Liège, Opéra Royal de Wallonie
A Liège, Annick Massis incarne une sublime Traviata
Un grand rôle pour une diva française accomplie: quand la soprano Annick Massis chante Violetta Valéry, le théâtre de Verdi gagne une interprète saisissante par son intensité expressive, sa vérité scénique, son engagement vocal. La Traviata récapitule au travers des trois actes toutes les facettes de l’héroïne romantique. C’est un rôle éprouvant qui exige agilité virtuose (I: quand la courtisane parisienne, magnifique et orgueilleuse illumine les soirées mondaines de la Capitale), extrême sensibilité (II: quand elle affronte le coup du destin: sacrifice obligé du seul pur amour dans sa vie sous la pression de Germont père; puis humiliation publique par Germont fils), enfin intensité dramatique et sublime tragique (III: quand la mort surgit … terrassant le coeur d’une jeune femme à peine âgée de 20 ans).
Rares sont les cantatrices à aborder l’un des personnages romantiques italiens les plus exigeants … Celles qui y parviennent, évitant de forcer le trait, sachant atteindre cet équilibre ténu entre chant et théâtre, sont les plus grandes. Annick Massis relève tous les défis d’un rôle clé dans la carrière d’une diva : un instinct remarquable lui permet d’exprimer avec une superbe vérité l’âme condamnée de la jeune courtisane, touchée à la fin de sa vie par l’amour d’Alfredo… Contrainte de renoncer à tout et de mourir dans une solitude glaçante. Trop rare en France, Annick Massis trouve à Liège, une scène idéale pour confirmer son immense talent, de chanteuse et de comédienne.
La mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera
, qui est aussi le directeur général et artistique de l’Opéra Royal de Wallonie, soigne la lisibilité de chaque tableau : le poids du regard moralisateur d’une société bourgeoise dont il souligne le profil des voyeurs. Sur scène, d’immenses trous de serrure accusent le parti pris; Violetta succombe entre deux mondes qui la jugent avant de la comprendre … Le destin sentimental et tragique de la jeune femme en sort plus âpre et plus barbare. Celle qui connut les vertiges de nuits orgiaques (le vaste lit où s’ébattent des corps dénudés au I) retrouve au seuil de la mort, son petit lit d’enfant : Violetta n’a jamais cessé d’être une adolescente qui rêve, détruite par le regard des bons bourgeois … Ceux-là même qui ont violemment fustigé Verdi quand il paraissait accompagné de sa compagne Giuseppina Straponi , alors qu’ils n’étaient pas mariés! La production liégeoise souligne la vision accusatrice d’une société hypocrite et si étriquée dont a pu souffrir le compositeur de son vivant.Superbe actrice (d’une finesse économe exemplaire), Annick Massis accomplit une performance bouleversante, lumineuse et stylée jusque dans les moindres nuances tragiques du IIIème acte… La cantatrice jamais tendue ni raide, offre un portrait de Violetta d’une justesse exceptionnelle. En lire +
Liège, Opéra Royal de Wallonie. Verdi: La Traviata. Reprise événement. Du 19 avril au 8 mai 2012. Direct gratuit sur internet, le 26 avril à 20h. Contenus vidéos exclusifs (répétitions, entretiens, premières images… ) sur le site dédié www.dailymotion.com/operaliege
Luciano Acocella, direction
Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène
Liège, Opéra (Palais Opéra)
Du 19 avril au 8 mai 2012
Nouvelle production
en direct sur internet
mardi 26 avril 2012 à 20h
sur www.dailymotion/operaliege