STREAMING, live. STRAUSS : Ariadne auf Naxos (Royal Swedish Opera, Alan Gilbert), dès le 9 déc 2022 – Richard Strauss et Hugo von Hofmannstal (photo ci contre) réinventent le mythe baroque de l’opéra à sa naissance quand Molière et Lully créaient alors pour le Roi Soleil, un nouveau genre, entre théâtre et opéra. Ainsi, dès le prologue d’Ariadne auf Naxos, joyau lyrique, s’affrontent deux troupes : les comédiens italiens et les chanteurs d’opéras. Le spectateur plonge alors dans la coulisse et assiste grâce au duo Strauss / Hofmannsthal, aux préparatifs de la soirée, quand le mécène commanditaire chez lequel le spectacle doit se produire le soir même à Vienne, décide que les 2 troupes joueront ensemble !
Comique et tragique :
Zerbinette versus Ariane
Le jeune compositeur est stressé (il a la passion à fleur de peau) et la menace d’une réduction des effectifs pousse l’honnête compositeur au désespoir. C’est le prologue comique d’Ariadne, l’opéra auquel le public assiste après l’entracte. Ainsi on passe du comique caricatural (le portrait de la prima donna est particulièrement ciselé : un portrait critique évidemment) au tragique le plus éperdu : l’opéra proprement dit, Ariadne auf Naxos évoque le destin de celle qui abandonnée par Thésée, se languit, désespérée, voire suicidaire…
Après Elektra et Der Rosenkavalier, Richard Strauss et son librettiste Hugo von Hofmannsthal forment un duo d’opéra devenu légendaire, nouvelle équipe admirable après Monteverdi / Busenello au XVIIè, ou Mozart / Da Ponte au XVIIIè… Tout en abordant l’esprit facétieux, enjoué, tendre (dans l’esprit de Mozart), Strauss écrit aussi un opéra sur l’opéra et ses deux composantes complémentaires (ici subtilement affrontées, dans le Prologue) : le comique et le tragique. Car les deux héroïnes de cet opéra mythologique (où Ariadne finalement sera sauvée par la joie salvatrice de Bacchus / Dyonisos), incarnent chacune les deux faces d’une même pièce : la joyeuse Zerbinette (délurée, insouciante, et aussi emploi redoutable de soprano coloratoure) et la sombre Ariane qui trahie, délaissée par Thésée (qu’elle a pourtant sauvé du Labyrinthe), n’attend plus que la mort… avant d’être métamorphosée in extremis.
Dans le déroulement de l’opéra lui-même, – après l’agitation du Prologue-, l’action fait paraître Ariane seule, abandonnée dans sa grotte sur l’île grecque de Naxos, accompagnée par les 3 nymphes : Naïade, Dryade et Echo qui accompagnent le chant mortifère de la princesse troyenne ; surviennent les joyeux drilles italiens menés par la pétulante Zerbinette et Arlequin, toujours très mordant, pertinent. Soudain, les nymphes annoncent l’arrivée du dieu Bacchus, lequel à bord d’un navire, vient de ses soustraire aux charmes de l’enchanteresse Circé… En Bacchus, Ariane voit Hermès, le guide suprême qui la conduira vers la mort.
Chatoyante, mélodieuse, extravagante et même fantasque, la partition de Strauss est ici dirigée par Alan Gilbert, directeur musical de Royal Swedish Opera – avec les solistes Christina Nilsson, Johanna Rudström, Sofie Asplund, Michael Weinius et l’acteur Andreas T. Olsson dans les rôles principaux. Photos : Royal Swedih Opera
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DIFFUSION le 9 déc 2022, 19h
VOIR Ariadne auf Naxos / depuis OPERAN, Royal Swedish Opera
filmé le 18 oct 2022 – EN REPLAY sur Operavision jusqu’au 9 juin 2023 :
https://operavision.eu/fr/performance/ariadne-auf-naxos
Approfondir
La version de James Levine au Met de New York (1988) avec Jessye Norman et Kattleen Battle, respectivement Ariane et Zerbinette demeure La version majeure : retrouvez sur youtube quelques séquences emblématique de cette production devenue légendaire – à juste titre – VOIR l’opéra Ariadne Auf Naxos / Ariane à Naxos avec Jessye Norman :
