef et instrumentistes abordent l’amour et la mort du chant mahlĂ©rien (avec la complicitĂ© du baryton Vincent Le Texier)… Le Chant MahlĂ©rien : mort Ă  Venise met en lumière la flamme crĂ©pusculaire d’un Mahler Ă©prouvĂ©, accablĂ© et finalement, subtilement transfigurĂ© … alchimie des timbres, Ă©quilibre des pupitres, dynamiques et balances rĂ©investies, souci du phrasĂ© spĂ©cifique, le travail des musiciens d’Ose dĂ©fendent avec passion et transparence l’un des programmes mahlĂ©riens les mieux conçus Ă  ce jour.

 
 
 

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programme

1ère partie

Kindertoten Lieder / Chants pour voix et orchestre
(20 min environ)

Symphonie n°10, Adagio / Pour orchestre seul
(25 min environ)

Entracte

2ème partie
Ruckert Lieder / Chants pour voix et orchestre
(25 min environ)

Symphonie n°5, Adagietto « Mort à Venise »
Pour orchestre seul (10 min environ)

 

 

MAHLER_GUSTAV_UNE_veranstaltungen_gustav_mahler_musikwochen_024_gustav_mahler_musikwochen_bigAgenda 2014 :
TournĂ©e Gustav Mahler par l’Orchestre Ose
Vincent Le Texier, baryton
Daniel Kawka, direction
5 dates en janvier et février 2014
pour vivre le grand frisson wagnérien

Aprofondir:

Lire notre dossier spécial Rückert lieder (1901-1902)
Lire notre dossier spécial Kindertotenlieder (1901-1904)

5 dates événements :

 

OSE_logo_NOIR24 janvier 2014 : La Rampe, Echirolles (38), 20h

OSE_logo_NOIR28 janvier 2014 : Le Grand Angle, Voiron (38), 20h

OSE_logo_NOIR29 janvier 2014 : Le Dôme Théâtre, Albertville (73), 20h30

OSE_logo_NOIR7 février 2014 : Théâtre de Privas, Privas (07), 20h30

OSE_logo_NOIR8 février : Théâtre Théo Argence, Saint Priest (69), 17h

Durée totale du concert: 1h40, avec entracte
Effectif: 80 musiciens
Chaque œuvre est précédée d’une lecture de lettres d’amour écrites de Gustav Mahler et adressées à Alma Mahler

Informations, rĂ©servations sur le site de l’Orchestre Ose

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Autre dates de l’Orchestre OSE en 2014 :
Programme Stravinsky, TchaĂŻkovski, Bizet
les 10, 11 et 12 juillet 2014

Festival Berlioz le 21 août 2014

Le programme Gustav Mahler : Mort Ă  Venise est repris le 30 septembre 2014 Ă  Aix :

30 septembre 2014 : Grand Théâtre de Provence (13)

 
 

Compte-rendu, concert. Echirolles. La Rampe, scène nationale, vendredi 24 janvier 2014. Le chant mahlĂ©rien : mort Ă  Venise. Orchestre OSE. Daniel Kawka, direction. Concert inaugural de la tournĂ©e ” le chant mahlĂ©rien “.

Echirolles. La Rampe, scène national, vendredi 24 janvier 2014. Le chant mahlĂ©rien : mort Ă  Venise. Orchestre OSE. Daniel Kawka, direction. Gustav Mahler : Symphonie n°10 (Adagio), Symphonie n°5 (Adagietto). RĂĽckert lieder, Kindertotenlieder (Vincent Le Texier, baryton). Concert inaugural de la tournĂ©e ” le chant mahlĂ©rien “.

