samedi 14 septembre 2024

Nouveau Trittico de Puccini à Tours

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Tours, Opéra. Puccini : Il Trittico.  Les 13,15,17 mars 2015. 3 miniatures véristes. 3 en 1. Puccini a composé en 1918, un ensemble de 3 ouvrages destinés à être représentés en une seule soirée, enchaînant: Il Tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi. Le cycle fut créé à New York, au Metropolitan Opera le 14 décembre 1918.

DVD. Puccini: un séduisant Trittico (Opus Arte)Il Tabarro (la Houppelande) d’après le drame de Didier Gold (1910) est un pur joyau vériste en un acte, où la misère quotidienne se change en tragédie. On y retrouve le trio  emblématique de l’opéra italien: une soprano (Giorgetta) mariée à un baryton (Michele) qui le trompe avec un ténor (Luigi). L’intrigue se déroule sur les quais de Seine: Luigi est décidé à quitter la femme qu’il doit partager, il sera débarqué à Rouen. Mais Michele démasque l’identité de l’amant de sa femme et l’étrangle puis le cache sous sa  houppelande… En peu d’effets, le compositeur brosse chaque tableau, variant les climats, entre impressionnisme et expressionnisme avec un sens prodigieux de l’efficacité et de la synthèse.

 

 

 

3 miniatures véristes

 

Suor Angelica. Même acte d’un réalisme sec et froid dans Suor Angelica. L’action se déroule dans un couvent italien du XVIIè où une ancienne aristocrate a été enfermée après avoir eu un enfant suite à une liaison illégitime. Sa tante vient la visiter: lui fait signer un acte où la jeune femme renonce au patrimoine familial,t out en lui annonçant la mort de son enfant qu’elle n’a plus jamais revu. Au comble de la solitude et du dénuement, Suor Angelica imagine la misère de son enfant mort (Senza Mamma): elle avale un poison. La Vierge lui apparaît en lui présentant un enfant. Ici pas de rôle masculin mais une confrontation entre l’agent du destin (la tante) et la tendresse défaite de la l’héroïne.

Gianni Schicchi peut avoir été inspiré par un fait réel conté par Dante des Les Enfers (Chant XXX, vers 1308). L’action se passe à Florence… A la mort du vieux Buoso Donati, les membres de sa famille entendent récupérer les biens que le défunt a légué à un couvent. Schicchi (baryton) est appelé au chevet du mort, avec sa fille Lauretta qu’aime passionnément Rinuccio, le neveu de Buoso. Schicci prend l’aspect du mourant dans son lit afin de dicter ses dernières (fausses) volontés à son notaire: il lèguera tout son patrimoine à chacun des membres avides et complices. Puccini marque le contraste en invoquant dans ce tableau cynique et funèbre, la tendresse des deux amants : Rinuccio (Hymne à Florence) et Lauretta qui dans son air (O mio caro Babbino) pastiche la première manière du compositeur. Schicchi réalise ainsi le complot mais il s’octroie la maison du mort, écartant tout autre prétendant, afin d’y abriter l’amour des deux jeunes gens. Gianni Schicchi est une autre fable satirique, lyrique mais grinçante qui renouvèle depuis Falstaff, l’art de la pure comédie italienne, approchée par épisode et petites touches dans l’acte I de Tosca, grâce au personnage du sacristain.

 

 

 

 

Giacomo Puccini : Il Tritico, le Triptyque (1918)

Il Trittico : approche et enjeux des œuvres

 

pucciniIl Tabarro. De la fièvre, de l’angoisse dans un orchestre omniprésent (au risque d’étouffer parfois les voix?), doit ici projeter et préserver l’âpre réalisme d’un conte très cynique où le trio traditionnel de l’opéra italien exalte les tensions émotionnelles entre les protagonistes; la soprano et le ténor, Giorgetta et Luigi s’aiment en cachette, à la barbe de l’époux véritable de celle ci, Michele (baryton). Les deux amants ont à voir avec ceux de Louise de Charpentier: deux âmes enflammées, ardentes et nostalgiques, portant chevillé au coeur l’amour de l’asphalte parisien, ce Belleville où ils sont tous deux nés: jamais Puccini n’a autant déclaré sa flamme à la ville lumière : ce Paris des amants, d’un romantisme radical et suicidaire, déjà perceptible dans La Bohème (d’ailleurs l’ombre de Mimi flotte incidemment dans l’air du ténor à sa fenêtre au début du drame)… Souvent, le portrait de celui que l’on trompe est loin d’être tout noir : Michele n’est pas un mari despotique; ardent, “bon et honnête”, il sait lui aussi s’ouvrir aux effluves d’une nostalgie silencieuse… certes endeuillée par leur enfant mort. Et est-il si dindon, inconscient àa la tromperie de son épouse ? Tant d’humanité chez ce personnage le rend naturellement émouvant.  Il y a dans la description puccinienne d’une histoire somme toute anecdotique, la pure ivresse délirante d’un abandon à la mort: ces 3 inadaptés ne sont pas heureux et cultivent finalement une addiction à la déploration tragique…
Au regard du raffinement de l’orchestration, on rêverait d’un Puccini joué comme Ravel: où le génie des mélodies s’assortisse d’un raffinement de la langue orchestrale : chaque maestro se doit de faire jaillir ces joyaux d’instrumentation qui font de Puccini le plus fascinant orchestrateur de son temps… On voit bien que l’écriture de Puccini transfigure l’anecdote : Il Tabarro pourrait être l’esquisse et le manifeste de toute l’esthétique lyrique de l’opéra italien au début du XXè. Une direction mesurée, claire et brillante suffirait à rendre tout le génie puccinien, si évident dans ce triptyque…  Après tout jouer Wagner intimiste n’est pas si contre productif ! Dans le cas de Puccini, le bénéfice serait tout autant profitable.

