La soprano catalane Montserrat Caballé est morte, ce jour samedi 6 octobre 2018, à l’âge de 85 ans, à l’hôpital Sant Pau de Barcelone. A l’époque des divas belliniennes et belcantistes, après l’or d’une Maria Callas, Caballé (née en 1933) incarne dans les années 1960,1970,1980, un chant souverain et pur presque desincarné tant il fut diamantin et d’une agilité virtuose. Elle demeure la dernière grande coloratoure du XXème avec Beverly Sills, sans pour autant partager avec sa consœur américaine le même répertoire; de fait La Caballé a chanté comme personne les héroïnes sacrifiées de Bellini, du premier Verdi essentiellement sans omettre Donizetti et même Mozart (Fiordiligi dans Cosi fan Tutte), et aussi Rossini (1984: résurrection du Viaggio à Reims sous la direction de Claudio Abbado), offrant à son art remarquable des sons filés, emperlés, une ligne souple et aérienne d’une flexibilité inouïe en particulier dans les suraigus qu’elle redessine et caresse avec une subtilité inégalée. Soprano coloratoure et léger, elle a surtout chanté Lucia et Norma de Bellini, Gilda, Leonora et même Traviata de Verdi sous la direction du français Georges Prêtre (1965). Osons citer aussi sa Salomé de Richard Strauss, en allemand grâce à l’intuition juste de Léonard Bernstein qui avait compris combien ce timbre angélique et céleste convenait au personnage de jeune fille ingénue et davantage inspiré d’Oscar Wilde (cf le visuel ci contre : couverture du disque édité par DEUTSCHE GRAMMOPHONE) . Pour nous Caballé, demeure la diva osant la caricature et l’autoderision délirante et magicienne dans son duo avec Freddy Mercury : Barcelona, célébrant le feu et la singularité de la capitale catalane en 1988. Comme Luciano Pavarotti le légendaire ténor (avec lequel Montserrat a chanté et enregistré Mefistofele de Boito), Caballé demeure surtout une voix d’une perfection absolue, la fameuse beauté incarnée et pure, idéal pour les sopranos après elle, dont le piètre talent scénique dû à une silhouette massive, se sera révélé dommageable dans de nombreuses productions mémorables sur la scène. A notre époque du tout image et des captations en direct au cinéma, une telle diva, pas aussi douée pour le jeu d’actrice qu’une Callas, n’aurait peut être pas bénéficié des feux de la rampe lyrique et surtout médiatique. Quoiqu’il en soit, la planète lyrique a perdu avec son décès, une étoile vocale inoubliable que seul l’enregistrement audio et vidéo peut ressusciter.