 

 

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ImmĂ©diatement le geste et la vision de Daniel Kawka dirigeant son premier concert en tournĂ©e avec les instrumentistes de son nouvel  orchestre Ose,  frappe par son esthĂ©tique clairement chambriste. Une quĂŞte permanente d’homogĂ©nĂ©itĂ©, de transparence, le chant pur d’une voix intĂ©rieure jamais impĂ©rieuse qui superbement dĂ©fendue par l’ocĂ©an des cordes (l’unisson soyeux du combiné  violons-altos est le pilier de la vision) exprime au plus juste les tiraillements autobiographiques de Mahler.
Du reste, le programme très pertinemment conçu, veille Ă  rĂ©tablir la place de la confession, pas dĂ©versoir ni bavardage… mais tĂ©moignage pudique et sincère dont la douleur Ă©tale nourrit ici la prĂ©sence des deux plages purement symphoniques : d’abord l’aboutissement mystique de l‘Adagio de la 10 ème Symphonie (placĂ© en ouverture : dĂ©fi redoutable relevĂ© par les musiciens du nouvel orchestre), puis voluptĂ© ineffable de l’Adagietto de la 5ème, vĂ©ritable dĂ©claration amoureuse pour l’aimĂ©e de toute une existence: Alma.
La rĂ©alisation en est d’autant plus charnue mais limpide et coulante et fluide qu’ici seules les cordes ciselĂ©es, – ourlĂ©es / nimbĂ©e par l’aĂ©rienne harpe, rĂ©alisent par paliers l’Ă©lĂ©vation quasi spirituelle de cet aveu d’amour.

 

Orchestre coopératif

Renoncement mystique d’abord,  puis ivresse voire extase Ă©motionnelle…. l’Ă©chelle des affects est Ă©tendue,  impressionnante… Ă  la mesure de la vision du chef suractif qui imagine demain pour la phalange créée avec l’audace des pionniers, un fonctionnement collĂ©gial et Ă©galitaire oĂą tout un chacun quelle que soit sa place dans l’orchestre est rĂ©munĂ©rĂ© de la mĂŞme façon … une sorte de coopĂ©rative intelligente et respectueuse oĂą chacun ayant trouvĂ© sa juste voix contribue Ă  l’activitĂ© collective.
On est loin des orchestres fonctionnarisĂ©s et strictement hiĂ©rarchisĂ©s qui bien que grassement subventionnĂ©s ne se posant plus aucune question. .. tournent en rond en termes de rĂ©pertoire comme dans la conception de l’interprĂ©tation.  Toujours les mĂŞmes Ĺ“uvres … jouĂ©es de la mĂŞme façon. .. voilĂ  qui rassure effectivement tout le monde.
A Grenoble, rien de tel ; c’est la première Ă©tape de la tournĂ©e Le chant mahlĂ©rien, jouer Mahler, -grand rĂ© dĂ©couvert du XX ème siècle (Ă  partir des annĂ©es 1950 seulement grâce Ă  Leonard Bernstein entre autres…) dans une sĂ©ries de salles oĂą le fait symphonique n’est pas si naturel, de surcroĂ®t dĂ©fendu par un nouvel orchestre et dans un programme dense mais passionnant, relève du courage, du dĂ©fi voire de…  l’inouĂŻ. Mais le concert ne doit-il pas aussi nous surprendre, dans le choc inespĂ©rĂ© d’une dĂ©couverte ?

De facto, l’orchestre de Daniel kawka porte bien son nom : il ajoute Ă  son fonctionnement dĂ©mocratique et coopĂ©ratif… l’inĂ©dit,  l’Ă©tonnant,  et par cette programmation très originale, …. les saveurs de l’Ă©laborĂ© en rien Ă©litiste.

Jouer l’Adagio puis l’Adagietto -accomplissements purement symphoniques-, rĂ©inscrit très justement l’Ă©criture mahlĂ©rienne dans l’essor du symphonisme dĂ©but de siècle,  champion des audaces purement orchestrales aux cĂ´tĂ©s de Strauss (tiens voilĂ  une autre idĂ©e originale : confronter Strauss et Mahler ? Certainement prochain avatar Ă  mettre au crĂ©dit des nouveaux chantiers d’Ose car le chef n’en manque pas, loin de lĂ …).
Joindre en complément les deux cycles de lieder : les Rückert puis les Kindertotenlieder, est un rappel fort éloquent de la place du chant et de la voix dans les massifs orchestraux malhériens.

