vendredi 29 mars 2024

Rameau à Paris

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Rameau à Paris

La capitale pour le Dijonais venu faire fortune et frapper à la porte de la destinée représente deux activités qui ont compté avant sa carrière comme compositeur d’opéras (en 1733 quand est créé Hippolyte et Aricie) : le jeu à l’orgue ; sa nomination comme directeur de l’orchestre de La Pouplinière … dans le premier cas, Rameau n’eut pas la chance d’être comme titulaire d’orgues prestigieuses, aux performances à la mesure de son immense talent (de compositeur comme d’improvisateur); mais aurait-il pour autant accepter dans la durée, le service paroissial si prenant et astreignant : pas si sûr… disposant chez La Pouplinière d’un orchestre professionnel, le musicien peut par contre donner une idée de sa force de travail, de son engagement, de son impressionnante inventivité comme compositeur …

D’orgues en paroisses …

A Paris, Rameau devient titulaire des orgues de nombreuses églises : au Collège Louis le Grand vers 1706, à Sainte Croix de la Bretonnerie vers 1732, puis au noviciat des Jésuites vers 1736… les éléments historiques sont rares pour connaître réellement son parcours dans la capitale, et déceler la vraie nature de ses activités musicales. Contrairement à Dijon où il fut organiste officiel et titulaire à Notre-Dame de 1690 à 1708, par exemple…
Cependant quelques données précises peuvent étayer son évolution dans la Capitale avant le choc lyrique d’Hippolyte et Aricie de 1733.

Dès son arrivée, Rameau obtient  l’orgue du Collège Louis le grand, rue Saint-Jacques dont l’habitude était de recruter de jeunes provinciaux très doués. Mais l’instrument est de faible possibilité et le service paroissiale a tôt fait d’user la patience de notre musicien. Le seul instrument qui vaille la peine de concourir reste  l’orgue de Saint-Paul, prestigieux instrument pour lequel Rameau rivalise avec Daquin en 1727, lequel l’emporta. Rameau beau joueur reconnût sans réserve les qualités de son confrère… L’orgue de Sainte-Croix de la Bretonnerie n’est guère plus développé que ceux qu’a connu jusque là Rameau. Sans attaches véritables, le musicien bientôt compositeur, alors protégé de la Pouplinière, touche parfois l’orgue de Passy, comme celui de Sainte-Eustache pour le mariage du banquier Samuel Bernard en 1733. La réputation de l’organiste était donc solide, probablement portée par ses dons d’improvisateur.

L’orchestre de La Pouplinière, 1731-1753

Chez le fermier général La Riche de la Pouplinière, la musique tient la première place. Installé rue Neuve des petits champs, dès 1731, le mécène fonde son propre orchestre dont il confie la direction à Rameau. Il habite ensuite en 1739 rue de Richelieu : les Rameau suivent leur protecteur et employeur. Propriétaire du château de Passy en 1747, La Pouplinière donne chaque été davantage de musique : hélas le riche patron se sépare de son épouse Thérèse des Hayes, alors ardente protectrice de Rameau (dont elle était aussi l’élève). En 1753, la nouvelle maîtresse de La Pouplinière, la Saint-Aubin profite de la querelle des Bouffons pour chasser le Dijonais : La Pouplinière défend alors les compositeurs de la Reine : Stamitz puis Gossec auxquels il confie son orchestre. Malgré son issue fatale, le séjour de Rameau chez La Pouplinière s’avère de plus profitables pour le compositeur audacieux et expérimental : de 1731 à 1753, soit pendant 22 ans, Rameau dispose d’un orchestre exceptionnel grâce auquel il peut éprouver ses compositions ; dans le salon de son riche patron, il rencontre les plus grands solistes, apprenant avec eux les ultimes performances des instruments ; c’est là aussi qu’il fait la connaissance de son futur rival, Rousseau, au début admirateur puis très vite d’une jalousie tenace parfois vindicative et abusivement critique. Le salon et l’orchestre de La Pouplinière ont permis à Rameau de préparer sa future carrière lyrique, d’y exercer son talent de poète et de dramaturge, de « peintre » comme il aimait à le dire lui-même, capable de peindre les phénomènes naturels les plus spectaculaires et les plus fantastiques comme les tourments des passions humaines. C’est ici que Rameau devient Rameau.

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