Arte, aujourd’hui à 20h50. Soirée Louis XIV. Le Roi Soleil en roi des arts. On se souvient d’un livre très instructif où l’auteur Philippe Beaussant n’hésitait pas à baptiser Louis le Grand de « roi artiste » : il faut bien du discernement et un goût sûr pour savoir reconnaître les talents et les faire travailler sur des œuvres grandioses. En confisquant au surintendant Fouquet, les Lebrun, Le Vau, Le Nôtre, surtout Molière (moins La Fontaine qui osa défendre son ancien patron), Louis devenu le Roi Soleil en 1661, montra sa maturité politique et artistique : il fit de chacun d’eux, par gratifications et pensions généreuses, ses serviteurs les plus zélés. Le documentaire diffusé par Arte dévoile le portrait d’un souverain esthète qui s’il instrumentalisa et contrôla les arts – soumis à sa propre célébration-, les favorisa et les organisa comme personne. Sous son règne, naissent les académies de peinture, sculpture, architecture, sciences, surtout de la danse car Louis dès son adolescence maîtrise le maintien et sait danser, offrant en 1653, une fameuse incarnation du Soleil triomphant, axe du monde, véritable représentation du pouvoir royal réaffirmé après le chaos de la Fronde.
Tous les arts sous son règne sont inféodés aux directives de la « petite académie », cercle de sages décrétant la façon de représenter le roi… un ministère de la communication politique avant l’heure et dirigé par l’inflexible Colbert, serviteur le plus loyal dévoué à sa majesté.
On suit pas à pas les différents visages de Louis : l’adolescent danseur, l’amoureux transi (de Marie Mancini dans le premier Versailles des années 1660, avec point d’orgue de cet instant d’ivresse, les plaisirs de l’île enchantée dans les jardins du premier Versailles en 1664), l’amateur de théâtre qui aime à rire des comédies satiriques de Molière, puis le souverain passionné par l’opéra dont Lully fait un spectacle total à partir de 1673. Enfin c’est Versailles le chantier du règne, devenu siège du gouvernement en 1683 : le théâtre du pouvoir ou l’opéra de sa majesté aux dimensions cyclopéennes.
Le film récapitule les passions de Louis XIV : la danse, l’opéra, l’architecture, … on y relève les facettes multiples du Roi, toujours magnifié et héroïsé, en particulier au plafond de la galerie des glaces où Louis paraît en vainqueur, humiliant volontiers les armées rivales au delà du Rhin… une humilation que les Allemands ou les Hollandais continuent d’éprouver et de condamner avec autorité. Le visiteur de la Galerie des glaces oublie souvent le sens des représentations peintes par Lebrun, commentées par Racine et Boileau (en français et non plus en latin!). Contestable, l’ambition du Roi a fait des arts sous son règne une formidable machine de propagande dont le raffinement a marqué l’esprit d’un règne et forgé un modèle pour toute l’Europe moderne. Après Louis XIV, toute représentation politique dans l’Ancien Monde comme dans le Nouveau, ne peut être que Versaillaise…
Programmation spéciale Louis XIV sur Arte
Samedi 29 et dimanche 30 août 2015
Samedi 29 août 2015
20.50 : LOUIS XIV, ROI DES ARTS
22.40 : Opération Lune, l’épave cachée du Roi-Soleil
Dimanche 30 août 2015
17.30 : le mobilier de Versailles, du roi soleil à la révolution
18.30 : Soirée baroque à la Philharmonie
20.30 : Un jardinier à Versailles
0.00 : la Nuit Louis XIV de William Christie
Tous les programmes sont aussi accessibles sur « ARTEconcert +7 »
Lire aussi notre présentation du week end Louis XIV sur ARTE
Ne pas manquer aussi Dimanche 30 août 2015, à minuit. Le concert « La Nuit Louis XIV de William Christie » convoque le Sermon sur la mort, de Bossuet : pour célébrer la mémoire du roi français le plus artiste donc, Denis Podalydès déclame et aussi sert de guide au public, invité le temps de cette nuit royale, à circuler dans le château du Souverain à Versailles, du théâtre royal – construit sous Louis XV – à la chapelle, puis à la galerie des Glaces où Les Arts Florissants jouent un programme musical). William Christie dirige ainsi à la Chapelle le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, un compositeur que Louis goûta fort, même s’il n’eut aucune charge officielle à la Cour. C’est surtout la tragédie en musique Atys (1676), de Jean-Baptiste Lully, que Louis aima passionnément, aussi surnommé « L’opéra du roi » que William Christie aborde par extraits, lui qui en a assuré la recréation il y a trente ans. Fin du parcours dans la Galerie des Glaces, avec un divertissement royal… avant le départ du feu d’artifices déployé sous la voûte nocturne dans le parc…
Le programme La Nuit Louis XIV de William Christie est précédé à 20h30 sur Arte toujours, du documentaire un jardinier à Versailles : focus sur l’autre passion du Roi pour les jardins…