AssociĂ©s au verbe suggestif du baryton Vincent Le Texier, – voix carrĂ©e, affirmĂ©e, d’un viril Ă©vocateur, les musiciens conduits par un chef Ă  l’Ă©coute de plus en plus introspective du texte, font l’expĂ©rience d’un chambrisme mis au diapason des proportions  et de l’Ă©mission vocales ;  le souci des dynamiques, l’Ă©quilibre voix / orchestre constamment ciselĂ© rĂ©tablissent la version originelle des deux ensembles lyriques pour voix d’homme.  Pas accompagnateur mais nouveau partenaire instrumentalement caractĂ©risĂ© et parfois subtilement individualisĂ©… le collectif orchestral gagne un nouveau statut… celui d’une assemblĂ©e de solistes inspirĂ© par le jeu concertant.

Hier wagnĂ©rien nuancĂ© (Ă  Dijon, en octobre  2013, pour un Ring retaillĂ© et donc vilipendĂ© mais musicalement Ă©poustouflant), d’une force de conviction et d’approfondissement peu commune, Daniel Kawka s’engage aujourd’hui avec son propre orchestre pour le chant malhĂ©rien ; subtile approche qui rĂ©serve surprises et splendeurs de l’Ă©toffe orchestrale d’un compositeur musicien pas si jouĂ© que cela.

Le programme subtilement conçu et agencĂ© exprime comme le geste interprĂ©tatif, une comprĂ©hension admirable des enjeux malhĂ©riens. C’est de loin de ce point de vue – conception scientifique et nouvel esthĂ©tisme collĂ©gial-, l’un des concerts Mahler les plus enthousiasmants auxquels nous ayons assistĂ©. Longue vie au maestro et Ă  Ose,  son nouvel orchestre. Ne manquez pas les prochains rvs d’Ose, un collectif de musiciens Ă  suivre dĂ©sormais.

La tournĂ©e Le chant mahlĂ©rien : mort Ă  Venise, se poursuit jusqu’au 8 fĂ©vrier 2014. Voir notre prĂ©sentation complète du programme dĂ©fendu par l’orchestre OSE et son chef fondateur, Daniel Kawka. Consultez aussi le site de l’Orchestre OSE (Daniel Kawka, direction)

 

 

5 dates événements :

 

OSE_logo_NOIR24 janvier 2014 : La Rampe, Echirolles (38), 20h

OSE_logo_NOIR28 janvier 2014 : Le Grand Angle, Voiron (38), 20h

OSE_logo_NOIR29 janvier 2014 : Le Dôme Théâtre, Albertville (73), 20h30

OSE_logo_NOIR7 février 2014 : Théâtre de Privas, Privas (07), 20h30

OSE_logo_NOIR8 février : Théâtre Théo Argence, Saint Priest (69), 17h

Durée totale du concert: 1h40, avec entracte
Effectif: 80 musiciens
Chaque œuvre est précédée d’une lecture de lettres d’amour écrites de Gustav Mahler et adressées à Alma Mahler

Informations, réservations sur le site de l’Orchestre Ose

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Autre dates de l’Orchestre OSE en 2014 :
Programme Stravinsky, TchaĂŻkovski, Bizet
les 10, 11 et 12 juillet 2014

Festival Berlioz le 21 août 2014

Le programme Gustav Mahler : Mort Ă  Venise est repris le 30 septembre 2014 Ă  Aix :

30 septembre 2014 : Grand Théâtre de Provence (13)

 

 

 

Gustav Mahler: 8 ème symphonie

mahler_MilleLe chef polonais Antoni Wit Ă©difie peu Ă  peu son intĂ©grale Mahler. Sens Ă©pique, vitalitĂ© et souffle des accents de l’orchestre, cohĂ©rence du plateau de solistes, unitĂ© articulĂ©e des choeurs, rien ne manque Ă  cette indiscutable symphonie des Mille.

