jeudi 28 mars 2024

Maria Callas à Paris (1958, 1965) Arte, dimanche 9 mai 2010 à 19h

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Maria Callas
à Paris


2 récitals : 1958, 1965

Arte
Dimanche 9 mai 2010 à 19h

2 récitals parisiens à 7 ans d’écart rendent compte de l’art vocal et dramatique de la diva Maria Callas. En 1958 d’abord, pour un gala de bienfaisance à l’Opéra de Paris en robe haute couture et une réalisation visuelle et des moyens musicaux pas toujours à la hauteur de ce rendez vous historique. En 1965 ensuite où plus sobre et humaine, la diva montre ses talents belcantistes et véristes avec une simplicité désarmante d’autant plus captivante qu’elle est accompagnée, idéalement, par l’excellent Georges Prêtre. Deux documents exceptionnels … toujours aussi hallucinants.


Assoluta cathodique

Paris, 19 décembre 1958: accompagnée par le chef Georges Sébastian qui dirige l’orchestre de l’Opéra de Paris, Maria Callas qui pourtant est auréolée d’une gloire déjà planétaire, fait ici ses débuts à Paris. Quelques temps auparavant, à Rome, la diva renonce à chanter après le 1er acte de Norma pour méforme: c’est un scandale né de l’incompréhension du public et du parterre prestigieux, venu l’applaudir. Après une tournée aux USA, elle de retour en Europe… son planning est vide: la diva recherche des engagements, heureusement il y a ce gala de bienfaisance à Paris, retransmis en eurovision devant… 100 millions de téléspectateurs: le triomphe est total et la cantatrice en retire un renom mondial.
Derrière la diva, les choristes sur la scène patinent souvent (nombreux décalages: que fait le chef?) et restent à la traîne, derrière la diva: ils n’ont pas sa perfection linguistique ni son assise rythmique. Les caméras bougent régulièrement: on reste étonné pour une retransmission en direct de la piètre qualité de la réalisation. Quand au mixage, on entend sur le chant de la diva, les paroles du souffleur et de nombreux bruits parasites… le feu légendaire n’est pourtant en rien atténué par tout cela.

Débuts avec Norma (Bellini: cavatine casta diva), ce rôle où elle fut honnie à Rome… Chignon tirée, cheveux laqués, silhouette de sylphide, robe haute couture, et bijoux étincelants, la diva est aussi une prophétesse du style et du goût absolu: son chant exprime, palpite, embrase. Elle semble au bord du précipice, actrice tragédienne hors norme, dont l’expressivité intense, suprahumaine trouve des accents vocaux bouleversants.
Suite avec Leonora (Verdi: Le Trouvère) hallucinée, crépusculaire, là aussi au bord du volcan, où la diva, à la fois incandescente et fragile captive du début à la fin de son solo. Ses aigus affleurent le tiraillement et présentent un début de larsen; mais l’intensité et la franchise de l »émission, cette coloration abyssale de la déploration et des larmes sont littéralement bouleversants. L’actrice, ses gestes et expressions mémorables, son regard fixe, grands yeux écarquillés, en particulier dans le Miserere qui suit dans la même scène du Trouvère, sont anthologiques.

Autre atmosphère plus légère quoique… pour Rosina « Una voce poco fa… », air du Barbier de Séville, comédie buffa de Rossini: chant d’une jeunesse déterminée, volontaire, prête à montrer ses griffes… ingénue au sourire angélique mais à l’oeil déjà félin… Callas la tragédienne, se fait ici, hyperféminine et amusée, d’une espièglerie touchante. Sa vocalità (et la prosodie) délectable, celle d’une immense actrice et d’une chanteuse géniale, toujours au service de la projection du texte (avec des variations personnelles d’une musicalité et d’une puissance d’un style inouïe!

Autre récital. Le 2 mai 1965, accompagnée par Georges Prêtre (dirigeant l’Orchestre national de l’ORTF) Maria Callas éblouit tout autant dans un programme plus intérieur encore: La Sonnambula de Bellini, Gianni Schichi de Puccini. Quelques jours plus tard, pour la reprise de la Norma à l’Opéra de Paris dans la mise en scène de Zeffirelli, Callas renonce encore à chanter (après Rome en 1958) après la 5è représentation. Le 5 juillet suivant à Covent Garden, elle incarne Tosca à Covent Garden, ultime production où les spectateurs purent l’applaudir.

A Paris: Petite robe noire sobre dégageant les épaules (qu’elle avait couvertes en 1958 par une étole), la diva se met au service du texte, d’autant que Prêtre dirige avec un sens des nuances rare.

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