RADIO. France Musique. Smetana : La Moldau. Dimanche 25 septembre 2016, 14h. Smetana, compositeur précoce, doué pour le violon et le piano, se rapproche à Prague des Romantiques légendaires tels Berlioz, Schumann et Liszt, ce dernier encourage son jeune confrère et permet à ses premiers opus pour piano d’être publiés. Smetana, ardent nationaliste, défend concrètement l’idée d’une école tchèque, en particulier praguoise de musique. Influencé par Berlioz, Schumann, Liszt et Wagner, il réalise ainsi le projet d’une école de musique à Prague, compose entre 1863 et 1872, 8 opéras dont les célèbres Fiancée vendue, Dalibor, Libuse…véritables manifestes de la musique tchèque. Il sera chef d’orchestre de l’Opéra de Prague dès 1866, et jusqu’en 1874 cependant, devant démissionner à cause d’une surdité handicapante. Jusqu’en 1884, année de sa mort, soit pendant dix ans, il se dédie totalement à la composition : ainsi surgit l’élan dramatique, allusivement patriotique, du cycle orchestral Ma Patrie / « Ma Vlast », composé entre 1874 et 1879, sorte de testament musical et esthétique dont fait partie la célèbre page La Moldau (rivière affluent de l’Elbe). Le volet, joué souvent séparément fait figure d’étendard emblématique de l’essor du symphonisme tchèque. Après lui, Dvorak poursuit et nourrit le sillon tracé par le fondateur Smetana.
Ma Patrie est une confession qui célèbre l’amour de l’auteur au pays natal, à travers 6 épisodes qui célèbrent la nature (La Moldau) ou des événements et des figures de l’histoire tchèque (Sarka, Tabor, Blanik.)… Ecrite en 3 semaines (novembre-décembre 1874), La Moldau / Vltava est créé en avril 1875. Smetana outrepasse par son écriture allusive, passionnée, d’une grande subtilité d’orchestration, la seule description comme le simple hommage à la patrie. Il offre aux Tchèques, une célébration naturaliste aussi passionnante et inspirée que ce qu’ont écrits pour le Danube les Autrichiens ; pour le Rhin, les Allemands. En célébrant la grandeur miraculeuse et infinie de la Moldau, affluent de l’Elbe, Smetana renforce le prestige et la singularité de la culture comme de la nature tchèque.
POEME DES FLOTS…
La Flûte initiale, suivie par la clarinette évoque le flux continu de la rivière ; la partition suit le cours de l’onde et évoque le spectacle qui se déroule sur ses rives : chasse dans les bois (cuivres), noces rustiques (polka jouée par les bois et les cordes) ; puis ce sont les visions nocturnes, avec les ébats des Roussalkas au soir de pleine lune. La texture crépusculaire de l’orchestre atteint un scintillement littéralement préimpressionniste. Puis de violents chocs orchestraux expriment le tumulte des flots, aux chutes et cascades vertigineuses des gorges de Saint-Jean. Le flot s’élargit ; jusqu’à l’apparition de la ville de Prague, célébrée dans une vision solennelle et majestueuse avant que les reflets aquatiques ne se perdent dans les lointains, en une séquence qui va diminuendo, tels les aplats vaporeux d’une aquarelle. Fortement architecturée, la partition de Smentana n’oublie jamais de ciseler les détails de ses évocations naturalistes, au point d’offrir à l’orchestre, des trésors de raffinement instrumental. L’œuvre dont la durée varie entre 12 et 13 minutes selon les interprétations, est bien l’étendra musical de l’orchestre romantique tchèque.
France Musique. Dimanche 25 septembre 2016, 14h. La Moldau de Smetana, Tribune des critiques de disques. Quelle est la meilleure version enregistrée ? Bilan discographique…