France musique nous gâte ! Ne manquait que l’image pour que le spectacle soit total, et nous désir de Mozart en cet été anniversaire, comblé. En direct du Festival de Salzbourg qui a bien raison de rétablir la place du musicien dans une ville qu’il n’aima jamais, Nikolaus Harnoncourt dirige pour cette soirée de première. L’opéra de Mozart est à l’affiche du Festival Salzbourgeois jusqu’au 13 août.
Pour mieux préparer votre soirée, quelques clés de compréhension.
Les Noces de Figaro (Vienne, Burgtheater : 1er mai 1786 sous la direction du compositeur – reprise à Vienne, le 29 août 1789)
Opéra buffa en quatre actes – livret de Lorenzo da Ponte d’après la comédie de Beaumarchais : La folle Journée.
Genèse: quoique
Da Ponte dans ses Mémoires ait déclaré à l’encontre du texte de
Beaumarchais, sa soi disante inconvenance et la nécessité d’en retirer
la veine séditieuse pour la rendre audible du public Viennois, c’est
bien Joseph II qui souhaitait une adaptation lyrique de la pièce
française. A plusieurs reprises, le comte Rosenberg, directeur des
théâtres de Vienne, réclame à Mozart la partition.
L’œuvre: vis-à-vis
de l’original, le livret de Da Ponte semble expurgé de toute critique
sociale.. rien n’est plus faux en vérité car c’est la musique de
Mozart, habile à exploiter les ressources de l’écriture opératique, qui
se délecte à rétablir dans ses choix d’écritures et de styles,
l’allusion des appartenances de rang. Les Noces comportent dans les
choix musicaux, des références très claires au registre héroïque,
comique, pittoresque. A ce titre, la partition est une peinture sociale
foisonnante qui n’évite aucun trait de conflit ni aucune opposition.
Bien
au contraire, ces Noces Viennoises relisent le texte de la Folle
Journée en condensant ses aspects les plus originaux sans trahir la
pertinente analyse des caractères. L’opposition du clan Figaro/La
Comtesse/Suzanne contre l’autorité du Comte ne perd rien de sa géniale
vérité.
Les clés: opéra d’une
contestation habilement retranscrite, les Noces sont aussi une
partition féministe. Marcelline, Suzanne, La Comtesse offrent une
palette de sensibilités psychologiques idéalement exprimées. Par elles,
les hommes apprennent à reconsidérer le rapport à l’autre. Au sommet de
la peinture des passions, le personnage de Chérubin donne la clé d’un
ordre sommaire, celui des hommes dont le jeu politique voudrait
contraindre la libre expression de la psyché. En Chérubin, il faut
reconnaître la force irrépressible du désir et du sentiment. Là,
rapport des classes ; ici, loi des affections souveraines. Tout est dit
dans la musique jusqu’à l’ivresse des sens. Une catharsis collective
que le quatrième acte apaise d’autant plus grâce à la scénographie
orchestrée par la Comtesse, dans laquelle l’homme (le Comte et Figaro)
sont initiés au rite suprême : l’apprentissage du respect de l’autre.
Dans
l’histoire de l’opéra où l’on s’est plu souvent à distinguer l’élément
moteur, entre le texte et la musique, Les Noces proposent grâce au
génie dramaturgique de Mozart, certes parfaitement aidé de Da Ponte, un
accomplissement : ici, la dramaturgie musicale offre un équivalent au
théâtre parlé.
Distribution: Figaro
(basse), Suzanne (soprano), Docteur Bartholo (basse), Chérubino
(soprano), Marceline (soprano), Comte Almaviva (baryton), Don Basilio
(ténor), Comtesse Almaviva (soprano), Antonio (basse), Don Curzio
(ténor), Barberine (soprano).
Discographie sélective:
Herbert
Karajan: George London, Elisabeth Schwarzkopf, Irmgard Seefried, Erich
Kunz, Sena Jurinac… Chœur de l’Opéra de Vienne, orchestre
philharmonique de Vienne. Emi 2 cds, 1950.
Erich Kleiber:
Alfred Poell, Lisa della Casa, Hilde Güden, Cesare Siepi, Suzanne
Danco, Hilde Rössel-Majdan… Chœur de l’opéra et Philharlmonique de
Vienne. Decca 2 cds, 1959.
Carlo Maria Giulini: Eberahrd
Wächter, Elisabeth Schwarzkopf, Anna Moffo, Giuseppe Taddei, Fiorenza
Cossotto…Philharmonia. Emi 2 cds, 1960.
Karl Böhm: Dietrich
Fischer-Dieskau, Gundula Janowitz, Edith Mathis, Hermann Prey, Tatiana
Troyanos… Opéra de Berlin. DG 3 cds, 1968
Geor Solti: Thomas
Allen, Kiri te Kanawe, Lucia Popp, Samuel Ramey, Frederica Von Stade,
Jane Berbié, Kurt Moll, Robert Tear… Orchestre philharmonique de
Londres. Decca 3 cds, 1982
René Jacobs: Patricia Ciofi, Simon
Keenlyside, Véronique Gens, Lorenzo Regazzo, Antonio Abete… Nicolau de
Figueiredo, pianoforte. Concerto Köln. Harmonia Mundi.
Dvdthèque:
Karl
Böhm: Dietrich Fischer-Dieskau, Kiri te Kanawa, Mirella Freni, Hermann
Prey, Maria Ewing, Heather Begg… Philharmonique de Vienne. Mise en
scène : Jean-Pierre Ponnelle. DG, 1976.
Festival de Salzbourg 2006
Distribution
Il Conte Almaviva
Bo Skovhus
La Contessa Almaviva
Dorothea Röschmann
Susanna
Anna Netrebko
Figaro
Ildebrando D‘Arcangelo
Cherubino
Christine Schäfer
Marcellina
Marie McLaughlin
Bartolo
Franz-Josef Selig
Basilio
Patrick Henckens
Don Curzio
Oliver Ringelhahn
Antonio
Florian Boesch
Barbarina
Eva Liebau
Wiener Philharmoniker
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Direction : Nikolaus Harnoncourt
Lire aussi la présentation de l’opéra sur le site du festival de Salzbourg Illustrations
Barbara Krafft, portrait de Mozart
Goya, scène galante