Créée à Munich au moment de l’Exposition Internationale, le 12 septembre 1910, la Symphonie des Mille ou Symphonie n°8 de Gustav Mahler est un immense chant d’espoir qui marque aussi la pleine maturité d’une écriture enfin apaisée, après les tourments plus ou moins contrôlés et assumés des Symphonies n°5, n°6 et surtout n°7, symphonies autobiographiques où le conflit, la noirceur, la présence de forces cosmiques insurmontables sont le sujet principal. Ici rien de tel, sinon, une arche grandiose dont les tensions canalisées convergent vers une prière de réconciliation, une aspiration profonde à la paix éternelle.

Antoni Wit dispose avec une indiscutable vision de ses ressources chorales, solistiques, orchestrale, toutes polonaises.
L’odyssĂ©e mahlĂ©rienne de la 8ème doit son unitĂ© Ă  la constance attendrie, exaltĂ©e mais toujours Ă©lĂ©gante des interprètes. D’autant plus que les deux parties sont d’un Ă©tonnant contraste : premier volet construit autour du Veni, Creator Spiritus, selon le texte mĂ©diĂ©val de l’archĂ©vĂŞque de Mayence, Hrabanus Maurus. Le compositeur a reçu la rĂ©vĂ©lation de cette hymne au CrĂ©ateur, d’autant plus bienvenue pour son âme inquiète et de plus en plus mystique. Tout le dĂ©veloppement est une variation sur le thème de cette fulgurance personnelle dont il souhaite nous faire partager l’intensitĂ©.
Les troupes conduites par un Wit visiblement habité lui aussi par la partition, abordent vaillement ce chant de triomphe et d’extase mystique.
Le chef prend son temps, pose chaque climat, souligne la tendresse des croyants récepteurs du miracle, témoins d’une vision sidérante partagée.
Dans le second volet, qui reprend la traduction du Veni Creator par Goethe, pendant littéraire au premier volet d’origine sacrée, mais non moins extraordinairement exalté, solistes, chœurs et orchestre façonnent une superbe peinture de la foi où l’évocation du mystère, grâce à des épisodes suggestifs, un sens évident de l’articulation et des nuances (bois somptueux, cuivres grandioses, cordes amples et suspendues) donne le format de cette seconde Passion. Pater Profundis (Piotr Nowacki), Maria Aegyptica (Ewa Marciniec) accompagnent le croyant vers l’étreinte finale que lui réserve, ô comble du bienheureux, Maria Gloriosa (Marta Boberska).

Rien ne manque à l’évocation de ce diptyque religieux. Ni l’élan fervent, ni la sensibilité. Wit impressionne même par l’éclat et la respiration de ces tempos d’une grandeur épique parfaitement à propos. A l’éclosion de l’effusion mystique, il exprime parfaitement la résonance cosmique des éléments. Homme et univers ne font plus qu’un : le but ciblé, espéré, exaucé d’un Mahler enfin en paix avec lui-même, est atteint.

Barbara Kubiak, Magna Peccatrix
Izabela Klosinska, Una Poenitentium
Marta Boberska, Mater Gloriosa
Jadwiga Rappé, Mulier Samaritana
Ewa Marciniec, Maria Aegyptica
Timothy Bentch, Doctor Marianus
Wojtek Drabowicz, Pater Ecstaticus
Piotr Nowacki, Pater Profundis

Polish Radio choir in Krakow
Cardinal Stefan Wyszynski University choir
Warsaw Boys choir

Textes et traductions du livret.

