2013 marque le centenaire de Verdi et de Wagner, c’est aussi celui de Charles-Valentin Alkan, leur strict contemporain ; c’est dire assez la place d’un oublié de la musique, qui fut rien de moins que l’égal de Berlioz, Chopin et Liszt réunis !
Les quelques concerts et célébrations – si rares et confidentielles – de cette année 2013 rappellent la figure et le tempérament hors normes d’un compositeur idéaliste voire spirituel (comme Liszt ou Franck avec lequel il partagea la classe d’orgue au Conservatoire sous la dictée du professeur Benoît). Né en 1813, mort en 1888, Alkan est ce ” héros Balzacien “, au génie particulièrement précoce, remportant son premier prix de piano au Conservatoire en 1824 à seulement 10 ans ! Le génie digital n’attends pas le poids des années : Alkan en est la preuve la plus éclatante.
Charles-Valentin Alkan
Alkan : le Berlioz du piano et le Liszt français
L’esprit intérieur, tenté par l’obscurité mystérieuse des sons, Alkan s’écarte très vite de sa virtuosité tapageuse des débuts (celle qu’avait épinglé son maître outre Rhin, Schumann) ; le prodige comme Liszt aime questionner les ultimes limites de la forme et de l’écriture aux confins des espaces connus et des expériences rapportées. Il laisse un corpus d’une complexité porteuse d’énigmes, permise seulement par des interprètes particulièrement chevronnés, comme en témoignent les 3 grandes études pour les deux mains (1840), puis la Grande Sonate les quatre âges (1847), ..
Tout en refusant Wagner, Alkan demeure pénétré par le style sérieux des Allemands, de Bach à Beethoven et Schumann. Fervent apôtre des pianos Erard, comme Liszt, Charles Valentin Alkan favorise la diffusion du piano à pédalier (au moment de l’Exposition Universelle de 1855), s’illustre tout autant lors des séries des Petits Concerts dans les Salons Erard à Paris, à partir de 1873 et jusqu’en 1880. Une bonne partie de sa production est teintée d’une ferveur mystique manifeste, toujours accordée au diapason d’une humeur pudique et réservée (il est chargé par le Consistoire dès 1859 de collectionner les chants religieux diffusés dans les Synagogues …).
Musicien de l’idéal, anti mondain par excellence mais virtuose partout célébré et recherché (comme professeur privé), Alkan est un virtuose et un défricheur. Il nous laisse aujourd’hui une oeuvre impressionnante à redécouvrir : ses défis pour l’interprète comme sa très haute inspiration en font l’un des génies du clavier au XIXème, aux côtés de Chopin ou de Liszt. Un interprète et un compositeur grâce auquel le mythe du piano diabolique, romantique, fantastique a pu sérieusement s’imposer dans notre imaginaire musical. Chopin, Liszt, Alkan : la trilogie pianistique romantique est ainsi rétablie.
Natalia Valentin, pianoforte
Jeune interprète d’Alkan
La jeune pianofortiste d’origine vénézuélienne Natalia Valentin s’engage en 2013 pour la défense des oeuvres pianistiques de Charles Valentin Alkan : outre la nécessité des mondes intérieurs, l’écriture concernée exige autant une flexibilité virtuose de la technique, un double défi relevé lors d’une tournée de concerts et récitals …
programme de la tournée Alkan 2013
MOZART, Wolfgang Amadeus
Fantasie en ré mineur Kv. 397
ALKAN, Charles – Valentin
25 Préludes dans tous les tons Majeurs et mineurs pour piano ou orgue (1847)
J’étais endormie, mais mon coeur veillait (Cantique des cantiques)
Prière du soir
Ancienne mélodie de la synagogue
Rêve d’Amour
Recueil d’Impromptus n° 1 (1848) L’Amitié
BEETHOVEN, Ludwig van
Sonate “Pathétique” Op. 13 en do mineur.
Grave-Allegro di molto con brio
Adagio cantabile
Rondo Allegro
ALKAN, Charles – Valentin
Les Mois, 12 Morceaux caractéristiques, en 4 suites (1840) La Pâque
Premier recueil de chants (Trente Chants) (1857) L’Offrande
Deuxième recueil de chants (Trente Chants) (1857) Procession – Nocturne
Recueil d’Impromptus n° 1 (1848) La Foi
MENDELSSOHN, Félix
Rondo Capriciosso Op.14
ALKAN, Charles – Valentin
Alleluia pour Piano Fa majeur (1844)
Super flumina Babylonis, paraphrase du psaume (1859)
CHOPIN, Frédéric
Fantasia-Impromptu Op. 66 en do# mineur
agenda
Samedi 5 Octobre 2013, 21h
Lieu: Villa Bossi, Bodio Lomnago (Varese)
Piano Erard 1889, inauguration après restauration
Via C. Bossi, 33 – 21020 Bodio Lomnago (Va)
info e prenotazioni: [email protected] – +39 0332 969059