La compositrice Augusta Holmès (1847-1903) dont la carrière et l’œuvre couvre le « plein » XIXè romantique français, continue de surprendre voire fasciner… , sa personnalité déjoue la plupart des idées reçues sur les créatrices romantiques. Augusta « ose » : tempérament libre, elle cultive une ambition sans bornes, et refuse surtout l’assignation des femmes compositrices… aux petites formes musicales.
Reléguées à des œuvres anecdotiques, les compositrices dévoilent dans les faits un tout autre visage a contrario des préjugés phallocratiques ; voilà qui rapproche Augusta de Lili Boulanger, qui si elle n’était pas morte si jeune, avait déjà depuis son 1er Prix de Rome, un génie musical aussi prometteur que Debussy ou Ravel.
S’agissant d’Augusta Holmes, anglo irlandaise, naturalisée française en 1873, – ses poèmes symphoniques, cantates, opéras affirment une conception spectaculaire qui convoque les grands auteurs Franck (dont elle fut l’élève brillante) et Wagner (admiré, rencontré en 1869 quand elle avait 22 ans). A travers les documents d’époque (articles de presse, notices, extraits de livre…), la figure d’une Amazone de la musique romantique française se précise, dès son vivant ; l’écriture symphonique et opératique, sa sensibilité singulière qui réalise l’alliance du raffinement et de la masse orchestrale s’imposent immédiatement (comme l’a confirmé un récent enregistrement réalisé à Metz / programme Holmès / Wagner, comprenant son formidable poème mythologique « Andromède » de 1882). N’a-t-elle pas l’aplomb d’une divinité greco-romaine, dont la stature de patricienne semble témoigner de la sureté d’une créatrice hors normes ? Ses portraits (photo de couverture) en attestent.
Ainsi s’impose le profil de la muse et compositrice, d’un génie musical célébré à Paris et personnalité majeure de la IIIè République, et qu’il est urgent de réécouter : son wagnérisme, fusionné à une connaissance personnelle de l’écriture de César Franck explique la réussite saisissante de ses poèmes symphoniques et de ses opéras. Son drame « La Montagne noire » ( à laquelle est consacrée tout un chapître, le plus passionnant et révélateur du style) est annoncée, en recréation, à l’Opéra de Dortmund (Allemagne, saison 23 / 24 – lire ci-après). L’opéra achevé en 1883 s’inspire du conflit au XVIIè (1657) au Monténégro, en guerre contre les turcs. C’est un drame qui comprend jusqu’à 2 ballets (!), est héroïque et amoureux… « sensuel même » précise la compositrice qui obtient sa création à l’Opéra de Paris en 1894, devant le président Félix Faure totalement conquis. L’action guerrière et virile est noire et tragique car à l’issue du drame, meurent les deux frères d’armes, Aslar et Mirko, ce dernier comme envoûté par la beauté de Yamina, belle houri… Le talent de Holmès n’est pas qu’à l’opéra… Ses mélodies et son interlude « La nuit et l’amour » sont aussi accessibles grâce au coffret « Compositrices » récemment édité par le Palazetto Bru Zane (et lui aussi couronné par notre CLIC de CLASSIQUENEWS).
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LIVRE événement, annonce. Hélène CAO : Augusta Holmès (Actes Sud / Palazzetto Bru Zane) – Éditions [Actes Sud] Beaux-Arts – Palazzetto Bru Zane
Avril, 2023 11.00 x 17.60 cm – 336 pages
ISBN : 978-2-330-17578-8 / Prix indicatif : 11€
PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur ACTES SUD : https://www.actes-sud.fr/catalogue/arts/augusta-holmes
Approfondir
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Recréation de la Montagne noire d’Augusta Holmes
DORTMUND, Opéra / TheaterDO.de
https://www.theaterdo.de/produktionen/detail/la-montagne-noire/
Les 13, 19, 24 janvier 2024 – puis 17 fév, 11 avril, 10 mars 24, 19h30
Avec Mirko : Sergey Radchenko / Mandla Mndebele, Aslar / Le père Sava : Denis Velev / Yamina : Aude Extremo… Motonori Kobayashi, direction / régie, mise en scène : Emily Hehl.
