vendredi 19 avril 2024

Compte rendu, récital de piano. Toulouse. Cloître des Jacobins, le 24 septembre 2014. Ludwig Van Bethoven (1770-1827): Sonate N° 12 en la bémol majeur « Marche Funèbre »,op.26; Frederic Chopin (1810-1849): Fantaisie en fa mineur,op.49 ; Ballade n°4 en fa mineur ; Frantz Schubert (1797-1828): Impromptus op.90 n° 3 et 2 ; Maurice Ravel (1875-1937): Gaspard de la Nuit ; Behzod Abduraimov, piano.

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Behzod Abduraimov piano concertPiano aux Jacobins, c’est un grand moment de piano en cette belle fin d’été permettant au public de choisir des soirées historiques avec des artistes à la gloire établie et cette année nous avons été gâtés avec deux des plus anciens artistes du piano en activité, Pressler et Ciccolini. Mais c’est également le pari fait sur l’avenir de jeunes prodiges parmi lesquels certains deviendront les musiciens accomplis dignes de leurs ainés. Behzod Abduraimov est de ceux là. Prodige mais surtout musicien fascinant. Déjà son interprétation du premier concerto de piano de Tchaikovski nous avait subjuguée. Ce récital solo a confirmé l’exceptionnelle puissance émotionnelle de son jeux. La technique est parfaite, et bien souvent aurait suffit à crier au génie mais cet artiste hors normes va beaucoup plus loin. Jouant par coeur, comme habité par le génie, il s’engage dans la Sonate Pathétique de Beethoven avec tout son corps. Impossible de résister à l‘énergie jubilatoire qu’il met dans cette partition. Même le pathétique est enthousiasmant. La finesse de la construction de chaque morceau s’intercalant entre les autres dans une construction complète d’une parfaite lisibilité.

Les nuances de son Chopin sont admirables et la souplesse du jeux est celle d’un poète, certes la virtuosité est confondante mais c’est une musicalité très personnelle qui rend son interprétation inoubliable.

Les impromptus de Schubert surtout le Troisième, -Andante-, est un moment de grâce qui sous des doigts aussi inspirés, dans un tempo plutôt rapide permet de croire en l’évaporation de la beauté tant la légèreté de la main droite est libre et la pondération de la main gauche maintient au sol le vol délicat des notes si tendres de Schubert. Le deuxième, Allegro, court comme une eau libre jusqu’à la mer pour fêter quelque naïade gracieuse. Un pur moment de jubilation poétique dégagé de toute dureté semblant comme en apesanteur.

Mais c’est dans Ravel que l’art le plus personnel de Behzod Abduraimov  a certainement pu se révéler le mieux. La théâtralité de son interprétation, la variété des couleurs, le rubato et la rigueur de la construction sont inhabituelles. Ondine est libre comme l’eau où elle habite. le gibet est sinistre et fascinant à la fois et Scarbo plein de séductions insolites. La richesse de l’ harmonie est magnifiée et la puissance d’évocation est terriblement efficace. Une question: comment un tempérament si entier, si musical et si généreux saura évoluer dans le temps sans s’épuiser ? Car l’engagement de tout le corps du pianiste est très inhabituel. Cette fougue de la jeunesse associée à une telle maturité d’interprète est un mélange surprenant. Un artiste à suivre, un nom à retenir absolument.

Compte rendu, récital de piano.Toulouse. Cloître des Jacobins, le 24 septembre 2014. Ludwig Van Bethoven (1770-1827): Sonate N° 12 en la bémol majeur «  Marche Funèbre »,op.26; Frederic Chopin (1810-1849): Fantaisie en fa mineur,op.49 ; Ballade n°4 en fa mineur ; Frantz Schubert (1797-1828): Impromptus op.90 n° 3 et 2 ; Maurice Ravel (1875-1937): Gaspard de la Nuit ; Behzod Abduraimov, piano.

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