samedi 20 avril 2024

Paris, Opéra Bastille. Jusqu’au 16 mars 2012. Claude Debussy: Pelléas et Mélisande. Robert Wilson, mise en scène. Philippe Jordan, direction. Avec Stéphane Degout, Pelléas.

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Alors que les célébrations Massenet à Bastille nous ont laissé de glace, à cause d’une production ratée de Manon, si peu comprise par Coline Serreau qui y signait sa mise en scène inédite et la plus laide jamais vue à Paris, la maison parisienne redore son blason grâce à cette reprise esthétiquement aboutie et d’une force expressive inouïe de Pelléas et Mélisande de Debussy (créée ici même dès 1997): le 150è anniversaire du compositeur y gagne un lustre imprévu, d’autant que la distribution souligne encore les vertus oniriques et féeriques d’un spectacle qui saisit par la perfection de ses lumières, ses climats crépusculaires et liquides; son étrangeté essentielle, cet exotisme serti comme un vitrail atemporel que la conception minimaliste de Wilson exalte sans l’atténuer.


Pelléas miraculeux de Stéphane Degout

Récemment couronné d’une victoire de le musique classique (« artiste lyrique de l’année 2012 »), le baryton Stéphane Degout excelle dans l’art si difficile et ténu du verbe debussyte. Il est Pelléas contradictoirement à sa nature évanescente et toujours sur le départ: être décalé, dont la pureté juvénile s’ouvre peu à peu à l’amour … celui que lui inspire la mystérieuse et féline Mélisande (non moins convaincante Elena Tsallagova dont le visage animal, l’articulation ciselée donnent corps au personnage de la jeune femme, âme errante et perdue entre deux mondes). Les deux chanteurs sont passionnants: ils soulignent la jeunesse hallucinée de leurs caractères; ils savent aussi marquer très subtilement la gradation dramatique de la partition: rencontre, attraction dans la grotte, serment implicite et déclaration enivrée sous les étoiles… avant le coup assassin de Golaud (plus fade et linéaire Vincent Le Texier)…
Tous les autres personnages sont d’une égale et parfaite tenue vocale, portés par la direction fine et allusive d’un Philippe Jordan attentif à ce wagnérisme lumineux, totalement réassimilé par Debussy; sa direction habitée et claire réexplore la trame filigranée d’une partition au souffle hypnotique. Superbe production et donc reprise événement.

Paris, Opéra Bastille. Jusqu’au 16 mars 2012. Claude Debussy: Pelléas et Mélisande. Robert Wilson, mise en scène. Philippe Jordan, direction. Avec Stéphane Degout, Pelléas. Elena Tsallagova, Mélisande…. Orchestre de l’Opéra national de Paris. Diffusion en direct et gratuite le 16 mars 2012 à 19h30 sur le site de l’Opéra national de Paris. L’Opéra Bastille (Auditorium) présente simultanément en une soirée, deux ouvrages méconnus de Debussy: Le Diable dans le Beffroi et La Chute de la maison Usher… Prochaine critique sur classiquenews.com.

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