mardi 19 mars 2024

Stravinsky: Le Sacre du printemps (Jordan, 2012)1 cd Naïve ( + Debussy : Prélude à l’Après midi d’un faune)

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CD. Stravinsky: Le sacre du printemps (Jordan, 2012)
CD.
Philippe Jordan fête avec volupté les 100 ans du Sacre de Stravinsky. Enregistré en mai 2012 à l’Opéra Bastille, ce nouvel album (le 2è déjà) de Philippe Jordan avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris confirme les préludes amorcés entre chef et musiciens : une entente évidente, un plaisir supérieur pour vivre la musique ensemble. Depuis leur Symphonie Alpestre de Strauss, montagne philharmonique d’une prodigieuse narration sonore frappée du sceau de l’imagination climatique, les interprètes se retrouvent ici en mai 2012 pour deux autres sommets de la musique symphonique française et spécifiquement parisienne. Dans l’histoire des Ballets Russes, le Prélude comme le Sacre du printemps indiquent clairement un point d’accomplissement pour les deux compositeurs : l’ivresse érotique et l’enchantement semi conscient s’impose à nous dans un Prélude d’une délicatese infinie; quant au Sacre, voilà longtemps que l’on n’avait pas écouté direction aussi parfaite et équilibrée entre précision lumineuse (détachant la tenue caractérisée et fortement individualisée de chaque instrument protagoniste) et expressionnisme symboliste !

La baguette de Philippe Jordan aime ciseler dans la suggestion mais aussi ici, mordre dans l’ivresse libérée des timbres associés d’une infinie inventivité ; le chef s’appuie sur la manière et le style supraélégant des instrumentistes parisiens dont les prédécesseurs en mai 1913 dans la fosse du TCE avaient fait la réussite révolutionnaire de la partition. Jordan ajoute une précision électrique et incandescente, une vision de poète architecte aussi qui sait unifier, structurer, développer une dramaturgie supérieurement aboutie… et frappante par son relief, sa vivacité, comme des teintes plus délicatement nimbées et voilées.


fureur et ivresse des timbres associés

Comparée à tant d’autres versions soit rutilantes, soient sèches, soit littéralement narratives, Philippe Jordan apporte aussi le mystère et l’enchantement, toute la poésie libre des instruments sollicités. Quelle maestria ! Quelle conviction dans la tension progressive… La volupté de chaque épisode est nourrie d’un onguent magicien ; l’expérience lyrique du chef, directeur musical de l’Opéra, en est peut-être pour beaucoup et l’on se dit que Nicolas Joel n’aura pas tout rater à Paris: nommer le fils du regretté Armin Jordan, capable de vrais miracles à Paris, Philippe à la tête de l’orchestre maison aura été un acte convaincant qui porte aujourd’hui des fruits éclatants. Voici du Sacre du printemps et pour le centenaire de l’oeuvre, une nouvelle version de référence sur instruments modernes. Le champion et pionnier dans le domaine s’agissant de la partition de Stravinsky demeurant évidemment le geste du français François-Xavier Roth, d’une maîtrise incomparable sur instruments parisiens d’époque (1913) et révélateur en ce sens des formats sonores et des timbres instrumentaux originels… après la tournée 2013, le disque devrait sortir fin 2013/printemps 2014.
Sur instruments modernes, le chant des instruments fait tout ici, et renforce la réussite magistrale de cet enregistrement dont on ne saurait trop souligner avec admiration le miracle de la volupté instrumentale.
Inscrire enfin le Boléro ravélien après les deux chefs d’oeuvre Debussyste et Stravinskien est de la meilleure inspiration : une claire confirmation que l’orchestre et leur chef se montrent très inspiré par la lyre symphonique française postromantique : Du Prélude au Sacre en passant par le Boléro, soit de Debussy, Stravinsky à Ravel se joue ici tout le délirant apanage, bruyant et millimétré du symphonisme français. Lecture réjouissante.

Debussy: Prélude à l’après-midi d’un faune. Stravinsky: le Sacre du printemps. Ravel : Boléro. Orchestre de l’Opéra national de Paris. Philippe Jordan, direction. 1 cd Naïve, enregistré à Paris, Opéra Bastille en mai 2012. Durée : 57mn. Naïve V 5332.

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