POITIERS, TAP, le 7 mai 2019. Haendel, Connesson, Schumann. Le concert de Poitiers ambitionne un programme original qui fait dialoguer le Baroque de Haendel, son écho contemporain conçu par Guillaume Connesson, et un pilier du répertoire symphonique romantique, signé Schumann… Le concerto grosso, forme orchestrale concertante, était au XVIIIè siècle un concerto pour plusieurs instruments : l’écriture fait alterner le petiti orchestre (ripieno) avec l’ensemble (tutti). Le feu, le rythme, les contrastes développent un pur esprit du mouvement et du dialogue. Le chef Arie van Beek (qui a assuré la création de nombreuses partitions contemporaines signées Kaija Saariaho, Aulis Sallinen, Michaël Levinas…) met en perspective la partition de Haendel et celle de Guillaume Connesson (photo ci dessus : Compositeur de l’année aux Victoires de la musique classique de février 2019), Cythère, concerto pour quatuor de percussions et orchestre, claire référence par ses cadences, sa rythmicité, une énergie dansante parfois frénétique… au Bernstein de West Side Story. La partition contemporaine alterne les tutti de l’orchestre avec le groupe instrumental réduit de percussions… Dans cette pièce crée en 2014, l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine s’associe au Quatuor Beat, lauréat de nombreux prix internationaux, pour qui Guillaume Connesson a écrit ce concerto grosso du XXIè siècle.
En conclusion de ce programme, la Symphonie n° 2 de Robert Schumann : fresque énergisante elle aussi, porté par la fièvre lumineuse du compositeur romantique.
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Haendel, Connesson, Schumann
Orchestre Nouvelle Aquitaine
Mardi 7 mai 2019, 20h30
Poitiers, TAP
Théâtre Auditorium Poitiers
1h30 avec entracte
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https://www.tap-poitiers.com/spectacle/haendel-connesson-schumann/
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Arie van Beek, direction
Quatuor Beat
: Gabriel Benlolo, Adrien Pineau, Jérôme Guicherd, Laurent Fraiche, percussions
> Georg Friedrich Haendel : Concerto grosso op. 3 n° 2 HWV 313
> Guillaume Connesson : Cythère, concerto pour quatuor de percussions et orchestre
> Robert Schumann : Symphonie n° 2 en do majeur op. 61
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La Symphonie n°2 de Robert Schumann
C’est l’opus symphonique où Robert Schumann affirme sa solidité psychique, sa pleine possession psychologique, une clairvoyance affirmée, proclamée. Admirateur du Beethoven combatif lui aussi, atteint, saisi au plus profond de lui-même, Schumann veut dire sa victoire contre la fatalité et l’adversité. La Symphonie n°2 porte et cultive ce sentiment héroïque. Robert semble nous dire : non je ne suis pas fou ! … toujours éperdu, enivré par les beautés de ce monde et les forces mises à disposition pour vaincre les épreuves. L’opus est créé à Leipzig le 6 novembre 1846 — durée indicative : 44 mn.
Le Premier mouvement énergique requiert nerf et vivacité, flux organique impétueux d’où peu à peu émerge la force primitive d’un esprit de conquête d’une irrésistible détermination : c’est un feu volcanique presque dansant que l’orchestre saisit avec une impatience candide échevelée : toute la force de vie d’un Schumann pourtant atteint s’exprime dans ce formidable portique d’ouverture.
Le Scherzo regorge lui aussi de belle vitalité mais ici de nature chorégraphique: à la fois dionysiaque et prométhéen. Où le feu de Prométhée est transmis irradiant aux hommes. Même accomplissement total pour l’Adagio expressivo : plus intérieurs, recueillis, au bord du gouffre, bois et cordes en fusion émotionnelle, s’épanchent par contraste. L’énoncé à la clarinette, flûte/basson, hautbois… accorde pudeur et sensibilité… puis l’alliance cordes/cor dit l’ascension et ce désir des cimes, d’oubli et d’anéantissement. C’est le retour rêvé à l’innocence simultanément à des blessures secrètes.
Enfin dans le Finale s’impose la victoire de l’esprit ; la reprise d’une conscience recouvrée reconstruit dans l’instant une prodigieuse vitalité conquérante : l’ivresse d’un crescendo progressif d’une irrésistible effervescence affirme l’équilibre et la pleine clairvoyance du héros.