NANCY. La Rose Blanche : 20 mai – 3 juin 2016. Udo Zimmermann signe un sommet lyrique contemporain d’une noirceur sobre, efficace, glaçante dont la fulgurance ressuscite l’effroi grandiose et terrifiant de la tragĂ©die grecque. Les deux hĂ©ros de cette fable moderne surgissent du fond de la nuit, deux spectres que la mort a saisi, et dont la clairvoyance Ă©blouit par sa grandeur. Sophie et Hans ont tentĂ© de combattre le fascisme : l’opĂ©ra haletant, hallucinant, parcouru d’Ă©clairs et de cauchemars, de visions d’une claire suggestion, ressuscite l’hĂ©roisme de deux Justes, torturĂ©s, broyĂ©s par la Barbarie.
La production saluĂ©e en fĂ©vrier 2013 par classiquenews lorsqu’elle fut prĂ©sentĂ©e en crĂ©ation française par Angers Nantes OpĂ©ra, reprend du service Ă Nancy, avec la mĂȘme Ă©quipe de chanteurs, deux vois, deux tempĂ©raments d’une exceptionnelle intensitĂ© et justesse poĂ©tique : la sĆur et le frĂšre, sacrifiĂ©s sur l’autel de la barbarie nazie : Elizabeth Bailey et Armando Noguera. L’ouvrage en allemand, créé en 1967, glorifie Ă juste titre ce groupe d’Ă©tudiants dit “La rose blanche” qui affirmant leur rĂ©sistance contre le fascisme hitlĂ©rien en 1942, paya trĂšs cher leur courage admirable. A cette occasion, lâOpĂ©ra de Nancy sâassocie au Goethe Institut pour une sĂ©rie dâĂ©vĂ©nements (exposition, rencontre, cinĂ©  confĂ©rencesâŠ.) autour de La Rose blanche (voir dĂ©tails dans le dossier de presse). Production incontournable.
LA ROSE BLANCHE d’Udo Zimmermann Ă Nancy
9 représentations au Théùtre de la Manufacture
les 20, 22, 24, 25, 27, 28, 31 mai 2016 et les 1er et 3 juin 2016.Â
Nicolas Farine, direction musicale
Stephan Grögler, mise en scÚne
Sophie, Elizabeth Bailey
Hans Scholl, Armando Noguera.Â
VOIR le reportage vidéo exclusif réalisé en février 2013 par CLASSIQUENEWS
LIRE notre compte rendu complet de La Rose Blanche présentée par Angers Nantes Opéra
La version que nous offre Angers Nantes OpĂ©ra est celle de 1986 : dâun premier ouvrage Ă plusieurs personnages et pour grand orchestre, Zimmermann a fait une Ă©pure ciselĂ©e comme du Britten, Ă©vocatoire et parfois Ăąpre comme du Berg, proche par son Ă©loquence et sa finesse linguistique de Bach.âšSur la scĂšne, deux acteurs chanteurs Ă la prĂ©sence vocale, dramatique et incantatoire dâune subtilitĂ© exemplaire traversent la sĂ©rie de tableaux conçus comme des transes, des visions hallucinĂ©es, entre terreur, douleur, surtout courage : Hans et Sophie, le frĂšre aĂźnĂ© et la sĆur, dĂ©fient jusquâĂ la mort les faiblesses, les lĂąchetĂ©s pourtant excusables. Leurs frĂȘles silhouettes se dressent malgrĂ© tout et jusquâau bout contre un climat de terreur intelligemment cultivĂ©e tout au long du spectacle. Les deux cĆurs justes ullulent, murmurent ou expriment toute une palette de sentiments divers, vĂ©ritable tour de force vocal et lyrique qui semble aussi revisiter les lamentos baroques et lâincantation montĂ©verdienne.