Gustav Mahler: 9 ème symphonie (Rafael Kubelik)

mahler_profilMême malade, à 49 ans, Gustav Mahler ne manque ni d’énergie créatrice ni d’envie de composition. Et déjà, l’activité qu’il mène pour la première saison des concerts philharmoniques de New York, en 1909, atteste d’une hyperactivité stupéfiante.
Les morsures du destin. La couleur funèbre de la Neuvième symphonie annonce pour beaucoup de commentateurs les prémices de la fin, la présence de la Faucheuse, celle qui d’ailleurs a toujours marqué la texture de ses symphonies précédentes. Mahler qui a perdu pas moins de sept frères et sœurs en bas âge, a toujours été meurtri par le deuil et la fatalité de la perte.
1907 fut une annĂ©e terrible : fin de sa direction Ă  l’OpĂ©ra de Vienne, après dix ans de fonction, dĂ©cès de sa fille, Maria, âgĂ©e de quatre ans, diagnostic affectuĂ© sur son Ă©tat physique alarmant : Mahler souffre d’une « insuffisance mitrale ». Chaque pas lui est dĂ©sormais comptĂ©, pas ‘Ă©motions ni de chocs. Entre deux rĂ©pĂ©titions au Metropolitan OpĂ©ra, il s’allonge, reprend son souffle et ses esprits. L’ombre de la mort semble planer Ă  chaque minute.
En 1908, Alma loue une villa Ă  Alt-Schluderbach et fait mĂŞme construire un ermitage de bois afin que son Ă©poux retrouve le contact avec la nature qui l’avait tant inspirĂ© jusque lĂ . A Bruno Walter qui lui demande de prĂ©ciser son Ă©tat, Gustav Mahler exprime la convalesnce d’un ĂŞtre terrassĂ©, atteint parce que dĂ©sormais ce qu’il aimait le plus au monde, la marche, la rame, la randonnĂ©e, lui sont Ă  prĂ©sent interdits: « Car depuis que m’a saisi cette terreur panique Ă  laquelle j’ai un jour succombĂ©, je n’ai rien tentĂ© d’autre que de regarder et d’Ă©couter autour de moi. Si je dois retrouver le chemin de moi-mĂŞme, alors il faut que je me livre encore aux terreurs de la solitude.(…) En tout cas, il ne s’agit absolument pas d’une crise hypocondriaque de la mort, comme vous avez l’air de le croire. J’ai toujours su que j’Ă©tais mortel. Sans essayer de vous expliquer ni de vous dĂ©crire quelque chose pour quoi il n’existe sans doute pas de mots, je vous dirai que j’ai perdu d’un seul coup toute la lumière et toute la sĂ©rĂ©nitĂ© que je m’Ă©tais conquises et que je me trouve devant le vide, comme si, Ă  la fin de ma vie, il me fallait apprendre de nouveau Ă  me tenir debout et Ă  marcher comme un enfant. »
L’écriture dans un cadre naturel proche, qui lui permet de vivre à nouveau d’inestimables contemplations, lui offre la possibilité de se reconstruire.
Quinze mois après la mort de sa fille Maria, il compose tout d’abord le Chant de la terre, à la fois cycle de lieder et symphonie. De sorte que si l’on inclut le Chant de la terre dans le cycle des symphonies, la 9ème est bel et bien un dixième opus.

Genèse. EsquissĂ©e dès 1908, la 9ème est quasiment achevĂ©e Ă  l’étĂ© 1909. Mahler occupe l’hiver suivant Ă  la mettre au propre. Il Ă©crit Ă  Bruno Walter : « Qu’est ce donc en nous qui pense et qui agit? Comme c’est Ă©trange! Lorsque j’Ă©coute de la musique ou lorsque je dirige, j’entend très prĂ©cisĂ©ment la rĂ©ponse Ă  toutes ces questions et j’atteins alors une sĂ©curitĂ© et une clartĂ© absolues. Mieux, je ressens avec force qu’il n’existe mĂŞme pas de questions! ».
Mahler a déposé dans la 9ème symphonie, la somme des dernières années douloureuses et éprouvantes. Pourtant jamais il n’a laissé un témoignage aussi lumineux sur sa pleine maturité. Est-il arrivé à un nouveau plan de conscience ?
Alban Berg donne peut-ĂŞtre la clé : « Je viens de rejouer la Neuvième Symphonie de Mahler. Le premier mouvement est les plus admirable qu’il ait jamais Ă©crit. Il exprime un amour inouĂŻ de la terre et son dĂ©sir d’y vivre en paix, d’y goĂ»ter encore la nature jusqu’Ă  son trĂ©fonds, avant que ne survienne la mort. Car elle viendra inĂ©luctablement. Ce mouvement tout entier en est le pressentiment. Sans cesse elle s’annonce Ă  nouveau. Tous les rĂŞves terrestres trouvent ici leur apogĂ©e (et c’est lĂ  la raison d’ĂŞtre de ces montĂ©es gigantesques qui toujours se remettent Ă  bouillonner après chaque passage tendre et dĂ©licat), surtout Ă  ces moments terrifiants oĂą l’intense dĂ©sir de vivre atteint Ă  son paroxysme (Mit höchster Kraft), oĂą la mort s’impose avec le plus de violence. LĂ -dessus les terrifiants solos d’altos et de violons, les sonoritĂ©s martiales: la mort en habit de guerre. Alors il n’y a plus de rĂ©volte possible. Et ce qui vient ensuite ne semble que rĂ©signation, toujours avec la pensĂ©e de l’au-delĂ ”.

