Paris, TCE vendredi 27 septembre 2013, 20h, concert en direct sur France Musique
Sommet baroque au TCE
Voici un concentré ramiste d’un intérêt majeur. En choisissant l’ouverture de Castor et Pollux, William Christie rend hommage à la valeur d’une partition de la maturité créée en 1737 soit après le premier choc d’ Hippolyte et Aricie (1733) ; Castor incarne le souffle fulgurant des situations, la fine caractérisation psychologique des personnages avec un sens de la clarté, de la transparence et de la couleur instrumentale qui font de Rameau, le génie toute catégorie du baroque francais… Castor et Pollux est joué plus de 250 fois tout au long de sa prodigieuse carrière et défendu encore face à la vague gluckiste des années 1770. Jamais une partition n’aura autant incarné avec raison l’idéal lyrique d’un siècle, confirmant la succession réussie de la tragédie en musique de Lully, annonçant déjà par le frénésie expérimentale de l’écriture orchestrale Berlioz et les romantiques. Rameau précurseur romantique et premier symphoniste français avant Gossec, voilà une facette que révèle le programme dirigé par William Christie à Paris … Le chef retrouve l’orchestre britannique qu’il a conduit cet été à Glyndebourne, pour Hippolyte et Aricie du même Rameau.
Dans Anacréon (acte de ballet inclus dans Les surprises de l’amour, 1757), Rameau exprime l’ivresse extatique à laquelle se livre le poète libidineux… mais ce dernier n’oublie pas l’amour qui le lie à Lycoris. En célébrant l’union du vin et de la passion, la musique se fait torrent certes mesuré et dompté de sensualité épanouie. La partition déborde d’intentions comme de plénitude orchestrales. .. aux côtés des airs lyriques, le concert dirigé par William Christie rétablit chez Rameau l’immense génie symphoniste : gageons que le travail avec les instrumentistes britanniques tire bénéfice du souci d’articulation, d’expressivité mâtinée de suprême élégance porté depuis ses débuts par l’inégalable » Bill « , en son jardin ramélien …