C’est l’événement du début 2024 : l’Orchestre National de Lille invite le compositeur britannique George Benjamin, heureux auteur, justement célébré de son vivant, à qui l’on doit le succès lyrique contemporain le plus retentissant qui soit : Written en Skin, créé au Festival d’Aix en Provence en 2012 …
A Lille, le 18 janvier, le compositeur se fait chef et dirige le National de Lille pour son propre Concerto pour orchestre (2021) mais aussi Debussy (La Mer) et Ligeti (Lontano, pièce fascinante et troublante de 1967, utilisé au cinéma à deux reprises : Shinig de Stanley Kubrick (1980) puis Shutter Island de Martin Scorsese (2010)) ; Benjamin dirige aussi Les offrandes oubliées de Messiaen qui fut son professeur au Conservatoire de Paris, lequel comparait son élève à … Mozart ! ; Autre temps fort du cycle Benjamin à Lille… le directeur musical de l’Orchestre lillois, le flamboyant Alexandre Bloch, assure le 25 janvier suivant la représentation de l’opéra emblématique Written on skin, dans une version semi scénique, offrant aux Lillois, l’opportunité de (re)découvrir une partition aussi puissante et cruelle, qu’onirique et trouble…
Cycle George Benjamin
Orchestre National de Lille
Du 18 au 26 janvier 2024
Infos et réservations directement sur le site de l’ON LILLE Orchestre National de Lille : https://www.onlille.com/saison_23-24/concert/george-benjamin/
Jeudi 18 novembre 2024, 20h
Concert : « un maître de notre époque »
LILLE, Nouveau Siècle
1h40, avec entracte
MESSIAEN : Les Offrandes oubliées
BENJAMIN : Concerto pour orchestre
LIGETI : Lontano
DEBUSSY : La Mer
Concert repris le ven 19 janvier 2024, 20h
VALENCIENNES, Le Phénix
Le Concerto pour orchestre de George Benjamin
[ Entrée au répertoire de l’ONL ]
Écrit à la mémoire du compositeur et chef d’orchestre Oliver Knussen, (disparu en 2018), la partition célèbre l’amitié qui a uni les deux auteurs. Benjamin brosse comme un portrait de son ami dont il souligne l’énergie, l’humour et l’esprit. le Concerto déroule un somptueux tapis sonore, où comme un jeu détaillé et sombre, percent les timbres spécifiques des instruments – acteurs : « tuba soliste volatile, duos au cor élaborés, clarinettes effervescentes et deux paires de timbales bourdonnantes », précise l’auteur. Passionnés et complices, les premiers violons agissent avec une même verve feutrée et concluent l’hommage dans la paix et une douceur d’outre-tombe, quasi mystérieuse.
BIO EXPRESS : Geroge Benjamin
Né en 1960, George Benjamin commence à composer à l’âge de sept ans.
En 1976, il entre au Conservatoire de Paris pour étudier avec Messiaen, après quoi il travaille avec Alexander Goehr au King’s College de Cambridge.
À l’âge de 20 ans, son œuvre Ringed by the Flat Horizon est jouée aux BBC Proms. Sa première œuvre lyrique, Into the Little Hill, écrite avec le dramaturge Martin Crimp, a été commandée en 2006 par le Festival d’Automne à Paris.
Leur deuxième collaboration, Written on Skin, créée au festival d’Aix-en-Provence en juillet 2012, a depuis été programmée par plus de 20 maisons d’opéra internationales, remportant autant de prix internationaux. Lessons in Love and Violence, une troisième collaboration avec Martin Crimp, a été créée au Royal Opera House en 2018 ; les deux œuvres ont été filmées par la télévision de la BBC. George Benjamin excelle également en tant que chef d’orchestre, dirigeant un vaste répertoire allant de Mozart à des contemporains comme Knussen et Ligeti. Il travaille régulièrement avec les plus grands orchestres du monde et, au fil des ans, a développé des relations particulièrement étroites avec le Mahler Chamber Orchestra, le Philharmonia Orchestra, le London Sinfonietta et l’Ensemble Modern, ainsi qu’avec le Royal Concertgebouw Orchestra.
George Benjamin a été fait Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2015 et a été anobli en 2017 à l’occasion de l’anniversaire de la Reine. Au cours des 20 dernières années, il a souvent enseigné et joué au festival de Tanglewood. Depuis 2001, il est professeur de composition Henry Purcell au King’s College de Londres. Ses œuvres sont publiées par Faber Music et enregistrées par Nimbus Records.
2 autres programmes George Benjamin
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Vendredi 19 janvier 2024 – 12h30
CONCERT FLASH
Miroirs Étendus & George Benjamin
Britten – Benjamin – Ligeti – Debussy
Victoire Bunel, soprano
Miroirs Étendus :
Romain Louveau, piano
Michèle Pierre, violoncelle
Ce concert Flash a été construit par Miroirs Étendus à partir de Piano Figures de George Benjamin dont découle un programme constitué d’œuvres qui y font écho. La pièce de George Benjamin, aux textures complexes, explore le son du piano à travers un mélange de musique classique et moderne. Les deux pièces de Britten sont des œuvres très personnelles et intimes. On retrouve l’idée de modernité dans la Sonate pour violoncelle de Ligeti, et une richesse des textures dans l’Étude « Cordes à vide » pour piano du même compositeur. Enfin, dans les Trois chansons de Bilitis, Debussy utilise la mélodie pour suggérer la dualité ambivalente de Bilitis, jeune fille dont l’âge est au carrefour entre innocence et séduction.