La Neuvième est bien la prière d’un homme qui souhaite dire « adieu », de la manière la plus apaisée. Symphonie crépusculaire, traversée par l’idée de l’au-delà, la paritition est suivie par les premiers mouvements de la 10ème symphonie dont le caractère donne la clé sur les oeuvres du dernier Mahler.

Pendant l’été 1910, Mahler sait qu’Alma lui préfère un autre. Leur couple s’est définitivement fissuré. Malade, atteint dans sa vie privée, Mahler n’en est pas pour autant un condamné, comme on l’a dit. C’est un homme courageux qui garde un sens de l’action et une détermination toujours plus affûtée.
Il a besoin d’absorber la tension et les conflits incontournables de la vie, la musique remplit cet office. Tout en approfondissant ses souvenirs rétrospectifs, dans la matière des symphonies, il prend du recul, il s’en échappe en y puisant aussi, une nouvelle énergie salutaire.
D’ailleurs en prenant la hauteur qui s’impose, celle dont Mahler nous a révélé qu’il était capable, dans ses Deuxième et Troisème symphonies, ne s’agit-il pas après tout, non des souffrances d’un homme qui se lamente sur son propre destin, que l’évocation du destin de l’humanité confrontée à sa propre fin ?
Le Scherzo délivre des sourires devenus grimaces, rictus de douleur incontrôlé, mais aussi un sens de la dérision sauvage, amer et sombre.
En quatre mouvements comme la Quatrième sypmphonie, la Neuvième, mêle quatre épisodes d’une profondeur de vue et de ressentiment bouleversant, d’autant que chaque mouvement développe presque indépendamment des autres, sa propre tonalité. Ainsi traversant ce vaste de champs des métamorphoses où l’âme ressent toutes les peines et toutes les joies de ce monde, Mahler nous fait passer du ré majeur initial au ré bémol majeur.

kubelikLa vision de Rafael Kubelik. Dans l’Andante du début, Kubelik inverse avec une clarté et une hauteur de regard les deux versants de la quête mahlérienne, les adieux en majeur, l’énergie reconquise en mineur.  Ce qui est frappant c’est le poids de l’inéluctable, parfaitement assumé par l’auteur qui ne réalise presque aucune réexposition de thème ; ici, le flux se déroule sans possible retour en arrière, ce qui accentue le sens profond de la distanciation, et la maturité d’un Mahler philosophe. C’est tout un monde auquel les trois Viennois, Berg, Webern, Schönberg puiseront les matériaux de l’avenir. Kubelik souligne ce rythme de marche lente où se pressent nostalgie, tristesse et résignation,  mais l’épisme qu’il instaure donne son ouverture au mouvement, non pas un repli désespéré mais une porte vers l’infini. Le mouvement entier n’esquisse pas un chant de fin, plutôt l’amorce d’une nouvelle existence.

