L’Orchestre National du Capitole de Toulouse affiche les 7 et 8 décembre prochains, un nouveau programme événement autour du chiffre « 4 », jalon prometteur de la nouvelle saison 2023 – 2024 de l’Orchestre Capitolin, défendu par le chef Elias Grandy et le pianiste Mao Fujita. Au programme deux œuvres phares du répertoire romantique, réunis sous le titre « Le testament d’Orphée » : le mouvement lent du Concerto pour piano n°4 de Beethoven ne serait-il pas en effet, le chant d’Orphée suppliant les dieux (Pluton et Proserpine) d’accepter le retour d’Eurydice… ? Un supposé séduisant pour lequel les deux artistes vedettes sont prêts à relever tous les défis.
Les deux artistes programmés remplacent respectivement Tugan Sokhiev et Maria João Pires (initialement annoncés, et qui ont dû annuler pour « raison de santé »). Photos : Elias Grandy © Shervin Lainez | Mao Fujita © Dovile Sermokas
Le Concerto pour piano n°4 de Beethoven (1806) étonne toujours par son audace et son caractère théâtral. Son mouvement lent, conversation animée entre le piano et l’orchestre, a évoqué à de nombreux commentateurs la vibrante plaidoirie d’Orphée réclamant le retour parmi les vivants de sa défunte Eurydice. A travers l’exercice, c’est la capacité de la musique (et du piano) à émouvoir, séduire, convaincre… en l’occurrence, infléchir la volonté divine.
Les pas que Brahms entendait derrière lui n’étaient pas ceux d’Eurydice mais de Beethoven : longtemps hanté par la figure du maître de Bonn au point de ne pouvoir composer une symphonie, si ce n’est par déférence et dans le respect de son prédécesseur… Brahms finalement maître de son inspiration, laisse avec la Symphonie n°4, son ultime, un testament musical bouleversant.
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TOULOUSE , Halle aux grains
Les 7 et 8 décembre 2023, 20h
Durée : 1h45
ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE
Elias Grandy, direction
Mao Fujita, piano
PROGRAMME
Ludwig Van Beethoven
Concerto pour piano n°4 en sol majeur, op. 58
Johannes Brahms
Symphonie n°4 en mi mineur, op. 98
Réservez vos places directement sur le site de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse : https://onct.toulouse.fr/agenda/grand-concert-symphonique/le-testament-dorphee/
Symphonies de Brahms
L’écriture symphonique remonte dans la carrière de Brahms au milieu des années 1850, quand le jeune compositeur (17 ans), esquisse déjа ce qui sera sa Première Symphonie, (achevée en 1876, après l’écriture de ses Variations sur un thème de Haydn). La deuxième Symphonie est conçue en 1877, le compositeur est alors âgé de 44 ans. La partition est contemporaine de son Concerto pour violon. Avant de commencer l’écriture de ses deux dernières Symphonies, Brahms, fixé à Vienne depuis 1862, dirige la Société des Amis de la musique de Vienne jusqu’en 1875. Il rencontre Dvorak en 1878 et l’encourage à poursuivre sa carrière de compositeur, enfin écrit son chef-d’oeuvre, le Deuxiиme Concerto pour piano et orchestre en 1881. Les Troisième puis Quatrième Symphonies suivent le sillon tracé par son Concerto pour piano: ses derniers opus symphoniques l’occupent de 1883 à 1885. Brahms opère une synthèse entre les grands romantiques qui l’ont immédiatement précédé, de Beethoven à Schubert et Schumann, mais il revisite aussi les anciens dont Haydn. Artisan de la musique pure, intensément romantique, le compositeur a su puiser au carrefour de caractères, traditions, sensibilités aussi distincts que nécessaires au renouvellement de l’écriture symphonique: héroisme conflictuel de Beethoven, mélodie chantante et populaire de Schubert, emportement dynamique de Schumann. Comme ce dernier dont il fut un admirateur assidu (il restera après la mort du compositeur, très proche de Clara Schumann, sa vie durant), Brahms compose quatre Symphonies quand Beethoven puis Mahler illustrent un cycle de neuf. Le compositeur attend d’atteindre la quarantaine, pour disposer avant de se lancer dans la première série symphonique, d’une expérience sûre, éprouvée pendant la composition de son Premier Concerto pour piano, de ses deux Sérénades et des Variations sur un thème de Haydn. L’inspiration se réalise par couples d’oeuvres: Brahms écrivant ses deux premières symphonies dans la tranche 1876-1877, puis ses deux ultimes, entre 1883 et 1885. Après la Première Symphonie, la deuxième confirme une autonomie vis а vis du modèle beethovénien. Le Scherzo est remplacé par un mouvement de caractère, а l’inspiration puissante et personnelle qui se souvient de Schubert. Souvent, Brahms situe son mouvement lent en deuxième position alors qu’il occupe la troisième place chez ses confrères.