 

Suor Angelica. Avec le recul, et en comparaison avec ses deux autres volets, Suor Angelica est l’opéra le moins réussi de la trilogie du Trittico puccinien. Les 30 premières minutes restent bavardent et anecdotiques même si elles sont destinées à exposer lieu, action, caractères: les épisodes qui se succèdent: les rayons de soleil sur la fontaine transformant l’eau en or; la piqûre de guêpe et le remède concocté par Angelica en soeur guérisseuse; puis les fruits de la quête, enfin l’annonce d’une visite au parloir… sont musicalement faibles; tout bascule avec la confrontation de la tante d’Angélique, cette princesse venue laver l’honneur d’une famille salie par la faute d’Angélique… laquelle se montre révoltée contre l’ordre qui la contraint à l’expiation … depuis 7 ans. Ainsi se dévoile le secret de Suor Angelica qui a eu hors mariage, un enfant.
La tragédie s’épaissit encore lorsque la tante apprend à sa nièce détestée que son pauvre garçon est mort de maladie… Puccini écrit enfin le premier grand air du drame: lamento grave et sombre d’une jeune mère anéantie par ce qu’elle vient d’apprendre et qui retrouve le souffle sacrificiel et délirant de Butterfly. La suite de l’opéra en un acte est déséquilibré et la descente de la grâce divine mise en parallèle avec la mort par poison d’Angelica pose des problèmes de réalisation scénique que souvent les productions ne règlent pas… bien au contraire.  Attention ! :  si les chefs n’y veillent pas, Tout peut basculer dans le ridicule pathétique et la théâtralité sirupeuse. Le vérisme n’est pas afféterie.

 

Gianni Schicchi. D’après un conte décrit par Dante, Puccini adapte pour la première fois, le genre comique dont il fait ici, après le Falstaff de Verdi, un pur joyau délirant, délicieusement cynique et parfaitement satirique. Comme Paris dans Il Tabarro, c’est ici Florence qui inspire les pages les plus lyriques auxquelles le compositeur associe le duo des amants, Lauretta et Rinuccio; du reste c’est pour eux que l’ingénieux Gianni Schicchi (le père de la jeune fille) élabore son plan en travestissement et usurpation afin qu’ils s’aiment dans la maison florentine dont ils savent si justement célébrer le charme. Par la voix de Rinuccio s’exprime une vibrante apologie de la cité Toscane et de ses environs; et Puccini réserve à Lauretta le plus bel air de l’opéra (o moi caro bambino…) très habilement placé dans le fil narratif, quand encore circonspect quant à l’application du stratagème, Gianni succombe finalement à l’insistance de sa fille si insistante et si amoureuse; en outre, le compositeur oppose avec finesse l’ardente juvénilité des deux cœurs aimants à l’étroitesse d’esprits des parents du défunt venus récupérer, coûte que coûte, leur part d’héritage. La verve comique doit éviter boursouflure, car la partition exige a contrario la subtilité truculente des operas Buffa de Donizetti (Don Pasquale) …

 

 

 

boutonreservationTours, Opéra à l’Opéra de Tours. 3 dates événements :
Giacomo Puccini : Il Tritico, le Triptyque (1918)
Nouvelle production

Vendredi 13 mars 2015 – 20h
Dimanche 15 mars 2015 – 15h
Mardi 17 mars 2015 – 20h

Conférence Il Trittico de Puccini :
Samedi 7 mars – 14h30 – Grand Théâtre – Salle Jean Vilar
Entrée gratuite

 

 

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