samedi 20 avril 2024

Néron, empereur

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Les Historiens comme à leur habitude ont au cours des siècles, déformé et réécrit l’histoire des hommes. Rien de plus fondé au sujet de Néron dont la tradition populaire, relayée par les commentaires des scientifiques, et quelques bon films hollywoodiens (Quo Vadis) ont fait la figure de la barbarie et de la folie, incendiaire de Rome, persécuteur des chrétiens. Or rien de plus faux aujourd’hui : l’empereur julio-claudien qui accède au trône à l’âgede 17 ans, n’a jamais incendié la cité antique : bien au contraire, on sait aujourd’hui qu’il ouvrit les jardins de ses palais pour accueillir les victimes des flammes. Le feu aurait gagné une échelle colossale à cause d’un été particulièrement chaud et venté… Quand aux « chrétiens » qu’il aurait sciemment massacrés, l’appellation à son époque est tronquée. Sous le règne de Néron, il s’agit encore de dissidents du judaïsme, qui compte plusieurs dizaines voire quelques centaines d’âmes réunies en sectes. Rien de plus improbable que de parler de tueries ciblées et organisées.

Les textes et sources historiques, rédigées un siècle plus tard par Suétone et Tacite, ont réarrangé les faits à une époque où il fallait noircir la réputation des empereurs julio-claudiens et Néron devint un barbare que les pères de l’Eglise firent ensuite bourreau et boucher des premiers chrétiens.
Or historiquement, Marc-Aurèle, l’empereur philosophe, a réellement tué davantage de chrétiens. Réévaluons donc nos sources et nos croyances.
En revanche, Néron, est comme tout ses prédécesseurs mégalomanes (les empereurs de Rome sont des dieux vivants), généreux et fastueux, un politique flamboyant qui avait la passion de l’art. Chanteur et poète, il écrivait des mélodies et des drames.

Son goût vient de l’éducation très raffinée qu’il reçoit pendant sa jeunesse. Une jeunesse solitaire, certainement dans le fond malheureuse ; Agrippina, sa mère, calculatrice froide et sans scrupule, lui offre un modèle de perversité et de manipulation rare. D’ailleurs, s’il la fait tuer, c’est pour éviter un soulèvement populaire, tant celle qui n’eut jamais réellement d’instinct maternel sinon dicté par l’intérêt, était devenu impopulaire et honnie.
En Empereur prestigieux, il a voulu imiter Caligula, plus mégalomaniaque que lui : ce dernier avait en effet décrêté que sa statue devait paraître dans le temple de Jérusalem, acte fou qui faillit bien déclencher une guerre avec la Judée.

En définitive, le tableau néronien doit être réécrit. Politique et artiste, calculateur et intriguant, comme tous les empereurs de Rome, Néron incarne au début de l’histoire Impériale, un règne riche et complexe que la croyance a honteusement schématisé.
D’ailleurs, l’homme ne manque pas de noblesse puisqu’il se suicide dans la tradition inculquée par Sénèque, le 9 juin 68.

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