Giuseppe Verdi
Falstaff, 1893
Nantes, Théâtre Graslin
dimanche 13, mardi 15, vendredi 18,
dimanche 20, mardi 22 mars 2011
Angers, Le Quai
jeudi 31 mars, dimanche 3 avril 2011
en semaine à 20h, le dimanche à 14h30
Mark Shanahan, direction
Patrice Caurier et Moshe Leiser, mise en scène
Production événement à Nantes et Angers: ANO, Angers Nantes Opéra présente en mars la nouvelle production du duo de metteurs en scène vedette, Patrice Caurier et Moshe Leiser: Falstaff, l’ouvrage ultime de Verdi, chant du cygne mais tableau exalté et tendre. Les deux scénographes retrouvent le chef britannique Mark Shanahan: ils avaient tous trois assuré l’éclat tragique de L’Affaire Makropoulos de Janacek, la saison dernière (mai et juin 2010). Voir notre reportage vidéo exclusif.
Falstaff est bien davantage qu’un agitateur vulgaire, dindon d’une farce collective dont il ne comprendrait pas les enjeux ni les interactions sociales. Il y a de la tendresse dans ce personnage qui veut croire encore à l’amour… Bien au contraire, son esprit facétieux se fait pure jubilation des sens; son rire réenchante le monde, et grâce à lui, les individus se dévoilent, se (re)découvrent, accomplissent in fine un travail sur eux-mêmes qui nourrissent non leur haine réciproque mais leur humanité dialoguée.
Il faut aller chercher dans le texte shakespearien pour trouver cette épaisseur psychologique du personnage. Souvent, par paresse ou manque de curiosité, Falstaff est un vieux coq grotesque, ridicule et caricatural. Or comme chez Don Pasquale de Donizetti, le bouffon magnifique peut produire ce sentiment trouble d’empathie et d’attendrissement. Les lectures gagnent à dévoiler contre la routine, l’humanité profonde du personnage.
«Sans moi, ces gens qui ont tant de morgue
N’auraient pas un brin d’esprit.
C’est moi qui vous rends rusés.
Ma subtilité crée la subtilité des autres.»
Falstaff
vidéo

Macbeth, Otello, une amorce du Roi Lear… jamais Shakespeare n’a quitté l’inspiration de Verdi. Presque octogénaire, le compositeur poursuit son exploration shakespearienne en traitant le rire et l’humanité de Falstaff, personnage de la comédie Les Joyeuses Commères de Windsor.
Le dernier opus verdien sous son air léger et bouffon est un formidable élixir de vie et la vitalité de la musique cache une profondeur qui souvent n’atteint jamais la surface. Faute aux metteurs en scène ou aux interprètes, plus caricaturaux que nuancés. Or Shakespeare sait colorer le comique d’une vérité troublante qui fait pourtant tout le sel de l’ouvrage. La force du sujet est de traiter la solitude grotesque du bouffon en figure universelle de l’humanité qui plus est, tout conspire ici à dénoncer l’existence comme une farce dont l’individu est le jouet démuni.
Hors du style héroïque et historique, la vis comica offre des ailes au vieux compositeur qui au soir de sa vie, trouve une nouvelle jeunesse. Son héros souffle un vent de liberté et de fantaisie débridée, d’une irrésistible tendresse.
Falsaff de Verdi. Comédie lyrique en trois actes. Livret de Arrigo Boito d’après Les Joyeuses Commères de Windsor et plusieurs passages de Henri IV de William Shakespeare. Créé à La Scala de Milan, le 9 février 1893.
Direction musicale: Mark Shanahan
Mise en scène: Patrice Caurier et Moshe Leiser
Décor: Christian Fenouillat
Costumes: Agostino Cavalca
Lumière: Christophe Forey
[Opéra en italien avec surtitres en français]
avec
John Hancock, Sir John Falstaff
Tassis Christoyannis, Ford
Véronique Gens, Mrs Alice Ford
Amanda Forsythe, Nannetta
Luciano Botelho, Fenton
Elena Zilio, Mrs Quickly
Leah-Marian Jones, Mrs Meg Page
Colin Judson, Dottor Cajus
Eric Huchet, Bardolfo
Jean Teitgen, Pistola
Choeur d’Angers Nantes Opéra
(Sandrine Abello, direction)
Orchestre National des Pays de la Loire