Concert exceptionnel à l’Opéra Grand Avignon entre amis ou en famille… L’Orchestre National Avignon Provence joue la Symphonie n°6 dite « Pastorale » de L. van Beethoven, un monument de la musique classique, la Sérénade de Bernstein avec la violoniste de Carolin Widmann.
Hymne à la sainte Nature, la Symphonie « Pastorale » (1808) de Beethoven est contemporaine de la 5ème ; la partition émerveille par ses chants d’oiseaux, ses danses paysannes, … son souffle onirique et tout autant expressif : davantage « expression » que « peinture » de l’élément pastoral. Sans omettre sa tempête et son orage aussi qui en font une œuvre climatique d’exception – aussi captivante sur ce point que les quatre saisons de Vivaldi. A la fois narrative et poétique, sublimée par le génie architectural de Beethoven. Le concert dévoile aussi deux bijoux méconnus (rarement joués en concert) : la Symphonie de chambre n°1 « Le Printemps » (1917) de Darius Milhaud, une miniature charmante aux accents jazzy ; et la Sérénade d’après le Banquet de Platon (1954) de Leonard Bernstein qui propose une galerie de portraits de philosophes grecs inspirée du plus beau texte sur l’amour jamais écrit ; pour en exprimer les vertiges et la justesse, Bernstein réserve au violon solo, une partie expressive dont il a le secret. A l’Opéra Grand Avignon, c’est la violoniste Carolin Widman qui dialoguera avec les instrumentistes du National Avignon Provence, sous la direction de Case Scaglione, directeur musical de l’Orchestre National d’Île-de-France.
La Symphonie Pastorale de Beethoven… La Sixième Symphonie, dite Pastorale, fut composée et créée au même moment que la Cinquième, le 22 décembre 1808, à Vienne. Outre son génie de symphoniste, Beethoven, âgé de 38 ans, révélait une aptitude exceptionnelle à renouveler son inspiration : difficile de concevoir œuvres aussi différentes et cohérentes, en un même moment ! Le compositeur précise l’esprit de l’œuvre : davantage « expression » que « peinture » de l’élément pastoral. D’ailleurs, au moment de sa publication, en 1826, la partition indique : « Symphonie Pastorale ou souvenir de la campagne ». Il s’agit moins d’une évocation descriptive que suggestive du motif rural, sylvestre, naturel. Pour conduire l’auditeur dans ce cycle de paysages plus brossés que dessinés, il a lui-même indiqué pour chacun des mouvements, un titre indicatif. Beethoven privilégie la sensation sur le réalisme. L’accueil fut mitigé, et le public resta sur l’ennui suscité par la longueur du deuxième mouvement !
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Opéra Grand Avignon / Avignon
vendredi 6 décembre 2024 à 20h
Héros : Beethoven, Bernstein, Milhaud
Direction musicale, Case Scaglione
Violon, Carolin Widmann
Orchestre national Avignon-Provence
Programme
Darius Milhaud : Symphonie de chambre n°1 « Le Printemps »
Leonard Bernstein : Sérénade d’après le banquet De Platon
pour violon solo et orchestre de chambre
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 « Pastorale »
Infos & réservations sur le site de l’ONAP Orchestre National Avignon Provence : https://www.orchestre-avignon.com/concerts/heros/
Durée : 1h20 – Tarif : De 5 à 30 euros
Avant-concert
Rencontre avec le chef Case Scaglione et la violoniste Carolin Widmann
Salle des Préludes de 19h15 à 19h45
Réservations par téléphone au 04 90 14 26 40 / La carte CLUB’OPERA est proposée au tarif de 20 euros. Valable un an après sa date d’achat elle ouvre droit à une réduction de 20% sur le prix des places, de tous les spectacles dont ce spectacle.
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Fiche Symphonie / Symphonie « Pastorale » n°6 en fa majeur, opus 68. Cinq mouvements dont les trois derniers sont enchaînés. L’allegro ma non troppo (1) intitulé « éveil d’impressions joyeuses » dont le premier thème reprend la mélodie d’un air populaire de Bohême où séjourna le compositeur à l’été 1806 chez les Brunswick. L’andante molto mosso (2) évoque « une scène au bord du ruisseau » où le chant des oiseaux détaillés par Beetoven (rossignol, caille et coucou) permet aux bois de se détacher, respectivement : flûte, hautbois et clarinette. L’allegro qui suit (3) intitulé « réunion joyeuse de paysans » est un scherzo structuré sur le thème descendant ( sur huit mesures) exposé pianissimo par les cordes. Puis, se développe une mélodie rustique brusquement interrompu par un tutti fracassant : c’est l’annonce de l’orage (allegro en fa mineur, 4). Fulgurance de l’éclair puis descente, apaisement. Enfin, l’allegretto final (5) exprime le « chant des pâtres, sentiment de contentement après la fin de l’orage ».
Hymne à la nature souveraine, célébrée par une humanité joyeuse tel serait le programme énoncé sans plus de précision par un Beethoven, plus impressionniste que méticuleusement naturaliste. Beaucoup d’amateurs voire de musiciens et non des moindres ont tenu « la Pastorale » pour une œuvre réduite du fait de son intention descriptive, inscrite dans son titre. C’était faire bien peu de cas des précisions pourtant sans ambiguïté de son auteur. Claude Debussy, dans « Monsieur Croche » n’a pas épargné Beethoven : il voit dans la Sixième Symphonie, une œuvre plus faible que les autres opus symphoniques. Un raté « inutilement imitatif ». L’écoute objective de l’œuvre révèle qu’il s’agit d’une partition dense et sauvage, dont la force énergique et la vitalité affirment le génie beethovénien, évocatoire, poétique, sensitif. Un immense panthéiste, écolo avant l’heure !
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