vendredi 19 avril 2024

Saintes. Gallia-Théâtre, le 28 octobre 2011. Mozart: L’Oie du Caire. jeunes chanteurs d’Adopera. Catherine Puig (direction); Florence Guignolet (mise en espace; préparation vocale)

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L’oie du Caire au Gallia-Théâtre de Saintes

Gallia-Théatre, le 28 octobre 2011. Saintes accueille le deuxième concert de la nouvelle saison 2011-2012 de l’Abbaye aux Dames : l’Oca del Cairo (l’Oie du Caire). Composée en 1783 par Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) sur un livret de Giovanni Battista Varesco, cette oeuvre charmante est malheureusement restée inachevée par Mozart parce qu’il n’appréciait guère le livret de Varesco. Rarement montée, l’Oie du Caire est généralement couplée avec une autre oeuvre restée elle aussi inachevée : Lo sposo deluso. Si le thème du vieux veuf souhaitant se remarier avec une femme plus jeune que lui est récurrent dans l’histoire de l’opéra et du théâtre, – voyez l’Avare de Molière ou Don Pasquale de Donizetti-, la fraîcheur de l’Oie du Caire étonne, surprend, captive; Mozart, alors âgé de 27 ans montre ici qu’il n’a jamais perdu son âme d’enfant. C’est une version française de cet opéra (dont le poème original est en italien) qui était donnée samedi soir par les membres d’Adopera. Ces jeunes gens, tous étudiants de dernier cycle ou de cycles spécialisés dans leurs conservatoires respectifs, ont eu à peine une semaine pour répéter ensemble l’oeuvre et la mise en espace; le peu de temps qu’ils ont eu pour travailler démontre le professionnalisme à fleur de peau de ces jeunes artistes.


sept jeunes chanteurs prometteurs…

Si l’Oie du Caire ne compte aucun choeur mais sept solistes dont deux très courts rôles, saluons le tempérament de jeunes gens qui chantent avec un bonheur non dissimulé ; ils défendent une partition trop peu connue qui mériterait sans aucun doute un meilleur destin. Les voix sont jeunes, fraîches et dans l’ensemble très prometteuses; le baryton Thibaut de Damas campe un Don Beltram hilarant et si la voix peine parfois à passer pendant les ensembles, la marge de progression est encore importante; Alexandre Pradier fait un très beau Fabrice sur le plan vocal et montre de belles qualités de comédien. Sophie Nouchka-Wemel, jeune soprano méritante, peine dans les aigus ce qui est d’autant plus dommage que la voix est belle et dans l’ensemble bien maitrisée. C’est cependant Ambroisine Bré (Aurette) qui attire l’attention grâce à une voix de mezzo léger resplendissante; elle domine largement ses collègues dans les ensembles et prend un malin plaisir à faire tourner son maître en bourrique. Quant au Pascal de Rodrigue Diaz, dont la voix de ténor-barytonnant étonne, il séduit par un engagement scénique total et s’il se fait le complice d’Aurette pour aider les deux tourtereaux, il le fait après avoir lui-même pris quelques coups à cause de sa jalousie. Fugace, Quentin Couradeau (l’eunuque) affirme son talent indéniable de comédien: il fait sensation auprès du public qui rit aux éclats à chaque scène où il apparaît. Maria Krissan-Manikan (Jacinthe) n’a pas vraiment l’occasion de se faire entendre, mais elle montre néanmoins de belles qualités de comédienne et de chanteuse. Notons également que la mise en espace de Florence Guignolet donne aux chanteurs la possibilité de s’amuser pendant toute la soirée; les personnages traversent une palette étonannte de sentiments contradictoires ; à ce titre, les masques auraient gagné à être plus affinés.


… Et un ensemble orchestral bien jouant

Les instrumentistes d’Adopera sont dirigés par Catherine Puig avec vigilence et fermeté; la jeunesse des artistes est leur point fort et la complicité qui les unit permet aux chanteurs, et notamment Quentin Couradeau, de se servir de la proximité de l’estrade pour taquiner les musiciens.

D’un bout à l’autre du spectacle, ce caractère d’enthousiasme, la fraîcheur des interprètes sont réjouissants. La mission d’Adopera favorise la professionnalisation des jeunes chanteurs et musiciens grâce à l’expérience d’un spectacle présenté en public. Le résultat est à la hauteur des espérances: l’attente du public est comblé car le travail collectif porte ses fruits: c’est l’esprit d’une troupe et la recherche de tout un atelier qui sont ici particulièrement délectable.

Saintes. Gallia-Théâtre, le 28 Octobre 2011. L’Oie du Caire, opéra de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) sur un livret de Giovanni Battista Varesco. Avec Thibaut de Damas (Don Bletram); Alexandre Pradier (Fabrice); Sophie Nouchka-Wemel (Isabelle); Ambroisine Bré (Aurette); Rodrigue Diaz (Pascal); Quentin Couradeau (l’Eunuque); Amria Krissan-Manikan (Jacinthe); Orchestre de ADOPERA; Catherine Puig (direction); Florence Guignolet (mise en espace/préparation vocale). Compte rendu rédigé par notre envoyée spéciale Hélène Biard.

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