Daniele Gatti connaît bien la Quatrième Symphonie de Mahler. Il l’a enregistrée avec le Royal Philharmonic Orchestra, dont il est le directeur musical depuis dix ans. Pour cette soirée avec l’Orchestral National, il est venu avec la voix de sa gravure discographique, Ruth Ziesak. Concert dont nous ressortons mitigés.
Beaucoup de choses admirables, bien sûr. L’Orchestre National se dépense, répond immédiatement aux souhaits de Gatti. Les cordes sont toujours aussi magnifiques d’homogénéité ; leur chant est souvent d’une simplicité étonnante et d’une grande douceur, notamment au début du merveilleux troisième mouvement. D’où vient alors cette impression de déséquilibre permanent ? Pour Gatti, la musique de Mahler est celle de la liberté, de tous les excès. Rien ne nous dérange dans ce point de vue, sauf si l’architecture est mise en défaut. Son premier mouvement faisait encore illusion, son manque de logique pouvait en effet refléter une volonté d’insister sur une certaine discontinuité du discours. Cependant, le manque de fermeté rythmique dans le deuxième mouvement, ensuite l’absence de progression dans le lyrisme, enfin une certaine dichotomie de pensée entre la chanteuse et le chef n’ont pas vraiment rétabli l’équilibre nécessaire. En outre, si nous aimons l’Orchestre National pour son engagement physique, il sonne assez gris, et les aspérités de l’écriture (notamment celle des bois) ne sont par ailleurs guère exploitées par Gatti. Nous sommes donc restés sur notre faim, sans jamais entrevoir les sphères célestes, décrites dans le lied final, rédempteur.
La Cinquième Symphonie de Schubert, programmée en première partie, manquait parfois du charme inhérent à cette musique mais Gatti, avec une économie de gestes étonnante, infusait aux musiciens de l’Orchestre National des phrasés d’une grande finesse (début du premier mouvement, thème mélodique du troisième), traversés d’élans fébriles bienvenus. A notre sens, la partie la plus aboutie du concert.
Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le 7 décembre 2006. Franz Schubert (1797-1828) :Symphonie n 5 en si bémol majeur D 485. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur. Ruth Ziesak, soprano. Orchestre National de France.Daniele Gatti, direction.
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Daniele Gatti (DR)
Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le jeudi 7 décembre 2006. Concert Schubert, Mahler. Orchestre National de France, direction : Daniele Gatti
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