samedi 20 avril 2024

Paris. Salle Pleyel, le dimanche 22 octobre 2006. Delphine Lizé joue Haydn, Liszt et Schumann.

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Delphine Lizé, ambassadrice du nouveau piano Pleyel P280 présenté ce soir, offre le premier récital de piano depuis la réouverture de la salle, en septembre 2006. Soirée événement donc, ce fut l’occasion pour les spectateurs qui n’avaient pas encore vu la prestigieuse salle parisienne remise à neuf, d’en avoir une présentation complète par son directeur.

Les variations en fa mineur Hob XVII : 6 de Joseph Haydn ouvrent un concert, dans son ensemble, très réussi et égal du début à la fin. Composée en 1793, entre ses deux séjours à Londres, cette grande œuvre pour piano fut destinée à Barbara Ployer, à qui Mozart avait déjà dédicacé ses concerti K.449 et K.453. Ces variations en clair-obscur, d’une écriture pianistique avancée, dégagent une atmosphère grave qu’il n’est pas fréquent d’entendre chez le compositeur. Delphine Lizé envoûte ainsi dès les premières mesures son auditoire.
Les trois sonnets de Pétrarque de Franz Liszt, extraits des années de pèlerinage (Italie) sont l’occasion pour la pianiste de dévoiler ses nombreuses qualités. Virtuose accomplie, impressionnante même, elle a l’art de jouer avec le temps, et nous procure, en certains instants, un sentiment d’éternité quasi ineffable. Ses tempi judicieux nous font savourer les harmonies particulières de Liszt : une grande patience dans le jeu. La pianiste semble s’adresser à chaque auditeur individuellement. Belle confidence. Un jeu de nuances remarquable et osé dans une salle aussi grande. Capable du plus petit pianissimo, audible au fond de la salle, elle sait aussi faire preuve de volonté de puissance. En deuxième partie de soirée, elle joue les Davidsbündlertänze de Schumann, compositeur qu’elle affectionne particulièrement et qu’elle sait nous faire partager. L’œuvre est aussi au programme de son disque paru en mai 2006, chez Intrada. Delphine Lizé par la grâce du geste, par la souplesse exemplaire du corps et des poignets (une vraie leçon de piano!) obtient des sonorités précises, une justesse des couleurs majestueuses. Les contrastes sont étonnants, et demeurent très convaincants. Un Schumann profondément généreux, inspiré, réfléchi. Eclatant succès mérité. Delphine Lizé n’a plus rien d’une jeune pianiste prometteuse mais figure parmi les grands talents d’aujourd’hui.

Paris. Salle Pleyel, le dimanche 22 octobre 2006. Joseph Haydn (1732-1809) : Variations en fa mineur. Franz Liszt (1811-1886) : Trois Sonnets de Pétrarque. Robert Schumann (1810-1856) : Davidsbündlertänze Op. 6. Delphine Lizé, piano.

Approfondir
Lire aussi notre entretien avec Delphine Lizé, et notre critique du l’album Schumann, paru chez Intrada

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