Pour le second mouvement, « dans le tempo d’un Ländler confortable » (Im tempo eines gemächlichen Ländler), l’orchestre exprime les sauts et les aspĂ©ritĂ©s des mouvement de danse (au dĂ©part Mhaler avait pensĂ© Ă  un menuet) : cynisme et aigreur mènent ici le rythme. Tranchant expressionnisme Ă©chevelĂ© d’une valse prĂ©cipitĂ©e Ă  laquelle s’oppose la lenteur Ă©tirĂ©e d’un menuet Ă  l’ancienne.

Le Rondo Burleske, allegro assai. Sehr trotzig (très décidé) pointe ses arêtes grotesques et acides. Kubelik montre combien Mahler ici en usant et abusant même, mais avec expertise de la polyphonie, se moque du contrepoint, principe d’imitation parodique dont il est spécialiste. Il s’y délecte à jouer des niveaux de lectures. Les citations se font ici course à l’abîme.

L’Adagio final, indiquĂ© « sehr langsam und noch zurĂĽckhaltend (très lent et encore retenu) est le plus pĂ©nĂ©trant : ascensionnel, le chant des cordes semble Ă©tirer Ă  l’extrĂŞmitĂ© de la conscience et de l’espace, toute notion de temps. C’est une ample respiration/aspiration/expiration, une fin totalement apaisĂ©e qui aurait tout rĂ©conciler, absorber conflits et douleurs, pour s’Ă©teindre au plus haut. Les fondements de la philosophie mystique de Mahler sont exposĂ©s dans cette ample prière : l’homme aspire Ă  la paix divine en recherchant Ă  fusionner avec la Nature, mère nourricière, mère protectrice, mère consolatrice. Kubelik tient son orchestre, une phalange de rĂŞve oĂą cordes, cuivres, vents, fusionnels, dessinent un somptueux accomplissement.

Gustav Mahler: 8 ème symphonie (Rafael Kubelik)

mahler_profilLa première audition à Munich, dans la vaste salle de concert de l’Exposition Internationale, ce 12 septembre 1910, relève d’un événement considérable : pas moins de 3400 spectateurs font face aux… 850 choristes (500 adultes et 350 enfants), auxquels sont associés les 146 musiciens et les huit solistes placés sous la direction du compositeur.

Politiques et journalistes, se sont dĂ©placĂ©s, et tout le milieu musical dont Richard Strauss, Camille Saint-Saens, mais encore les Ă©crivains Arthur Schnitzler et Stefan Zweig… le metteur en scène Max Reinhardt, futur fondateur du festival de Salzbourg, -avec Strauss-, sont dans les rangs de l’audience.
L’abbatage promotionnel autour de la Symphonie des Milles, dans les rues de Munich a marqué les imaginations : la création de la 8ème symphonie de Gustav Mahler est bien un événement immanquable… que de chemin parcouru depuis ses premières symphonies !

Pour Mahler lui-mĂŞme, il s’agit d’une date importante, elle est liĂ©e Ă  l’importance de l’œuvre pas seulement par les effectifs, surtout par son sujet dont tĂ©moigne la qualitĂ© des textes chantĂ©s, et l’action qui s’y joue : une partition capitale oĂą l’on entend « non pas des voix humaines, mais les chants des planètes et des soleils qui tournent dans l’espace ».
L’écriture de ce monument remonte à l’été 1906 où dans son ermitage désormais familier (häuschen) au cœur des forêts de Carinthie, Mahler reçoit comme une révélation fécondante, les paroles de l’Hymne de la Pentecôte : « Veni Creator Spiritus ». Lui qui n’a pas toujours la même facilité d’inspiration, car la détente après les mois éreintant comme directeur de l’Opéra de Vienne n’est pas immédiate, doit d’ordinaire travailler avant de concevoir la trame générale d’une nouvelle œuvre.
Pour le première partie, il s’agit de retrouver le texte complet en latin de Hrabamus Maurus, l’archevèque de Mayence qui vécut au IX ème siècle. Dans cette quête, le compositeur rentre en transe. Il compose la musique et recevant finalement les paroles intégrales, s’aperçoit que ce qu’il a composé coïncide parfaitement à ce que lui a dicté une force quil e dépasse tant il se considère comme un « instrument dont joue l’univers ».
En guise de seconde partie, il faut choisir un texte de la mĂŞme Ă©lĂ©vation. Il hĂ©site Ă  Ă©crire lui-mĂŞme quelques vers – comme pour sa seconde Symphonie, et finalement s’enthousiasme sur la propre traduction de Goethe d’après le Veni Creator.  C’est le final du Second Faust qui donnera l’unitĂ© de sa seconde partie et le prĂ©texte d’un oratorio sans limites, pour voix, chĹ“urs et orchestre.

