dimanche 20 avril 2025

La Chaise-Dieu 2012. Abbatiale Saint Robert, le 25 août 2012. Haendel: Théodora… Alex Poter, contre-ténor, Didymus… Chorus Musicus Köln, Das neue Orchester. Christoph Spering, direction.

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Succès choral à La Chaise Dieu 2012
Theodora de Haendel par Christoph Spering

La grande tradition de l’Oratorio outre Rhin

La quarante sixième édition du Festival de la Chaise-Dieu en est déjà à son quatrième jour et la variété de la programmation de Jean-Michel Mathé ne cesse d’enthousiasmer le public. La magnifique Abbatiale si coquettement repliée derrière son Jubé, pleine a craquer, a vibré à la ferveur d’ une interprétation puissante de Théodora et le public au-delà du Jubé a pu le suivre sur des écrans géants sonorisés. Théodora est un très bel oratorio de Haendel créé en 1749 et que le compositeur a particulièrement aimé, malgré un sucés absent lors de sa création à Covent-Garden.

Le Chef allemand Christoph Spering est venu pour la première fois à la Chaise-Dieu avec son chœur et son orchestre. Son parti pris est de proposer une version vigoureuse de cet oratorio qui repose sur une dramaturgie assez mince. Il en résulte une soirée qui ne s’éternise pas et une sensation d’ avancée constante qui a pu aller jusqu’ à la marche forcée dans certains chœurs romains (ou païens). Les contrastes entre les deux peuples (païens et chrétiens) avec les oppositions de styles voulues par Haendel sont un peu abruptes mais fonctionnent bien. Le choeur quitte d’ailleurs le noir des vestes et châles pour être d’un blanc immaculé lorsqu’il chante pour les premiers chrétiens voués au martyre.

La tradition d’excellence du chant choral outre Rhin porte un des plus beaux fleurons avec le Chorus Musicus Köln qui comprend à côté des chanteurs professionnels, des étudiants et quelques excellents amateurs. L’engagement des choristes, l’excellence de leur prestation ont fait les délices du public. Les pupitres sont tous équilibrés et leur précision est remarquable. La beauté des alti, toutes féminines, est particulièrement appréciable mais les sopranos sont aussi à l’aise dans les parties éthérées que les grands forte, pleins de ferveur. Les ténors sont d’une clarté enviable et d’une présence soutenue sans efforts; la solidité et le rondeur des basses, un vrai régal. Tous vocalisent souplement, guirlandes ou cascades haendeliennes. La spécificité des grands oratorios s’appuie donc ce soir sur un excellent chœur qui n’a jamais démérité et a fait preuve d’un engagement rare.

L’orchestre sur instruments anciens peut être plein de précision. Les phrasés sont souvent intéressants et les nuances agréablement négociées. Dès l’ouverture à la française l’acoustique mate de l’ Abbatiale a été correctement utilisée en détachant la partie centrale rapide. Les violons ont su avec habileté se décoller de cette acoustique et de beaux effets de spacialisation entre violons I et II ont été réussis.


Alex Poter, un Didymus au sommet

Les cinq solistes ont tenu leur partie diversement. La Théodora de la soprano moldave Anna Palimina à une pureté de timbre non dénuée de vaillance qui convient bien au rôle. Mais une certaine froideur se dégage de cette interprétation trop centrée sur les notes et pas assez sensible aux sens des mots. Les vocalises sont faite avec un manque de souplesse. Ce sont les deux rôles des modestes qui sont le plus valorisés par Haendel, ce qui convient bien à cet oratorio qui prône le don de soi. L’ alto Franziska Gottwald, dans le rôle de la suivante Irene, semble posséder toutes les qualités pour le rôle le plus musicalement abouti. Le timbre est somptueux, l’homogénéité sur toute la tessiture est confortable avec des notes de poitrines métallisées à souhait dans une palette de couleurs d’une grande richesse. La technique est très aboutie avec des trilles admirables. Mais c’est surtout l’engagement et la grande humanité de son interprétation qui ont ravi le public, suspendu à son chant dans le sublime air de l’aurore. Une grande et belle voix à suivre en raison d’un tempérament d’une belle sensibilité. Le Contre-ténor Alex Poter, seul anglophone du cast, fait bien d’avantage que chanter. Toutes ses interventions du simple récitatif aux airs ou duo sont marquées par une intelligence totale de la situation dramatique. Il déguste les mots autant que les notes et irradie de simplicité et de bonté. La conduite de la voix magnifique de timbre est instrumentale, cet artiste semble avoir un souffle inépuisable et une technique sans failles. Mais c’est l’ engagement émotionnel qui fait de cette interprétation un sommet. Le ténor et la basse, respectivement Andreas Karasiak et Daniel Raschinsky, sont d’ excellents chanteurs aux voix agréables. Ils participent plus discrètement à l’ action. Notons que la basse dénature un peu son timbre de manière caricaturale pour  » faire le méchant ». Mais on devine un grain plus noble qu’il pourra développer.

Le succès obtenu par les interprètes à conduit le chef a proposer deux pièces chorales de Bach et Mozart, associant le trio de compositeurs presque divinisés outre Rhin, mais sans grande différences stylistique valorisant le chant nuancé de son chœur qui est son meilleur atout dans ce répertoire. C’est bien le chant choral qui a triomphé ce soir dans Théodora de Haendel à la Chaise-Dieu.

Festival de la Chaise-Dieu 2012. Abbatiale Saint Robert. Le 25 août 2012. Georg- Frederich Haendel (1685-1759). Théodora, oratorio en 3 actes, HWV 68. Anna Palimina, soprano, Théodora ; Franziska Gottwald, alto, Irène ; Andreas Karaziac, ténor, Septimius ; Alex Poter, contre-ténor, Didymus ; Daniel Raschinsky, basse, Valens ; Chorus Musicus Köln, Das neue Orchester. Christoph Spering, direction.

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