(1732-1809)
La Création, 1798-1799
en 6 dates
Orchestre des Champs Elysées
Philippe Herreweghe, direction
Le 18 novembre 2008 à 20h30
Poitiers, Auditorium
Le 19 novembre 2008 à 20h30
Mérignac, le Pin Galant
Le 27 novembre 2008 à 20h
Anvers, De Singel
Le 28 novembre 2008 à 20h
Bruges, Concertgebouw
Le 29 novembre 2008 à 20h
Paris, TCE
Le 30 novembre 2008 à 18h
Grenoble, MC2
France Musique
Lundi 15 décembre 2008 à 20h
Un oratorio viennois
Etape majeure de la saison 2008 2009 de l’Orchestre des Champs Elysées, La Création de Joseph Haydn, -déclinée sous la forme d’une tournée plus que recommandable, du 18 au 30 novembre 2008, soit 6 escales qui passent par la France et la Belgique-, célèbre avant les festivités 2009, pour le bicentenaire de la mort du compositeur viennois, le génie du plus grand musicien classique à Vienne. Le geste éloquent et subtil de l’Orchestre des Champs Elysées électrisé par son chef fondateur qui retrouve à Paris, le théâtre où il avait été fondé, exprimera ce drame poétique, à la fois extatique et contemplatif, porté par le souffle de l’Esprit des Lumières et les valeurs de la franc-maçonnerie qui font la richesse d’une partition éblouissante.
A Londres, Haydn est frappé par la perfection tant musicale que dramatique des oratorios de Haendel. A Vienne, il réalise un nouveau défi: adapter à l’esthétique de son époque, l’impact et les possibilités formelles de l’oratorio haendélien. En possession à Londres d’un livret en anglais d’après le Paradis perdu de Milton, remis
en 1795, Haydn préfère sa langue natale: il commande à son ami, le baron van Swieten de transcrire un nouveau texte germanique. Pénétrée par l’esprit des Lumières, auquel les deux concepteurs ajoutent de nombreuses références sacrées et franc-maçonnes, la partition de La Création qui en découle, se montre particulièrement descriptive, usant de nombreux figuralismes, très explicites et intelligibles, mais sublimé par le voile poétique que lui apporte Haydn.
Dès le chaos initial, le musicien laisse irrésolues, les harmonies traditionnelles car alors, « rien n’a encore pris forme ». A la logique du sujet répondent très précisément les options musicales qui recomposent ainsi une palette d’effets parfaitement identifiables: ainsi l’écume des vagues du numéro 6, ainsi plus loin les oiseaux, au 14, volant au dessus d’un horizon serein… offrant désormais après les gouffres inquiétants qui ont précédé, la clarté miraculeuse de la perfection terrestre: notre Terre n’est-elle pas ce paradis offert en joyau périssable par le Dieu créateur?
Musique descriptive ou sublimation poétique?
Ce qui fit le succès immédiat de l’oratorio, son apparente naïveté narrative, descriptive voire anecdotique, ne manqua pas de susciter de nombreuses critiques, en particulier des compositeurs viennois dont Beethoven qui n’hésitait pas à citer La Création comme ce modèle de musique descriptive donc décorative à ne pas suivre… On sait combien l’auteur de la Symphonie Pastorale (1808) désirait non pas décrire mais exprimer l’orage symphonique. Subtilité des créateurs que l’interprète aujourd’hui se doit de respecter de son mieux.
Quoiqu’il en soi, La Création de Joseph Haydn incarne à son plus haut degré de mesure poétique, l’évocation du miracle de la Nature, ce milieu qui se prête à toute contemplation. Dans la partition, Haydn rend grâce au Dieu créateur dont les bienfaits se répandent devant l’homme, trop indigne pour en goûter la véritable mesure
Genèse et créations. Composition : 1796-1798 ; livret allemand de Gottfried van Swieten d’après Le Paradis perdu de Milton ; première audition privée à Vienne chez le prince Schwarzenberg le 30 avril 1798 ; première audition publique au Burgtheater de Vienne le 19 mars 1799 ; première édition, à compte d’auteur : 28 février 1800 ; effectif : soprano solo, ténor solo, basse solo, choeur à quatre voix, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 1 contrebasson, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones, percussions, cordes.
Compte-rendu
Lire notre compte-rendu de La Création de Joseph Haydn par Philippe Herrewghe, écoutée à Paris, TCE le 29 novembre 2008