Poitiers. TAP : 9 concerts classiques en 2014. Institution pluridisciplinaire, le TAP (Théâtre Auditorium de Poitiers) excelle dans sa diversité métissée, généreuse dans son invitation vers les cultures du monde méditerranéen. Le fil rouge de cette saison est bien la Méditerranée, mais pas seulement. Chaque année, il s’agit aussi de mettre l’accent sur le travail des orchestres associés au lieu : trois phalanges dont le profil et les répertoires sont complémentaires aux deux autres. Orchestre Poitou-Charentes au vaste répertoire, Orchestre des Champs Elysées (qui jouant sur instruments d’époque, offre une interprétation particulièrement pertinente dans le sillon de la pratique historiquement informée, se dédiant en particulier aux compositeurs classiques et romantiques, connus ou méconnus), c’est enfin Ars Nova qui explore les écritures modernes et se dédie aux créations… Outre la vitalité musicale d’un lieu d’accueil pour des instrumentistes aguerris, le TAP favorise également plusieurs chantiers non classiques qui associent aux professionnels, les musiciens issus des conservatoires du territoire. Rencontres, partages, émulation n’ont jamais été aussi présents en 2014. Voici les concerts à l’affiche du TAP, jusqu’en juin 2014. Faîtes comme nous : n’hésitez pas à faire une halte enivrante au TAP de Poitiers. D’autant que la salle des concerts, bénéficie de l’une des acoustiques les plus modernes et les plus séduisantes d’Europe.
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16 janvier 2014
Concert Beethoven, Mozart, Rossini, Hersant
Orchestre Poitou-Charentes
L’Orchestre Poitou-Charentes s’intéresse à l’une des « petites » symphonies de Beethoven, la deuxième, qui est un véritable festival de bonne humeur. Xu Zhong, chef et pianiste dirige du clavier le magnifique air de concert de Mozart Ch’io mi scordi di te, où l’instrument dialogue amoureusement avec la voix de soprano. Sophie Marilley, jeune mezzo-soprano suisse qui a déjà chanté de nombreux rôles mozartiens sur scène, en sera l’interprète. la chanteuse montre une autre facette de son talent en incarnant Rosine, héroïne déterminée et trioomphante du Barbier de Séville de Rossini.
En ouverture du programme, le TAP présente une pièce qui a gagné le prix lycéens des compositeurs 2012 de la SACEM : les Fantaisies sur le nom de Paul Sacher de Philippe Hersant, hommage au célèbre mécène de la musique disparu en 1999.
Orchestre Poitou-Charentes
Xu Zhong, direction et piano
Sophie Marilley, mezzo-soprano
Philippe Hersant : Fantaisies sur le nom de Sacher
Gioachino Rossini : Ouverture Una voce poco fa (extrait du Barbier de Séville)
W. A. Mozart : Ch’io mi scordi di te K.505, Parto (extrait de La Clémence de Titus)
L. van Beethoven : Symphonie n° 2 en ré majeur op.36
22 janvier 2014
Quatuor de Jerusalem
Le Quatuor de Jerusalem brille par un parcours discographique sans faute et des apparitions qui suscitent chaque fois la même admiration. A Poitiers, les quatre instrumentistes présentent un programme issu de leurs racines Mitteleuropa : l’un des derniers quatuors de l’autrichien Mozart et ceux des deux compositeurs tchèques, Smetana, le père spirituel de Dvořák auteur de la célèbre Moldau, et Janáček qui a ouvert les portes de la musique moderne de son pays. Le violoncelliste Kyril Zlotnykow joue un instrument ayant appartenu à Jacqueline du Pré et prêté par le chef israélien Daniel Barenboim (son époux).
Alexander Pavlovsky, violon
Sergei Bresler, violon
Ori Kam, alto
Kyril Zlotnikov, violoncelle
W. A. Mozart : Quatuor KV.589
Leoš Janáček : Quatuor n° 1 La Sonate à Kreutzer
Bedřich Smetana : Quatuor n° 1 De ma vie
De février à juin 2014, la suite du calendrier des concerts classiques au TAP met en lumière le travail des orchestres maison, ceux auxquels le théâtre offre une résidence ou un asile privilégié pour l’approfondissement d’un projet : Orchestre Poitou Charentes, Orchestre des Champs Elysées, Ars Nova. C’est aussi la participation des ressources musicales locales fédérées autour d’un chantier prometteur ou d’un seul concert qui engage les forces vives du Conservatoire par exemple.