Kubelik dans ce nouveau concert pris sur le vif Ă  Munich, la ville de la crĂ©ation de l’œuvre, le 24 juin 1970, rĂ©alise une lecture stupĂ©fiante du grand Ĺ“uvre mahlĂ©rien.  D’autant que la prĂ©sente réédition profite des performances du traitement SACD, avec entre autres bĂ©nĂ©fices, un relief acoustique somptueux, profitant aux cuivres d’une noblesse fracassante.
Mahler a souligné en un brillant contraste, le climat et les référenes musicales des deux parties : lointaine réminiscence de la polyphonie de la Renaissance pour la première partie, oratorio libre postromantique, dans la veine des Scènes de Faust de Schumann. Au final, la cohérence de la pensée qui les a réuni les rend parfaitement dépendants l’un de l’autre. Le souffle du mysticisme qui porte et traverse la puissante architecture de la Huitième symphonie, est d’une incontestable efficacité. La signification profonde de l’œuvre trouve sa résoluton dans le Chorus Mysticus final.
Ni adieu serein et pleinement pacifiĂ© comme il le dĂ©veloppera dans la 9ème, ni constat des forces diverses en prĂ©sence, la Huitième marque surtout une Ă©tape cruciale dans le processus crĂ©ateur de Mahler, parce qu’il semble y rejeter ce qu’il aimait dĂ©velopper auparavant, le sens de la dĂ©rision, la parodie cynique et amère, ces auto citations complexes, dont les plans de lectures superposĂ©s et mĂŞlĂ©s exprimaient une rancĹ“ur amère mal assumĂ©e. Ni marche Ă  panache caricatural, ni ländler parodique, la Huitième exhale un pur chant d’amour, une prière sincère dont la ferveur est exhaucĂ©e puisqu’au final, l’homme est accueilli par la Mater Gloriosa en personne. La prière est d’autant plus Ă©mouvante qu’elle fait Ă©cho Ă  la propre solitude tragique de Mahler. Il a perdu sa fille Maria, mais il perd aussi d’une certaine façon,  Alma, l’Ă©pouse tant adorĂ©e, qui le trompe sans se cacher et lui annoncĂ© qu’elle ne l’aimait plus tout en lui confirmant qu’elle ne l’abandonnerait jamais.

Architecte limpide, ciselant l’ossature et le continuum dramatique, en particulier dans les épisodes de la Seconde partie, Kubelik captive par l’unité de son propre regard, d’une distance épique à nouveau, d’une tendresse si profondément humaine, d’une simplicité de ton, indiscutable.
MalgrĂ© la masse chorale, les plans de dĂ©tachent, la transparence des pupitres s’impose. D’autant que le plateau vocal prĂ©serve sa coloration humaine Ă  l’odyssĂ©e interprĂ©tative. Martina Arroyos, Dietrich Fischer-Dieskau, Edith Mathis composent entre autres, de superbes incarnations.
La création de la Huitième suscita un immense triomphe pour celui qui fêtait alors ses 50 ans et dont les exercices précédents s’étaient surtout soldés par des échecs à répétitions et une incompréhensions tout aussi tenace. Offrande légitime pour un auteur en pleine possession de ses moyens artistiques, que le destin frappera encore. Huit mois plus tard, une infection devait décider de son sort, en l’emportant en quelques jours.