vendredi 19 avril 2024

Les Chaussons rouges (Powell, Pressburger,1948)1 dvd Carlotta Films

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En 1948,
ce film en Technicolor heureusement restauré (voir en préambule la
présentation par Martin Scorcese soi même sur le process de restauration
des 3 bandes de négatifs à traiter) se distingue par sa maitrise
dramaturgique à 100 lieues de l’outrance caricaturale de Black swan,
récent blocbuster sur le même sujet: la lente et sûre ascension d’une
danseuse classique, avant sa chute mortelle…
Pas facile d’exprimer la réalité complexe d’une troupe de danse,
transposition à peine déguisée ici de la compagnie des Ballets Russes,
sur le mode cinématographique. Les rapports troubles ambivalents entre
sadisme et possession du directeur de la compagnie Boris Lermotov,
démiurge exclusif, et de la ballerine Vicky Page sont au centre de
l’intrigue des red shoes (chaussons rouges).


Hymne à la danse

Le film maîtrise sans faille son propos qui développe une conception passablement romantique de la danse,
comme du statut de l’artiste en général. Entre art et vie, danse et
amour, Victoria Page doit faire un choix cornélien qui se résout in
fine par la mort de l’héroïne… Inspiré du conte d’Andersen, le sujet
comme Antonia dans Les Contes d’Hoffmann brosse le portrait d’une
interprète que sa passion artistique, -le chant pour Antonia, la danse
pour Vicky-, consume jusqu’à la mort…

A travers la création du ballet qui donne son titre au film, dans la
relation de la ballerine et du chef compositeur (le seul amour de sa
vie), dans le rapport de Vicky et de son mentor, monstre cynique et
radical, se précise et se perd aussi l’identité de la ballerine.

Est elle prête à tout sacrifier pour vivre sa vocation de danseuse? La
question posée en ces termes demeure d’actualité, même si la vision du
statut de la danseuse nous parait aujourd’hui bien démodée; il faudrait
poser la question aux étoiles actuelles pour connaitre leur sentiment,
et savoir si à un moment de leur parcours, ce choix conflictuel s’est
posé de la même façon… on conjecturera que la proposition relève d’un
délire de scénariste.

Quoiqu’il en soit, les nœuds psychologiques de ce drame humain qui se
termine dans la tragédie sont très subtilement exprimés et visuellement
somptueusement restitués. La réalisation, l’imaginaire qui déborde et
porte le rêve chorégraphique de Vicky, le ballet-lui-même qui est le
point d’orgue dramatique de l’action enrichissent ce chef d’oeuvre
visuel qui malgré son sujet tragique, grâce à la beauté et
l’intelligence de sa forme, reste un hymne atemporel donc légendaire à
la danse. Magistral.

Les Chaussons rouges de Michael Powell et emeric Pressburger (1948, version restauré remastérisée). Présentation par Martin Scorcese 1 dvd Carlotta Films.

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