mardi 16 avril 2024

Marie-Antoinette, Reine musicienneArte, « Maestro », le 9 juillet à 19h

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Une Reine jardinière qui aimait les roses… Une femme de goût et aussi, une Reine honnie et même diabolisée. Entre ces facettes plurielles, voire extrêmes, se place le destin de la très jeune épouse de Louis XVI, née Autrichienne, une origine qui lui fut reprochée toute sa vie.

On ignore que Marie-Antoinette aima et pratiqua la musique avec assiduité et même passion. Arte diffuse le 9 juillet un concert au Petit théâtre de la Reine à Trianon. Y sont jouées les oeuvres de ses musiciens favoris, Gossec, surtout Grétry. En complément du concert, tourné dans la salle qui accueillit les spectacles organisés pour la Reine et ses invités, un documentaire sur l’histoire du petit théâtre et ses machineries souligne l’intérêt exceptionnel d’un lieu, qui sera désormais ouvert au public.

Un écrin dont la fragilité rend davantage extraordinaire le fait qu’il ait échappé aux ravages de la Révolution. Il reste l’un des plus anciens théâtres royaux du XVIIIème… et en parfait état de marche. Ce lieu enchanté sera bientôt intégré dans un circuit guidé puisque le Château de Versailles inaugure au début de l’été (1er juillet 2006) un nouvel itinéraire créé pour le visiteur : « le domaine de Marie-Antoinette à Trianon« .

En soulignant chez la Souveraine, le visage d’une délicieuse écervelée, on masque un aspect essentiel de sa personnalité : ses dispositions comme protectrice et inspiratrice des arts en général, de la musique en particulier. Une princesse dont l’affection naturelle pour le luxe et le raffinement reposent sur une intuition sûre. Une femme à l’âme artiste dont les manifestations du goût demeurent à repréciser.

L’histoire de l’art ne conserve de cette époque qu’une image schématique. Il est vrai que le néoclassicisme ambiant s’établit sans faillir, désavouant peu à peu la courbe rocaillle née à la Régence, assagie mais tout aussi souple sous louis XV, préférant nettement la pure et droite ligne dorique à la palme et son panache végétal. Or Marie-Antoinette tout en aimant l’épure, favorisa aussi la nature. En femme intuitive au goût sûr et avisé, elle sut commander aux plus grands créateurs du règne, affirmant dans les années 1780, un style qui était devenu grâce à son discernement et son sens de l’art de vivre, la norme européenne.
L’élégance cultivée au même titre qu’un retour à la Nature comme en témoigent les nouveaux agancements de son jardin à l’anglaise, dessiné dans son domaine de Trianon.
Et ce goût se propage jusqu’en Suède où Gustave III acclimate cet art aristocrate et pastoral. Un art de vivre septentrional que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de style Gustavien.

Que la jeune femme raffinée aime aussi jouer la bergère n’est pas le seul aspect d’une personnalité infiniment plus riche que la croyance veut l’affirmer. Il faudrait d’ailleurs parler de style Marie-Antoinette, comme l’on parle de style Louis XVI.

Marie-Antoinette fut aussi une femme de cœur qui cultiva l’affection comme un lien naturel suscitant chez ses proches, le désir de la servir, du moins la représenter comme elle était : la peintre Elisabeth Vigée-Lebrun laisse de la Souveraine, plusieurs portraits d’une humanité émouvante et abordable. L’un des derniers fixe les traits de la mère entourée par ses enfants, qui connaîtront, comme elle, un destin tragique.
Certes, l’année où le portrait est décidé (1788), la Reine a besoin de redorer son blason auprès du peuple après le scandale du Collier qui a éclaboussé son image. Voici donc un portrait presque trop familier d’une maternité épanouie, celle de la femme, mère avant d’être Reine, d’une allure à peine royale. Car la veine de Madame Vigée-Lebrun cultive le naturel, voire une certaine familiarité avec son royal modèle.