Le 20 février (auditorium, 19h30), l’Orchestre des Champs Elysées sous la direction de Louis Langrée joue un programme de musique française : Debussy, Fauré et Chausson... En marge des représentations de Pelléas et Mélisande de Debussy qu’il donne à l’Opéra Comique, l’Orchestre des Champs-Élysées présente un programme aux esthétiques très différentes. Le Prélude à l’après-midi d’un Faune, premier feu d’un impressionnisme sonore magique, peut s’entendre comme un antidote hypnotique aux vénéneuses résonances wagnériennes de la symphonie de Chausson, immense chef-d’œuvre d’un compositeur qui a très peu produit, mais à quel niveau ! La pièce de Maeterlinck Pelléas et Melisande a été une source d’inspiration notamment pour Schönberg et Sibelius. Peu avant que Debussy n’en tire à son tour son célèbre drame lyrique (créé en 1902), Fauré lui consacra une très belle musique de scène pour une représentation… en anglais, à Londres! L’orchestre plus habitué à travailler les classiques Viennois (Mozart et Haydn) ou Beethoven, sort de son habituel répertoire germanique, guidé par Louis Langrée, fervent amateur de romantisme français.
Le 20 mars 2014 (auditorium, 19h30), Concert Ravel, Ibert et Offenbach par l’Orchestre Poitou Charentes (Fayçal Karoui, direction). Pour l’anniversaire du début de la grande guerre, l’Orchestre Poitou-Charentes interprète Le Tombeau de Couperin de Ravel, -introspection historicisante, une œuvre écrite à partir de 1914. Les six pièces qui la composent sont un hommage à des amis de Ravel morts au front, dans une forme qui rappelle la musique baroque Grand Siècle, emprunte de nostalgie, d’élégance et de raffinement (dans les couleurs instrumentales), de poésie surtout, méditative et pudique. Le programme croise ensuite le raffinement du Concerto pour flûte d’Ibert (soliste : Magali Mosnier, flûte) et la fièvre légère et élégante de Manuel Rosenthal quand il adapte en un florilège irrésistible, les rythmes trépidants d’Offenbach. Même légère, la musique française sait séduire par sa subtilité toutes en couleurs.
Le mois de mai est particulièrement riche : place tout d’abord le 6 mai (auditorium, 20h30) à l’Orchestre des Champs Elysées sous la direction de son fondateur et chef historique Philippe Herreweghe dans une partition peu jouée et peu connue (à torts) de Beethoven : Les Créatures de Prométhée, ballet en une ouverture et trois actes pour le chorégraphe italien Salvatore Vigano. Dans cette oeuvre oubliée créée à Vienne le 28 mars 1801 (quand Haydn a livré son chef d’oeuvre testamentaire, La Création), Beethoven compose plusieurs thèmes qu’il recyclera dans sa fameuse Symphonie Héroïque.
Paysages sonores. Comme les cubistes intègrent dans leurs toiles les éléments de la vie réelle (journaux, paille de chaise, vrais papiers peints…), les compositeurs puisent dans la nature, des sons eux aussi réels et concrets (chants d’oiseaux, tempête, éclair et tonnerre, …), le concept de paysage sonore ainsi né dans les années 1970 se développe poursuivant l’oeuvre des anciens (Cris de Paris de Clément Jannequin, Pastorale de Beethoven…). Le concert du 15 mai (théâtre, 20h30) propose l’oeuvre de trois compositeurs librement inspirés des sons de la nature, paysages sonores d’une verve poétique souvent déconcertante et surprenante. Oeuvre de Ferrari, Hudry et Spiropoulos (Ensemble instrumental Ars Nova, avec Géraldine Keller, chant)
Le dernier concert de mai au TAP, le 23 (auditorium, 20h30) présente un travail spécifique mené par l’Orchestre des Champs Elysées et le TAP et qui implique le choeur et l’Orchestre des Jeunes dans l’interprétation de la Gran Partita de Mozart et la Messe D 872 de Schubert. 50 choristes, une dizaine d’instrumentistes issus des conservatoires régionaux travaillent ensemble autour du programme dont les défis sont autant instrumentaux (extraits de la Sérénade Gran Partita de Mozart) que vocaux (la Deutsch Messe de Schubert s’articule autour d’un texte en allemand. La professionnalisation des jeunes musiciens se réalise dans l’interprétation très encadrée (Marcel Ponseele, préparation) de ces deux oeuvres majeures du classicisme et du préromantisme. Matthias von Brenndorf (direction).
Enfin deux concerts concluent la saison musicale 2013-2014 du TAP, programmés en juin. Le 4 (auditorium, 20h30), récital de piano à quatre mains, celles de Jean-Claude Pennetier et de Christian Ivaldi dans un programme Schubert (Sonate D 617) et Mozart (Sonates K521 et K497).
Et pour la fête de la musique (le 21, concert gratuit : auditorium à 15h puis 17h), rien ne vaut les musiques aérées accessibles du génie de la musique de film, l’indépassable Nino Rota (Suite d’orchestre de La Strada) auquel répond la Symphonie n°2 de Mikis Theodorakis (extraits).
9 concerts classiques, 9 rv événements à Poitiers
jusqu’en juin 2014