Pelléas miraculeux de Stéphane Degout
Récemment couronné d’une victoire de le musique classique (« artiste lyrique de l’année 2012 »), le baryton Stéphane Degout excelle dans l’art si difficile et ténu du verbe debussyte. Il est Pelléas contradictoirement à sa nature évanescente et toujours sur le départ: être décalé, dont la pureté juvénile s’ouvre peu à peu à l’amour … celui que lui inspire la mystérieuse et féline Mélisande (non moins convaincante Elena Tsallagova dont le visage animal, l’articulation ciselée donnent corps au personnage de la jeune femme, âme errante et perdue entre deux mondes). Les deux chanteurs sont passionnants: ils soulignent la jeunesse hallucinée de leurs caractères; ils savent aussi marquer très subtilement la gradation dramatique de la partition: rencontre, attraction dans la grotte, serment implicite et déclaration enivrée sous les étoiles… avant le coup assassin de Golaud (plus fade et linéaire Vincent Le Texier)…
Tous les autres personnages sont d’une égale et parfaite tenue vocale, portés par la direction fine et allusive d’un Philippe Jordan attentif à ce wagnérisme lumineux, totalement réassimilé par Debussy; sa direction habitée et claire réexplore la trame filigranée d’une partition au souffle hypnotique. Superbe production et donc reprise événement.
Paris, Opéra Bastille. Jusqu’au 16 mars 2012. Claude Debussy: Pelléas et Mélisande. Robert Wilson, mise en scène. Philippe Jordan, direction. Avec Stéphane Degout, Pelléas. Elena Tsallagova, Mélisande…. Orchestre de l’Opéra national de Paris. Diffusion en direct et gratuite le 16 mars 2012 à 19h30 sur le site de l’Opéra national de Paris. L’Opéra Bastille (Auditorium) présente simultanément en une soirée, deux ouvrages méconnus de Debussy: Le Diable dans le Beffroi et La Chute de la maison Usher… Prochaine critique sur classiquenews.com.