REPLAY… L’ENFANT ET LES SORTILEGES (RAVEL / Colette)... UN ENFANT PAS SAGE APPREND LA COMPASSION… Dans une ancienne maison normande, un enfant, enfermé dans sa chambre ne parvient pas à se concentrer sur ses devoirs. Sa mère survient, le gronde et le punit ; il devra rester seul dans la pièce jusqu’au dîner. Exaspéré, l’enfant se rue sur les objets et les animaux domestiques du jardin voisin; il s’énerve et tente de les détruire tous. Lorsque sonne l’heure des sortilèges, les objets se rebellent et décident de le persécuter en paiement de sa violence. Le petit garçon trouve alors refuge auprès de sa mère… A-t-il compris la leçon ? Rien de sert d’agresser des innocents pour se libérer de sa violence. Surtout des animaux innocents qui sont prêts à l’aider… et panser la plaie.
REPLAY… L’ENFANT ET LES SORTILEGES (RAVEL / Colette)
Opéra de Lyon, 2019 (Egel / Bonas)
En Replay jusqu’au 17 octobre 2020 – VOIR l’Enfant et les Sortilèges
https://www.france.tv/france-5/passage-des-arts/1385465-l-enfant-et-les-sortileges.html
En replay jusqu’au 17 octobre 2020
Durée : 45 mn
Dès le début, les hautbois disent dans l’aigu l’ambivalence d’un enfant faussement innocent, en réalité très cruel et très paresseux… « j’ai envie de manger tous les gâteaux, j’ai envie de couper la queue du chat et celle de l’écureuil… J’ai envie de mettre Maman en pénitence »). Par la magie de la musique et la complicité des animaux du jardin, l’Enfant murit, il apprend la pitié ; il devient humain grâce à l’écureuil qui lui offre de soigner sa blessure…Regrettons dans cette production lyonnaise que les chanteurs ne savent guère articuler ni nuancer le texte de Colette ; peu répondent à la féerie inscrite dans la musique de Ravel, dès 28’30 : immersion dans le jardin enchanté, celui des épreuves et des métamorphoses… véritable nocturne enivrant. L’habillage vidéo compense par son onirisme, la rusticité du chant général (même le choeur chante trop fort, ajoutant souvent un expressionnisme trop appuyé en particulier ans l’évocation de la blessure de l’arbre…). L’élégance et l’allusion étant le propre de Ravel, les amateurs et connaisseurs de Ravel resteront de marbre. Circonspects face à une production peu généreuse en suavité vocale. Dommage.
L’Enfant, Clémence Poussin
Chouette, Beth Moxon
Rossignol, Margot Genet
Chauve Souris, Erika Baikoff
Chat, Christoph Engel
Maman, Libellule, Claire Gascoin
Ecurueil, Eira Huse
Arbre, Matthew Buswell
Orchestre et chœurs de l’Opéra de Lyon
Titus ENGEL, direction
James Bonas, mise en scène
Filmé à L’opéra de Lyon, 2019
LIRE aussi notre dossier L’Enfant et les Sortilèges de Ravel
https://www.classiquenews.com/tag/lenfant-et-les-sortileges/
Extrait du dossier / présentation, enjeux, genèse de l’Enfant et les sortilèges (1926) :
« Le Music-hall et l’esprit de la comédie américaine dépoussièrent le vieux genre opéra. Colette enthousiaste, encourage le musicien qui orfèvre sa partition jusqu’au printemps 1920. Puis viennent des semaines et des mois de dépressive inactivité. Mais sous la pression du directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, Raoul Gunsbourg qui souhaite faire créer l’ouvrage dans sa salle, Ravel doit poursuivre. Finalement, l’oeuvre tant attendue est créée le 21 mars 1925: pas moins de cinq ans pour achever une oeuvre qui dans son projet initial n’avait rien de stimulant. Au moment de sa création parisienne à l’Opéra-Comique, le 1er février 1926, le parterre resta de marbre. Arthur Honegger prit la défense de la partition. André Messager de son côté, fustigea ce que Lalo avait exécré de la même façon dans L’heure espagnole: son insensibilité. Et tous les critiques s’entendirent pour ne trouver aucune entente entre le texte de Colette et la musique de Ravel.
L’intérêt et la nouveauté de l’oeuvre viennent principalement du relief des voix. Pas moins de 31 rôles aux couleurs et aux intonations spécifiques, qui composent une brillante mosaïque de tonalités, en particulier animales (huit rôles d’animaux au total!). Mais la force de la partition ne réside pas uniquement dans sa capacité d’invention et de timbres. Le sujet suit une gradation émotionnelle extrêmement subtile là encore. Effets lyriques, action contrastée dans la première partie, puis, hymne à la compassion, à l’humanité quand l’enfant cruel et barbare, sadique et capricieux révèle enfin son essence innocente, pure, compatissante. En définitive, l’accord, texte/musique se dévoile dans cette ultime partie dont la tendresse et l’appel au pardon atteignent des sommets d’émotions tissés sur le mode miniaturiste et pointilliste… »