Theodora de Haendel par Christoph Spering
La grande tradition de l’Oratorio outre Rhin
La quarante sixième édition du Festival de la Chaise-Dieu en est déjà à son quatrième jour et la variété de la programmation de Jean-Michel Mathé ne cesse d’enthousiasmer le public. La magnifique Abbatiale si coquettement repliée derrière son Jubé, pleine a craquer, a vibré à la ferveur d’ une interprétation puissante de Théodora et le public au-delà du Jubé a pu le suivre sur des écrans géants sonorisés. Théodora est un très bel oratorio de Haendel créé en 1749 et que le compositeur a particulièrement aimé, malgré un sucés absent lors de sa création à Covent-Garden.
Le Chef allemand Christoph Spering est venu pour la première fois à la Chaise-Dieu avec son chœur et son orchestre. Son parti pris est de proposer une version vigoureuse de cet oratorio qui repose sur une dramaturgie assez mince. Il en résulte une soirée qui ne s’éternise pas et une sensation d’ avancée constante qui a pu aller jusqu’ à la marche forcée dans certains chœurs romains (ou païens). Les contrastes entre les deux peuples (païens et chrétiens) avec les oppositions de styles voulues par Haendel sont un peu abruptes mais fonctionnent bien. Le choeur quitte d’ailleurs le noir des vestes et châles pour être d’un blanc immaculé lorsqu’il chante pour les premiers chrétiens voués au martyre.
La tradition d’excellence du chant choral outre Rhin porte un des plus beaux fleurons avec le Chorus Musicus Köln qui comprend à côté des chanteurs professionnels, des étudiants et quelques excellents amateurs. L’engagement des choristes, l’excellence de leur prestation ont fait les délices du public. Les pupitres sont tous équilibrés et leur précision est remarquable. La beauté des alti, toutes féminines, est particulièrement appréciable mais les sopranos sont aussi à l’aise dans les parties éthérées que les grands forte, pleins de ferveur. Les ténors sont d’une clarté enviable et d’une présence soutenue sans efforts; la solidité et le rondeur des basses, un vrai régal. Tous vocalisent souplement, guirlandes ou cascades haendeliennes. La spécificité des grands oratorios s’appuie donc ce soir sur un excellent chœur qui n’a jamais démérité et a fait preuve d’un engagement rare.
Alex Poter, un Didymus au sommet
Le succès obtenu par les interprètes à conduit le chef a proposer deux pièces chorales de Bach et Mozart, associant le trio de compositeurs presque divinisés outre Rhin, mais sans grande différences stylistique valorisant le chant nuancé de son chœur qui est son meilleur atout dans ce répertoire. C’est bien le chant choral qui a triomphé ce soir dans Théodora de Haendel à la Chaise-Dieu.
Festival de la Chaise-Dieu 2012. Abbatiale Saint Robert. Le 25 août 2012. Georg- Frederich Haendel (1685-1759). Théodora, oratorio en 3 actes, HWV 68. Anna Palimina, soprano, Théodora ; Franziska Gottwald, alto, Irène ; Andreas Karaziac, ténor, Septimius ; Alex Poter, contre-ténor, Didymus ; Daniel Raschinsky, basse, Valens ; Chorus Musicus Köln, Das neue Orchester. Christoph Spering, direction.