INFOS & RÉSERVATIONS :
https://www.onlille.com/saison_23-24/concert/miroirs-etendus-george-benjamin/
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Jeudi 25 janvier 2024 – 20h
OPÉRA EN VERSION DE CONCERT
LILLE, Nouveau Siècle
1h45 sans entracte
Alexandre Bloch dirige l’opéra
Written on skin de George Benjamin
Commande du Festival d’Aix-en-Provence, acclamé par la critique, cet opéra explore les thèmes de l’amour et du pouvoir.
Opéra repris ensuite le Vendredi 26 janvier – 20h
Calais, Grand Théâtre
BENJAMIN
Written on Skin
Alexandre Bloch, direction
Lauren Fagan (Agnes), soprano
Krisztina Szabó (Marie), mezzo-soprano
Alasdair Kent (John), ténor
Cameron Shahbazi (The Boy), contre-ténor
Evan Hughes (The Protector), baryton-basse
Orchestre National de Lille
INFOS & RÉSERVATIONS :
https://www.onlille.com/saison_23-24/concert/written-on-skin/
Attention, chef-d’œuvre !
D’après un sondage réalisé par France Musique auprès de 155 compositeurs en 2021, Written on Skin a été désignée comme « l’œuvre contemporaine la plus marquante de ce début de 21ème siècle ». Depuis sa création au Festival d’Aix-en-Provence en 2012, l’opéra de George Benjamin suscite l’admiration par sa puissance dramatique et la beauté de sa musique. Inspiré d’une légende occitane du XIIe siècle, le livret de Martin Crimp brosse d’inoubliables personnages aux passions brûlantes. Fidèle interprète de la musique de Benjamin, Alexandre Bloch dirige une version de concert qui réunit un magnifique casting vocal parmi lequel le duo central Lauren Fagan et Evan Hughes se distingue particulièrement.
Infos et réservations onlille.com
+33 (0)3 20 12 82 40
WRITTEN ON SKIN
[ Entrée au répertoire de l’ONL ]
Créé à Aix en 2021, Written on Skin est un chef d’oeuvre contemporain : partition forte et miroitante, d’essence debussyste, aux éclats subtils et enchanteurs, l’opéra de Benjamin prolonge un premier essai opératique amorcé avec le même librettiste Martin Crimp (« Into the little hill », 2006, court opéra de chambre).
Conte cruel et moderne
L’opéra se joue des contrastes utimes ; c’est « une histoire brûlante placée dans un cadre glacial », selon le librettiste. Son livret s’inspire du conte occitan de Guillem de Cabestany (fin du XIIe siècle). Cruelle et barbare, l’action évoque l’amour entre Guillem le troubadour et Sauremonde, l’épouse d’un riche propriétaire plutôt orgueilleux. Quand celui-ci découvre l’adultère t la trahison de sa femme, il tue Guillem, le dépèce et fait manger son cœur à Sauremonde. En l’apprenant, l’épouse provoque son mari en déclarant que ce cœur était délicieux. Le mari se précipite pour la tuer, mais Sauremonde se suicide en sautant dans le vide.
Crimp ajoute deux variantes : Guillem (nommé ici the Boy, contre-ténor) est un enlumineur que le riche propriétaire (nommé the Protector, baryton) a fait venir en son palais pour qu’il réalise un livre à sa gloire. L’épouse (nommée ici Agnes) succombe au charme de « the Boy » et l’invite à dévoiler leur amour dans le texte du livre à écrire… A la fois acteur et commentateur, le chœur des anges est l’autre invention de Crimp : trois anges dont les costumes actuels, rappellent conformément au voeu du compositeur que Written on skin est une « histoire ancienne observée d’un point de vue contemporain ».
Les anges sont nos semblables, et s’ils participent à l’action (L’Ange 1 deviendra the Boy, les deux autres anges joueront les rôles secondaires de la sœur d’Agnes et de son époux), ils sont les récitants indirects d’une légende ancienne. En multipliant les « says the Boy » (« dit le Garçon »), « says the woman » (« dit la femme »), Martin Crimp narre ainsi
Ambivalente et raffinée, la musique de Benjamin mêle ancien et moderne. Très efficace et directe, l’écriture se concentre sur quelques timbres choisis (viole de gambe, percussions, harmonica de verre…), suit et exalte les contrastes, jouant des suspensions et des accélérations soudaines, en une équation riche et complexes entre violence et ivresse.
Parmi les épisodes saisissants, distinguons la scène d’amour entre Agnes et the Boy (scène 6) ; le finale coloré par l’harmonica de verre qui plonge dans un univers étrange et d’une intensité poétique remarquable.
La trajectoire des personnages est également d’une rare subtilité dramatique : Agnès se renforce en cours d’action à mesure que son époux Protector, se fragilise et exprime une fêlure… Entre les deux, The Boy cultive un chant médian, qui leur est imitatif. Benjamin questionne les pulsions amoureuses, l’amour, la jalousie ; les rapports de force, de domination ; c’est aussi une œuvre organique voire viscérale : la passion s’inscrit dans le texte que commande Protector au Boy ; Agnès illettrée reçoit dans sa chair, sur sa peau, l’expression de la passion qui la renforce.
LIRE aussi le livret programme de Written on skin par l’Orchestre National de Lille : https://www.onlille.com/saison_23-24/wp-content/uploads/Written-on-Skin-web.pdf