Pas d’apparat ni d’étalage ; pas d’insignes et d’accessoires dévoilant un message et une propagande ; Marie-Antoinette pose sans couronne, c’est à peine si l’on identifie la salle où elle se trouve : le salon de la Paix qui précède sa chambre. La perspective de la Galerie des glaces se devine sur la gauche. Le decorum du palais a été atténué pour une mise en scène intimiste. C’est le portrait d’une femme par une autre femme. Ce sentiment d’humanité et même de tendresse, s’exprime sous les pinceaux de la portraitiste.

L’un des reproches qu’on lui opposa souvent, en raison de ses origines étrangères, en particulier autrichiennes, est d’avoir favorisé le Chevalier Gluck. Et d’autres étrangers, Piccinni et Sachini, et même Salieri. Elle aurait peu aimer les auteurs français. Or elle protégea avec une même ardeur, Gretry et Gossec. Encore jeune fille, c’est le maître à danser Français, Noverre qui lui apprend l’art de la pose et cette élégance, ce maintien qui même devant l’échafaud, aux séances de son procès, lui inspire une dignité indéfectible propre à sa naissance, ce port inoubliable d’une Reine artiste.

Qui est Marie-Antoinette? A l’heure où l’on célèbre Mozart, les feux people et glamour du festival de Cannes 2006 ont mis à l’honneur le film de Sofia Coppola : Marie-Antoinette.

Mozart/Marie-Antoinette : deux figures contemporaines qui nous renvoient l’image d’un XVIIIème siècle fascinant. L’histoire s’est montrée terriblement cruelle à leur égard. Le Premier est mort trop tôt même s’il eut le temps de délivrer son sublime message ; la Seconde fut exécutée non sans avoir connu les délices de son rang de Souveraine puis les humiliations les plus accablantes. Reine des plaisirs, puis Reine Martyr.
Ils auraient pu aussi se retrouver à Versailles. Un épisode demeure peu connu, Mozart alors à Paris (il s’agit de son second voyage en 1778), postula pour un poste d’organiste à la Chapelle Royale de Versailles. Or Marie-Antoinette qui l’avait bien connu, et pour cause pusique le jeune Wolfgang alors à Vienne, invité de l’Impératrice Marie-Thérèse, lui avait demandé dans une fougue juvénile, « voulez-vous m’épouser?« -, ne marqua aucun intérêt à la proposition du musicien qui cherchait une place en France… On imagine ce qu’aurait pu produire la présence de Mozart comme musicien officiel à la Cour de France…

La réalité n’est pas moins féérique, du moins dans la première partie du règne de Marie-Antoinette. La jeune adolescente reçoit comme cadeau de son époux Louis XVI, dès 1774, le domaine et le château du Petit Trianon.
De la résidence des favorites de Louis XV, Marie-Antoinette fait le lieu emblématique de ses goûts, le miroir d’un art-de-vivre somptueux. Ou comment recycler un lieu déjà bâti en foyer d’un goût renouvellé, à l’avant-garde : ce que fit Gluck de ses operas serias créés dans les années 1760 à Vienne. Ré adaptés sous la protection de Marie-Antoinette qui fut son ancienne élève à Vienne, les ouvrages du Chevalier bouleversent la notion de drame lyrique sur la scène Parisienne, au début des années 1770.
Marie-Antoinette réaménage Trianon en un temple du raffinement. A quelques pas du bâtiment, dans son domaine privée et avec son architecte Richard Micque, elle se fait construire un théâtre privé qui accueille les spectacles de musique, composés par les musiciens qu’elle aime.

Illustrations

Elisabeth Vigée-Lebrun, portrait de Marie-Antoinette (1783)

Elisabeth Vigée-Lebrun, Marie-Antoinette et ses enfants (1788).
Le dernier portrait de la longue série de tableaux commandés par la Reine à la peintre. La mère est ici entourée de ses enfants, Madame Royale, Louis Charles (futur Louis XVII, dans ses bras), Louis Joseph qui soulève les étoffes du berceau où se devait se trouver Marie-Sophie décédée à l’âge d’un an de la tuberculose, Louis Joseph s’éteignait un après l’achèvement du tableau. Exposé au Salon de 1788, le sujet familial suscita de vives réactions : trop familier, trop intime, une Souveraine en mère était un registre déplacé qui n’avait pas été traité jusque-là.

Versailles, le Petit Trianon, façade sur les jardins.

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