France Musique, dim 29 déc 2019, 16h : J. STRAUSS : Valse, polka. Valses de STRAUSS. Quelle version de référence pour les valses des Strauss, Josef et Johann II, deux frÚres géniaux de la danse viennoise avec leur frÚre Eduard, et leur pÚre Johann I ?
Analyse de la valse de Josef Strauss “SphĂ€ren-Klange” et de la polka de Johann Strauss fils “Unter Donner und Blitz”.
LA TRIBUT DES frĂšres STRAUSS : JOHANN, JOSEF, EDUARDâŠ
A travers les deux Ćuvres straussiennes analysĂ©es, surgissent es pĂ©ripĂ©ties dâune dynastie riche en Ă©pisodes et rebondissements digne du livret de La Chauve Souris (Ă©crite par Johann fils) : pĂšre (Johann Strauss I) violoniste fantasque, aventurier, gĂ©nial et tout autant portĂ© sur la gaudriole, au point de tromper manifestement son Ă©pouse Anna (la mĂšre de Johann fils) avec une plĂ©bĂ©ienne, Emilie Ă laquelle il donne le mĂȘme nombre dâenfants (3), comme Anna a accouchĂ© de Johann, Josef et Eduard, les fils lĂ©gitimes, tous compositeurs. AprĂšs avoir enfantĂ© dâun chef dâoeuvre qui Ă©voque aussi lâesprit de toute une Ă©poque, la fameuse Marche de Radetsky (pour la fĂȘte de la rĂ©conciliation, le 22 sept 1849, pour le retour dâItalie du fameux marĂ©chal), Johann pĂšre meurt dans les bras de son Emilie, de façon misĂ©rable et honteuse, le 25 septembre 1849 à ⊠45 ans. DĂ©jĂ avec Johann pĂšre, la valse symphonique, musique pure et invitation chorĂ©graphique connaĂźt un Ăąge dâor.
Le cas de Johann fils ou Johann II, celui qui nous occupe ici, est tout autant promis Ă des accomplissements miraculeux sur le plan musical : dĂšs ses 19 ans, il est sacrĂ© nouvel empereur de la Valse grĂące Ă un premier concert tremplin, rĂ©alisĂ© au Casino Dommayer, le 15 octobre 1844 oĂč il prĂ©sente ses compositions, dirigeant lui-mĂȘme avec une fougue et un entrain irrĂ©sistible. La rivalitĂ© entre les deux est consommĂ©e car Anna la mĂšre, se venge du pĂšre, â son Ă©poux infidĂšle, Ă travers la carriĂšre du fils lui aussi bouillonnant violoniste, quâelle soutient, encourage, stimule. Cette mise en rivalitĂ© entraĂźne rapidement la chute de Johann I. Johann II se dĂ©die bientĂŽt Ă la composition pour le plus grand bien du genre, approfondissant cette valse symphonique, vĂ©ritable opĂ©ra pour orchestre. Il convainc son frĂšre Josef, pourtant ingĂ©nieur passionnĂ©, de laisser sa vocation premiĂšre⊠et de reprendre la direction de lâorchestre Strauss : ce qui signifie tournĂ©e, concerts, et aussi composition (pas moins de 283 partitions ainsi laissĂ©es par Josef, dont le talent rĂ©el est Ă redĂ©couvrir dans sa diversitĂ© et ses nuances). Surmenage, tabac en nombre, et vie trĂ©pidante sans guĂšre de sommeil⊠et Josef sâĂ©teint de façon tragique, lors dâun concert Ă Varsovie, comme son pĂšre, Ă 43 ans.
ParaĂźt le dernier frĂšre, Eduard, trĂšs jaloux du gĂ©nie cĂ©lĂ©brĂ© de son frĂšre ainĂ© Johann, lequel nây voyant rien venir, le convainc de reprendre la direction de lâorchestre et des tournĂ©es, comme Josef⊠afin de pouvoir composer : câest que Johann fils II, sacrĂ© empereur de la Valse Ă Vienne, sâest mariĂ© avec « Jetty » (la cantatrice Henrietta Trefftz, fin aoĂ»t 1862) : tout en composant une sĂ©rie de chef dâoeuvres dans leur hĂŽtel particulier somptueux de Hietzing au bord du parc de Schönbrunn, â Le beau Danube Bleu, se consacre dĂ©sormais Ă lâopĂ©rette, avec les succĂšs que lâon sait. Henrietta qui fut cantatrice (inspirant Berlioz et Mendelssohn), lâa probablement inspirĂ©. Câest dĂ©sormais un compositeur de la nuit, qui Ă©crit ses chefs dâoeuvres, entre 22h et 6h du matin, les faisant valider par son Ă©pouse, trĂšs jalouse de leur confort intime⊠Ainsi naissent plusieurs sommets lyriques dans le genre lĂ©ger et qui recyclent en les sublimant les valses dĂ©sormais cĂ©lĂšbres, Ă lâinvitation de Maximilian Steiner, le directeur du Theater An der Wien (parmi les plus aboutis aux cĂŽtĂ©s de La Chauve souris, se distinguent Le Baron Tzigane, et Le chevalier PasmanâŠce dernier ouvrage est encore moins connu). VoilĂ qui Ă©lectrise encore un gĂ©nie musical qui fut proche de Bruckner et de Brahms (plusieurs photos dâĂ©poque attestent de leur belle amitiĂ© comme de leur comprĂ©hension rĂ©ciproque); et qui fut admirĂ© de Wagner, RavelâŠ
La dynastie Strauss, pĂšre et fils, fut aussi une fratrie dont il faudrait dĂ©mĂȘler les passions et conflits personnels Ă Vienne (Eduard qui se venge dâĂȘtre dans lâombre de ses ainĂ©s en brĂ»lant nombre de manuscrits et partitions familiales), Ă lâĂ©poque oĂč bientĂŽt Freud formulera le fonctionnement, causes, consĂ©quences et symptĂŽmes de la psychĂ© et des pathologies conscientes ou nonâŠ
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FRANCE MUSIQUE, Dimanche 29 décembre 2019, 16h. Tribune des critique de disques.
https://www.francemusique.fr/emissions/la-tribune-des-critiques-de-disques/bienvenue-chez-les-strauss-spharen-klange-de-josef-strauss-unter-donner-und-blitz-de-johann-strauss-ii-79132
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APPROFONDIR : LIRE aussi …
LIVRE critique, compte-rendu. JOHANN STRAUSS, le pĂšre, le fils et lâesprit de la Valse par Alain Duault (collection Classica, Actes Sud). Le pĂšre nĂ© en 1804, le dernier fils mort en 1899⊠la famille STRAUSS couvre ainsi tout un siĂšcle, que lâon dit romantique et qui fut aussi marquĂ© par lâessor formidable de lâĂ©criture orchestrale, adaptĂ©e au cadre stimulant de la Valse. VoilĂ Â un petit essai qui Ă dĂ©faut de sâintĂ©resser Ă la chronologie, sâintĂ©resse surtout Ă une Ă©vocation gĂ©nĂ©rique de la Vienne fin de siĂšcle, ce parfum impĂ©rial et fanĂ©, mais terriblement raffinĂ©, comme singuliĂšrement sensuel â malgrĂ© un puritanisme de façade, comme en Angleterre (autre Empire), oĂč le corsetĂ© des robes et des costumes masculins se devaient de craquer, dans la danse sublimĂ©e par les Strauss, pĂšre et fils : la sulfureuse valse Ă trois temps.